Incendie à l’Université de Montréal [22 novembre 1919]

Pas de publication samedi, de retour dimanche.

L'incendie. La Patrie, 24 novembre 1919

L’incendie. La Patrie, 24 novembre 1919

L’Action catholique, 24 novembre 1919

LE FEU A DÉTRUIT, SAMEDI, L’UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL
__
LES PERTES TOTALES S’ÉLÈVENT À PRES D’UN MILLION – DÉCLARATION DE S.G. MGR GAUTHIER – ON RECONSTRUIRA DANS DE MEILLEURES CONDITIONS
__

Montréal, 24. – Une grande partie de la population de Montréal a été témoin samedi soir, d’une catastrophe des plus déplorables, surtout pour les Canadiens français.

L’Université de Montréal (Laval) a presque été rasée par un incendie qui a fait rage durant plus de cinq heures, et il ne reste plus aujourd’hui, de cet édifice, qui a formé tant de nos éminents compatriotes, que des ruines lamentables sous lesquelles sont enfouis plus d’un objet de grand prix, et plusieurs produits d’une haute valeur.

Les murs de l’édifice sont encore debout, mais l’intérieur a subi des dommages considérables particulièrement le centre de l’édifice où il ne reste plus rien sur pied. Plusieurs laboratoires contenant des produits précieux ont été détruits par le feu ou endommagés par l’eau et la fumée. Des professeurs ont perdu des documents inestimables provenant d’expériences scientifiques.

Les ruines de l'incendie. La Patrie, 24 novembre 1919

Les ruines de l’incendie. La Patrie, 24 novembre 1919

Le feu a originé dans le toit de l’édifice.

On n’en connait pas la cause, mais, on est sous l’impression qu’il est dû à un court circuit. Ce sont des étudiants qui se sont aperçus les premiers de l’incendie. Ils ont donné l’alarme qui a amené toute la brigade de Montréal sous les lieux. L’incendie a commencé à 9 heures et ne s’est terminé que fort tard dans la nuit. Dimanche matin, on arrosait encore les ruines.

La nouvelle que l’Université brûlait s’est répandue dans la ville comme une traînée de poudre, et des milliers de personnes sont accourues, pendant toute la journée d,hier, la foule a défilé devant les ruines.

Les étudiants en médecine venaient de faire les élections de leur faculté, et quelques-uns étaient encore dans les corridors de l’Université quand le feu fut découvert. D’après le récit d’un témoin l’incendie a dû prendre naissance entre le dernier plafond et la couverture.

« Nous étions dans le corridor du premier étage, dit-il et tout-à-coup, nous entendons un bruit formidable. C’était l’ascenseur qui venait de tomber du haut en bas. Les câbles qui le retenaient au dernier étage furent probablement brûlés par la flamme qui sortait alors du plafond et s’engouffrait dans le puits de l’ascenseur. En pendant la tête, quelques instants, nous aperçumes l’incendie qui commençait à consumer le plafond. »

Les étudiants présents déroulèrent immédiatement le boyau à incendie, installé dans le corridor et ouvrirent le jet, mais on craignait d’aller jusqu’au haut de l’escalier, le feu étant déjà trop avancé. Entre temps, on était allé sonner l’alarme et les pompiers arrivèrent. Bientôt toute la brigade de Montréal était sur les lieux, combattants l’élément destructeur. On ignore le chiffre total des pertes, mais la corporation a déjà refusé $400,000 pour l’édifice. Les pertes totales sont de près d’un million.

Le musée pathologie a été épargné. Un fait assez curieux à noter aussi, c’est qu’un mouton et deux lapins, devant servir à la vivisection, ont échappé aux flammes. Ce n’est que dimanche matin que le Dr Bernier, directeur de ce département, est allé les chercher, au grand ébahissement des spectateurs qui regardaient les ruines.

Dans sa déclaration, Mgr Georges Gauthier, recteur de l’Université de Montréal, a dit: « Monseigneur l’archevêque, qui est toujours retenu à l’Hôtel-Dieu, mais qui est beaucoup mieux, a naturellement appris avec peine le malheur qui frappe sa chère Université. Mais il estime que, providentiellement, le problème qui se posait dans l’esprit de tous, au sujet de la reconstruction de notre Université, pour répondre aux besoins pressants, va trouver plus tôt qu’on ne le pensait sa solution.

On reconstruira sans doute dans de meilleures conditions.

« La première question de Monseigneur l’archevêque, ajoute Mgr le recteur, a été pour s’enquérir si la belle photographie du Pape Benoit XV, portant la si fervente bénédiction de sa sainteté à la nouvelle université de Montréal, avait été sauvée, ce qui est le cas.

« La souscription publique à laquelle tout le monde pensait vas, naturellement, être tout de suite lancée. Mgr le recteur a confiance qu’elle sera partout populaire. L’oeuvre universitaire et son progrès s’imposent plus que jamais. »

Les cours et les conférences seront repris presque sans interruption, à l’école dentaire, à l’école des hautes études, à l’école vétérinaire, à la bibliothèque Saint-Sulpice, chez les Chevaliers de Colomb et dans la salle du Cercle des jeunes gens de Saint Jacques.

Dès ce soir, M. Lebidois donnera son cours de littérature à la salle Saint-Sulpice.

Sir Lomer Gouin a envoyé les sympathies de son gouvernement.

Pour en savoir plus sur l’histoire de l’Université de Montréal.

Billets reliés

Les ouvrières de l’usine Eddy de Hull mises en lock-out [1919]

L’Abbé J.-N. Dubois et la prohibition totale [1919]

Emeute du 1er avril 1918 contre la conscription [Québec]

Inauguration de la bibliothèque Saint-Sulpice de Montréal [1915]

Publicité