Journal Le Peuple, Chaudière-Appalaches (1900-1972)

Vous pouvez maintenant consulter sur le site internet de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BANQ) le journal Le Peuple publié à Montmagny entre 1900 et 1972. Ce journal est un mélange de nouvelles locales (Montmagny), nationales et internationales. On y retrouve aussi des nouvelles des comtés de Dorchester, Bellechasse, Beauce, l’Islet, etc.

Au moment d’écrire ces lignes, les numéros publiés entre 1900 et 1932 peuvent être consultés à l’adresse suivante: http://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/4019635

Vue d’Ensemble, Montmagny, Qué. / v. 1903-1934. BANQ http://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/2482851

Portrait de Sainte-Justine en 1953

Petite contribution à l’histoire locale: j’ai numérisé et mis en ligne sur le site Archive.org une publication intitulée Programme-souvenir de la campagne d’embellissement organisée par la Chambre de commerce de Ste-Justine comté de Dorchester. Elle a été publiée en 1953 à l’occasion du cinquième anniversaire de fondation de la Chambre de commerce de Sainte-Justine. Cette campagne d’embellissement (utilisation de chaux, plantation d’arbustes, etc), s’inscrivait dans les préparations des fêtes du centenaire de la municipalité qui eurent lieu en 1962. Mais de la campagne d’embellissement elle-même, la publication parle peu. C’est surtout l’histoire de Sainte-Justine et sa vie économique qui est mise en avant-plan.

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Programme-souvenir de la campagne d’embellissement organisée par la Chambre de commerce de Ste-Justine comté de Dorchester https://archive.org/details/comiteembellissementstejustine

Cette publication contient un court historique de la municipalité ainsi qu’une brève présentation des paroisses environnantes. Vous y verrez quelques photographies montrant les églises ainsi que le centre civique. Quelques documents historiques ont été retranscrits comme par ex. une pétition envoyée au gouvernement pour l’érection de la municipalité signée par nos pionniers.

Ce qui fait le charme de cette publication est la présence de plusieurs annonceurs locaux: le docteur Fontaine, le magasin général de Joseph Sirois, le Cercle des Fermières, le Bon Gîte, la Caisse populaire, plusieurs commerces de Lac-Etchemin, etc.  Il y a aussi des annonceurs de Bellechasse, Dorchester, Beauce et même Québec (Maurice Pollack). Bien sûr, il y a une publicité de Cola-Cola (p. 42) et des petits gâteux Vachon de Sainte-Marie (p.43). On remarque que les numéros de téléphone étaient composés de seulement deux, trois ou quatre chiffres.

À noter que l’avocat Robert Perron de la p.48 est le futur député progressiste-conservateur de Dorchester (1953-1957) et qu’à la page 8, il y a un texte signé par J.-D. Bégin, député de Dorchester et ministre de la Colonisation dans le gouvernement Duplessis.

Que de souvenirs!

Beauce, est du Québec et Ottawa (nouvelles en bref)

Bonjour à tous, voici quelques brèves nouvelles.

Deux nouvelles expositions du Musée virtuel du Canada à signaler: Vie française dans la capitale sur l’histoire des Francophones à Ottawa, en collaboration avec le CRCCF et Aller aux eaux salées En vacances sur les bords du Saint-Laurent (1815-1950) en collaboration avec le Musée du Bas-Saint-Laurent.

Des nouvelles de par chez nous: le Village des Défricheurs de Saint-Prosper deviendra le Village Beauceron.

De nouvelles plaques commémoratives ont été installées à Québec pour honorer une dizaine de personnalités, dont Arthur Buies, Frederick C. Würtele et Irma Levasseur.

Nouvelle parution: Faire son temps. Usages publics du passé dans les francophonies nord-américaines sous la direction de Martin Pâquet et de Serge Dupuis (Presses de l’Université Laval).

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Bientôt en librairie: Le métier d’intendant en France et en Nouvelle-France au XVIIIe siècle  par Marie-Ève Ouellet (Septentrion).

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Pour terminer, signalons que vous pouvez maintenant feuilleter sur le portail de BANQ le journal Claire, publié à Montréal entre 1957 et 1964.

 

Philomène Fournier (1856-1944)

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Philomène Fournier (1856-1944

Mon arrière-arrière-grand-mère Philomène Fournier (la deuxième Philomène de mon arbre généalogique) est née à Saint-Bernard, en Beauce, au Québec,  le 29 avril 1856. Ses parents, Théodore Fournier et Emilie Daigneau dit Laprise, eurent au moins dix autres enfants: Joseph, François, Emilie, Démérise, Anselme, Auxiliatrice, Eusèbe, Marie-Anne-Joséphine, Marie Adeline-Adèle et Jean-Baptiste Théophile.

Philomène a épousé Pierre Perreault à Lac-Etchemin le 10 juillet 1882. Fils de Jean Perreault et de Marguerite-Anne Marcoux, Pierre est né à Sainte-Marie-de-Beauce le 10 mai 1856. Le métier du marié n’est pas inscrit sur l’acte de mariage (probablement un cultivateur).

Mon aagm et mon aagp eurent cinq enfants: Joseph, Marie-Anne, Alcide, Ovila et Alphonse. Une famille de taille modeste pour les standards de l’époque. Cela s’explique par le décès prématuré de mon arrière-arrière-grand-père à l’âge de 36 ans à Saints-Anges de Beauce.

Philomène se remaria le 9 juillet 1895 à Sainte-Justine avec Vital Nadeau, veuf d’Angèle Landry. Ce mariage fût de courte durée, Vital Nadeau décédant à Sainte-Justine le 30 août de la même année.

Ma grand-mère se remaria en 1902 et cette dernière union fut la plus longue des trois. Son troisième mari, Esdras Gagnon, était veuf d’Adeline Perreault, soeur de son premier mari Pierre.  Le mariage eu lieu à Lac-Etchemin le 13 mai 1902.

Esdras Gagnon décéda à Lac-Etchemin le 29 octobre 1929. Ma grand-mère lui survivra une quinzaine d’années, décédant au même endroit le 25 mai 1944.

Fiches Nos Origines

Patrimoine bâti des Etchemins

Ces dernières années, des municipalités et MRC (municipalités régionales de comté) du Québec ont mis en ligne l’inventaire de leur patrimoine bâti. La MRC des Etchemins, en Chaudière-Appalaches, ne fera pas exception.

Cette MRC comprend 13 municipalités:

L’inventaire a été mené dans 12 municipalités de la MRC. La 13e municipalité, Lac-Etchemin, a inventorié les éléments de son patrimoine bâti, paysager et religieux il y a quelques années.  Deux brochures à ce sujet sont disponibles en cliquant ici.

L’inventaire du patrimoine bâti de la MRC des Etchemins a été réalisé par  la firme Patri-Arch, en collaboration avec le photographe Ghislain Fortin. Le site internet a été réalisé par la firme Maki. On peut consulter l’inventaire à l’adresse suivante:

http://patrimoinebatietchemins.com/

Je vous souhaite une belle découverte du patrimoine etcheminois!

Vicky Lapointe

 

 

Décès de l’ethnologue Jean-Claude Dupont

par Vicky Lapointe

La Société québécoise d’ethnologie a annoncé le 17 mai le décès de l’ethnologue québécois Jean-Claude Dupont (1934-2016).

Pour en savoir plus sur sa contribution à l’ethnologie québécoise, je vous invite à lire cet article de la SQE, Hommage à Jean-Claude Dupont, publié en 2015.

BANQ a numérisé et mis en ligne sept de ses livres sur les légendes du Québec:

  • Contes de bûcherons

http://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/2406261

  • Le légendaire de la Beauce

http://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/2406264

  • Légendes du Saint-Laurent : récits des voyageurs

http://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/2406244

  • Légendes du coeur du Québec

http://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/2406245

  • Légendes des villages

http://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/2406246

  • Légendes de la Gaspésie et des Iles de la Madeleine

http://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/2406268

  • Légendes de la Côte-Nord : de Tadoussac à Blanc-Sablon

http://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/2406271

 

 

Les soeurs Barry et Joseph Lessard

Mes arrières-arrières-arrières-grands-parents Lessard ont passé la majeure partie de leur vie en Beauce, au Québec. Georges Lessard, né à Saint-Joseph-de-Beauce en 1834, a épousé en 1859 une fille de Sainte-Marie, Adèle Turmel, âgée de 16 ans. Ils se sont établis à Saint-Joseph, puis à Saints-Anges, élevant une belle grande famille de 15 enfants. Ils ont quitté la Beauce après 1886 pour s’établir tout près, à Sainte-Justine, comté de Dorchester. Leurs enfants, une fois mariés, sont restés à Sainte-Justine ou se sont établis dans les paroisses des environs. Sauf Joseph.

Joseph fait partie des Canadiens français qui ont quitté le Québec pour les États-Unis au XIXe siècle. Il est né à Saint-Joseph-de-Beauce le 24 mars 1866. En 1885, lors de son premier mariage, l’acte le dit domicilié à Saint-Edouard-de-Frampton (auj. Frampton). C’est un coin du comté où l’on trouve plusieurs habitants d’origines écossaises et irlandaises. L’épouse de Joseph, Elizabeth-Cathrine Barry, est la fille de John Barry et de Bridget O’Neil. Elle est âgée de 17 ans. Elizabeth-Cathrine est également native de Saint-Edouard-de-Frampton. Le mariage est célébré à Saint-Odilon-de-Cranbourne.  Note: l’orthographe du nom de famille de l’épouse varie selon les documents. Parfois Barry, parfois Berry.

Ce mariage est de courte durée. J’ignore quand et où l’épouse est décédée, mais les registres montrent que Joseph s’est remarié le 21 juillet 1890 à Québec avec… Ellen Barry, la soeur aînée d’Elizabeth-Cathrine.  Selon l’acte de mariage, ces époux sont alors domiciliés à Crofton (Groveton?), New Hampshire. Ellen est née vers 1859.

Ellen a donné naissance à une petite fille, Bridget, qui est décédée le 2 octobre 1891 à Groveton, New Hampshire.  Ellen est décédée à son tour le 24 juillet 1892, probablement à Groveton, NH, mais elle a été inhumée à St-Edouard de Frampton.

Joseph Lessard s’est ensuite remarié deux fois, la première avec Rose Gilman à Lancaster, NH le 30 août 1894 (New Hampshire, Marriage Records, 1637-1947, Family Search) et la dernière fois avec Annie-M. Beffre le 1er septembre 1923 à Woodsville, NH (New Hampshire, Marriage Records, 1637-1947, Family Search). Joseph Lessard est décédé le 2 mars 1946 à Lancaster, NH (Find a Grave. Inh. Summer Street Cemetery, Lancaster, NH.) On peut voir la pierre tombale de Joseph ici (photo par Connie Lagasse Russell).

Je ne possède malheureusement pas de photographies de Joseph Lessard ou de ses épouses.

Une inondation en Beauce [1917]


Les Beaucerons ont vécu plusieurs inondations au cours de leur histoire, particulièrement au printemps, à la fonte des glaces. Mais la plus désastreuse de ces inondations s’est déroulée en plein été.

« L’Action catholique, 1er août 1917

L’INONDATION CAUSE UN DÉSASTRE INCALCULABLE DANS LES VILLAGES DE BEAUCE
__
STE-MARIE ET SCOTT SONT RAVAGÉS – NOMBRE DE MAISONS SONT INONDÉES ET EMPORTÉES PAR LES FLOTS. – LES RÉCOLTES SONT DÉTRUITES. – NOMBREUX SAUVETAGES. – UNE PERTE DE PRÈS DE DEUX MILLIONS

L’EAU A COMMENCÉ À SE RETIRER HIER SOIR.
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La nouvelle inondation de la Beauce résultant des pluies torentielles de lundi est la plus désastreuse que l’on ait enregistré depuis longtemps. Les pertes matérielles sont énormes; le bois seulement, qui a été emporté et qui descend actuellement au gré des flots dans le Saint-Laurent, est évalué à plus d’un million.

L’endroit qui a le plus souffert des dégâts est le village de Sainte-Marie de Beauce que la crue des eaux a presqu’entièrement inondé. L’eau a atteint même les rues les plus reculées. Nombre de personnes surprises dans leur demeure par les flots sans cesse augmentant de volume, eurent toutes les peines du monde à s’échapper; beaucoup n’y réussirent qu’avec des canots. Nombre d’habitations ont été partiellement démolies, la force du courant ayant renversé leur base. Dans les basses-cours, les bestiaux, à maints endroits, ont péri.

Entre Sainte-Marie et la jonction de Scott, la voie du Quebec Central est couverte de 11 pieds d’eau. Le pont de Valley Jonction, emporté par le courant, est descendu jusqu’à Sainte-Marie et a frappé le pont en fer de cette localité, qui a été endommagé.

Impression | Église Sainte-Marie-de-la-Beauce, Sainte-Marie-de-la-Beauce, QC | MP-0000.1080.13

Église Sainte-Marie-de-la-Beauce, Sainte-Marie-de-la-Beauce, QC vers 1910.

Les rues de Sainte-Marie de la Beauce sont changées en torrents et en cascades, et un grand nombre de maisons se sont écroulées dans les flots tumultueux. On ne rapporte pas encore de pertes de vies, mais des familles entières se sont refugiées aux étages supérieurs ou sur les toits, complètement isolées et sans moyens de sauvetage, et l’eau monte toujours, avec une rapidité stupéfiante. Comme les fils de téléphone ont été entraînés dans la chute des poteaux, il ne reste plus d’autres moyens de communication que le chemin du roi, encore qu’il faille y circuler très lentement jusqu’à la partie inondée, tout détrempé qu’il est par les fortes pluies de ces derniers jours.

Pendant un certain temps, l’eau montait à raison d’un pouce par dix minutes. Elle a atteint, chose unique, les endroits les plus élevés de Sainte-Marie. La plupart des maisons sont remplies et ceinturées d’eau. L’une des premières à s’écrouler fut celle de Madame Marie Morissette, sur les rives de la rivière Chaudière, et ses débris flottent sur les eaux. Madame Morissette fut aperçue flottant sur l’eau, et M. Ernest Mercier, accourant dans un canot, put maintenir la malheureuse par les cheveux dix minutes, jusqu’à ce qu’une autre embarcation vint lui prête main-forte. On dit qu’il y a déjà eu cinq sauvetages aussi dramatiques que celui-là.

Toutes les communications, téléphoniques, télégraphiques ou par chemins de fer sont interrompues. On ne peut atteindre que le village de Scott où la situation est tout aussi désastreuse, sinon plus, qu’à Sainte-Marie. A Scott, toutes les maisons ont été inondées jusqu’au premier étage, et la population dût chercher refuge sur les hauteurs environnantes. La plupart des habitants de la localité n’ont rien sauvé ou à peu près. Ils ont passé la nuit dans des granges qui offraient quelque sécurité contre les flots. Beaucoup d’habitations ont été emportées. Il y en a quelques-unes, aujourd’hui, sur la voie du Quebec Central, qui est recouverte, aussi, de grandes quantités de bois de pulpe. On ne rapporte pas de pertes de vies mais il y a eu de nombreux sauvetages et beaucoup l’ont échappé belle.

Le Québec Central ne fait aujourd’hui qu’un service local jusqu’à Scott et continuera plus loin, à mesure que les conditions le permettront. L’eau a commencé à se retirer et on espère que ce soir, la rivière Chaudière aura repris son cours normal. Un convoi du Quebec Central quittera Lévis à 3.40 heures cet après-midi pour Sherbrooke, par le Grand-Tronc afin d’accomoder les passagers de Sherbrooke à Leeds. On estime que l’eau a monté, hier à raison d’un pied par heure.

LES PERTES DE BOIS

On estime les pertes de bois seulement à plus d’un million. Toutes les estacades se sont rompues et des centaines de mille cordes de bois de pulpe et de billots s’en vont à la dérive sur le Saint-Laurent. Le fleuve en était tellement rempli, hier, que la navigation devint un moment impossible et plusieurs navires durent jetés [sic] l’ancre. A la Chaudière, entre une heure et trois heures, hier après-midi, il y avait tellement de bois que l’on aurait pu traverser la rivière à pied sec. Les compagnies qui subissent des pertes sont la Brown Corporation, la Cie Breakey, la Cie Atkinson et la Cie H. B. Howard. L’une des propriétaires est d’avis que l’écluse du lac Mégantic a dû se briser pour qu’une telle inondation ait eu lieu.

De l’avis des vieux Beaucerons une inondation aussi désastreuse ne s’est pas vue depuis longtemps. On se demande un peu partout à quoi l’attribuer. Sans doute elle est due tout d’abord aux pluies torrentielles et au déboisement de la région, mais on se demande si le flottage du bois sur la rivière ne se fait pas dans des conditions qui sont en grande partie cause de ce désastre.

[…]  »
Pour en savoir plus sur l’histoire des inondations en Beauce, lisez: « 1773 à aujourd’hui : catastrophes hydrologiques en Beauce » par Fernand Grenier, Cap-aux-Diamants : la revue d’histoire du Québec, n° 82, 2005, p. 14-19.

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Le Canadien, 1er octobre 1877

« MEURTRE

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Le sergent Doré tué de sangfroid

Hier, la ville a été mise en émoi par la nouvelle que le sergent (Lazare) Doré, de la police provinciale, universellement connu et estimé à Québec, avait été lâchement assassiné la veille dans le comté de Beauce. Voici les détails de cette triste affaire.

Il y a quelques jours, M. le colonel Amyot, commissaire de la police provinciale, recevait un télégramme de M. Joseph Groleau, connétable du district de Beauce, demandant de l’aide pour opérer l’arrestation d’un malfaiteur. M. Amyot envoya de suite les « détectives » Joannet et Bolger, avec instruction de se rendre à St. Joseph, où ils recevraient des ordres du connétable. Arrivés au chef-lieu du comté, MM. Joannet et Bolger prirent des « warrants » pour l’arrestation d’un nommé George Bartley, résidant dans le canton de Tring, près de la frontière. Bartley est un cultivateur et en même temps maître de poste de la localité; il est soupçonné d’avoir blessé un nommé Champagne en lui tirant un coup de feu par la tête. Champagne avait été le principal témoin contre Bartley dans un procès où celui-ci a été convaincu de vente illicite de spiritueux. Avant le procès Bartley avait menacé Champagne de mort s’il comparaissait contre lui.

Les deux détectives Joannet et Bolger, Accompagnés du connétable Groleau, partirent de St. Joseph, dimanche, le 23 septembre, vers neuf heures du matin, et arrivèrent à la résidence de Bartley, vers neuf heures du soir. Ils firent des recherches dans la maison, mais ne trouvèrent aucune trace de leur homme. La famille de Bartley et plusieurs hommes étaient présents. Les limiers de la police se rendirent ensuite à la grange, mais n’ayant pu se procurer de lumière, ils ne trouvèrent rien. Ils montèrent ensuite dans leru voiture et se préparaient à partir, lorsqu’ils entendirent du côté de la grange, la détonation de deux coups de feu et se sentir frapper par plusieurs grains de plomb. Le détective Bolger reçut deux grains dans le cou, Joannet fut blessé à la tempe et Groleau eut le visage piqué par plusieurs grains de plomb. Dans le temps, ils étaient à vingt cinq verges de la grange. Le connétable, connaissant parfaitement le caractère du nommé Bartley et convaincu qu’il n’était pas seul, conseillèrent aux détectives de se rendre immédiatement à Québec chercher des renforts, ce qu’ils firent.

Arrivés à Québec, Joannet et Bolger firent un rapport des faits au colonel Amyot, qui choisit six de ses meilleurs hommes et les envoya de nouveau dans la Beauce.

Ce détachement se composait des détectives Joannet et Bolger, du sergent Doré et des constable Dussault, Burke et Buteau. Ces messieurs, habillés en bourgeois, partirent de Lévis, jeudi soir, par le chemin de fer Lévis et Kennebec et arrivèrent à St. Joseph le même soir. Ils y passèrent la nuit et une partie du lendemain

Ils ne se mirent en route pour la résidence de Bartley, distancée à 54 miles de Saint Joseph, qu’à cinq heures de l’après-midi, afin de se rendre à destination avant l’aube. Les hommes de police éprouvèrent beaucoup de difficulté à trouver des charretiers disposés à les conduire, tant Bartley leur inspirait de la terreur. Enfin, l’on a trouvé cinq charretiers de bonne volonté et le détachement, accompagné du connétable Groleau, partir pour le canton de Tring. Arrivés à un mille de la maison de Bartley, vers quatre heures du matin, samedi, les policiers laissèrent leurs voitures et se rendirent à pieds aux abords de la maison de Bartley, où ils se cachèrent pour attendre la levée du jour. Vers cinq heures et demie, la femme de Bartley sortit de la maison et ramassa du bois de chauffage. Les hommes de police l’aperçurent et il faut croire qu’elle les vit aussi. Joannet et Doré se précipitèrent dans la maison. La femme entra derrière eux et saisissant un cor de chasse, se lança aussitôt au dehors et se mit à sonner du cor et à crier à haute voix, pour avertir son mari de se tenir sur ses gardes. Un homme de police fit arrêter le bruit et deux autres firent des recherches dans la grange et les hangards. Trois heures de recherches inutiles convainquirent les gendarmes que Bartley n’était pas chez lui. vers huit heures, ils partirent de la maison emmenant avec eux Bartley fils, âgé de 16 ans et un jeune anglais du nom de Macfonald que l’on croit être un domestique de Bartley. Macdonald est accusé d’avoir tiré sur le connétable Groleau il y a quelques temps. Ces deux individus ont été arrêtés cependant comme témoins dans l’affaire de dimanche dernier.

Les cinq voitures partirent dans l’ordre suivant: d’abord une voiture contenant le grand connétable et le détective Joannet, suivie d’une autre voiture contenant outre le charretier, le sergent Doré et le jeune Bartley. M. Doré occupait un siège à lui seul. Les constables Dussault et Buteau occupaient la troisième voiture, le constable Burke, la quatrième, et le détective Bolger, avec le prisonnier Macdonald, la cinquième.

Pendant quelques voitures montaient lentement une côte, au milieu du bois, à un mille de distance environ de la maison de Bartley, on entendit tout à coup la détonation d,une arme à feu, puis une seconde, puis plusieurs autres. A la première décharge, le malheureux sergent Doré fut blessé à mort, mais il n’en dit rien durant la fusillade. Les charretiers fouettèrent leurs chevaux, mais rendu en face de l’endroit où le premier coup avait été tiré, Bolger fit arrêter sa voiture et tira quatre coup dans les broussailles. En apprenant que Doré était blessé, ses camarades, qui se préparaient à se lancer à la poursuite des assassins, l’entourèrent. L’infortuné fit preuve d’un grand courage, mais il dit de suite qu’il était blessé à mort.

Près de l’endroit où le crime a été commis, se trouve une maison habitée par John Gray. Le pauvre Doré put s’y rendre avec l’aide de deux hommes; les habitants de la maison firent tout en leur pouvoir pour secourir le blessé. Doré demanda un verre d’eau, mais refusa de la boisson qu’on lui offrir, disant qu’il n’en avait jamais pris une goutte de sa vie. A sa demande, un messager fut expédié à Saint Joseph quérir un prêtre et un médecin. Le blessé fut couché sur un lit; il se plaignait d’une forte douleur dans le dos. En examinant les blessures, en trouva que la balle était entrée vers le milieu du dos et, après avoir traversé le corps de part en part, était sortie en avant, du côté gauche, en bas des côtes. La balle fut trouvée, elle a un pouce de long et trois quarts de pouce de circonférence.

Une heure après le crime, les hommes de police, à l’exception de Burke et de Dussault, laissés pour avoir soin du blessé, se mirent de nouveau en route avec les prisonniers. Ils rencontrèrent en chemin le Rév. M. Morrisset qui se hâtait de se rendre auprès du malade. Hélas! il n’a trouvé qu’un cadavre. Plus loin, ils firent la rencontre du médecin qui arriva aussi trop tard. A Saint François, les détectives arrêtèrent deux autres prisonniers, un autre fils de Bartley et un nommé Sherman Louis. Ce dernier est soupçonné d’avoir tirésur le connétable Groleau et les deux détectives, dimanche, le 23. Rendus à Saint Joseph, vers sept heures, samedi soir, les limiers de police logèrent les quatre prisonniers dans la géole du district.

[…]
Le corps du regretté sergent a été transporté à St. Joseph ier, où le Dr. Taschereau, coroner du district de la Beauce, a tenu une enquête de bonne heure ce matin. Un verdict de meurtre avec préméditation contre huit individus dont nous taisons les noms puor le moment dans l’intérêt de la justice.
[…]

L’infortunée victime de ce meurtre atroce laissé une veuve éplorée, deux jeunes enfants et un grand nombre d’amis.

[…]
Le sergent Doré, d’après le témoignage de son chef et de tous ceux qui l’ont connu, était un officier modèle, il valait à lui seul, disait M. le colonel Amyot, une escouade d’hommes ordinaires. C’était un véritable colosse, bien fait et pesant 285 livres.

[…]
Nous apprenons que le Gouvernement se charge de ses funérailles et il faut espérer que rien ne sera épargné pour opérer l’arrestation des coupables. »

Georges Bartley, selon le journal Le Canadien, a été arrêté à Buda, (Illinois), le 10 décembre 1877. Bartley subit son procès en 1878, mais est déclaré non-coupable. Il décède en 1915.

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Un vieillard périt dans la forêt (canton de Cranbourne, 1868)

Le Courrier du Canada, 20 novembre 1868

« Un vieillard nommé Thomas Slowey du canton de Cranbourne, Dorchester, est mort dernièrement dans des circonstances bien tristes. Cet homme, qui travaillait aux mines de la Chaudière, partit, il y a quelques semaines, pour retourner chez lui avec quelques provisions. Il était à pied. Pour arriver à sa maison, Slowey avait à traverser une lisière de bois de 12 milles de longueur. Son absence prolongée ayant inquiété sa famille, on fit des recherches qui aboutirent enfin à sa découverte. On trouva l’infortuné dans la forêt à demi couvert de neige; ses provisions et autres effets qu’il avait à son départ des mines gisaient à côté de lui. On croit que le défunt, après avoir perdu son chemin dans le bois, ne peut le retrouver et succomba finalement au froid et à la fatigue. »

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