Une arrestation qui tourne au drame [Beauce, 1877]

Le Canadien, 1er octobre 1877

« MEURTRE

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Le sergent Doré tué de sangfroid

Hier, la ville a été mise en émoi par la nouvelle que le sergent (Lazare) Doré, de la police provinciale, universellement connu et estimé à Québec, avait été lâchement assassiné la veille dans le comté de Beauce. Voici les détails de cette triste affaire.

Il y a quelques jours, M. le colonel Amyot, commissaire de la police provinciale, recevait un télégramme de M. Joseph Groleau, connétable du district de Beauce, demandant de l’aide pour opérer l’arrestation d’un malfaiteur. M. Amyot envoya de suite les « détectives » Joannet et Bolger, avec instruction de se rendre à St. Joseph, où ils recevraient des ordres du connétable. Arrivés au chef-lieu du comté, MM. Joannet et Bolger prirent des « warrants » pour l’arrestation d’un nommé George Bartley, résidant dans le canton de Tring, près de la frontière. Bartley est un cultivateur et en même temps maître de poste de la localité; il est soupçonné d’avoir blessé un nommé Champagne en lui tirant un coup de feu par la tête. Champagne avait été le principal témoin contre Bartley dans un procès où celui-ci a été convaincu de vente illicite de spiritueux. Avant le procès Bartley avait menacé Champagne de mort s’il comparaissait contre lui.

Les deux détectives Joannet et Bolger, Accompagnés du connétable Groleau, partirent de St. Joseph, dimanche, le 23 septembre, vers neuf heures du matin, et arrivèrent à la résidence de Bartley, vers neuf heures du soir. Ils firent des recherches dans la maison, mais ne trouvèrent aucune trace de leur homme. La famille de Bartley et plusieurs hommes étaient présents. Les limiers de la police se rendirent ensuite à la grange, mais n’ayant pu se procurer de lumière, ils ne trouvèrent rien. Ils montèrent ensuite dans leru voiture et se préparaient à partir, lorsqu’ils entendirent du côté de la grange, la détonation de deux coups de feu et se sentir frapper par plusieurs grains de plomb. Le détective Bolger reçut deux grains dans le cou, Joannet fut blessé à la tempe et Groleau eut le visage piqué par plusieurs grains de plomb. Dans le temps, ils étaient à vingt cinq verges de la grange. Le connétable, connaissant parfaitement le caractère du nommé Bartley et convaincu qu’il n’était pas seul, conseillèrent aux détectives de se rendre immédiatement à Québec chercher des renforts, ce qu’ils firent.

Arrivés à Québec, Joannet et Bolger firent un rapport des faits au colonel Amyot, qui choisit six de ses meilleurs hommes et les envoya de nouveau dans la Beauce.

Ce détachement se composait des détectives Joannet et Bolger, du sergent Doré et des constable Dussault, Burke et Buteau. Ces messieurs, habillés en bourgeois, partirent de Lévis, jeudi soir, par le chemin de fer Lévis et Kennebec et arrivèrent à St. Joseph le même soir. Ils y passèrent la nuit et une partie du lendemain

Ils ne se mirent en route pour la résidence de Bartley, distancée à 54 miles de Saint Joseph, qu’à cinq heures de l’après-midi, afin de se rendre à destination avant l’aube. Les hommes de police éprouvèrent beaucoup de difficulté à trouver des charretiers disposés à les conduire, tant Bartley leur inspirait de la terreur. Enfin, l’on a trouvé cinq charretiers de bonne volonté et le détachement, accompagné du connétable Groleau, partir pour le canton de Tring. Arrivés à un mille de la maison de Bartley, vers quatre heures du matin, samedi, les policiers laissèrent leurs voitures et se rendirent à pieds aux abords de la maison de Bartley, où ils se cachèrent pour attendre la levée du jour. Vers cinq heures et demie, la femme de Bartley sortit de la maison et ramassa du bois de chauffage. Les hommes de police l’aperçurent et il faut croire qu’elle les vit aussi. Joannet et Doré se précipitèrent dans la maison. La femme entra derrière eux et saisissant un cor de chasse, se lança aussitôt au dehors et se mit à sonner du cor et à crier à haute voix, pour avertir son mari de se tenir sur ses gardes. Un homme de police fit arrêter le bruit et deux autres firent des recherches dans la grange et les hangards. Trois heures de recherches inutiles convainquirent les gendarmes que Bartley n’était pas chez lui. vers huit heures, ils partirent de la maison emmenant avec eux Bartley fils, âgé de 16 ans et un jeune anglais du nom de Macfonald que l’on croit être un domestique de Bartley. Macdonald est accusé d’avoir tiré sur le connétable Groleau il y a quelques temps. Ces deux individus ont été arrêtés cependant comme témoins dans l’affaire de dimanche dernier.

Les cinq voitures partirent dans l’ordre suivant: d’abord une voiture contenant le grand connétable et le détective Joannet, suivie d’une autre voiture contenant outre le charretier, le sergent Doré et le jeune Bartley. M. Doré occupait un siège à lui seul. Les constables Dussault et Buteau occupaient la troisième voiture, le constable Burke, la quatrième, et le détective Bolger, avec le prisonnier Macdonald, la cinquième.

Pendant quelques voitures montaient lentement une côte, au milieu du bois, à un mille de distance environ de la maison de Bartley, on entendit tout à coup la détonation d,une arme à feu, puis une seconde, puis plusieurs autres. A la première décharge, le malheureux sergent Doré fut blessé à mort, mais il n’en dit rien durant la fusillade. Les charretiers fouettèrent leurs chevaux, mais rendu en face de l’endroit où le premier coup avait été tiré, Bolger fit arrêter sa voiture et tira quatre coup dans les broussailles. En apprenant que Doré était blessé, ses camarades, qui se préparaient à se lancer à la poursuite des assassins, l’entourèrent. L’infortuné fit preuve d’un grand courage, mais il dit de suite qu’il était blessé à mort.

Près de l’endroit où le crime a été commis, se trouve une maison habitée par John Gray. Le pauvre Doré put s’y rendre avec l’aide de deux hommes; les habitants de la maison firent tout en leur pouvoir pour secourir le blessé. Doré demanda un verre d’eau, mais refusa de la boisson qu’on lui offrir, disant qu’il n’en avait jamais pris une goutte de sa vie. A sa demande, un messager fut expédié à Saint Joseph quérir un prêtre et un médecin. Le blessé fut couché sur un lit; il se plaignait d’une forte douleur dans le dos. En examinant les blessures, en trouva que la balle était entrée vers le milieu du dos et, après avoir traversé le corps de part en part, était sortie en avant, du côté gauche, en bas des côtes. La balle fut trouvée, elle a un pouce de long et trois quarts de pouce de circonférence.

Une heure après le crime, les hommes de police, à l’exception de Burke et de Dussault, laissés pour avoir soin du blessé, se mirent de nouveau en route avec les prisonniers. Ils rencontrèrent en chemin le Rév. M. Morrisset qui se hâtait de se rendre auprès du malade. Hélas! il n’a trouvé qu’un cadavre. Plus loin, ils firent la rencontre du médecin qui arriva aussi trop tard. A Saint François, les détectives arrêtèrent deux autres prisonniers, un autre fils de Bartley et un nommé Sherman Louis. Ce dernier est soupçonné d’avoir tirésur le connétable Groleau et les deux détectives, dimanche, le 23. Rendus à Saint Joseph, vers sept heures, samedi soir, les limiers de police logèrent les quatre prisonniers dans la géole du district.

[…]
Le corps du regretté sergent a été transporté à St. Joseph ier, où le Dr. Taschereau, coroner du district de la Beauce, a tenu une enquête de bonne heure ce matin. Un verdict de meurtre avec préméditation contre huit individus dont nous taisons les noms puor le moment dans l’intérêt de la justice.
[…]

L’infortunée victime de ce meurtre atroce laissé une veuve éplorée, deux jeunes enfants et un grand nombre d’amis.

[…]
Le sergent Doré, d’après le témoignage de son chef et de tous ceux qui l’ont connu, était un officier modèle, il valait à lui seul, disait M. le colonel Amyot, une escouade d’hommes ordinaires. C’était un véritable colosse, bien fait et pesant 285 livres.

[…]
Nous apprenons que le Gouvernement se charge de ses funérailles et il faut espérer que rien ne sera épargné pour opérer l’arrestation des coupables. »

Georges Bartley, selon le journal Le Canadien, a été arrêté à Buda, (Illinois), le 10 décembre 1877. Bartley subit son procès en 1878, mais est déclaré non-coupable. Il décède en 1915.

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Aziz George Nakash, photographe arménien à Beauceville, Sherbrooke et Montréal (1892-1976)

George Nakash (192?) Credit: George Nakash, Senator Raymond Setlakwe collection, Library and Archives Canada, Archival Reference Number R12521-10, PA-215131, e010752254

Il y a plusieurs années de cela, on m’a donné une photocopie d’un acte datant de 1914.

Il s’agit d’un contrat passé devant le notaire Joseph-Ernest-Godfroy Bolduc à Beauceville. Dans cet acte, Aziz George Nakash autorise son frère Salim George à vendre deux maisons et des biens qu’il possède  »par indivis » (sans être divisé) avec ses frères et soeurs Shykry, Fared, Michel et Nazlya.

Il est indiqué sur ce document que Aziz George Nakash est artiste-photographe et qu’il réside à Beauceville.

En consultant le web, j’ai pu rassembler quelques informations sur ce photographe.

Il est né en 1892 à Mardin, Turquie. Il est d’origine arménienne

C’est le neveu de Aziz Setlakwe, un des premiers immigrants arméniens au Canada

Il a appris la photographie à Beyrouth, Liban.

Il a immigré en Amérique du Nord en 1913. Il a d’abord habité New York.

En 1918, il a ouvert un studio de photographie à Sherbrooke. (réf.)

Il a obtenu sa naturalisation le 8 juillet 1921.

En 1932, il s’est établi à Montréal.

Il était membre de la Royal Photographic Society of Great Britain  et de l’Association des photographes de la Province de Québec (Photographers’ Association in the province of Quebec).

Il est décédé à Montréal le 13 décembre 1976. Il était le mari de Florence Jarjour. Il était le père de Lally, Vivian et d’une autre fille dont je n’ai pu trouver le prénom (elle était madame Gay Scheib).  de Gay Garo, femme de Vitol Joseph Scheib. Merci à Sébastien Robert, de l’Institut généalogique Drouin pour l’information.

Aziz George Nakash est l’oncle du photographe renommé Yousuf Karsh.

Voici quelques photographies où l’on voit des Aziz George Nakash et des membres de sa famille, ainsi que des photos prises par lui-même.  La plupart des photographies ne sont pas datées. Elles proviennent de la collection du Musée McCord et de la collection du Senateur Raymond Setlakwe de Bibliothèque et Archives Canada

George Nakash et Nazlia Nakash, 192? Credit: George Nakash, Senator Raymond Setlakwe collection, Library and Archives Canada, Archival Reference Number R12521-9, PA-215130

Photographie | M. George Nakash, photographe, Montréal, QC, vers 1965 | MP-1982.133.129

M. George Nakash, photographe, Montréal, QC, vers 1965

Gratien Gélinas, 1938 Credit: George Nakash / Bibliothèque et Archives Canada / e000001111

Dr. John Hammond Palmer, un cardiologue de Montréal et Brigadier General durant la Deuxième Guerre mondiale. Credit : G. Nakash, Library and Archives Canada, Accession 1974-081, Arch ref. no. R4831-1

Garçon portant un imperméable Credit: George Nakash, Senator Raymond Setlakwe collection, Library and Archives Canada, R12521-2, PA-215106

Sans titre. Credit: George Nakash, Senator Raymond Setlakwe collection, Library and Archives Canada, R12521-5, PA-215109

Mère Marie-Thomas d'Aquin (1877-1963) Credit: George Nakash, Senator Raymond Setlakwe collection, Library and Archives Canada, Archival Reference Number R12521-3, PA-215107

Sans titre. Credit: George Nakash, Senator Raymond Setlakwe collection, Library and Archives Canada, Archival Reference Number R12521-4, PA-215108

Dorimène Brien. Credit: George Nakash, Senator Raymond Setlakwe collection, Library and Archives Canada, Archival Reference Number R12521-7, PA-215119

Photographie | Dorimène Brien, Sherbrooke, QC, 1922 | MP-1982.133.249

Dorimène Brien, Sherbrooke, QC, 1922. Epouse de John Samuel Bourque, successivement ministre des Terres et forêts, des Resources hydrauliques et des Finances sous Maurice Duplessis.

Sans titre. Credit: George Nakash, Senator Raymond Setlakwe collection, Library and Archives Canada, Archival Reference Number R12521-8, PA-215120

Garçon aux yeux sombres Credit: George Nakash, Senator Raymond Setlakwe collection, Library and Archives Canada, Archival Reference Number R12521-6, PA-215110

Photographie | Edward et Peter Bronfman, Montréal, QC, 1946 | MP-1981.133.1.240

Edward et Peter Bronfman, Montréal, QC, 1946

Photographie | Dr Harry Ballon, chirurgien en chef, Hôpital général juif, 1952 | MP-1981.133.1.135

Dr Harry Ballon, chirurgien en chef, Hôpital général juif, 1952

Photographie | Albert Carlos Skinner, maire de Sherbrooke, QC, 1929 | MP-1982.133.256

Albert Carlos Skinner, maire de Sherbrooke, QC, 1929

Bibliographie

Rouben Paul Adalian. Historical Dictionary of Armenia. Scarecrow Press, 2010, 674 pages.

Base de données Naturalisation canadienne 1915-1951 de Bibliothèque et Archives Canada.

The Montreal Gazette, 15 décembre 1976.

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Journaux québécois du 19e et 20e siècle en ligne

Mise à jour le 15 octobre 2011.

Google a numérisé une quantité importants de journaux historiques. Pour voir la liste, cliquez ici: http://news.google.ca/newspapers

 Exemple : A la radio fm de Radio-Canada : le grand feu de Rimouski

Il n’y a pas de boutons pour Twitter, Delicious ou pour envoyer par email l’article. Mais, par contre, on peut cliquer Link to article, puis cliquer sur le titre de l’article choisit et l’hyperlien de l’article choisit apparaitra. Malheureusement, beaucoup de titres n’ont pas été correctement identifiés, c’est-à-dire qu’on ne leur a pas attribué une adresse internet spécifique. Dans ce cas-là, notez plutôt l’adresse URL de l’édition que vous consultez et indiquez la page où se trouve l’article.

Les journaux du Québec disponibles
Voici une liste non-exhaustive de journaux numérisés et disponibles via Google News. J’ignore si tous les numéros publiés sont en ligne.

Journaux que l’on peut parcourir (liste des éditions publiées): la Gazette de Québec, Montreal Gazette, Morning Chronicle de Québec, Quebec Chronicle-TelegraphQuebec Telegraph, le Journal de Québec (celui du 19e siècle),  le Vindicator (Montréal), Montreal HeraldMontreal Transcript, The Quebec Spectator, The Quebec Saturday Budget, le Stanstead Journal, le Moniteur Canadien, le Courrier du Canada,  Le Devoir, La Voix Gaspésienne, etc.

La Gazette du 12 juin 1820. Impossible de faire une recherche par mot-clés dans les pages de droite qui ont été numérisées à l’horizontal. Inconfortable à consulter, risque de torticolis à moins d’avoir un Ipad.

Commentaires
Les titres des articles ne sont pas toujours correctement identifiés dans les résultats de recherche, comme ici . On dit que le nom du journal est Le Nord, mais si on regarde en haut de chaque page, c’est écrit Le Canard.

La qualité de numérisation varie (certains pages sont illisibles ou numérisées penchées), mais elle est généralement acceptable. L’OCR (reconnaissance optique des caractères) est donc de qualité variable. Si vous cherchez tel mot-clé, peut-être n’aurez vous aucun résultat, alors qu’il se retrouve des centaines de fois dans les pages numérisées…Dans ce cas-ci, repérez les journaux de la période/localité qui vous intéresse et faites une recherche numéro par numéro si possible. Pour avoir la liste des numéros numérisés, cliquez sur Browse this newspaper à côté du nom du journal. Bizarrement, plusieurs éditions d’un journal peuvent être regroupées sous la même date… Aussi, l’option Browse this newspaper n’est pas toujours disponible.

Point positif: les pages se chargent vite sur notre écran.

Imprimer ou sauvegarder ce que l’on voit à l’écran n’est pas possible, à moins de faire des captures d’écran).

Le moteur de recherche donne des résultats incomplets, car beaucoup de pages ne peuvent être traitées par OCR, donc google ne détecte pas les mots-clé qui s’y retrouvent.

Il y a de la publicité à droite de l’écran. Ces pubs changent en fonction des titres des articles sur lequel on clique. Rien de trop dérangeant.

Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BANQ) met elle aussi en ligne des journaux (Sélectionnez Patrimoine québécois). Google News et la collection numérique de BANQ constituent deux sites à consulter, mais au niveau de la présentation BANQ l’emporte haut la main. Google, par contre, permet de faire des recherches par mots-clés et a numérisé certains journaux qui ne sont pas encore disponibles sur le portail de BANQ.

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