Action catholique, 26 juin 1926
LA METROPOLE HONORE LES PATRIOTES DE 37-38
Le dévoilement du monument érigé à la mémoire de ces héros donne lieu à une grande démonstration patriotique – Discours de l’hon. N. Pérodeau et de l’hon. A. David. – La fête nationale. – Elle est célébrée avec éclat.
(Spécial à l’Action Catholique)
Montréal, 25. – La population canadienne-française de la métropole a fait, hier après-midi, une apothéose mémorable aux héros de 1837-38, dont la mémoire se perpétuera dans le bronze et le granit d’un magnifique monument qui s’élève à quelques pieds de l’endroit précis où s’élevait, il y a près d’un siècle, l’échafaud sur lequel ils donnèrent leur vie pour le triomphe de nos libertés politiques.
»Vaincus dans la lutte, ils ont triomphé dans l’histoire ». L’inscription du monument est bien appropriée. Hier, c’était la consécration de ce triomphe, l’hommage de tout un peuple, comme le disait l’hon. Athanase David, envers ceux qui ne sont plus, mais qui ont écrit notre histoire de leur sang généreux. Il n’est pas de cause qui méritait plus un tel tribut de reconnaissance de la part de ceux qui profitent aujourd’hui des libertés qu’ils nous ont si chèrement conquises.
La place des patriotes, comme on désigne maintenant l’enceinte de la ville prison de Montréal, présentait hier après-midi et hier soir un aspect superbe. Une foule émue et généreuse s’y était massée pour déposer au pied du monument des martyrs l’expression de sa très vive gratitude, et elle applaudissait avec entrain à chaque couronne de fleurs que l’on l’on [sic] portait au pied du monument. Cette fête du souvenir conservera un caractère historique dont nos annales seront orgueilleuses et fières.
Mais il n’y avait pas que la foule qui était venue rendre hommage aux héros de l’insurrection de 37-38. On remarquait aussi l’élite de notre société; des descendants de ces hommes de coeur et de courage, Mme Jules Marion, la seule survivante de cette époque, fille de M. Cardinal; les sommités du monde politique, industriel, professionnel et commercial; le Lieutenant-gouverneur, l’hon. M. Pérodeau, le pro-maire Morgan, l’échevin Trépanier, président général de la Société Saint-Jean-Baptiste et plusieurs autres.
Le monument a été officiellement dévoilé par Son Honneur le Lieutenant-Gouverneur et Mme Jules Marion qui, tous deux, ont fait tomber le drapeau canadien qui recouvrait la magnique [sic] et impressionnante statue de la liberté, triomphante de ses chaînes de l’esclavage. Au moment où le drapeau tombait, une vieille cloche, celle même qui sonna le glas des martyrs, sonnait la note grèle et lugubre. Mais c’était, hier, l’alleluia, le témoignage de reconnaissance de la population. Le moment avait quelque chose de solennel. La foule, debout, écoutait les accent du »O Canada », l’hymne national exécuté par la fanfare de l’Harmonie de Montréal.Il semblait que chacun des assistants songeait à l’évènement qui se déroulait à ce même endroit, il y a près d’un siècle.
Les orateurs furent l’hon. N.E. Pérodeau et l’hon. A.David.
S’ensuit une description de la parade de la Saint-Jean-Baptiste.
Pour en savoir plus sur le monument aux Patriotes, oeuvre d’Alfred Laliberté: L’art public à Montréal, collection municipale (site internet de la ville de Montréal).
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