21 autochtones morts de faim dans les bois [Lac-St-Jean, 1907]

L’Echo de Vaudreuil, 12 juillet 1907

MORTS DE FAIM
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Comment 21 Indiens du Lac Mistassini ont trouvé la mort dans les bois, en se rendant à Roberval
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Une femme sauvée
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Comptant sur la chasse pour vivre et ne trouvant rient à tuer, ils mangent jusqu’à leurs chaussures en caribou
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Dépêche spéciale
Québec, 9. – On nous apprend de Roberval la triste nouvelle que 21 sauvages du lac Mistassini sont morts de faim, durant la semaine de Pâques, en faisant le trajet du lac Mistassini à Roberval. Ils étaient partis 22 du lac Mistassini pour se rendre à Roberval à travers les bois et les savannes. Un seul a pû se rendre jusqu’à Normandin, d’où la nouvelle s’est de suite répandue par téléphone dans toute la région du lac St-Jean. Ces sauvages comptaient sur la chasse pour leur subsistance, mais malheureusement, ils n’ont rien trouvé et sont morts de faims les uns après les autres.

Les seuls cadavres trouvés des 21 sauvages qui sont morts de faim, sont ceux de Thomas Basil, de Miller et de Big John. C’est John Bosston qui les a trouvés le 23 mars dernier et les inhuma à une cinquantaine de milles à l’Est du Grand Lac Mistassini.

A la Pointe Bleue, près de Roberval, on attend cette semaine un autre parti d’indiens de Mistassini et on espère avoir d’autres nouvelles. Thomas Basil est un Montagnais de la Pointe Bleue. Il laisse une femme et des enfants. Miller est le fils de l’ancien chef de poste de la Compagnie de la Baie d’Hudson au lac Mistassini. Big John est de Mistassini. Il ne venait à Roberval que pour la seconde fois. La femme de Mille était avec son mari et a été ramenée à la Pointe Bleue, par Boston, avec beaucoup de difficultés. Elle était dans un état de faiblesse extrême. John Boston rapporte que pour prolonger leurs jours, ces pauvres sauvages ont mangé non seulement les peaux de castor, de loutre, etc. qu’ils avaient, mais aussi leurs souliers de caribou et les courroies de cuir qui servaient à paqueter les fourrures. Les autres sauvages n’étant pas encore retrouvés, on ne connait pas leurs noms. Ces 22 personnes formaient cinq ou six familles dont les chefs ont fait la chasse l’hiver dernier, à la tête de la rivière Mistassini, doit à 300 milles de Roberval.

Mise à jour du 23 avril 2016: Le journal Le Lac-Saint-Jean du 11 juillet 1907 parle de 15 à 16 décès.

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3 réflexions au sujet de « 21 autochtones morts de faim dans les bois [Lac-St-Jean, 1907] »

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  2. J’ai beaucoup de mal à imaginer que des amérindiens aient pu mourir de faim, puisqu’ils sont (depuis des générations) pourtant si habiles dans l’art de la chasse. Joli billet mam’zelle… 🙂

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