Déportation des Patriotes aux Bermudes [juillet 1838]

Peinture | Dr Wolfred Nelson, 1848 | M20430

Dr Wolfred Nelson, 1848 par Théophile Hamel


Extrait du journal l’Ami du Peuple, de l’ordre et des lois du 4 juillet 1838 racontant le départ de huit Patriotes, soit le major Toussaint-Hubert Goddu, Siméon Marchesseault, le Dr Henri-Alphonse Gauvin, le Dr Wolfred Nelson, Robert-Shore-Milnes Bouchette, Bonaventure Viger, Rodolphe Des Rivières et le Dr Luc-Hyacinthe Masson condamnés à l’exil aux Bermudes pour leur rôle dans la rébellion au Bas-Canada.

DEPART DES PRISONNIERS – POISSON D’AVRIL EN JUILLET

Lundi après-midi, les huit prisonniers politiques ont été embarqués à bord du bateau à vapeur l’Aigle, pour être conduits à Québec et de là à la Bermude, où ils sont exilés. L’autorité craignait sans doute quelque trouble ou quelque démonstration bruyante et peu convenable, car elle a pris les moyens d’écarter la foule au  moment de leur départ. Le moyen employé nous semble un peu singulier. Une compagnie des royaux avaient été stationnée, au quai où se tiennent ordinairement les bateaux à vapeur et où se font toutes les embarcations; les soldats étaient rangés sur deux lignes ouvertes, comme s’ils eussent attendus les prisonniers, et ils avaient un soin particulier de faire ranger la foule, pour laisser le passage libre; une foule immense s’était portée sur le quai et attendait impatiemment l’arrivée des huit prisonniers. Mais pendant que le public ouvrait les yeux de toute sa force sur le quai de la ville, les prisonniers se préparaient à la prison, et lorsque tout fut prêt, le bateau à vapeur descendit rapidement, alla accoster au quai Gilbert, au pied du courant, où se trouvait une compagnie du 71e et une compagnie de cavalerie, qui ne permirent à aucun curieux d’approcher; les prisonniers arrivèrent bientôt en voiture s’embarquèrent immédiatement et le steamboat partit sans délais, laissant tous les curieux de la ville, les uns sur les quais, les autres aux fenêtres, les autres en voitures, courant à toute bride vers le pied du courant. On nous assure que plusieurs individus avaient loués des fenêtres dans la grande rue du faubourg de Québec, pour voir passer les prisonniers, et que les cours de justice vont avoir à décider s’ils sont tenus ou non à payer le prix convenu.

Ce petit tour joué aux curieux de Montréal, aurait été excellent, le premier jour d’avril, mais il est un peu lourd dans les chaleurs de juillet.

Nous ne prétendons pas blâmer la mesure d’éloigner le public de la scène d’embarquement,  en elle-même, mais le petit tour joué nous semble hors de saison. Cela aurait pu se faire franchement.

Puisque nous en sommes sur cette affaire, et probablement pour la dernière fois, nous devons aussi dire que le choix des déportés, nous semble fait peu judicieusement. Plusieurs de ceux qui sont exilés, sont loin d’être les plus coupables et surtout les plus importants. [Note: l’Ami du peuple n’était pas l’ami des Patriotes…]

Les Patriotes purent quitter les Bermudes en novembre 1838.

La Revue d’histoire de l’Amérique française a publié en 1962 et 1963 plusieurs documents en lien avec cet exil: 1, 2, 3, 4, 5 et 6.

Et bien sûr, aujourd’hui, 21 mai, fête des Patriotes, on visite ce site.

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Trove: journaux historiques de l’Australie [XIXe et XXe siècle]

La petite histoire du crime: la bande à Chambers (Québec et sa région 1831-1835) Première partie

Recensement du Bas-Canada de 1842 en ligne

Family Search a mis en ligne le recensement de 1842 du Bas-Canada avec un index.

L’index et les images disponibles sont sur le site de Family Search.

[note, des paroisses sont manquantes. Documents perdus? Régions non recensées? Ou bien les Mormons vont mettre progressivement en ligne les documents restants?

Estampe | Place du marché, Québec | M20201

Place du marché, Québec, v. 1839-1842, parWilliam Henry Bartlett

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Recensement de 1871- Canada

Recensement du Bas-Canada de 1831 en ligne

Archives de notaires du Bas-Canada-Québec en ligne [19e siècle]

Les recensements du 19e siècle en ligne

Déchiffrer un document historique sans douleur (ou presque)- Ressources en paléographie

Recensement du Bas-Canada de 1831 en ligne

Extrait du recensement du Bas-Canada de 1831,  »faux-bourg » Saint-Roch, (Québec), rue Saint-Nicholas

Family Search a mis en ligne le recensement du Bas-Canada de 1831.

Quelques remarques

  • Un index est disponible, pour faire une recherche, c’est par ici: http://www.bac-lac.gc.ca/fra/recensements/1831/Pages/propos-recensement.aspx
  • Le recensement de 1831 ne permet pas de connaître les noms de toutes les personnes habitants à un endroit donné; seul le nom du chef de famille est inscrit ainsi que le nombre de personnes, selon la catégorie d’âge. Vous y trouverez aussi des informations sur l’agriculture, les métiers, la religion pratiquée, etc.
  • On demandait alors le nombre de Baptistes, de Juifs et d’insensés dans chaque famille…

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Archives de notaires du Bas-Canada-Québec en ligne [19e siècle]

Généalogie: trouver des actes en ligne

Les recensements du 19e siècle en ligne

Archives de notaires du Bas-Canada-Québec en ligne [19e siècle]

On peut consulter en ligne des répertoires et index des greffes de notaires qui ont exercé au Bas-Canada et au Québec grâce à Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BANQ) et Family Search.

BANQ

On y retrouve la collection Archives des notaires du Québec
des origines à 1930

Adresse: http://bibnum2.banq.qc.ca/bna/notaires/index.html

En date du 11 janvier, on y retrouve les répertoires et index de 1039 greffes de notaires,
dont 95 avec le texte des actes (1 686 479 pages)

Family Search

Family Search a récemment mis en ligne une collection intitulée Quebec Notarial Records, 1800-1900. 1,5 millions d’images peuvent être consultées provenant de greffes des districts de Terrebonne, Montréal, Hull, Joliette, Montmagny, Québec, Saguenay et Saint-François.

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Ressource: Les bases de données en ligne de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BANQ)

Gérard Morisset – la préservation et la diffusion du patrimoine

Les recensements du 19e siècle en ligne

Généalogie: trouver des actes en ligne

Dessin: William Henry Bartlett (1809-1854) et le Bas-Canada de 1838-1842

Comme on l’a vu dans des billets précédents, plusieurs militaires britanniques ont immortalisé le Québec, le Bas-Canada, en peinture ou en dessins. Cette fois-ci, je vous présente un illustrateur qui nous a laissé quelques croquis du Bas-Canada au 19e siècle.

Biographie

1836, Source: Wikimedia Commons

William Henry Bartlett est né le 26 mars 1809 à Kentish Town (Londres). Il a fait son apprentissage auprès de John Britton, architecte et antiquaire. Ses dessins, représentant des paysages et des bâtiments, sont publiés dans des ouvrages anglais. Ses dessins sont retenus en 1836  pour Switzerland illustrated du docteur William Beattie.

Il voyage dans plusieurs pays: Syrie, Italie,  Pays-Bas, Belgique, Écosse, Irlande, États-Unis. En 1838, il parcourt le  Bas et le Haut-Canada pour amasser du matériel pour son prochain projet. Il y a probablement fait un deuxième séjour en 1841. Ses oeuvres sont reproduites dans Canadian Scenery Illustrated de Nathaniel Parker Willis publié en 1848.

On peut feuilleter le tome 1 et 2 qui sont en ligne.

Il est décédé le 13 septembre 1854 en mer, au large de Malte.

Bibliographie

FARFAN, Matthew.[en ligne]WILLIAM HENRY BARTLETT (1809-1854)[Article consulté le 18 septembre 2010] Adresse URL

ROSS, Alexander [en ligne] M. Article BARTLETT,WILLIAM>HENRY,  Dictionnaire biographique du Canada, tome 8 [Article consulté le 18 septembre 2010]  Adresse URL

Oeuvres

Quelques illustrations plus internationales sont en ligne sur Wikimedia Commons.

Des illustrations provenant de Canadian Scenery Illustrated sont en ligne sur Artefacts Canada.

On a dit du style de William Henry Barlett :

Son art plaisait aux gens, heureux de regarder passivement des gravures représentant des scènes qu’ils reconnaissaient facilement, grâce à leur propre expérience ou à leurs lectures. Appliquant les théories de William Gilpin et d’Edmund Burke, Bartlett mettait l’accent, dans ses dessins, sur les irrégularités et les aspérités des paysages, l’ombre et la lumière, les ruines, l’immensité des montagnes, l’étendue des rivières impétueuses et l’énormité des rochers escarpés. (réf)

Estampe | Passe de Bolton, Cantons de l'Est | M958.73.2.26

Passe de Bolton, Cantons de l’Est 1840-1842

Impression | Colonne Nelson, Montréal | M928.94.1.42

Colonne Nelson, Montréal, 1839-1842

Estampe | Le Saint-Laurent, à Montréal | M20030

Le Saint-Laurent, à Montréal, 1839-1842

Estampe | Montréal depuis la montagne | M20074

Montréal depuis la montagne 1839-1842

Estampe | Place du marché, Québec | M20201

Place du marché, Québec 1839-1842

Estampe | Les plaines d'Abraham, près de Québec | M3131

Les plaines d’Abraham, près de Québec 1839-1842. Première colonne Wolfe. Près du site de l’actuel Musée national des Beaux-Arts de Québec

Estampe | Lac des Deux Montagnes | M928.94.1.25

Lac des Deux Montagnes 1839-1842

Et pour terminer, voici une oeuvre de Bartlett qui a été reproduite sur une soupière pour enfant.

Soupière pour poupée |  | M997.56.1.1.1-4

Soupière pour poupée 1845-1850

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Photographie: Les Livernois (Québec, 1856-1974)

Peinture: James Peachey et le Bas-Canada en 1784-1785

Créer un album virtuel avec les oeuvres du Musée des Beaux-arts du Canada

Louis Jobin, sculpteur (1845-1928)

Cartes anciennes: des trésors sur le web

L’épidémie de choléra de l’été 1832 à Québec

La déportation d’après les registres d’écrous des prisons de Québec (Bas-Canada, 19e siècle)

Au 18e et au 19e siècle, la Grande-Bretagne a envoyé plusieurs milliers de prisonniers (hommes et femmes) dans ses colonies pénales pour purger leur peine. Des peines de 7 ans, 14 ans, à perpétuité pour les plus malchanceux….

Parmi les plus célèbres déportés figurent les Acadiens (1755) et les Patriotes (1839).

*************

*****

Les colonies pénales

On a d’abord envoyé des prisonniers dans les colonies pénales de Virginie et du Maryland (Réf). Après l’indépendance, des colonies ont été implantées en Océanie et aux Bermudes. Un prisonnier pouvait alors être envoyé en Nouvelle-Galles du Sud, en Australie de l’Ouest, à Victoria, au Queensland , à Van Diemen (auj. La Tasmanie) ou à Norfolk Island.

Statistiques

Nombre de prisonniers envoyés dans des colonies pénitentiaires (18e et 19e siècle)

50 000 dans les colonies américaines;

165 000 en Australie ou à Van Diemen (Réf);

9000 aux Bermudes

***

Des déportés en provenance du Bas-Canada?

On sait que 58 Patriotes furent déportés en Australie. Y-a-t-il eu d’autres déportés provenant du Bas-Canada? Entre 1814 et 1839, au moins 376 prisonniers ayant séjourné dans une prison de Québec ont dans leur dossier la mention  »transported’, « transportation », « sent to » ou « embarked »‘. (Réf). Notez qu’on n’emploie par le terme  »deported ».

La transportation différait du bannissement en ceci que le lieu d’exil était déterminé par l’autorité et le condamné y était transporté de force, tandis que le banni avait le choix d’aller où il voulait hors de l’endroit où il était proscrit. (Réf.  Raymond Boyer. Les crimes et les châtiments au Canada français, du XVIIe siècle au XXe siècle. Montréal. Le Cercle du livre de France, 1966, p.202)

Où ces gens ont-ils été transportés? On trouve leur traces, dans certains cas, dans les archives australiennes et tasmaniennes.

Les informations livrées par le Registre des écrous des prisons de Québec sont fragmentaires, mais elles nous permettent de tirer quelques conclusions.

D’abord, les  »transportés » sont exclusivement de sexe masculin.

C’est dans les années 1830, qu’il y a le plus de gens incarcérés qui seront transportés (207 cas).  Ceux qui ont été incarcérés en 1838 sont ceux qui ont été le plus déplacés hors du Bas-Canada (85 cas) suivi de ceux de 1837 (51 cas),  1833 (32 cas), 1835 (31 cas) et 1836 (26 cas).

258 des condamnés le sont pour des offenses dites  »military » (militaire). Par militaire, on entend ici une participation à une rébellion contre le gouvernement, par exemple (haute trahison) ou bien une infraction commise par un militaire. Les autres ont été trouvé coupable de meurtre, félonie, cambriolage ou de vol. Pour ces dernières offenses, la sentence la plus fréquente est la pendaison, qui est plus tard commuée en déportation.

Les bateaux dont on sait qu’ils ont eu à leur bord des  »transportés » sont les suivants:

Carrington, à destination des Bermudes (départ 6 septembre 1826).

King Fischer, capitaine Bayside. (départ 5 août 1828)

Rose, capitaine Pilkington, à destination d’Halifax. (départ 20 sept. 1830).

Orestes, 2 août 1832.

Sylvia, 1er septembre 1834.

Athol. (départ le 9 juillet 1835 et le 2 novembre 1838). Ce navire transporte des condamnés pour une offense dite  »militaire ».

William Money. (départ 27 août 1836).

Stakesby, capitaine Globe, à destination de Londres (départ vers 16 septembre 1837).

Ceres, capitaine Squire, à destination de Londres (départ 27 mai 1837).

Prince George, capitaine Friend, à destination de Londres (départ 16 novembre 1839). Ce navire transporte des condamnés pour cause  »militaire ».

British Empire, capitaine Wheatley, à destination de Londres (départ 17 novembre 1840). Dans les registres d’écrous des prisons de Québec, il est noté  »Sent on board the « British Empire » to be conveyed to England from thence to be transported to New South Wales or Van Diemen’s Land ». Un des passagers, Charles Charland, a été envoyé à Van Diemen en 1841 par le Layton (4).

*date de départ établie à partir de la date de libération des prisonniers. En consultant le Quebec Mercury, on trouve quelques fois la date où le vaisseau a été  »cleared », date qui est antérieure de un ou deux  jours à la date de libération.

Les prisonniers du Ceres ont été envoyés, pour la plupart, en Australie ou en Tasmanie. Pour ce qui est des autres bateaux, il faudrait faire des recherches plus poussées dans les index des convicts (prisonniers) de Tasmanie et de Nouvelle-Galles du Sud. On s’en reparle…

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Histoire judiciaire: Le docteur L’Indienne, un meurtrier en série? St-Jean-Port-Joli, 1829

Pour voir en ligne des vidéos sur l’histoire et le patrimoine du Québec…

Facebook: Liste des organismes québécois de diffusion de l’histoire et du patrimoine

Histoire du crime: La bande à Chambers (1831-1835) deuxième partie

Suite du billet
La petite histoire du crime: la bande à Chambers (Québec et sa région 1831-1835) Première partie

On s’y prend à trois fois afin de condamner Chambers…

Trois procès sont intentés contre Chambers et ses complices.

Le premier procès a lieu le 25 septembre 1835 et concerne le vol du télescope de Georges Holmes Parke. Chambers est déclaré non coupable.

Le deuxième procès a lieu en mars 1836. Charles Chambers et Nicolas Mathieu sont accusés du meurtre du capitaine Louis Sirvac. Ils sont déclarés non-coupables.

Le troisième procès s’ouvre le 28 mars 1837. Georges Waterworth témoigne contre Chambers et Nicolas Mathieu qui sont jugés pour introduction dans la maison de la veuve Montgomery et pour vol. Ils sont reconnus coupables et condamnés à être pendus le 10 avril. Mais coup de théâtre, la peine de Mathieu et de Chambers est commuée en exil en Australie.

Lorsqu’on consulte le Fichier des prisonniers des prisons de Québec au 19e siècle, il est écrit que Chambers a été reconnu coupable de  »timber stealing » (vol de bois). Chambers était marchand de bois. Voici la fiche de Nicolas Mathieu.

En route vers l’Australie

Le 27 mai 1837, Mathieu et Chambers s’embarquent sur le Cérès pour la Nouvelle-Galles du Sud (Australie) sous la gouverne du capitaine Squire. Il existe plusieurs versions concernant le sort des deux prisonniers. Et la destination du bateau aussi diffèrent. Certains parlent de Botany Bay, d’autres de Van Dieman (Tasmanie).

Selon Jean-Marie Lebel, (Québec 1608-2008: Chroniques d’une capitale voir Année 1837), Chambers est décédé aux Nouvelles Galles du sud, six ans après son arrivée en Australie.

Albert Jobin évoque la Galles du sud comme destination du Cérès.

Selon Louis Fréchette, Chambers devait être expédié à Botany Bay. Mais,

le chef de nos bandits [Chambers] réussit à briser ses fers et deux de plusieurs de ses co-détenus, et faillit s’emparer du navire.

Le complot échoua, et l’abominable coquin fut pendu en arrivant à Liverpool.

(Réf. Mémoires intimes, p. 99-100)

Dans Fifty years, Chiniquy s’attribue le mérite pour la commutation de la peine de mort de Chambers et Mathieu en exil en Australie. Il prétend aussi avoir rencontré un des membres du gang lors d’un séjour en Australie en 1878. (réf. Marcel Trudel, Chiniquy, p.253). A la page 312, l’homme qu’il a soi-disant sauvé lui demande

Do you remember the murderer and thief, Chambers, who was condemned to death in Quebec, in 1837, with eight of his accomplices? » asked the stranger.

Chambers a été condamné avec Mathieu. Il nous manque six personnes… Émettons des doutes quant au témoignage de Chiniquy, qui jamais ne nomme le mystérieux étranger… Chiniquy prétend que ce personnage lui a raconté que Chambers avait été pendu à Liverpool (réf), affirmation que reprendra plus tard Louis Fréchette dans ses Mémoires intimes.

Dans le Convict Index des Archives de la Nouvelle Galle du Sud, il y a trois personnes qui répondent au nom de Charles Chambers. Deux sont arrivées en 1829. Il y a un troisième Charles Chambers. Pas de date d’arrivée, mais il y a mention d’obtention d’un certificat d’émancipation. Nous n’avons pas suffisamment d’informations pour dire s’il est oui ou non le Charles Chambers que nous recherchons.

Il y a un Nicolas Mathieu dans cette base de données.

MATHIEU Nicholas |Waterloo (bateau) |1838| Numéro 46/579 |Ticket of Leave[4/4207; Reel 959]District: Yass; |Born: Canada Quebec; |Tried: Canada low Queb.

Selon ce site, le Waterloo est arrivé en Nouvelle-Galles du sud le 2 février 1838. Il est parti de Sheernerss en Angleterre le 4 novembre 1837. A titre de comparaison, lorsque Hypolite Lanctot est déporté en Australie, le voyage dure du 28 septembre 1839 au 25 février 1840. Le voyage de Lanctot dure 5 mois (sans escale en Angleterre, par contre). Louis Fréchette, dans ses mémoires, mentionne une escale en Angleterre… Dans le cas de Mathieu et de Chambers, peut-être le Cérès a-t-il fait escale en Grande-Bretagne. Ensuite, les deux individus ont peut-être été embarqués sur le Waterloo…Hypothèse à vérifier…

Le Nicholas  Mathieu du  Convict Index a obtenu un  »ticket of leave »? Un  »ticket of leave » c’est

C’était l’habitude de garder un prisonnier en exil dans un camp pour une période de 18 mois à deux ans; ils travaillaient au compte du gouvernement à des travaux publics. Les prisonniers sont ensuite  »assignés » à des particuliers, et si tout va bien, on leur accord la permission de travailler à leur compte. Ce système se nomme  »ticket of leave ».

Réf. (Lanctot, p. 57-58. )

Selon George Gale et James Le Moine McPherson, Charles Chambers a été envoyé à Van Dieman (Tasmanie).

Parmi les autres hypothèses, il y a celle où Chambers aurait été jeté à la mer lors de la traversée vers l’Angleterre. (Réf. Hare, Lafrance et Ruddell, p. 208)

Donc, pour le moment, nous croyons que Mathieu et Chambers ont quitté Québec le 27 mai 1837 et qu’ils sont probablement arrivés en Australie ou en Tasmanie après plusieurs mois en mer. Plusieurs questions restent sans réponse. Où exactement ont-ils vécu leur exil? Quand sont-ils décédés?

Dans la littérature

En 1837: François-Réal Angers, avocat, publie une brochure romancée intitulée Révélations du crime de Cambray et ses complices sur cette affaire. Chambers est ici appelé Cambray.

Micheline Cambron précise que les dialogues de l’écrit d’Angers ressemblent beaucoup aux paroles prononcées durant le procès de Chambers. (Réf).

Quelle est la part de vérité et de mensonge dans ce livre?

1844: La fille du brigand d’Eugène L’Écuyer. Dans cette version, Chambers, alias Maître Jacques, meurt noyé.

Puis un tumulte se fait entendre, et on aperçoit une foule qui se presse autour d’un cadavre. M. des Lauriers et M. D. .. en approchant de plus près reconnaissent le corps d’un noyé, c’est celui de maître Jacques.(Réf)

Dans le récit Geneviève d’Alphonse Gagnon (1885), la bande à Cambray (Chambers) fait plonger un honnête homme dans le monde du crime. (Nouvelles et récits, p. 126-162)

James McPherson Lemoine mentionne aussi que l’affaire Chambers

est devenu récemment le sujet [1872] d’un drame joué au Music hall de cette ville. (Réf.)

Conclusion

Avec le temps, les crimes de Chambers et ses acolytes ont été amplifiés. Ils font maintenant partie des légendes de la ville de Québec et de sa région. Le sort de Nicholas Mathieu et surtout de Charles Chambers reste sujet à débat. Chambers a-t-il été pendu en Angleterre ou est-il décédé en Australie? Quand est-il décédé? Plusieurs pistes sont à explorer…

La troisième partie de ce billet  se trouve ici.

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Bibliographie

Monographies

ANGERS, François-Réal. Révélations du crime de Cambray et ses complices. 1837 (1880).

CASGRAIN, René-Édouard. Histoire de la paroisse de l’Ange-Gardien. Quebec, Dussault & Proulx, imprimeurs, 1902, 390 pages.

CONSTANS, Ellen et Jean-Claude Vareille. Crime et châtiment dans le roman populaire de langue française du 19e siècle. Presses universitaires de Limoges, 1994, 426 pages.

FRECHETTE, Louis. Mémoires intimes. Montréal, Fides 1961, 200 pages.

HARE, John, Marc LAFRANCE et David-Thiery RUDDEL. Histoire de la ville de Québec 1608-1871, Boréal, Montréal, 1987, 400 pages.

JOBIN, Albert. Histoire de Québec. Québec, Institut Jean-Bosco, 1947, 366 pages.

LANCTOT, Hypolite. Souvenirs d’un patriote exilé en Australie, 1838-1845. Sillery, Septention, 1999, 222 pages.

LAVIOLETTE, Guy et Alain Gelly. Cap-Rouge 1541-1991 : 450 ans d’histoire. Cap-Rouge, Quebec, Société historique du Cap-Rouge inc., 1991, 340 pages.

LEBEL, Jean-Marie. Québec 1608-2008: Chroniques d’une capitale. Québec, Presses de l’Université Laval, 2008, 760 pages.

L’ECUYER, Eugene. La fille du brigand; roman canadien. Précédé d’une notice biographique sur l’auteur par Casimir Hébert. Montréal, Bilodeau, 1914, 148 pages.

LE MOINE, James MacPherson. L’album du touriste : archéologie, histoire, littérature, sport.Québec, Augustin Côté et cie, 1872, 394 pages.

ROY, Pierre-Georges. Les petites choses de notre histoire. Septième série. Lévis, 1919, 316 pages.

TRUDEL, Marcel. Chiniquy. Trois-Rivières, Éditions du bien public, 1955, 339 pages.

Site internet

Raymond Mathieu. [en ligne] Nicolas Mathieu [Page consultée le 28 avril 2010] n’est plus en ligne.

University of Texas Libraries, The University of Texas at Austin. [en ligne]  Perry-Castañeda Library Map Collection Historical Maps of Australia and the Pacific [Page consultée le 28 avril 2010] Adresse URL

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La petite histoire du crime: la bande à Chambers (Québec et sa région 1831-1835) Première partie

un véritable règne de terreur avait affolé la ville [de Québec] et ses environs. Toute une organisation de bandits, qu’on appelait les brigands du Carouge, avait durant je ne sais combien de temps, tenu la population en alerte et mis au défi tous les efforts et toutes les recherches de la justice. A chaque instant, on signalait de nouveaux crimes dont les auteurs restaient insaisissables. Ce n’étaient que vols à main armée, que meurtres atroces, que maisons pillées, qu’églises saccagées, que sacrilèges inouïs.

Louis Fréchette, Mémoires intimes, p. 100

Estampe | La basse-ville de Québec, depuis le parapet de la haute-ville, 1833 | M22020

La basse-ville de Québec, depuis le parapet de la haute-ville, 1833 James Pattison Cockburn (1779-1847) 1833, 19e siècle

C’est en ces termes que Louis Fréchette évoque le souvenir de la bande à Chambers, des bandits qui ont marqué les annales du crime du Bas-Canada. Nous allons d’abord présenter les membres du gang, puis leurs crimes pour ensuite nous attarder  au destin (oh combien mystérieux) de deux d’entre eux.

La bande

On ne connait pas avec précision le nom de tous les membres du gang à Chambers. Les sources ne s’accordent pas sur leur nombre. Par exemple, Georges Gale prétend qu’il y en avait 19 (Réf).  Pierre-Georges Roy (Réf)  mentionne six comparses.

  • Charles Chambers, le chef, marchand de bois, né v. 1805 ou 1813, époux de Julie Gagné et frère de Robert Chambers, futur maire de Québec de 1878 à 1880.
  • George Waterworth, marchand de bois
  • Nicolas Mathieu
  • François-Joseph Lemire
  • Pierre Gagnon
  • James Stewart (probablement assassiné par Charles Chambers en 1835)

Source:

http://www.ourroots.ca/f/page.aspx?id=691923

Certains documents mis en ligne par Bibliothèque et Archives nationales du Québec font aussi mention de Joseph Hamel et Egleson Knox.

Crimes qu’on leur impute

 

 

  1. 16 juillet 1831. Meurtre des Griffiths (Griffin). François-Réal Angers dans Les Révélations du crime ou Crambray et ses complices soutient que Chambers et ses accolytes sont responsables du meurtre, tandis que Pierre-Georges Roy et Auguste Béchard (Histoire de l’Ile-aux-Grues) penchent pour deux employés des Griffin. Angers situe le crime en 1835, alors qu’il a eu lieu en 1831. Il s’agit  d’une affaire non résolue.
  2. 1834-1835. Deux vols chez un vieillard de l’Ile d’Orléans.
  3. 3 novembre 1834. Vol au bureau de monsieur Atkinson, marchand à Québec.
  4. 3 février 1835. Vol chez le vieillard Paradis à Cap-Rouge.
  5. 9 au 10 février 1835 Vol d’objets liturgiques (vases sacrés, statuettes, candélabre, lampe du sanctuaire) à la chapelle de la Congrégation (20 rue Dauphine) puis vol au bureau de George Holmes Park
  6. 16 mai 1835. Le capitaine Louis Sivrac est gravement blessé durant un vol qui tourne mal. Il a 82 ans et est gardien du phare de l’Islet. Il expire 8 jours plus tard suite aux mauvais traitements qu’il a subit.
  7. 22 mai 1835 Vol de divers objets (bijoux, argenteries) chez madame Montgomery, une veuve, à Cap-Rouge.
  8. Juin 1835. Assassinats de deux habitants à Château-Richer (pas de date). Pierre-Georges Roy précise qu’il n’y a pas de preuves écrites du meurtres et que la tradition n’a pas retenu le nom des victimes. Selon l’abbé Casgrain, dans Histoire de la Paroisse de l’Ange-Gardien (1902) ces deux victimes se nommaient Jacques Huot et J. Trépanier (Réf.1. Et Réf. 2)

A posteriori,

on leur attribua la plupart des meurtres inexpliqués commis dans la région de Québec de 1834 à 1837. (Réf).

La bande choisit ses victimes parmi les gens âgés, réputés riches et vulnérables. Elle n’hésite pas à recourir à la violence pour parvenir à ses fins.

C’est le vol à la chapelle de la Congrégation qui va signer la perte de Charles Chambers et de sa bande…

(à suivre)

Le prochain billet traitera des tentatives de la justice pour coincer Charles Chambers et ses alliés, du destin de Charles Chambers et de son complice Nicholas Mathieu et de la bande à Chambers dans la littérature.

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Maisons anciennes de pierre, de bois, de brique

La Maison Lamontagne est une maison patrimoniale classée monument historique en 1974. Elle est située à Rimouski, au Bas-Saint-Laurent. Sa construction remonte à 1750. Elle est maintenant un centre d’interprétation de l’architecture domestique du Québec.

source: Maison Lamontagne

source: Maison Lamontagne

Sur le site internet officiel de la Maison Lamontagne, ( http://www.maisonlamontagne.com) on retrouve une très intéressante exposition virtuelle sur la maison québécoise du XVIII et à nos jours. Cette exposition s’intitule De pierre, de bois, de brique, histoire de la maison au Québec. Elle présente les artisans, les techniques de construction, les matériaux et les styles architecturaux. L’internaute pourra se référer au glossaire et pour en savoir plus, il pourra consulter une sélection de sites internets d’intérêts.

Une section de l’exposition est consacrée à la Maison Lamontagne, maison qui se distingue par sa construction en colombage pierroté. Le plug-in VRML permet de visiter un modèle virtuel de la maison. Je vous conseille de désactiver le bloqueur de pop-up pour pouvoir voir toutes les animations (ex. assemblage de la charpente) .

On a ajouté à l’exposition une carte géoclimatique du Québec. Elle nous donne des indications sur le climat bas-laurentien. Il y a aussi une liste suggérant des maisons à visiter; elles sont classées par région et par type de maison.

Les autres sections de l’exposition présentent l’évolution de la maison québécoise sous différents angles: du rang au village, villes et faubourgs, conserver les maisons (un concept assez récent), maisons d’architecte… Différents types de maisons sont présentés: maison rurale et urbaine en Nouvelle-France, maisons londoniennes, maison rurale du Bas-Canada, maisons des faubourgs, war-time lodging, etc…

Pour chaque type de maison, on en apprend plus sur le mobilier, le confort, le lieux, les techniques, les portes et fenêtres, etc. Des photos accompagnent le texte.

Cette exposition met en valeur la richesse du patrimoine bâti québécois.

Adresse internet: http://www.maisonlamontagne.com

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