Extrait de la Minerve, 23 janvier 1876
UN SCANDALE DANS LE GRAND MONDE
Il n’était bruit vendredi après-midi et samedi, que du brusque départ aux États-Unis de Mme William MacKenzie et de M. Brydges, fils de l’ancien président de la Compagnie du Grand Tronc. Nous aurions voulu passer sous silence ce triste événement qui a plongé dans la désolation plusieurs familles anglaises des plus honorables, mais les journaux du soir s’étant emparé de l’affaire, le service de la presse associée l’ayant fait connaître aux quatre coins de l’Amérique du Nord, nous croyons devoir en entretenir nos lecteurs.
Nous laissons toute la responsabilité de nos renseignements aux journaux anglais du soir; voici ce que dit le Star au sujet de cette affaire.
M. Frederick William Brydges, fils unique de M. C. J. Brydges, associé d’une maison de Philadelphie, qui s’occupe de la construction des ponts en fer, était dans les meileurs termes avec la famille de M. William McKenzie, de cette ville. Il paraît qu’il noua une intrigue avec Mme MacKenzie, qui est âgée de vingt cinq ans seulement, et mère de quatre enfants. Elle abandonna son domicile, jeudi après-midi, accompagnée de deux enfants, et prit le train de New York; M. Brydges la rejoignit durant le trajet.
En arrivant dans cette ville, vendredi matin, ils se firent conduire à l’hôtel de la Cinquième Avenue, mais peu après ils eurent la visite du surintendant Wailling de la police de New York, qui avait reçu une dépêche télégraphique et qui les mit en état d’arrestation, mais quelques heures plus tard, ils furent mis en liberté par la Cour de Police des »Tombes », les preuves étant insuffisantes pour motiver leur détention. Les frères et le beau-frère de la fugitive sont partis vendredi à leur poursuite, ils ont dû arriver samedi matin à New York.
Mme Mackenzie est fille de M. Andrew Allan, cette famille rencontre dans son malheur les plus vives sympathies. Elle a été mariée, il y a environ six ans à M. William Mackenzie, fils de M. J. S. Mackenzie. Il paraît qu’une partie du blâme doit retomber sur le mari qui n’a pas su rendre sa femme heureuse…
Les renseignements donnés par le Witness sont plus préçis. Voici les principales parties de l’article que ce journal consacre à cet événement.
Masters Charles et Fred Brydges, Montréal, QC, 1862. Frederick Brydges était alors âgé de 11 ans environ.
Le départ subit de cette ville de Mme MacKenzie a donné lieu à grand nombre de rumeurs. Il paraît qu’elle a quitté son domicile, rue Sherbrooke, jeudi après midi à deux heures, dans un traineau de place, avec deux de ses enfants. Elle se fit mener d’abord à la confiserie de M. Joyce, Philip’s Square, où elle acheta quelques gâteaux pour ses enfants, puis elle dit au cocher de la mener en ville. Obéissant à cette consigne un peu vague, le cocher descendit la côte du Beaver-Hall, traversa la place Victoria, prit la rue St-Jacques, puis la rue Notre-Dame, et s’arrêta en face du magasin de fourrures de M. Henderson, pour recevoir des ordres plus préçis. Mme MacKenzie lui dit alors de la mener à la gare. Il rebroussa chemin et arriva à la gare Bonaventure à trois heures moins un quart. Lorsqu’elle descendit de voiture, il voulut porter un des enfants, mais elle lui dit qu’il pouvait marcher et lui paya le prix de sa course.
Mme MazKenzie prit le train de 3.45? pour New-York, elle n’avait avec elle que ses deux enfants et ses mouvements n’ont pas été connus en cette ville, avant l’arrivée d’une dépêche de la presse associée, qui dénature certains faits.
M. Fred. Brydges, qu’on dit être avec elle, est un jeune homme d’un extérieur avantageux qui possède de grandes aptitudes pour les affaires; il est associé d’une maison de Phoenixville, Pen, pour la construction des ponts en fer, et il était fixé temporairement dans cette ville, jusqu’au moment où il revint à Montréal pour y passer les fêtes de Noël et du jour de l’An….
Frederick Brydges. Extrait de Representative Men of Manitoba, 1902 / The Manitoba Historical Society.
De nouveaux renseignements nous portent à croire que M. Fred. Brydges est parti depuis deux semaines de Montréal pour Phoenixville, et n’est pas revenu depuis en cette ville, à la connaissance de la personne qui nous fournit ces informations, et qui est sous l’impression que Mme MacKenzie, en arrivant à New York où elle s’est trouvée entourée d’étrangers, a dû donner avis de son arrivée à M. Brydges, qui ne reste qu’à trois heures du chemin de fer, et qui est accouru pour l’aider pas tous les moyens possible. Dans tous les cas il est bien établi que Mme MacKenzie et M. Brydges ne sont pas partis de Montréal ensemble, jeudi après-midi.
Nous n’ajoutons absolument rien aux renseignements de ces deux journaux, dont nous n’avons pu vérifier l’exactitude, si ce n’est la dépêche de la presse associé, envoyée par la »Dominion Line » que nos lecteurs trouveront dans la colonne des télégrammes, et qui nous parait pecher sur plusieurs points.
Les jours suivant, ont apprend par la Minerve que le détective Fahey a été envoyé à New York sur la traces des tourtereaux. Mme Mckenzie est revenue à Montréal le 27 janvier.
Mme Mackenzie obtint le divorce en 1877 et le 12 octobre 1877, elle épousa Frederick William Brydges à Boston, Mass. Frederick adopta deux des enfants de Nina. Ils eurent deux enfants, Letita Jean (1878-1965) et Charles (1880-1940). Nina est décédée le 10 septembre 1922 à Victoria, Colombie-Britannique et Frederick est décédé dans la même ville le 25 mai 1928. (Vitals, Colombie-Britannique)
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