La Saint-Jean-Baptiste à San Francisco, Californie, en 1865

Extrait du Journal de Québec, 28 juillet 1865

Un ami de notre feuille, M. Joseph Couture, a bien voulu nous envoyer le rapport suivant de la fête de la Saint-Jean-Baptiste célébrée, le 24 juin, par nos compatriotes à San Francisco. Nos remerciements bien sincères pour l’envoi de ce rapport que nous publions en entier, sans accepter, cependant, la responsabilité de tout ce qu’il contient. Nous dirons même que nous réprouvons certaines tendances annexionnistes dans quelques-uns des discours prononcés à cette occasion.

San Francisco, 1864. Library of congress, Charles B. Gifford, lithographe. https://www.loc.gov/pictures/item/93500718/


Banquet franco-canadien à San Francisco

La Saint-Jean-Baptiste

La fête nationale du Canada se célèbre chaque année le 24 juin, jour de la Saint-Jean-Baptiste. Les Canadiens-Français de San Francisco se sont réunis pour la première fois, samedi dernier, dans un banquet, pour honorer et fêter la mémoire du patron du Canada. Le banquet eut lieu au restaurant de M. Branger, rue Kearny. Une soixantaine de convives étaient réunis autour des tables somptueusement services.

Des drapeaux français et américains décoraient la salle, ornées des armes du Bas-Canada.

Telegraph Hill depuis la rue Vallejo. La rue Kearny où a eu lieu le banquet est située près de là. Library of Congress, Lawrence and Houseworth éditeurs, 1866. https://www.loc.gov/pictures/item/2002721333/

Le président M. Pierre Larseneure, a ouvert le banquet avec le speech suivant:

« Messieurs et citoyens compatriotes, pour la première fois en Californie, nous allons célébrer la Saint Jean Baptiste, fête nationale des Canadiens. Citoyens, je suis des plus flatté qu’elle soit fêtée dans la métropole du Pacifique. Aussi, j’espère que tous les ans, à cette même époque, notre fête nationale aura lieu avec beaucoup plus d’éclat et avec un plus grand nombre de Canadiens; car il est à espérer que, sous peu de jours, nous organiserons une association mutuelle de secours des Canadiens de San Francisco. Par ce moyen, nous serons unis et nous serons portée de nous secourir les uns les autres. Je sais, par expérience, tout le bien qui a été fait par de telles associations. Aussi il ne tient qu’à nous de la faire prospérer. Ainsi, citoyens et compatriotes, puisque nous sommes réunis pour célébrer la Saint-Jean-Baptiste par un banquet, mettons-nous tous à l’oeuvre et faisons disparaître ces mets délicieux qui nous ont été si bien servis. »

Au dessert, des toasts sont portés au Canada, aux États-Unis, à la France, au président des États-Unis (Andrew Johnson), à la Californie, à la jeunesse canadienne, à la presse, aux compatriotes, aux pionniers de la Californie et à Louis-Joseph Papineau.

« Après les toasts sont venus les chants du pays, le Canadien exilé, – la chansons populaire si connue: Vive la Canadienne! Bref, le festin, qui avait commencé à la nuit, a duré jusqu’à deux heures et demie du matin, une vraie fête canadienne en tous points ».

Parions que l’on a bien mangé et que l’on a bien bu.

Bonne Saint-Jean-Baptiste à tous!

Ernest Laliberté et Justine Lessard

Voici quelques notes sur Justine Lessard, mon arrière-grande-tante et son époux, Ernest Laliberté et leurs enfants.

Justine Lessard, la soeur de mon arrière-grand-mère Élise, s’est mariée à Sainte-Justine, Québec, le 12 juillet 1915. L’époux, Ernest Laliberté, a vécu plusieurs années aux États-Unis. Ses parents, Magloire Laliberté et Alphonsine Normand, tous deux natifs du Québec, se sont mariés à Laconia, New Hampshire, le 7 juillet 1884.

Magloire et Alphonsine Laliberté sont revenus au Québec peu après leur mariage et au moins deux enfants, Marie Louise et Elodie, sont nées à Lac-Etchemin (près de Sainte-Justine). Après quelques années à Lac-Etchemin, où plusieurs membres de la famille Laliberté habitaient, Magloire et Alphonsine reprirent le chemin de la Nouvelle-Angleterre et ce sera à Haverhill, Massachusetts, qu’Ernest verra le jour en 1893.

En 1900, ils habitent toujours à Haverhill, Mass, où Magloire exerce la profession de maçon, mais en 1911, selon le recensement canadien, la famille est de retour à Lac-Etchemin.

Donc, en 1915, Ernest épouse Justine. C’est en Nouvelle-Angleterre qu’ils vont passer le restant de leur vie. Justine envoyait parfois à sa soeur des photos illustrant sa vie aux États-Unis.

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Ernest et Laliberté en visite chez un oncle d’Ernest à Laconia, New Hampshire. L’annotation à l’arrière de la photo précise que l’automobile est une Studebaker.

Ernest et Justine vont quitter le Québec, probablement peu après leurs mariage, pour s’établir à Biddeford, Maine, où ils élèveront leurs enfants: Mabel, Rita, Celia, Irène, Frédéric, Roland, Peter et Gérard. À la naissance de Frédéric, le plus vieux de la famille, Ernest est dit « weaver » et dans le recensement américain de 1930, il est dit « farmer ».

Voici quelques informations sur les enfants du couple.

  1. Mabel. Née en 1932 et décédée à Scarborough, ME, le 11 avril 2016. Mariée à Octave Boucher. A travaillé à la Saco Defense et à la Pepperel Mills. Avis de décès.
  2. Rita. Née vers 1926. Mariée à Raynald Morin
  3. Celia. Religieuse, Soeurs de la Présentation de Marie (Sisters of The Presentation of Mary) . Professeure.
  4. Irène (1930-2011). Mariée à Joseph Poisson puis à Larry Constantine. Propriétaire d’un restaurant. (avis de décès)
  5. Roland. Né vers 1929. Militaire. Époux d’Elia ou Ella Morasi. Décédé à San Diego, California, le 2 février 1953, happé par un véhicule alors qu’il changeait une roue sur le bord du chemin. (Source: San Diego Union, 14 décembre 1953).
  6. Peter (Pierre?)
  7. Gérard (Gerry). Né en 1924 et marié à Irène Soucy. Vétéran de la Deuxième Guerre mondiale. A travaillé dans une usine de fabrication de feuilles de métal. Décédé à Las Vegas, Nevada, le 3 janvier 2006. Avis de décès.
  8. Frédéric. Né en 1921 à Lewiston. Décédé dans la même ville le 11 avril 1932.

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Carte postale représentant la famille Laliberté envoyée à ma grand-mère en 1933.

Voici deux des filles de Justine. À droite, il s’agit probablement de Sr Celia Laliberté.

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Sr Celia Laliberté et un de ses soeurs. Années 50?

Ernest Laliberté est décédé à Saco, Maine, le 19 juin 1949 (noyade). Justine est décédée à Biddeford, le 10 août 1984. Ils sont inhumé à Biddeford Find a grave 

 

Une canadienne française décroche un rôle à Hollywood [1930]

La Justice de Biddeford, 3 janvier 1930

« Canadienne choisie

Parmi les centaines de jeunes filles qui se sont rendues à Holywood, Cal., ces jours derniers avec l’intention d’obtenir un rôle quelconque dans « Hollywood Nights » et qui ont subit la grande épreuve, on cite une jeune Canadienne française du nom d’Yvonne Pelletier, âgée de 16 ans qui, par son habileté comme artistes et ses manières gracieuses, vient d’être choisie pour remplir un rôle important dans « Fast Workers ».

Mlle Pelletier est une jolie jeune fille aux yeux bleus, et, par ses manières distinguées et gracieuses, elle attira aussitôt l’attentions des directeurs qui la choisirent parmi des centaines d’autres pour un rôle importants.

Mlle Pelletier est née à Port Henry, Coolmbie-Anglaise [sic], mais sa famille déménagea à San Diego, Cal., alors qu’elle n’avait qu’un an. On dit que dès son bas âge, elle faisait déjà preuve de ses talents d’artistes. Danseuse habile, elle possède en plus une jolie voix et elle joue à merveille de la harpe et du violon. »

Il existe un film intitulé ‘Fast Workers‘ mais il date de 1933. Yvonne Pelletier n’apparaît pas au générique.

Yvonne Pelletier a joué dans quelques films, dont « Riders of the Purple Sage » (Vengé) un western qui date de 1931.

Elle s’est mariée en 1942. Le document indique qu’elle est la fille de Chas. A. Pelletier né à Augusta, Maine et de Minnie A. Smith, née à Charleston, Illinois et qu’elle est décoratrice d’intérieur.

Il n’est pas évident de trouver une photo d’Yvonne Pelletier, mais je crois que c’est elle qui figure sur l’affiche du film ‘Lightning Triggers’ (1935).

Billets reliés
L’or de la Californie: l’épopée des Rioux de Trois-Pistoles (1849-1852)

F.-X. Aubry, l’écumeur des plaines, meurt à Santa Fe, Nouveau-Mexique [1854]

Lettres du Klondike [1898]

Le tremblement de terre de San Francisco [18 avril 1906]

Un avocat de Québec perd la vie dans le naufrage de l’Alaska [1921]

L’Action catholique, 13 août 1921

L'Action catholique, 13 août 1921

L’Action catholique, 13 août 1921

LA MORT DE M. AUGUSTE SIROIS
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UNE NOUVELLE DÉPÊCHE CONFIRME LA TRISTE NOYADE DE CE JEUNE HOMME
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Une dépêche que vient de recevoir le chef de police Emile Trudel, confirme la nouvelle de la mort de M. Auguste Sirois noyé dans le naufrage de  »l’Alaska » dans l’océan Pacifique. Cette dépêche se lit comme suit:

 »H.-A. Sirois était un passage de  »l’Alaska » et il est parmi ceux qui ne répondent pas à l’appel. Il avait acheté son billet à Seattle et on a de lui la description suivante, qui : 20 ans, taille cinq pieds six pouces; pesanteur 135 lbs; teint clair; une médaille autour du cour.

(Signé) Wm. McMurray.

Le Dr Sirois a reçu de plus amples détails concernant la mort de son fils. M. A. Sirois se rendait à San Francisco où il devait rendre visite à un ami de collège M. Campbell qui a donné sa description aux autorités du navire naufragé.

Pour en savoir plus sur le naufrage de l’Alaska

Billets reliés

Napoléon Mathurin, survivant du naufrage du Bahama [10 février 1882]

Le torpillage du Lusitania (7 mai 1915)

L’explosion d’Halifax, Nouvelle-Écosse, 6 décembre 1917

Le tremblement de terre de San Francisco [18 avril 1906]

Naufrage de la goélette Saint-Laurent (septembre 1839)

Le naufrage du Titanic d’après les journaux québécois de l’époque

Le tremblement de terre de San Francisco [18 avril 1906]

Le 18 avril 1906 avait lieu le grand tremblement de terre de San Francisco. D’une magnitude d’environ 8.2 sur l’échelle de Richter, il a fait plus de 3000 morts (réf.). Cette catastrophe a été relatée dans plusieurs articles de journaux d’ici, La Patrie ne faisant pas exception.

J’ai sélectionné quelques bribes d’articles publiés par La Patrie qui portent sur les canadiens-français qui étaient là lors de l’évènement.

Vue panoramique de San Francisco en 1906 après le tremblement de terre. Source. Wikipédia et National Archives and Records Administration

20 avril

Personnel
Parmi les Canadiens qui demeurent à San Francisco, mentionnons le Dr. Marquis et M. A. M. Bergevin. M. Bergevin est l’un des officiers du Bohemian Club, le club le plus fashionable de l’endroit. M. Bergevin logeait depuis une couple d’années au Palace Hotel avec sa femme et son enfant.

[…] Il y a une quinzaine de jours, il donnait de ses nouvelles au rédacteur de La Patrie. M. Bergevin était-il de retour à San Francisco hier? Nous l’ignorons. Il a été impossible de communiquer avec lui par télégraphe.

M. Pierre Bergevin, commerçant de bois, frère de M. Chs. Bergevin, de Québec, M. Hercule McKercher de Lanoraie, etc habitant San Francisco depuis un grand nombre d’années.

24 avril

UNE VICTIME DE LA CATASTROPHE

M. Arthur Poulin, établit depuis 20 ans à San Francisco a perdu ce qu’il possédait

LA VIE SAUVE

Sa maison est au nombre de celles qu’on a fait sauter avec de la dynamite

La Patrie, 24 avril 1906

M. et Madame P. Poulin, viennent de recevoir une dépêche de leurs fils Arthur qui habite San Francisco depuis 20 ans leur annonçant que lui, son épouse ainsi que son fils, âgé de sept ans, sont sortis du feu de San Francisco sains et saufs mais qu’ils ont tout perdus ce qu’ils  possédaient.

Ils devront s’embarquer ce soir  pour Montréal, de Berkeley, Californie, où ils se sont réfugiés après la catastrophe de mercredi dernier.

M. Arthur Poulin demeurait au No. 526 rue Harrison. Il était propriétaire de la maison qu’il occupait depuis quelques mois. Ce fut l’une des premières résidences que l’on fit sauter à la dynamite pour empêcher l’incendie de se propager au loin.

M. Poulin était contremaître aux entrepôts de la Eisen Vineyard co de San Francisco, entrepôts qui furent aussi détruit par le tremblement de terre et l’incendie.

La Patrie, 24 avril 1906

Le père de M. Arthur Poulin est M. Pierre Poulin, secrétaire trésorier de la Canadian General  Service & Colonisation  Co ayant ses bureaux d’affaires au no8 Boulevard Saint-Laurent.

Par l’entremise d’un autre de ses fils, demeurant à Seattle, il a, par mandat télégraphique fait tenir une somme de $300 ce matin à son fils Arthur qui partira de Berkeley ce soir pour revenir à Montréal

28 avril

MONTREALAIS A SAN FRANCISCO – M. CAMILLE MARTEL DONNE DE SES NOUVELLES

Un Montréalais, M. Camille Martel, autrefois marchand de machines à coudre dans cette ville et établi depuis environ deux ans à San  Francisco où il était le vice-président de la  »Market Street Bank » vient de donner de ses nouvelles.

Dans une carte postale datée d’Alley Springs, Colorado, le 21 avril, à l’adresse de sa soeur, mademoiselle Anne  Martel, de la rue St-Hubert, M. Martel s’exprime ainsi: Nous sommes tous sains et sauf et loin maintenant de tout danger. A plus tard, les détails de ce terrible évènement ». Signé  »Camille ».

M. Martel était à San Francisco avec sa femme et ses trois frères dont deux sont mariés. D’après la carte postale, tout la famille est en bonne santé.

1er mai

LES NOTRES À SAN FRANCISCO

Une description intéressante du désarroi qui a suivi la catastrophe

M.  Christophe Gamache, constable de la ville de Montréal, vient de recevoir une lettre de son fils Joseph établi à San Francisco depuis quelques mois.

San Francisco, 18 avril 1906. Source: Library of Congress

M. Gamache entretenait les plus sérieuses craintes sur le sort de son fils et de la famille de celui-ci. Aussi fut-il comblé de joie par la réception de cette lettre, écrite à la hâte, au crayon, mais peignant sur le vif le désarroi de la malheureuse ville au premier moment.

San Francisco, 22 avril 1906,

Chers parents,

Je vous aurais écrit tout de suite après le tremblement de terre, mais il n’y avait pas de communications postales. Je suppose que vous avez lu les journaux; ils ne peuvent exagérer notre position.

C’est une expérience que je ne vous souhaite jamais.

Ma petite famille est bien; nous avons pu nous sauver tous vivants et c’est déjà beau, car nous étions logés au centre même du désastre. Tout le monde courait dans la rue, mais plusieurs qui n’ont pas eu le temps de prendre la fuite, ont été écrasés. Il y a dans le sol des crevasses assez larges pour engloutir une maison.

Nous sommes actuellement nourris par le Gouvernement. On couche dans les rues et les parcs. Il y a chaque jour morts d’hommes par le fusil ou le pistolet.

Il y a eu au commencement beaucoup de pillages; mais ensuite les pillards qu’on trouvait en flagrant délit étaient tués sur le champ. Les soldats nous forcent de leur prêter assistance pour maintenir la paix et ensevelir les morts. Tout refus est puni de mort. Je suis réquisitionné pour retirer les cadavres. Ca commençait à empester dans le quartier détruit.

Il fait beau, c’est la seule chance que nous avons dans notre malheur. Des voitures passent, chargés d’aliments, les affamés se jettent dessus comme des sauvages, ma femme, mon enfant et moi, nous faisons comme les autres.

Que Dieu nous vienne en aide!

JOSEPH GAMACHE

No 1717, 18e Avenue, San  Francisco.

Et pour terminer, voici une vidéo tournée en 1906 montrant les dommages subis lors du tremblement.

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Glissement de terrain à Notre-Dame de la Salette [26 avril 1908]

La terre a tremblé en Nouvelle-France (5 février 1663)

Les tremblements de terre au Québec (1663-1988)

18 décembre 1874: élection d’un natif de Mascouche à la mairie de Los Angeles

L’or de la Californie: l’épopée des Rioux de Trois-Pistoles (1849-1852)

18 décembre 1874: élection d’un natif de Mascouche à la mairie de Los Angeles

Prudent Beaudry. Source: Metro Transportation Library and Archive sur Flickr

Le 18 décembre 1874, Prudent Beaudry, né le 24 juillet 1816 à Mascouche, devint maire de Los Angeles, Californie. Il occupa ce poste pendant deux ans. Son frère Jean-Louis fut quant à lui maire de Montréal de 1862 à 1866, de 1877 à 1879 et de 1881 à 1885.

Pour en savoir plus sur le parcours de cet homme, visitez la page qui lui a été consacrée sur le site des Remarquables oubliés de Radio-Canada. Pour notre plus grand plaisir, l’émission est encore en ligne (écoutez l’histoire de Prudent Beaudry). Et il y a aussi sa page Wikipédia.

Mais avant Beaudry, Damien Marchessault, né le 1er avril 1818 Saint-Antoine-sur-Richelieu, fut maire de Los Angeles, de 1859 à 1860 et de 1861 à 1865 plus précisément. Il est quant à lui décédé en 1868 à Los Angeles, dans des circonstances tragiques (texte en anglais).

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L’or de la Californie: l’épopée des Rioux de Trois-Pistoles (1849-1852)

Chronicling America – les journaux historiques américains

Robert Chambers, le dernier maire anglophone de Québec (1809-1886)

Photographie: Les Livernois (Québec, 1856-1974)

Chronicling America – les journaux historiques américains

Chronicling America Historic American Newspapers regroupe une quantité importante de journaux publiés entre 1836 et 1922 et numérisés par la Library of Congress. Le contenu de ces journaux a été indexé, donc vous pouvez faire une recherche par mots-clés. Vous pouvez voir chaque page en format .jpg, .txt et PDF. On peut télécharger les pages qui nous intéressent et découper l’article dont on a besoin avec l’outil clip image. Plus de 4 millions de pages en ligne.

Voici quelques exemples d’articles en lien avec le Québec ou les Franco-Américains

Une publicité pour une excursion de Burlington, Vermont qui passera par Québec et Montréal. Burlington free press (Vermont), 7 septembre 1855, EXTRA, Image 3 http://chroniclingamerica.loc.gov/lccn/sn84023127/1855-09-07/ed-1/seq-3/

French Canadians favor annexation. The Minneapolis journal., 9 novembre, 1903, Page 3, Image 3 http://chroniclingamerica.loc.gov/lccn/sn83045366/1903-11-09/ed-1/seq-3/

Article sur le tricentaire de Québec New-York tribune., 19 juillet 1908, Page 4, Image 18 http://chroniclingamerica.loc.gov/lccn/sn83030214/1908-07-19/ed-1/seq-18/

Canada wants Jean Baptiste to stay home The Washington herald., 8 mai 1910, quatrième partie, Image 19 http://chroniclingamerica.loc.gov/lccn/sn83045433/1910-05-08/ed-1/seq-19/ (en bas, à gauche)

Arrestation du criminel Harry K. Thaw en Estrie The day book. (Illinois), 19 août 1913, Image 1http://chroniclingamerica.loc.gov/lccn/sn83045487/1913-08-19/ed-1/seq-1/

Le naufrage de l’Empress of Ireland The Washington times., 29 mai 1914, HOME EDITION, Image 1 http://chroniclingamerica.loc.gov/lccn/sn84026749/1914-05-29/ed-1/seq-1/

Publicité pour le  »Franco-American coffee »New-York tribune., 23 octobre 1921, Page 8, Image 72 http://chroniclingamerica.loc.gov/lccn/sn83030214/1921-10-23/ed-1/seq-72/

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Papers Past – les journaux historiques de la Nouvelle-Zélande

Trove: journaux historiques de l’Australie [XIXe et XXe siècle]

Un criminel américain capturé en Estrie [19 août 1913]

La tragédie de l’Empress of Ireland, 29 mai 1914, d’après les journaux de l’époque

La tragédie de l’Empress of Ireland, 29 mai 1914, en images

L’or de la Californie: l’épopée des Rioux de Trois-Pistoles (1849-1852)

Tout d’abord, je tiens à remercier Pierre Lavallée, Hélène Côté Gagné et Martine Côté pour m’avoir fait découvrir l’histoire de Séverin et de Martial Rioux et pour m’avoir fournit plusieurs informations, ainsi qu’une retranscription du journal des Rioux.

Contexte

24 janvier 1848, Sutter Mill’s, Californie. Le charpentier James Wilson Marshall, employé du prospère commerçant John Sutter, découvre une pépite d’or. Cette découverte est ébruitée par le New York Herald (19 août 1848) puis officialisée par le président américain James Knox Polk le 5 décembre suivant. C’est le début de la ruée vers l’or en Californie. Elle durera jusqu’en 1854.

Les nouvelles voyagent vite. Plusieurs décident de tout quitter pour atteindre l’eldorado et devenir riches.  Parmi ces aventuriers, on retrouve trois jeunes gens de Trois-Pistoles.


Il s’agit de:

Philippe Renouf, né le 14 novembre 1828 à Trois-Pistoles, fils de Philippe et de Charlotte Fournier.

Martial Rioux né le 20  mars 1818 à Trois-Pistoles, fils de Jean-Baptiste Rioux et de Séraphine Michaud.

Séverin Rioux, frère du précédent, né le 13 mars 1825 à Trois-Pistoles. Notez que leur mère, Séraphine Michaud,  est décédée le 14 mars 1825, âgée de 33 ans.

(Référence: registre des actes de la paroisse de Notre-Dame-des-Neiges, Trois-Pistoles)

Martial et Séverin ont laissé un récit de leur épopée en Californie qui a été publié entre autres dans la revue L’Estuaire Volume IV, no 2 (no 11) juin 1977.

Le voyage

Les trois jeunes pistolois sont partis en octobre 1849. Ils passent par Québec, Montréal, puis arrivent à New York. Près de la rivière Mississippi ils sont engagé pour faire de la mélasse où ils ont l’occasion de voir des esclaves. Au cours de l’hiver 1849-1850, ils travaillent sur un bateau à vapeur. Ils débarquent à Saint-Louis, Missouri.

Les frères Rioux font alors les derniers préparatifs pour la destination finale de leur périple: la Californie. Ils partent sans Philippe Renouf,  »car il trouvait le voyage trop dangereux », mais avec deux nouveaux associés (non-nommés dans le texte). Ensemble, ils gagnent Saint-Joseph, Missouri où ils achètent l’équipement manquant: deux boeufs, des vaches, deux poêles, des victuailles et des fusils.

Ils traversent ensuite le Kansas, le Nebraska et le Colorado. Les rivières et les montagnes se succèdent. Vers le 17 juin 1850, les frères Rioux traversent la rivière Platte. Ils se sont séparés de leurs deux associés, qualifiés de  »pas assez raisonnable et pas assez ménagés [sic] ».

Le 25 juin, ils arrivent à la fameuse Piste de l’Oregon.

Ils poursuivent leur route en Utah. Le 16 juillet 1850, ils arrivent à Fort Hall, Idaho.

Les frères notent:

nous avons vu un petit cimetière. Il y avait une grande croix de plantée et nous lui avons demandé qui avait marqué ce cimetière. Il nous a répondu que c’était Mgr Demers qui avait passé par là […] p.15

Les points de repères indiqués dans leur journal sont la plupart du temps les rivières qu’ils longent. Plusieurs noms sont francophones (rivière Plate, rivière Marie, rivière Port Neuf, etc) ce qui ne facilitent pas leur identification. Après Fort Hall, les frères Rioux semblent avoir emprunté la California Trail.

Plusieurs dangers se dressent sur leur route: les couleuvres, les Amérindiens hostiles, la faim, la soif, la maladie, les animaux sauvages, la nature, etc, .

Caricature: l’attirail du chercheur d’or New York : Publié par N. Currier, entre 1835 et 1856 Source: Library of Congress

Caricature: l’attirail du chercheur d’or New York : Publié par N. Currier, entre 1835 et 1856 Source: Library of Congress

Le 24 août 1850, ils traversent les montagnes Rocheuses. Trois jours plus tard, ils arrivent en Californie dans un village au nom très accueillant, Pendu (Hang Town) nommée ainsi parce qu’on y pendait les criminels.

Martial et Séverin travaillent aux mines du Nord pendant l’automne et  l’hiver 1850-1851. Les conditions de travail sont difficiles et les accidents sont nombreux.

Il arrive des grands accidents car souvent la terre abîme sur eux. Il y en a qui sont écrasés, d’autres qui ont des jambes de cassées par les roches qui se trouvent mêlées avec la terre. Les trous que l’on fait sont très dangereux pour les passants. Quand il fait noir ils tombent dans les trous, cela arrive assez souvent. Moi-même j’ai aidé à en sortir deux qui étaient tombés en revenant de veiller.

Au printemps, Séverin part pour les mines du sud de la Californie tandis que son frère continue son travail dans le nord.

La violence est omniprésente en Californie.  Par exemple, en 1849, une jeune espagnole, Juanita , surnommée Pretty Juanita, est pendue pour avoir  poignardé un jeune britannique. Martial mentionne cette histoire dans son journal.

Après 15 mois en Californie, Martial décide de retourner chez lui. Il a amassé un bon pécule: 1600,00$ Avant de partir, il donne sa tente à un dénommé Olivier Tibodeau. Il se rend à Sacramento, puis à San Francisco. De là, il embarque dans un bateau à destination de Panama. Il continue sa route à pied puis prend le bateau qui le mène à Chagrèse, golfe du Mexique. Il se rend ensuite en bateau à San Juan de Guatemala, puis à la Havane, Cuba où il arrive le 1er janvier 1852. De là, il prend le bateau pour la Nouvelle-Orléans. Dans cette ville, il loge chez un nommé Paquet.

Ensuite, il se rend à Cincinnati, Ohio. Il continue sa route à Buffalo, puis à Schenectady, Albany, Saint-Jean, Montréal, Québec et finalement, Trois-Pistoles. On ignore la date précise du retour de Martial. Peut-être à l’hiver 1852. Séverin est revenu lui aussi, probablement peu de temps après.

Ce qu’ils sont devenus

Philippe Renouf: Un Philippe Renouf né en 1828 et habitant cette paroisse apparait dans le recensement de 1851. Je n’ai pas trouvé d’actes de décès ou de mariage, c’est à suivre.

Séverin Rioux s’est marié le 29 août 1853 à Rivière-du-Loup avec Démerise Morin. Il est décédé le 2 septembre 1908

Martial Rioux s’est marié le 4 avril 1853 à Saint-André de Kamouraska avec Henriette Soucy. Il est décédé le 29 avril 1883.

Bibliographie

Wikipédia. [en ligne] Ruée vers l’or en Californie [Page consultée le 26 novembre 2010] http://fr.wikipedia.org/wiki/Ru%C3%A9e_vers_l’or_en_Californie

En complément

Van Halen Gold Rush Journey (en anglais)

Voyage en Californie et dans l’Orégon par M. De Saint-Amant, publié en 1854

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La ruée vers l’or: le Klondike

Une bombe nucléaire larguée dans le Saint-Laurent (St-André de Kamouraska, 10 novembre 1950)

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La légende du cheval noir de Trois-Pistoles