La Minerve, 13 octobre 1884
« LES METIS FRANÇAIS
Les métis français du Nord-Ouest, issus presque tous, comme on le sait, de mariages contractés entre Canadiens-Français et sauvagesses, portent tous des noms français, c’est-à-dire franco-canadiens. M. Miquelon, l’habile et zélé agent fédéral d’émigration, écrivait, à ce sujet récemment du Lac Qu’A
ppelle, une lettre très intéressante, que nous croyons devoir reproduire ici:
J’ai cru intéresser vos lecteurs en donnant une liste de noms français que l’on retrouve parmi les métis. On y retrouve des noms très connus dans notre province de Québec.
Il est probable que plusieurs de vos lecteurs reconnaîtront dans cette liste des descendants d’un oncle, d’un cousin, etc. Car, posant la question aux métis, leur réponse est qeu le grand père de leur père était des environs de Québec, de Montréal, de Sorel, etc., etc., ou d’autres paroisses du Saint-Laurent.
Très peu m’ont dit qu’ils venaient directement de France. Bien que je ne sois ici que depuis un mois, j’ai pu m’assurer de l’existence parmi les métis français des familles suivantes, – et parmi ces familles, il y en a qui sont formées de plusieurs générations – :
Allard, Auger, Anger, Arcand, Ayotte, Barron, Beauchemin, Bracanier, Brazeau, Brebant, Bousquet, Badeau, Bellegarde, Bouvier, Boisclair, Bouchard, Beaudoin, Blondin, Bormeau, Boucher, Breland, Bélanger, Brière, Boyer, Beauchamp, Bergeron, Beaubien, Boudreau, Brunelle, Bourassa, Beauregard, Beaudry, Bernabé, Carrier, Caplet, Couture, Crête, Champagne, Charest, Cyr, Chenon, Caron, Collin, Courtois, Crevier, Chartrain, Cloutier, Cailler, Cinq-Mars, Cimon, Dupuis, Delaunais, Duford, D’Amour, Deschamps, Dubois, Delorme, Desjarlais, Dauphinais, Desrosiers, Deslauriers, Durocher, Dumont, Dumas, Durand, Ducharme, Duchaineau, Daigneault, Descoteaux, Ducharme, Duquet, Ferland, Fontaine, Faribeault, Francoeur, Fortin, Flammand, Fagnant, Fleury, Gervais, Gilbert, Gladu, Gagné, Gagnon , Gaudet, Giroux, Girard, Gendron, Gendreau, Goudreau, Guilbeault, Gaudry, Gosselin, Gouin, Galarneau, Gonneville(?), Guimond, Gariépy, Gingras, Gaudon, Grenon, Grégoire, Hamelin, Hébert, Huppé, Hamel, Houle, Jourdain, Lafontaine, Ladéroute, Lucier, Larocque, Lépine, Lafrenière, Lapointe, Larence, Landry, Liard, Leblanc, Letendre, Lafrance, Lafrenais, Laporte, Lavertu, Laverdure, Laliberté, Laviolette, Leduc, Lapierre, Larochelle, Lemire, Lacourse, Leclair, Laroche, Lazone, Léveillé, Larive, Légaré, Lavoie, Latour, Laframboise, Labonbarde, Langis, Ledoux, Lajeunesse, Laplante, Lafond, Lepitre, Lestourelle, Lafortune, Lenpé(?), Lacharité, Montour, Mondor, Michaud, M (?), Martel, Morin, Morissette, Martin, Marion, Manseau, Masson, Montreuil, Marchand, Méthot, Marsolais, Naul, Nolin, Normand, Ouellet, Olivier, Poitras, Pelletier, Patenaud, Piché, Petit, Parisien, Pilon, Parenteau, Paul, Picard, Paquin, Perreault, Racette, Riel, Richard, Rolette, Roy, Roussin, Rocheleau, Robillard, Robichaud, Saint-Denis, Serre, Saint-Germain, Saint-Hilaire, Sans Chagrin, Sauvé, Sans-Pitié, Saint-Pierre, Saint-Michel, Salois, Saint Cyr, Saint-Arnaud, Tourangeau, Thibault, Trottier, Turgeon, Têtu, Turcotte, Vallée, Veilleux, Vasseur, Vivier, Vandal, Vernou, Vermette, etc.
Tous les noms ci-dessus sont des noms de familles métisses résidant dans le Nord-Ouest du Manitoba. Les Métis sont de bons vivants, bons chrétiens, intelligents et capables. Plusieurs d’entre eux sont à la tête de grands établissements commerciaux ou grand marchands de pelleteries et grands propriétaires fonciers. J’espère qu’on me pardonnera de donner ces noms en pensant que par ce moyen des relations de parenté peuvent être renouées et même des héritages réclamés.
La liste ci-dessus, qui comprend près de deux cents noms de familles, porte bien, en effet, le cachet canadien français. Tous ces noms nous sont familiers. Un bon nombre sentent le régiment de Carignan et ses sobriquets militaires, religieusement conservés comme noms de famille par les descendants, en si grand nombre.
Les Métis français du Nord-Ouest descentes de nos chevaleresques ‘coureurs des bois’ des anciens jours, qui contractèrent de ces unions avec les Indiennes au cours de leurs célèbres excursions. Ils donnèrent ainsi naissance à cette race mixte, qui tient beaucoup plus de la race française que de l’autre et parmi laquelle les alliances subséquentes se sont faites en général avec les blancs ou les blanches, de telle sorte que les quart-sang et les huitième de sang sont aussi nombreux aujourd’hui que les vrais métis sont rares. Ainsi, Louis Riel, le fameux chef des métis et chef du gouvernement insurrectionnel de 1870, est un quart-sang, de même que son ancien lieutenant Lépine.
Au reste, il n’y a guère qu’au Nord-Ouest, et dans ces courses aventureuses, que nos ancêtres aient épousé des femmes indigènes. Ici, dans l’ancien Canada, de même que dans l’Acadie, les cas de ce genre ont été extrêmement rares et il n’existe pas de groupe métias, quoi qu’on puisse croire encore en France. Nos habitants, pour la plupart d’origine bretonne et normande, sont même plus blancs en général que les paysans du midi de la France, sans être roux, cependant, comme beaucoup des enfants de la vieille Armorique. »
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Article aussi rassurant qu’intéressant : il rappelle que les Français ont été moins racistes que les Anglo-Saxons. Les unions avec des femmes indigènes ont été fréquentes aussi dans leurs colonies, notamment en Indochine.
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Je crois que M. Rocheleau mentionné ci-bas est un de mes ancêtres. Anita Rocheleau Stang
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