La dernière opération est, paraît-il, fort nuisible aux ouvriers qui fabriquent ces allumettes; on observe généralement dans les manufactures de ce genre, que les émanations phosphorées qui s’en dégagent, occasionnent des bronchites plus ou moins intenses, la chute des dents et la carie de la mâchoire inférieure.
Extrait de La Vallée de l’Outaouais… par Joseph Tassé, 1873.
Dans les fabriques d’allumettes au phosphore ordinaire, il faut avoir soin que la ventilation soit bien régulièrement établie. Les vapeurs de phosphores déterminent, à la longue, une horrible maladie, la nécrose de la mâchoire. J’ai vu, il y a deux ans, une pauvre jeune fille atteinte de cette maladie qu’elle avait contracté dans une fabrique de Beauport; elle en est morte il y a quelques mois.
Extrait de Mélanges historiques, littéraires et d’économie politique par Hubert Larue, 1881
Les allumettières, ces femmes qui fabriquaient les allumettes, s’exposaient à plusieurs dangers. Le problème provenait du phosphore blanc qui était utilisé. Très inflammable, il dégageait des vapeurs qui s’avéraient toxiques à la longue. Cela pouvait causer la nécrose maxillaire. À l’époque, on ne pouvait pas faire grand-chose pour soigner cette maladie, sinon enlever l’os atteint (le plus souvent la mâchoire inférieure). Ce n’est qu’en 1912 qu’on a interdit l’utilisation du phosphore blanc au Canada. Pour fabriquer les allumettes, on a alors privilégié l’emploi du phosphore rouge, beaucoup plus sécuritaire.

La plus grande fabrique d’allumettes de l’époque au Canada, l’usine E. B. Eddy de Hull. Le Canadien, 12 janvier 1880
La toponymie hulloise commémore le souvenir des allumetières grâce au Boulevard des Allumetières. Aussi, Marie-Paule Villeneuve a publié en 2005 le roman Les demoiselles aux allumettes.
Bibliographie
Hélène Buzzetti. Un lieu, un nom – Le boulevard des Allumettières, un hommage aux ouvrières de Hull. Publié dans Le Devoir (en ligne) le 20 juillet 2011.
Réseau du patrimoine gatinois. [En ligne] Hull et les allumettes [Page consultée le 24 avril 2012] Adresse URL
Raymond Ouimet, <<L’enfer du travail aux Chaudières>> Revue Histoire Québec, Juin 2005 Volume 11 Numéro 1.
Hubert Larue. Mélanges historiques, littéraires et d’économie politique. Garant et Trudel, Québec, 1881, 296 pages.
Joseph Tassé. La Vallée de l’Outaouais, sa condition géographique, ses ressources agricoles et industrielles, ses exploitations forestières, ses richesses minérales, ses avantages pour la colonisation et l’immigration, ses canaux et ses chemins de fer. E. Sénécal, Montréal, 1873, 66 pages.
Billets reliés
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Étonnant qu’en 1873 on se préoccupait des conséquences du travail des allumetières
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Toute une histoire que ceci. J’avais retracé des ancêtres de Donalda Charron si je me souviens bien. La bon petit peuple aurait avantage à s’inspirer de cette lutte des travailleuses par les temps qui courent dans les rues de Montréal.
On se repogne.
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@nuage1962 L’auteur du premier passage que je cite, Joseph Tassé, a pratiqué le journaliste quelques années avant d’écrire son livre sur l’Outaouais. C’est peut-être ce qui explique qu’il ait été sensibilisé aux conditions de travail des allumetières. Je ne crois pas que le syndicalisme était très fort à l’époque.
@Pierre 😉 J’adore l’expression on se repogne 🙂
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Bonjour,
Dans la bibliographie, il s’agit de Raymond Ouimet et non de Raymond Ouellet. Puis-je vous demander de corriger ? Merci.
Raymond Ouimet
[Corrigé]
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