En ce lendemain de la Saint-Valentin, voici une histoire tirée de la chronique des faits divers du Canadien.
CAS DE BIGAMIE: Il y a une dizaine de mois, un certain individu vint fixer sa résidence à St. Thomas de Pierreville. Il dit qu’il se nommait Gédéon Brindamour, et qu’il était un matelot français récemment arrivé au pays. Il se fit passer pour garçon et fréquenta une demoiselle Hamel, de St. Thomas. Quelques temps après il voulut l’épouser et il adressa à cet effet au Rév. M. Maureault, curé du lieu. M. Maurault s’objecta au mariage et demanda à Brindamour son affidavit pour établir qu’il n’était pas déjà marié, ce à quoi Brindamour consentit. Puis ce dernier alla aux Trois-Rivières afin d’obtenir de l’Evêque la dispense requise pour ne publier qu’un ban. Monseigneur Cooke demanda et obtint de Brindamour le même affidavit que celui-ci avait donné à M. le curé Maurault, puis il lui accorda la dispense demandée. Sur ce, M. Maurault célébra le mariage.
Quelques cinq ou six mois s’étaient à peine écoulés depuis lors, quand un mendiant qui passait par hasard à St. Thomas de Pierreville vit Brindamour. Le mendiant s’informa de lui et dit qu’il le connaissait bien, parce qu’ils étaient tous deux du même endroit. Il rapporta que Brindamour était de Charlesbourg, qu’il se nommait Joseph Pageotte et avait femme et enfants. Il rapporta que Brindamour avait eu de fréquentes difficultés avec ses voisins, au sujet de leurs terres, qu’il les avaient poursuivis en justice et s’était rendu remarquable par son amour de la chicane et de la tracasserie, qu’un bon jour Pageotte vendit sa terre et dit à sa femme qu’il partait pour les États-Unis; qu’il partit en effet et que depuis son départ on n’avait plus entendu parler de lui. Le mendiant ajouta que Pageotte était bien le même que celui qui disait se nommer Brindamour. Ces propos parvint aux oreilles de M. le curé Maurault, qui en écrivit sans tarder au curé de Charlesbourg. Celui-ci répondit que l’histoire du mendiant était vrai, et que l’individu en question pouvait bien être son paroissien Pageotte.
Enfin, de plus en plus convaincu que Brindamour l’avait trompé, le père de la femme no2 vint le dénoncer aux autorités de Sorel, qui le firent arrêter sous accusation de bigamie.
Le curé de Charlesbourg a été mandé et il a identifié Brindamour pour être le nommé Joseph Pageotte, son ancien paroissien.
Après examen préliminaire, Pageotte a été renvoyé aux prochaines assises de la Cour Criminelle, et enfermé dans la Prison Commune en attendant l’issue du procès.
L’épouse numéro 2 est Marguerite Hamel; l’acte de mariage est ici. Elle s’est remariée le 10 janvier 1871 à St-Thomas de Pierreville avec Louis Trial.
L’histoire ne dit pas si l’épouse numéro 1 a accepté de reprendre son mari au domicile conjugal…
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Je ne m’attendais pas à un article en semaine.
Il faut dire que l’occasion s’y prêtait par contre.
A la prochaine
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Je crois bien avoir déstabilisé quelques lecteurs en publiant un billet le mercredi, mais je n’ai pas pu résister à la tentation. A samedi!
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J’aime beaucoup ce genre d’anecdote! Une façon originale de souligner la Saint-Valentin 🙂
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J’ai bien rit quand j’ai lu cet article en cherchant complètement autre chose. Il y en a qui avaient le don de se mettre les pieds dans les plats, pas à peu près! Ca donnait de très bonnes histoires 🙂
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