En 1896, plusieurs familles quittent le Québec pour s’établir au Brésil. L’expérience se révèle être un échec…
La Patrie, 27 janvier 1897
« NOS EXILÉS
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Le retour d’une cinquantaine
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Le maire Wilson-Smith voit à leur réception
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Environ cinquante-deux de nos malheureux compatriotes qui étaient allés chercher fortune sous le ciel brûlant du Brésil sont revenus dans notre ville hier soir. Inutile de dire avec quel bonheur, après toutes les misères qu’ils ont endurées là-bas, ces quelques compatriotes ont mis pied sur le sol natal.
Voici les noms des exilés qui sont de retour:
James Garrett, carré Papineau, mouleur, célibataire.
Michael Welsh, 541 rue Centre, Pointe St. Charles, employé à l’incinérateur, père de sept enfants, dont l’épouse est morte à San Paule.
Wm Smith, célibataire.
Wm Skelcher, St. Henri, père de famille.
Wm Farmer, 51 rue St Antoine célibataire.
Chs E. Harris, plombeur, rue Ste Madelene, un enfant.
M. Henny, 116 rue St Martin, père de deux enfants.
M. Vien, ferblantier, Ste Cunégonde, dont l’épouse est morte à Sao Paulo.
Georges Clermont, rue Shaw, avec femme et enfant.
James Starnes, 177 Lagauchetière, mouleur dans le fer, avec femme et enfant.
P. Meney, 158 rue Chatham, machiniste, avec femme et un enfant.
James McKay, cocher, rue St. Urbain, avec femme et quatre enfants.
Jacques Brûlé, journalier, rue St. André, avec femme et deux enfants.
Charles Sanderson, journalier, 233 rue St Martin, avec femme et trois enfants.
Avec eux sont aussi arrivés Victor, Alfred, Léon et Annie Périard, Chas. H. et Wm Hale, James Blavie, Thomas Bluvin et John McDougall.
Nos compatriotes arrivent de New York où ils sont descendus il y a quelques jours.
Les dépêches nous avaient annonce ce fait; aussi les attendions-nous depuis vendredi soir.
[…]
Ce n’est qu’hier soir que le maire Wilson Smith a reçu une dépêche d’Utica, N. Y, signée par l’inspecteur des douanes de cette localité et lui annonçant que le parti des emigrés canadiens était en route pour Montréal.
Le train de New York qui ramenait dans leurs foyers une cinquantaine de ceux qui ont pris passage à bord de la « Moravia » l’été dernier, n’est rentré en gare que vers onze heures hier soir.
Il était réellement impresionnant de voir descendre ces wagons ces hommes, femmes et enfants, brisés par les endurances, le teint hâle et portant au visage des signes de profond découragement.
Les hommes étaient chargés de paquets et de bagages et les femmes portaient leurs enfants dans leurs bras.
Le maire Wilson Smith, dès qu’il apprit la nouvelle, vit immédiatemment à trouver un local pour loger temporairement tout ce monde, ou du moins ceux qui n’avaient pas de familles ou d’amis pour les recevoir.
A l’arrivée du train deux grandes voitures les attendaient pour les transporter aux hôtels du Peuple, tenu par M. Deault et Bonsecours, tenu par M. Charest.
Les emigrés reçurent à ces hôtels tous les premiers soins.
Le maire Wilson-Smith a été interviewé ce matin par notre représentant pour savoir s’il y aurait possibilité de trouver de l’emploi à ces malheureux. Le maire a dit qu’il verrait immédiatement à cela; en attendant, les différentes maisons de refuge leur donneront toute l’assistance voulue. »
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Absolument fascinant. Merci.
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Les gens qui partaient pour les États étaient souvent ostracisés. On leur faisait sentir qu’ils quittaient le navire. Ils quittaient plutôt la misère noire.
Je trouve cet article très « propagande » et moralisateur.
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J’aime bien quand même… On a un portrait d’une époque.
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C’est typique de l’époque, blâmer ceux qui partent.
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