Une prisonnière anglaise en Nouvelle-France (18e siècle)

Les relations entre les colonies britanniques et la Nouvelle-France en 1703 étaient loin d’être cordiales. On se battait pour le territoire, pour le commerce des fourrures, pour avoir les Amérindiens comme alliés.

Quelques fois, on faisait des incursions chez l’ennemi et on ramenait des prisonniers.

Un de ces prisonniers s’appelait Esther Wheelwright.

Esther Wheelwright , tiré de True stories of New England Captives.

Esther Wheelwright , tiré de True stories of New England Captives.

Esther est née le 10 avril 1696 à Wells, Massachusetts (auj. Maine). Fille  du colonel John Wheelwright, elle a été élevée dans la foi congrégationaliste.

Le 21 août 1703, des Français et des Amérindiens commandés par Alexandre Leneuf de La Vallière et de Beaubassin font irruption à Wells et dévastent le village. 39 habitants auraient été tués. (réf. p. 48).  Mary Storer, 18 ans, aurait aussi été capturée cette journée-là. La petite Esther est faite prisonnier par les Abénaquis et est emmenée dans une forêt entre les rivières Kennebec et Androscoggin. En captivité, elle est baptisée dans la foi catholique et reçoit le nom de Marie-Joseph.

Pendant ce temps, ses parents font tout pour la retrouver et la faire revenir à Wells. Le père Vincent Bigot, un Jésuite, est mandaté pour négocier la libération de l’enfant. Un accord est conclu : la petite sera libérée en échange d’un jeune prisonnier amérindien.

Mais la petite Esther n’est pas retournée à sa famille tout de suite, car les escarmouches dans la région menacent la sécurité de tous. Elle est donc envoyé fin 1708 à Québec avec le père Vincent Bigot. Elle sera hébergée au pensionnat des Ursulines et même au Château Saint-Louis à la demande du gouverneur Vaudreuil.

Pendant ce temps, les époux Wheelwright continuaient de demander le retour de leur fille. En juin 1711, Vaudreuil envoie la petite Marie-Joseph à Montréal, en vue de la renvoyer chez elle. Or, elle ne partit pas. Elle avait exprimé un peu plus tôt le désir de devenir religieuse chez les Ursulines ; elle ne voulait plus retourner à Wells.

Esther Wheelwright est marraine de Dorothée Denoyer, baptisée le 3 octobre 1711, tiré de True stories of New England Captives.

Esther Wheelwright est marraine de Dorothée Denoyer, baptisée le 3 octobre 1711, tiré de True stories of New England Captives.

On la laissa donc à Montréal où elle eut l’occasion de fréquenter des compatriotes.

Pendant plusieurs mois, elle vécut à l’Hôtel-Dieu où elle fit la connaissance de prisonnières anglaises en ville, parmi lesquelles sa cousine, Esther Sayward, ainsi que Mary Silver. (réf).

 

Mère Esther-Marie-Joseph de l’Enfant-Jésus, tiré de True stories of New England Captives.

Mère Esther-Marie-Joseph de l’Enfant-Jésus, tiré de True stories of New England Captives.

Esther est ensuite envoyée à Trois-Rivières. Les Ursulines de cette ville auraient voulu la recruter dans leur communauté, mais Esther exprima le désir de faire partie des Ursulines de Québec. C’est dans cette communauté qu’elle prononça ses vœux le 12 avril 1714.

Ses parents continuèrent au cours des années suivantes à tenter de la convaincre de revenir, mais Mère Esther-Marie-Joseph de l’Enfant-Jésus (son nom en religion) ne retourna jamais dans sa patrie d’origine.

Elle fut supérieure des Ursulines de 1760 à 1766 et de 1769 à 1772, puis assistante de la supérieure de 1772 à 1778 et zélatrice de 1778 à 1780. On considère qu’elle a été une ‘’une diplomate efficace entre les religieuses et les Britanniques.’’ (réf).

Mère Esther-Marie-Joseph de l’Enfant-Jésus décéda à Québec le 28 novembre 1780.

Bibliographie

BAKER, Charlotte Alice. True stories of New England captives carried to Canada during the old French and Indian wars (1897) Charlotte Alice Baker

KELLY, Gérard M. Dictionnaire biographique du Canada [en ligne] WHEELWRIGHT, ESTHER [Page consultée le 4 janvier 2010] Adresse URL

Emission De Remarques Oubliés [en ligne] Esther Wheelwright [Page consultée le 4 janvier 2010] Adresse URL

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4 réflexions au sujet de « Une prisonnière anglaise en Nouvelle-France (18e siècle) »

  1. @Allie De rien! J’en ai entendu parler pour la première fois en lisant un livre sur l’histoire des anglophones à Québec de Louisa Blair intitulé Les anglos, la face cachée de Québec (Tome 1 1608-1850
    @Pierre Hamel Oui, en effet 🙂

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