La lecture des mauvais livres [1880]

Extrait de la rue L’Album des familles, publié à Ottawa, 1880, numéro 3, p. 141

TERRIBLE RÉSULTAT DE LA LECTURE DES MAUVAIS LIVRES – Un journal français des Etats Unis, la Patrie Nouvelle, publie ce qui suit touchant la lecture des mauvais romans. Un jeune canadien du nom de Joseph Bellerose, âgé de 18 ans, demeurant à Cohoes, était depuis quelques mois passionné pour la lecture des Novels, petits livres qui sont vendus dans les dépôts de journaux pour la modique somme de 10 sous. L’effet de cette lecture a eu un résultat terrible sur l’esprit du pauvre malheureux car il devint fou. Partout des sauvages s’offraient à sa vue et il voulait les combattre. Vendredi dernier, il était dans un tel état que ses parents firent appeler un médecin qui commença à lui donner ses soins. Après quelques jours d’un traitement bien suivi, le médecin avisa les parents de Bellerose de l’envoyer à l’asile des aliénés d’Utica, se déclarant incapable de le guérir. Mardi, le malheureux jeune homme, sous la garde d’un officier de la ville, s’embarquait dans les chars pour sa nouvelle demeure. Il n’y avait rien de plus pénible que d’entendre les cris et les blasphèmes de ce malheureux, il ne reconnaissait personne et voulait tuer tous ceux qui s’approchaient de lui. Son père et sa bonne mère, mêmes, ne trouvaient pas grâce devant lui enfin c’était un fou furieux.

La morale de tout ceci est facile à expliquer. Parents, vous êtes grandement coupables de laisser de mauvais livres dans les mains de vos enfants, vous êtes d’autant plus coupables que vous avez une foule de bons livres, de bons journaux qui sont publiés dans vos localités et que vous n’encouragez pas. Vous riez des avertissements et des bons conseils que nous vous donnons en vous signalant cette mauvaise littérature. Vous sacrifiez par votre négligence, l’avenir de vos enfants en leur laissant lire ces historiettes excitantes et mensongères, enfantées par l’esprit du mal, sous le prétexte fallacieux que ces pauvres enfants doivent s’amuser. Ne s’amuseraient-ils pas tout aussi bien en lisant de bons livres qui orneraient leur esprit au lieu de le perdre; de bons journaux qui leur apprendraient à devenir de bons citoyens au lieu de les envoyer à l’asile des aliénés. Malheureusement un trop grand nombre de nos canadiens lisent de ces Novels, et à ceux là, si vous leur demandez de souscrire à un bon journal français au journal de leur localité, ils vous répondent invariablement que le journal n’est pas assez littéraire. Non, il n’est pas assez littéraire pour ces esprits forts. Ils leur faut de la littérature de 10 sous c’est meilleur marché.

Pères et mères, veillez sur vos enfants, arrachez leur des mains cette littérature malsaine. Brûlez ces petites brochures de 10 sous, ayez de bons journaux qui apprendront à vos enfants à devenir de bons chrétiens et de bons citoyens.

 

Billets reliés

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Drinkwine, un billet sans alcool [New York, 1920]

Pour l’amour des livres (photographies anciennes)

Collection photographique de la Library of Congress

Les archives du New York Times

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Une réflexion au sujet de « La lecture des mauvais livres [1880] »

  1. Ouf! Ça me rappelle quand dans mon enfance au pensionnat, la soeur bibliothécaire m’avait confisqué un Bob Morane sous prétexte que la couverture montrait un type torse nu…
    Non, non, j’étais pas devenu fou!!!;-)

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