Le fantôme de Mary Gallagher (Griffintown, Montréal, 26 juin 1879)

 »I have been in the British Army from ’54 to ’62 » said Constable John Bolster Saturday morning,  »and I never saw a sight like this ». (Réf. Montreal Witness, 2 juillet 1879, p.1)

Ces paroles donnent un aperçu de l’horreur de la scène qui attendait les policiers au no 242, William Street, Griffintown, en ce jour de juin 1879. Ce fait divers a donné naissance à une légende dont on parle encore de nos jours.

La légende

Le livre de Danielle Goyette (Fantômes et lieux étranges Éditions Michel Quintin, 2009, 144 pages) consacre un chapitre à cette légende. En somme, elle raconte que le 26 juin 1876 (année inexacte), dans le quartier Griffintown, Mary Gallagher et Susan Kennedy, deux prostituées, emmènent  chez elle un de leurs clients, Michael Flanagan. Monsieur Flanagan est plus sensible aux charmes de Mary qu’à ceux de Susan. Cette dernière, folle de rage, armée d’une hache, décapite Gallagher. Flanagan, ivre mort, dort paisiblement à côté. Kennedy, au terme de son procès, est condamnée à la prison à vie.

Le 26 juin 1942, le fantôme de Mary Gallagher aurait été aperçu dans le quartier de Griffintown. Certains racontent que Mary Gallagher apparaîtrait à cet endroit, aux sept ans, cherchant à récupérer sa tête.

Les faits

Cette légende nous donne beaucoup d’informations qui nous permettent de déterminer si elle a un fond de vérité. Nous avons une date, un lieu ainsi que le nom des protagonistes.

Et oui, plusieurs de ces informations se révèlent véridiques.

Quand on consulte les journaux de l’époque, certains détails varient d’un article à l’autre. Comme par exemple, le nom de la victime. Elle est appelée au départ  Kate Conway alias McCormik, femme de Jacob Myers, résidant dans l’appartement où a eu lieu le crimee,  selon le Canadien du 30 juin 1879 ou Mrs Conly selon Le Montreal Witness du 2 juillet 1879. C’est un peu plus tard qu’on se rend compte qu’il s’agit bel et bien de Mary Gallagher.

La maison où a eu lieu le crime. Canadian illustrated news, 12 juillet 1879

La maison où a eu lieu le crime. Canadian illustrated news, 12 juillet 1879

On suspecte Suzanne Kennedy Myers, femme du locataire de la maison (source) ou amie de la femme du locataire des lieux (source), d’être responsable du carnage. Selon le Canadien du 30 juin, qui cite La Minerve, la victime a plus de 60 ans et Susan Kennedy environ 30 ans. Ce sont deux femmes qui s’adonnaient semble-t-il à la consommation excessive de boisson.

Lorsque les policiers arrivent sur la scène du crime, Kennedy fait semblant d’être ivre morte. Ses vêtements sont tachés de sang. Le corps sans vie de Mary Gallagher, mutilé, repose dans l’appartement. On accuse Kennedy du meurtre.

Michael Flanagan, compagnon de beuverie qui était sur les lieux du crime, est accusé du meurtre. Jacob Myers, mari de Kennedy, est aussi arrêté, mais il semble avoir été relâché.

Coupable!

A l’issue d’un procès qui se déroule début octobre 1879, Michael Flanagan  est déclaré non-coupable tandis que Suzanne Kennedy est condamnée à être pendue le 5 décembre suivant. Elle a toujours affirmé son innocence.

La peine de Kennedy est ensuite commuée en sentence de prison à perpétuité.

Michael Flanagan serait décédé le 5 décembre 1879, jour où Susan Kennedy devait être pendue! (La Minerve, 6 décembre 1879). Légende ou réalité? Il faudrait vérifier dans les registres montréalais.

Susan Kennedy aurait été libérée en 1885, après 16 ans de détention. Seule une consultation du registre d’écrou des prison de Montréal pourrait confirmer l’information.

Conclusion

La légende du fantôme de Mary Gallagher prend comme point de départ un fait divers qui s’est déroulé à Montréal en 1879 (et non 1876 comme on peut le lire dans diverses sources). A-t-on réellement affaire à une histoire de jalousie entre deux prostituée ou à une beuverie qui a mal tourné? Un mélange des deux?  Les comptes rendus de l’époque permettent difficilement de savoir ce qui s’est exactement passé.

Pour ceux qui veulent lire les articles de journaux relatant le procès, consultez la Minerve, 1er,  2, 4 et 6 octobre 1879, à la page 2

et le Montreal Witness du 8 octobre 1879, p.1. Cliquez ici.

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2 réflexions au sujet de « Le fantôme de Mary Gallagher (Griffintown, Montréal, 26 juin 1879) »

  1. Oui. Il y as quelques années, j’ai acheté un petit bouquin chez Chapters (dans la section intérêts locaux)écrit par Alan Hustak intitulé The Ghost of Griffintown.

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