La poudrière explose [Québec, 4 mars 1864]

Extrait du Canadien du 4 mars 1864

TERRIBLE EXPLOSION

A midi moins vingt minutes une forte détonation s’est fait entendre par toute la ville et a été immédiatement suivie d’une commotion souterraine qui s’est fait sentir jusqu’à notre établissement. Quelques minutes après nous apprenions que la poudrière à côté de la porte St. Jean avait fait explosion.Voici les détails que nous avons pu recueillir à ce sujet:

Au moment de l’explosion le capitaine Mahon était dans le laboratoire avec 17 soldats occupés à la confection des cartouches. 12 à 15 de ces derniers ont été tués et les autres sont plus ou moins blessés. Les sapeurs avec une compagnie de soldats sont actuellement occupés à retirer des décombres les victimes de cet épouvantable accident.

Le capt. Mahon a été retiré dans un état désespéré.

Le choc de l’explosion a brisé une partie des vitres des maisons de la rue St. Jean et les débris lancés dans toutes les directions ont plus ou moins endommagé les bâtisses environnantes  dans un rayon assez étendu.

La plupart des magasins sont fermés, de la porte St. Jean jusqu’ à la côte du Palais, leurs vitrines ayant été en grande partie mises en pièces.

Le choc s’est fait sentir jusqu’à la maison Bilodeau, rue La Fabrique, ou une des vitrines a été mise en pièces malgré que le verre eût un demi pouce d’épaisseur.

On pense que pas moins de 500 maisons ont été plus ou moins atteintes dans cette fatale explosion, et nous avons vu des pièces de bois jusqu’à 12 pieds de longueur sur un pied lancées à près de 100 pieds du lieu de l’accident.

Il y avait, paraît-il, environ 1,200 à  1,300 livres de poudre dans la bâtisse qui a fait explosion.

L’édition du 7 mars 1864 (page 2) du Canadien donne plus de détails sur la tragédie

Billets reliés

Faits divers: l’histoire des soeurs Hurley [Québec, juin 1904]

Un jeu dangereux [Québec, été 1869]

Explosion au Parlement [Québec, 11 octobre 1884]

Quelques évasions signées Bis Belleau [Québec,1869-1871]

Francis Zuell, victime d’un brutal assaut [Québec, 20 septembre 1864]

Un enfant abandonné [Québec, 27 février 1864]

Hier matin, une femme de mauvaise vie… [Québec, 25 février 1864]

Le tremblement de terre de San Francisco [18 avril 1906]

Le 18 avril 1906 avait lieu le grand tremblement de terre de San Francisco. D’une magnitude d’environ 8.2 sur l’échelle de Richter, il a fait plus de 3000 morts (réf.). Cette catastrophe a été relatée dans plusieurs articles de journaux d’ici, La Patrie ne faisant pas exception.

J’ai sélectionné quelques bribes d’articles publiés par La Patrie qui portent sur les canadiens-français qui étaient là lors de l’évènement.

Vue panoramique de San Francisco en 1906 après le tremblement de terre. Source. Wikipédia et National Archives and Records Administration

20 avril

Personnel
Parmi les Canadiens qui demeurent à San Francisco, mentionnons le Dr. Marquis et M. A. M. Bergevin. M. Bergevin est l’un des officiers du Bohemian Club, le club le plus fashionable de l’endroit. M. Bergevin logeait depuis une couple d’années au Palace Hotel avec sa femme et son enfant.

[…] Il y a une quinzaine de jours, il donnait de ses nouvelles au rédacteur de La Patrie. M. Bergevin était-il de retour à San Francisco hier? Nous l’ignorons. Il a été impossible de communiquer avec lui par télégraphe.

M. Pierre Bergevin, commerçant de bois, frère de M. Chs. Bergevin, de Québec, M. Hercule McKercher de Lanoraie, etc habitant San Francisco depuis un grand nombre d’années.

24 avril

UNE VICTIME DE LA CATASTROPHE

M. Arthur Poulin, établit depuis 20 ans à San Francisco a perdu ce qu’il possédait

LA VIE SAUVE

Sa maison est au nombre de celles qu’on a fait sauter avec de la dynamite

La Patrie, 24 avril 1906

M. et Madame P. Poulin, viennent de recevoir une dépêche de leurs fils Arthur qui habite San Francisco depuis 20 ans leur annonçant que lui, son épouse ainsi que son fils, âgé de sept ans, sont sortis du feu de San Francisco sains et saufs mais qu’ils ont tout perdus ce qu’ils  possédaient.

Ils devront s’embarquer ce soir  pour Montréal, de Berkeley, Californie, où ils se sont réfugiés après la catastrophe de mercredi dernier.

M. Arthur Poulin demeurait au No. 526 rue Harrison. Il était propriétaire de la maison qu’il occupait depuis quelques mois. Ce fut l’une des premières résidences que l’on fit sauter à la dynamite pour empêcher l’incendie de se propager au loin.

M. Poulin était contremaître aux entrepôts de la Eisen Vineyard co de San Francisco, entrepôts qui furent aussi détruit par le tremblement de terre et l’incendie.

La Patrie, 24 avril 1906

Le père de M. Arthur Poulin est M. Pierre Poulin, secrétaire trésorier de la Canadian General  Service & Colonisation  Co ayant ses bureaux d’affaires au no8 Boulevard Saint-Laurent.

Par l’entremise d’un autre de ses fils, demeurant à Seattle, il a, par mandat télégraphique fait tenir une somme de $300 ce matin à son fils Arthur qui partira de Berkeley ce soir pour revenir à Montréal

28 avril

MONTREALAIS A SAN FRANCISCO – M. CAMILLE MARTEL DONNE DE SES NOUVELLES

Un Montréalais, M. Camille Martel, autrefois marchand de machines à coudre dans cette ville et établi depuis environ deux ans à San  Francisco où il était le vice-président de la  »Market Street Bank » vient de donner de ses nouvelles.

Dans une carte postale datée d’Alley Springs, Colorado, le 21 avril, à l’adresse de sa soeur, mademoiselle Anne  Martel, de la rue St-Hubert, M. Martel s’exprime ainsi: Nous sommes tous sains et sauf et loin maintenant de tout danger. A plus tard, les détails de ce terrible évènement ». Signé  »Camille ».

M. Martel était à San Francisco avec sa femme et ses trois frères dont deux sont mariés. D’après la carte postale, tout la famille est en bonne santé.

1er mai

LES NOTRES À SAN FRANCISCO

Une description intéressante du désarroi qui a suivi la catastrophe

M.  Christophe Gamache, constable de la ville de Montréal, vient de recevoir une lettre de son fils Joseph établi à San Francisco depuis quelques mois.

San Francisco, 18 avril 1906. Source: Library of Congress

M. Gamache entretenait les plus sérieuses craintes sur le sort de son fils et de la famille de celui-ci. Aussi fut-il comblé de joie par la réception de cette lettre, écrite à la hâte, au crayon, mais peignant sur le vif le désarroi de la malheureuse ville au premier moment.

San Francisco, 22 avril 1906,

Chers parents,

Je vous aurais écrit tout de suite après le tremblement de terre, mais il n’y avait pas de communications postales. Je suppose que vous avez lu les journaux; ils ne peuvent exagérer notre position.

C’est une expérience que je ne vous souhaite jamais.

Ma petite famille est bien; nous avons pu nous sauver tous vivants et c’est déjà beau, car nous étions logés au centre même du désastre. Tout le monde courait dans la rue, mais plusieurs qui n’ont pas eu le temps de prendre la fuite, ont été écrasés. Il y a dans le sol des crevasses assez larges pour engloutir une maison.

Nous sommes actuellement nourris par le Gouvernement. On couche dans les rues et les parcs. Il y a chaque jour morts d’hommes par le fusil ou le pistolet.

Il y a eu au commencement beaucoup de pillages; mais ensuite les pillards qu’on trouvait en flagrant délit étaient tués sur le champ. Les soldats nous forcent de leur prêter assistance pour maintenir la paix et ensevelir les morts. Tout refus est puni de mort. Je suis réquisitionné pour retirer les cadavres. Ca commençait à empester dans le quartier détruit.

Il fait beau, c’est la seule chance que nous avons dans notre malheur. Des voitures passent, chargés d’aliments, les affamés se jettent dessus comme des sauvages, ma femme, mon enfant et moi, nous faisons comme les autres.

Que Dieu nous vienne en aide!

JOSEPH GAMACHE

No 1717, 18e Avenue, San  Francisco.

Et pour terminer, voici une vidéo tournée en 1906 montrant les dommages subis lors du tremblement.

Billets reliés

Glissement de terrain à Notre-Dame de la Salette [26 avril 1908]

La terre a tremblé en Nouvelle-France (5 février 1663)

Les tremblements de terre au Québec (1663-1988)

18 décembre 1874: élection d’un natif de Mascouche à la mairie de Los Angeles

L’or de la Californie: l’épopée des Rioux de Trois-Pistoles (1849-1852)

Glissement de terrain à Notre-Dame de la Salette [26 avril 1908]

On sait que dans la nuit du 4 au 5 mai 1971, il y a eu un glissement de terrain à St-Jean-Vianney (31 morts). Mais saviez-vous que le glissement de terrain le plus meurtrier du 20e siècle au Québec s’est déroulé le 26 avril 1908 à Notre-Dame-de-la-Salette et qu’il a fait 33 morts (37 selon certaines sources)? Voici comment la Patrie du 27 avril 1908 a rapporté l’évènement.

Une de la Patrie, 27 avril 1908

Buckingham., 27. Samedi soir, le coquet petit village de Notre-Dame de la Salette s’est endormi, comme à l’ordinaire, dans le calme et la tranquilité.

Les eaux de la Lièvre qui coulait au bas de la berge taillée à pic étaient grossie par la fonte de la neige, mais pas plus qu’à l’ordinaire, à cette époque de l’année. La rivière charriait de la glace, mais la crue des eaux donnait un passage libre aux glaçons. Tout était donc à l’état normal, lorsqu’une par une, les lumières s’éteignirent dans les petites maisons de ferme et que la nuit s’étendit sur le village.

A QUATRE HEURES

du matin, dimanche, les habitants furent éveillés par un sourd grondement comme le bruit du tonnerre. En même temps, le sol oscilla et les maisons sursautèrent. Brusquement, arrachés de leur sommeil, muets de terreur, les habitants écoutèrent et attendirent, se demandant si ce n’était pas la fin du monde.

Du côté de la rivière, le bruit sourd continuait de se faire entendre, augmentant la confusion des gens. Puis, le bruit cessa  et tout rentra dans le silence le plus absolu.

Soudain, l’on entendit un craquement terrible, non plus du côté de la rivière, mais au centre même du village. Il y eut comme une poussée dans l’air et un sifflement comme le bruit d’un cyclone.

OU ÉTAIENT CES MAISONS?

Les villageois s’élancèrent dehors et s’aperçurent que la moitié du village était disparue et que là ou était la côte coulait un impétueux torrent. Là où étaient les fermes et leurs dépendances, s’élevaient des pyramides de glace que les flots tourmentés de la Lièvre assaillaient de toute part.

Quatorze maisons de ferme étaient disparues. Qu’étaient devenus les habitants? Où étaient les quarante personnes qu’abritaient ces maisons? Il n’y avait pas un être vivant dans cet amoncellement de ruines.

[…]

L’EBOULEMENT

Sur l’autre rive de la rivière, là où il y avait une côte de quarante pieds de hauteur, et sur laquelle était située la ferme de Camille Lapointe,  il n’y avait plus qu’un trou béant. La ferme, la maison et ses dépendances avaient tout simplement été précipitées dans la rivière et projetée de l’autre côté. Alors, la glace s’est amoncelée et forma un barrage de trente-cinq a quarante pieds de hauteur, l’eau s’élevant de plus en plus.

Le village étant situé dans une petite baie couronnée de hautes collines. C’étaient [sic] la partie la plus basse du sol de la région, et comme les eaux de la rivière devaient se trouver une issue, elles débordèrent, entraînant une masse terrible de glace sur le petite hameau.

Une quinzaine de maisons furent englouties et tous  ceux qui les habitaient ont péri. Il n’y eut pas d’appel au secours. En un instant

TOUT ETAIT CONSOMME

Comme un immense raz de marée les flots s’élancèrent dans la rivière au-dessous, et s’étant forcé un chenal autour de dix arpents de terre qui formaient le barrage, la rivière baissa jusqu’à ce qu’elle atteignit un niveau d’environ douze pieds plus élevé que celui de samedi.

[…]

La rivière du Lièvre est large de 100 pieds à cet endroit. Les maisons sont réparties des deux côtés. Du côté ouest, la falaise atteint une hauteur de 40 pieds contre 10 pieds du côté est. A quatre heures hier matin, sur une longueur d’environ un demi-mille, la terre s’est écroulée dans la rivière, engloutissant deux maisons. Le déplacement de l’eau a rejeté les banquises de glace de la rivière sur l’autre rive, une inondation s’est produite, et la glace, projetée avec violence contre les maisons en a détruit 11.

LA CAUSE

du désastre est la formation géologique de la falaise, qui repose sur un lit d’argile et de sable. Les sources qui viennent prendre naissance en-dessous minent le sol peu a peu.

La plupart des victimes ont été inhumées le 28 avril 1908. Voici les noms que j’ai pu retrouver en consultant les actes de la paroisse.

  • Alexina Lamoureux, femme de Napoléon Charron et ses enfants, Amanda, quatre ans, Adélard, trois ans et William Charron, sept mois.
  • Rose Anna Charron (inhumée le 24 juin), 31 ans, femme d’Augustin Larivière et ses enfants Camille, 10 ans, David,  Emma, six ans, Rose, deux ans et  Albert, onze mois
  • Georges Morissette, 10 ans, fils de Louis et de Sophie Deslauriers.
  • Cléophas Deslauriers, 34 ans et sa femme, Célina Paquin, 35 ans ainsi que leurs enfants, Damien, 11 ans et Wilfrid, huit ans et Albert, sept ans, Lucien, cinq ans, Béatrice, trois ans (inhumée le 5 juin) et Alice, six mois.

Cléophas Deslauriers et Célina Paquin, La Patrie,30 avril 1908
  • Emilie (Emélie) Labelle, 75 ans, veuve d’Emmanuel Lapointe.
  • Daniel Lapointe, 19 ans, Eddy, 14 ans, Arthur, 12 ans, Angus, neuf ans et Henri Lapointe, sept ans, fils de feu Camille et de Christian (Christina) McMillan
 A ma connaissance, Christiane (Christina) McMillan, veuve de Camille Lapointe, a survécu. La Patrie, 28 avril 1908
  • Alesina Légaré, 30 ans, femme de Joseph  Murray (corps non retrouvé) et ses fils Arsidas,10 ans, Wilfrid, neuf ans (inhumé le 3 juin) et ses filles, Florida, sept ans et Anna, cinq ans (inhumée le 28 mai)
  • Adélard Murray, 30 ans, fils de François et de Louise Gagnon
  • Emélie Gravel, 39 ans, femme de Paul Desjardins et leur fils Elias, 6 ans
  • Florimond Desjardins, 13 ans fils de Paul et Alphonsine Mallette (beau-fils de la précédente?)

Une communauté décimée.

Bibliographie

La Patrie 27, 28, 29 et 30 avril 1908

Bilan du siècle [En ligne] Glissement de terrain à Notre-Dame de la Salette [Page consultée le 15 avril 2012]. Adresse URL

Ressources naturelles Canada. [n’est plus en ligne] L’Atlas du Canada Glissements de terrain [Page consultée le 15 avril 2012].

Sécurité publique Canada. [n’est plus en ligne] Glissements de terrain et avalanches importants des XIXe et XXe siècles [Page consultée le 15 avril 2012]

Ressources naturelles Canada. [n’est plus en ligne] ELes glissements de terrain [Page consultée le 15 avril 2012]

Billets reliés

Le tremblement de terre du 20 octobre 1870

Tornade à Sainte-Rose [14 juin 1892]

Les éboulements du 14 juillet 1852 à Québec

Explosion au Parlement [Québec, 11 octobre 1884]

Explosion au chemin de fer de la Baie des Ha! Ha! [14 avril 1910]

Explosion à Hochelaga [26 mai 1888]

Un incendie dévastateur au Saguenay-Lac-Saint-Jean, 19 mai 1870

Tragédie au pont de Québec: les effondrements de 1907 et de 1916

Basculer dans le vide [Beloeil, 29 juin 1864]

Les éboulements du 14 juillet 1852 à Québec

Photographie | La rue Champlain, en bas de la Citadelle, Québec, QC, 1865 | I-17502.1

La rue Champlain, en bas de la Citadelle, Québec, QC, 1865

Dans le Canadien du 14 juillet 1852, on lisait:

ENCORE UNE AFFREUSE CATASTROPHE: SEPT PERSONNES PERIES SOUS LES RUINES DE LEURS MAISONS

La catastrophe du 17 mai 1841, par laquelle 27 personnes furent ensevelies sous les ruines de leurs maisons et d’une portion du Cap aux Diamants et des fortifications qui le couronnent, vient de se renouveler, quoique dans de moindre proportions. Après des pluies torrentielles qui duraient depuis hier après-midi,  accompagnées de coups de tonnerre extrêmement forts, une portion du Cap s’est éboulée ce matin, un peu avant 4 heures, et a écrasé dans sa chute deux maisons en brique à deux étages, attenantes l’une à l’autre, un peu en deça du chantier de M. Baldwin, au Cap-Blanc.

L’une était occupée par M. Robert Webb, forgeron, et sa famille; et l’autre, appartenant aussi à  M. Webb, par MM. John et Robert Elliot, bateliers, mariés aux deux soeurs. M. et Mme Webb, deux de leurs enfants, jeunes filles âgées de 5 à 7 ans, et une servante, qui étaient couchés dans le bas de la maison, ensevelis tous les cinq sous les ruines, en ont été retirés morts. Cinq autres enfants de M. Webb, tous garçons, qui étaient couchés dans le haut, ont échappé comme par miracle.

M. John Elliot a été sauvé, mais avec de graves blessures; sa femme aussi a été sauvé, avec quelques contusions, mais leurs deux enfants ont été retirés morts des ruines. M. Robert Elliot a aussi échappé miraculeusement avec sa femme et leurs quatre enfants, excepté qu’un de ces derniers, âgé d’environ 6 ans, a eu un bras cassé.

Son Honneur le maire, le docteur Sewell et M. Hall, conseillers, M. Baillargé, adjoint de l’inspecteur, M. le docteur Wolff,  et quelques membres du clergé étaient de bonne heure sur le lieux du désastre, donnant avec la police et les voisins tous les secours en leur pouvoir.

A sept heure, un autre éboulement s’était fait à une distance considérable en deça, au chantier de M. Lampson, et a écrasé une maison en bois; mais ceux qui l’habitaient avaient eu le temps de se sauver.

On a dit qu’il était péri une huitième personne, un passant atteint par l’éboulis; mais nous n’avons pu constater le fait.

Tout le Cap, depuis la porte de la Basse-Ville jusqu’à l’Anse-des-Mères, présente une suite de cascades et de fissures, et il est à craindre que l’on ait bientôt à déplorer d’autres malheurs du même genre, et peut-être plus grands, si les autorités civiles et militaires ne se hâtent de prendre des mesures pour les détourner.

Entre 11 heures et midi, un troisième éboulement a eu lieu à la fonderie de M. Tweedell; des pierres tombées du Cap ont enfoncées la couverture.

Billets reliés

Explosion au chemin de fer de la Baie des Ha! Ha! [14 avril 1910]

L’Iincendie de l’asile de Beauport, 29 janvier 1875

Explosion au Parlement [Québec, 11 octobre 1884]

Ce n’est pas tout le monde qui apprécie le tramway (Québec, 2 octobre 1865)

L’incendie de l’hospice Saint-Charles [Québec, 14 décembre 1927]

Le tremblement de terre du 20 octobre 1870

Le 20 octobre 1870, il y eut un tremblement de terre d’une magnitude de 6,5 sur l’échelle de Richter et dont l’épicentre était situé près de Baie-Saint-Paul.

Dans le Canadien, journal publié à Québec, édition du 21 octobre 1870, on pouvait lire:

TREMBLEMENT DE TERRE

Hier, à 11 heures 25 minutes, l’alarme a été jetés [sic] dans  toutes les parties de la ville, par un tremblement de terre tellement violent que les bâtisses même les plus solides menaçaient de s’écrouler. Le mouvement d’oscillation paraissait être du Nord-Ouest au Sud-Est et créait sous les pieds un déplacement assez considérable pour faire chanceler. Tous s’accordent à dire que ce tremblement de terre qui a duré de 40 à 50 secondes, est le plus violent qui se soit fait sentir, depuis nombre d’années, en ce pays.

Dans toutes les parties de la ville, on voyait les gens en proie à la plus grande panique, sortir de leurs demeures, de leurs bureaux, et rechercher en toute hâte les lieux ouverts, où il n’y eut rien à craindre de la chute des murs.

C’est surtout dans les établissements où se trouvaient réunies un grand nombre de personnes, comme par exemple, au palais de justice, dans les manufactures, et les maisons d’éducation, que la confusion a été à son comble par suite de la terreur et de l’empressement que  chacun mettait à fuir le danger.

Si cet événement fut arrivé durant la nuit, il n’y a pas de doute que la panique, augmentée encore par les ténèbres, aurait pris des proportions qui auraient pu causer de graves accident.

Photographie | Vue de la Terrasse Durham depuis la rue Champlain, Québec, QC, 1870-1875 | MP-1976.6.10

Vue de la Terrasse Durham depuis la rue Champlain, Québec, QC, 1870-1875

De même, si ce tremblement de terre eut eu [sic] lieu mardi, pendant que la cathédrale était encombrée à l’extrême par la foule de fidèles qui se pressaient pour rendre leurs derniers hommages et leurs derniers respects à la mémoire de Mgr l’Archevêque de Québec, quels résultats affreux la panique n’aurait-elle pas causée!

Heureusement, à part un certain nombre de cheminées démolies dans quelques parties de la ville, et quelques femmes évanouies, il n’y a pas eut d’accident bien fâcheux et tout le monde en a été quitte pour la peur.

Voici, cependant, un rapport des principaux dommages causés:

Dans la rue Desfossés, St. Roch, la moitié de la cheminée de la maison occupée par M. Huot, marchand de grain, est tombée dans la rue, et un certain nombre de pierres en tombant sur la toiture, ajoutaient encore au bruit produit par le tremblement et à l’effroi  des occupants.

Plusieurs murs ont été fortement ébranlés dans la même rue et menacent de s’écrouler.

La maison occupée par M. Davis, même rue, a aussi eu sa cheminée à moitié renversée.

Chez M. Davidson, une grosse pierre s’est détachée de la cheminée et est tombée à quelques pouces  d’un cheval qu’elle aurait infailliblement tué, si elle l’avait atteint.

La même chose est arrivée chez M. Crémazie, librairie, rue Buade, où une pierre d’une grosse dimension, est tombée dans la rue.

La cheminée de la résidence de M. George Lemelin, encoignure des rues St. Dominique et St. Joseph, St. Roch, a été fendue du haut  en bas.

La cheminée de M. Vézina, épicier, et celle de M. Boily ont aussi souffert quelques dommages.

Photographie, diapositive sur verre | La ville de Québec depuis les Glacis, QC, vers 1870 | MP-0000.25.294

La ville de Québec depuis les Glacis, QC, vers 1870

Une ouvrière employée à la manufacture de MM. Woodley, a dans sa folle terreur sauté par une fenêtre.

Un pensionnaire de l’hôtel St. Louis s’est aussi laissé choir d’une fenêtre du 2me étages [sic]. La  frayeur, sans doute, lui avait donné des ailes, car il ne s’est fait aucun mal.

Les élèves de diverses écoles de la cité, affolés par la terreur, se sont enfuis de leurs classes en pleurant, et criant, courant en toute hâte chez leurs parents.

Les soldats de la citadelle ne se sont pas montrés plus braves que les autres en cette circonstance. Ils sont sortis de leurs casernes en toute hâte. Ils s’attendaient à voir une partie de la maçonnerie des fortifications qui donne sur le fleuve, s’écrouler avec grand fracas, en bas du cap. La sentinelle placée à la poudrière sur l’Esplanade, s’est enfuie, croyant à une explosion.

Les plats-fonds de neuf appartements se sont écroulés, à l’Hôpital de la Marine, causant un dommage de $250.

Différents télégrammes, reçus hier, dans le cours de l’après-midi, établissent que ce tremblement de terre s’est fait sentir sur une grande étendue, et partout, à la même heure,  avec une égale violence.

Photographie | L'escalier casse-cou, Québec, QC, vers 1870 | MP-0000.321.2

L’escalier casse-cou, Québec, QC, vers 1870

Ces dépêches mandent qu’il s’est fait sentir, à Montréal, aux Trois-Rivières, à la Rivière du Loup (d’en bas,) à Berthier, à Sorel, à St. Jean à Rouses Point, à Boston, à l’Orignal, à Sherbroke (sic), au Coteau Landing, à St. André, à Ste. Catherine, à Richmond, à New York,  à Shenectady, N. Y.,  Troy, etc.

Il n’y a eu aucun choc à Ottawa. La main qui a dirigé cet événement a cru, sans doute, qu’il ne fallait pas troubler nos ministres et agent d’émigration, qui sont en pleine délibération en ce moment, dans la capitale fédérale.

Le choc n’a pas été senti non plus à Albany.

Un de nos correspondants, nous écrivant de Plessisville, nous informe que le tremblement de terre a commencé là à 11.30 AM temps de Montréal, et qu’il s’y est fait sentir 1. minutes 50 secondes.

L’Evenement, comme toujours, a parlé de cet accident avec un ton de légèreté impardonnable.

 »Depuis l’église de St. Roch jusqu’au Parc, dit-il, il n’y a presque pas de cheminées qui soient restées debout ».

Il a de plus jeté l’alarme dans l’esprit de bien des personnes qui ont été toute la nuit sur l’alerte.

 »Des géologues distingués, dit-il encore, avaient prédit ce tremblement de terre.

 »De leur avis, il y aura probablement une autre secousse, cette nuit ou demain. »

Il est permis d’être léger, et de tourner au vent des événements, mais pas au point d’en imposer ainsi à la crédulité des gens et de les effrayer ainsi.

Bibliographie

Ressources naturelles du Canada [en ligne] Le séisme de Charlevoix du 20 octobre 1870 [Page consultée le 11 février 2012] Adresse URL

Sécurité publique du Canada [n’est plus en ligne] Tremblements de terre importants des XIXe et XXe siècles [Page consultée le 11 février 2012]

Billets reliés

Tornade à Sainte-Rose [14 juin 1892]

Les tremblements de terre au Québec (1663-1988)

La terre a tremblé en Nouvelle-France (5 février 1663)

Explosion au Parlement [Québec, 11 octobre 1884]

Une bombe nucléaire larguée dans le Saint-Laurent (St-André de Kamouraska, 10 novembre 1950)

L’explosion d’Halifax, Nouvelle-Écosse, 6 décembre 1917

Le 6 décembre 1917, un navire français, le Mont-Blanc, et un navire norvégien, l’Imo, entraient en collision dans le port d’Halifax.

Le Mont-Blanc prit feu et explosa, tuant 2 000 personnes et en blessant des milliers d’autres. L’explosion engendra un tsunami, et une onde de choc si puissante qu’elle cassa des arbres, plia des rails de chemin de fer et démolit des édifices, transportant les fragments sur des centaines de mètres. L’explosion fut entendue à 420 kilomètres de distance.

Ce fut la plus grande explosion créée par l’activité humaine jusqu’au premier essai atomique en 1945 et elle figure toujours parmi les plus grandes explosions non-nucléaires artificielles. (Source: Wikipédia)

L’aide afflua de plusieurs endroits, dont Québec et Montréal.

Extrait de La Patrie, 10 décembre 1917.

LES SECOURS DE QUEBEC A HALIFAX

Québec, 10. Les autorités militaires de Québec n’ont pas perdu de temps pour courir au secours des sinistrés d’Halifax. Dès samedi, plusieurs médecins de Québec, cinq gardes-malades, cinq charpentiers sont partis de Québec apportant avec eux de nombreux colis contenant des remèdes, des provisions et des vêtements de toutes sortes. Parmi les médecins qui sont partis, on remarque les chirurgiens-majors Hubbard, Todd, Carrick, Cairns, Nelson, Saint-Amand, Delage, Parker et Cox.

Source: la Patrie, 10 décembre 1917

A Montréal, on amassa  des vêtements, des chaussures, des denrées, des médicaments, des matelas, des lits pour enfants, etc. pour les envoyer à Halifax. Il y eut des souscriptions.

Georges Leblanc, résident de Lévis, Joseph J. Boiseau, Joseph Chartrand, Walter Tucker,  Peter Vallee de Montréal, Ludger Adelard Lebel de Hull et Pontleon(?) Lemieux, du Québec, figuraient parmi les victimes.

Voici quelques photographies montrant l’ampleur des dégâts.

Source: Library of Congress

Source: Bibliothèque et Achives Canada

Vue d’Halifax, après le désastre, à partir de Pier 8. Sources: Bibliothèque et Archives Canada

Vue nord-sud des dommages causés par l’explosion. Source: Bibliothèque et Archives Canada

Soldats participant aux opérations de secours. Source: Bibliothèque et Archives Canada

Après l’explosion, rue Gottingen, Halifax. Source: Bibliothèque et Archives Canada

Pour en savoir plus:

Un reportage diffusé au Téléjournal de Radio-Canada le 5 décembre 1987 (On y entend Margaret Boulay, témoin du drame)

Wikipédia [en ligne] Explosion de Halifax [Page consultée le 5 décembre 2011] Adresse URL 

Site web des archives de la Nouvelle-Écosse qui contient entre autres des films totalisant 13 minutes montrant Halifax peu après l’explosion.

Billets reliés

Le naufrage du Lunenburg (4 décembre 1905, Iles de la Madeleine)

Le naufrage du Titanic d’après les journaux québécois de l’époque

La tragédie de l’Empress of Ireland, 29 mai 1914, d’après les journaux de l’époque

La tragédie de l’Empress of Ireland, 29 mai 1914, en images

Le naufrage du Lady Seaton (Iles de la Madeleine, 4 décembre 1847)

Tragédie au pont de Québec: les effondrements de 1907 et de 1916

La construction du pont reliant Québec à sa rive-sud (Lévis) a débutée en 1901.  C’est la Phoenix Bridge Company de Pennsylvanie qui était chargée des travaux. Le pont a été conçu par l’ingénieur américain Theodore Cooper.

Photographie | Le pont de Québec en construction, Québec, QC, 1907 | M2003.28.13

Le pont de Québec en construction, Québec, QC,  Burkewood Welbourn 14 août, 1907. Quelques jours seulement avant la tragédie

Impression (photomécanique) | Le pont de Québec avant le désastre, Québec, QC, 1907 | MP-0000.1154.3

Le pont de Québec avant le désastre, Québec, QC, 1907

Le 29 août 1907, le pont de Québec s’effondre. La catastrophe fait 76 morts, dont 17 Américains et 33 Mohawks de Kahnawake.

L’effondrement de la partie sud de la structure, le 29 août 1907, a donné lieu à une enquête qui a conclu à une faute professionnelle. Le poids du pont d’acier excédait sa capacité portante. Source: Les malheurs d’une époque, p. 156

C’est sur la Phoenix Bridge Company que l’on jette le blâme.

Voici quelques unes de journaux québécois au lendemain de la tragédie.

La Patrie. 30 août 1907.

The Montréal Witness. 3 septembre 1907.

The Quebec Chronicle. 30 août 1907

La tragédie a un énorme retentissement sur la scène internationale. Des journaux comme le New York Times et et le Sydney Morning Herald (Australie) en parlent.

Et le 11 septembre 1916, alors que les travaux de reconstruction étaient sur le point de se terminer, ça recommence. 13 personnes perdront la vie. Cette fois, c’est la travée centrale qui s’est effondrée.

03qp546d6p073

Auteur: Fred Würtele, 1907 Source: BANQ

Ce qui reste du pont… Auteur: Fred Würtele, 1907 Source: BANQ

Ce qui reste du pont… Auteur: Fred Würtele, 1907 Source: BANQ

La une de la Patrie du 11 septembre 1916.

La une de la Patrie du 12 septembre 1916.

Effondrement de la travée centrale du pont de Québec. 1916.  Auteur: A.A. Chesterfield Source: Bibliothèque et Archives Canada

Effondrement de la travée centrale du pont de Québec. 1916. Auteur: A.A. Chesterfield Source: Bibliothèque et Archives Canada

c002888

Sauvetage des survivants de la catastrophe qui s’est produite au pont de Québec. 1916 Auteur: inconnu Source: Bibliothèque et Archives du Canada

On essaie une troisième fois. Les travaux sont terminés le 20 septembre 1917 et le pont est officiellement inauguré le 22 août 1919 par le Prince de Galles. Et le pont tient toujours debout.

Le pont a été rapidement complété. Et sans anicroche. Ce serait grâce à un certain…La légende est ici.

Selon Wikipédia, le pont de Québec est le

pont de type cantilever ayant la plus longue portée libre au monde, avec 549 mètres entre ses piliers principaux et sa travée centrale longue de 576 mètres Source

Bibliographie

SAINT-Pierre, Jacques. Les malheurs d’une époque. Québec, Les Publications du Québec, 2010, 204 pages.

Pour en savoir plus sur le pont de Québec, il y a le livre Le Pont de Québec de Michel L’Hébreux.

Billets reliés

Photographies de Québec (1886-1910) par Frederick C. Würtele

Expositions virtuelles des archives de la ville de Québec

Lévis: en photos et en histoires

La Collection de cartes postales anciennes Magella Bureau [1890-1963]