Les travaux de construction du réservoir d’eau sous les plaines d’Abraham à Québec ont duré de 1931 à 1933.
L’Action catholique, 10 août 1932
UNE PARTIE DE LA GRANDE TOITURE DU RÉSERVOIR S’ÉCROULE AVEC CINQ OUVRIERS… UN MORT ET 4 BLESSÉS
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Les victimes sont projetés [sic] dans le vide d’une hauteur de 50 pieds avec une masse de béton et de fer d’un poids total de plus de 700.000 livres. – M. William Chevanel succombe à l’Hôtel-Dieu.
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HORRIBLE CATASTROPHE
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Une section de la toiture bétonnée du réservoir s’est écroulée soudainement ce midi entraînant dans sa chute cinq ouvriers qui ont fait un plongeon d’une cinquantaine de pieds à travers des débris de matériaux.Ces ouvriers étaient à recouvrir le béton les lattes métalliques qui devaient supporter entre les colonnes le poids de cette lourde couverture. L’un d’eux William Chevanel a sucombé [sic] à ses blessures une demi-heure après l’accident dans un des chambres de l’Hôtel-Dieu où il avait été transporté d’urgence. Ses quatre autres compagnons blessés plus ou moins gravement vont probablement survivre à leurs blessures.
Une masse de béton à peine sorti des malaxeurs et étendu sur une longueur de 155 pieds par 75 de large formant un total de 742,000 livres a causé cet [sic] horrible tragédie en s’écroulant sous les pieds de dix-huit travailleurs qui étaient à étendre ce matériel ou à la transporter dans de lourdes brouettes. La partie de la couverture du réservoir qui s’est écroulée était toute recouverte de ‘slabs’ et sur une longueur de 35 pieds on avait étendu une couche de béton ayant sept pouces d’épaisseur. Dix colonnes nouvellement construires étaient destinées à supporter le tout et sous la violence du choc elle sont demeurées inclinées tout comme la tour de Pise.
L’effondrement de cette couverture s’est produit tout à l’extrémité est de cette nouvelle construction vers mdi moins dix suivant les ingénieurs de la compagnie. A ce moment dix-huit hommes les uns courbés pour donner un dernier poli à la surface bétonnée, les autres pousasnt [sic] une brouette lourdement chargée étaient à travailler dans cette partie du chantier.
Soudaint toute cette masse s’écroula avec grand fracas entraînant sur le pavé à cinquante pieds plus bas cette masse de matériaux lourds de 742,000 livres. Quelques ouvriers purent se cramponner aux parois du réservoir car la masse s’écroula plutôt lentement, et cinq furent entraînés dans le trou béant.
Une panique indescriptible se produisit aussitôt sur les chantiers. La rumeur voulant que nombre d’ouvriers fussent enterrés sous cette masse de matériaux.
Pendant que les blessés étaient retirés des débris par leurs compagnons de travail trois ambulances étaient appelés sur les lieux de même que plusieurs médecins et des Révérends Pères Eudistes de la cure de St-Coeur de Marie.
Les deux ambulances de la maison Hubert Moisan prirent à leur bord trois blessés, MM. Chevanel, Cameron et Manawte et filèrent à toute vitesse dans la direction de la Grande Allée pour gagner au plus tôt l’Hôtel-Dieu du Précieux-Sang.
Une équipe fouilla le fond du réservoir pendant quelques minutes afin de retracer d’autres ouvriers que la rumeur avait fait disparaître, cependant qu’au bureau chef de la compagnie tous les employés de ce chantier étaient rappelés pour la vérification des noms. D’une voix encore étouffée par les minutes angoissantes qui venaient de s’écouler en répondant: Présent.
Vers midi et dix minutes les offiels de la compagnie estimèrent le nombre des blessés à cinq dont deux gravement. Quelques minutes plus tard on apprenait la mort de M. William Chevanel, et on communiquait aux journalistes les noms suivants:
Blessés gravement: Jimmy Cameron, Charle Manawte, Charles Kelly, Willie Dufour.
La nouvelle d’une tragédie au réservoir s’est répandue avec une rapidité étonnante en ville, et les colportages populaires en avaient bientôt fait une aussi épouvantable que celle des chantiers Vickers.Un cordon de policiers du se rendre à l’entrée des chantiers pour disperser la foule et faciliter la sortie des ambulances. Des membres du conseil municipal, de la députation provinciale se rendirent sur les lieux pour se rendre compte de l’étendue des dommages que les officiers de la compagnie n’ont pas fixé numériquement.
Lorsque tous les noms des employés du réservoir eurent été appelés, une équipe commença les travaux de déblaiement et de protection de la partie qui n’a pas cédé au cours de cet effondrement. On craignait en effet ce midi que cet accident put entraîner l’effondrement de la partie construite par les semaines dernières.
Des supports spéciaux seront mis en place pour éviter des dommages plus considérables et parer ainsi à toute éventualité.
Nombre d’ouvriers que nous avons pu rencontrer sur les lieux quelques minutes à peine après que cette pénible affaire se fut déroulée nous ont déclaré qu’ils avaient miraculeusement échapé [sic] à la mort. L’un d’eux ajoutait même qu’il est demeuré suspendu par ses vêtements à un bout de lette métallique qui émergeait de la structure non endommagée, et cet au-dessus d’un trou béant de cinquante pieds. D’autres ont pu se cramponner aux parois, e [sic] il en est un bon nombre qui se disposaient justement à se diriger dans cette partie du réservoir lorsque le tout s’est effondré.
Pour en savoir plus:
- LES TRAVAUX DU RÉSERVOIR DES PLAINES D’ABRAHAM (1931) (Vue anciennes du Québec)
Billets reliés
On se déshabille! [1933]
Récompense offerte pour la localisation du tombeau de Champlain [1933]
Visite d’Eleanor Roosevelt à Québec en 1933
Une visite du musée de la Province (futur MNBAQ) [Québec, 1933]