Aujourd’hui, nous allons aborder un sujet sérieux, très sérieux.
Ames sensibles s’abstenir.
Vous êtes avertis.
Au XIXe siècle, pour être habilité à pratiquer la médecine, il fallait avoir une expérience suffisante de la dissection de cadavres. Or, un problème se posait: il fallait obtenir la matière première. A moins de trouver par hasard un cadavre abandonné de tous sur la voie publique, on ne put le faire légalement durant une bonne partie du XIXe siècle. Il fallait donc opter pour des moyens réprouvés par la loi.
Les étudiants en médecine parvenaient tout de même à trouver des corps.
Dans le Canadien du 26 février 1866, on pouvait lire
Violation de cimetière – Avant-hier, le chef de police de la cité a été informé que 2 grandes caisses contenant des restes humains avaient été placés dans les chars à Lévis, consignés à quelqu’un qui devait venir les recevoir à Montréal. Des télégrammes furent en conséquences envoyés au chef de police de Montréal pour l’avertir de prendre les mesures nécessaires pour capturer le consignataire. La compagnie du Grand Tronc reçu ordre de renvoyer les caisses à Québec. En même temps on découvrit, après quelques recherches, que les restes mortels de diverses personnes récemment inhumés dans les cimetières St.-Charles, de la Petite Rivière, de St.-Patrice et de Belmont, sur le chemin Ste.-Foye, avaient disparus. Ce fut la mauvaise odeur qui s’exhalait des caisses en question qui fit connaître leur contenu. Les cadavres étaient découpés et empaquetés dans de la neige.
Le Mercury d’hier dit que l’on suppose que parmi les cadavres ainsi enlevés se trouvent ceux de Mme Catherine Tracey, épouse de J. Tierney, de M. Redmond et d’un orphelin adopté par M. M. O’Leary.
Un autre vol de cadavre a été rapporté dans le Canadien du 22 novembre 1869 (l’incident a eu lieu à St-Hyacinthe. Les soupçons se portèrent sur des étudiants de la faculté de médecine de Montréal).
Les vols de cadavres ont pu diminuer à partir 1872 alors que l’on
permit finalement aux écoles de médecine de récupérer les cadavres humains non réclamés se trouvant dans les institutions publiques (Milot, 2007, p. 93)
Mais en 1883, il fallut encore modifier la loi pour autoriser
la remise des corps non réclamés dans un délai de 24 heures aux salles de dissection (Milot, 2007, p. 93)
Wenceslas-Eugène Dick a publié en 1876 Un épisode de résurrectionnistes (en ligne ici, cliquez sur tome 1, l’histoire débute à partir de la page 104)
Bibliographie
Anatomistes et résurrectionnistes au Canada et plus particulièrement dans la province de Québec. Première partie: le Canada et le Québec. Deuxième partie: Montréal
Jean Milot. »Profanateurs de tombeaux et détrousseurs de cadavres ». revue Le médecin du Québec, Novembre 2007, volume 42, numéro 11, p. 93-94.
Billets reliés
L’épidémie de choléra de l’été 1832 à Québec
Québec en 1870 par le photographe Louis-Prudent Vallée (1837-1905)
Tu ne voleras point: l’histoire de John Hart (Québec, 10 novembre 1826)
Cimetière Saint-Charles à Québec
Ce fut une époque de grands changements pour que la médecine légale, la médecine scientifique et la médecine générale puisse faire de grands pas
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Passionnant !!
Comme amateur de polars et de romans policiers, j’ai adoré !
Merci !
Ton blogue est tout simplement extraordinaire !
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@nuage 1962 Je trouve le XIXe siècle passionnant à cause de tous ces changements.
@Richard J’ai hésité avant de publier ce billet, j’avais peur que les gens trouvent cela trop macabre, mais je trouvais que cela valait la peine d’être raconté. Contente que tu aies aimé!
Vicky
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