Le chemin de fer Massawippi [1871]

Le Pionnier de Sherbrooke, 3 novembre 1871

Le premier convoi de passagers est venu à Sherbrooke, mercredi dernier, à quatre heures de l’après-midi. Il y avait deux chars remplis de passagers, dont la plupart étaient des citoyens de cette ville, qui étaient allés rencontrer ce convoi à Lennoxville. Le Col. Pomroy, l’un des principaux promoteurs de ce chemin était aussi à bord. A la gare de cette ville, il y avait une grande foule de citoyens, venus avec empressement pour saluer l’arrivée de ce premier convoi. Ils l’accueillirent par des hourras enthousiastes, marque évidente de l’importance de cette ligne pour notre ville.

Le même soir, ce convoi a pris à bord les passagers du Grand Tronc se dirigeant vers Boston par la nouvelle ligne, et la jonction se fera dorénavant ici, malgré les prédictions sinistres des bons habitants de Lennoxville. Ainsi, l’on peut maintenant aller de Sherbrooke à Boston en droite ligne, sans même changer de chars. Les convois de passagers quittent cette ville à 7:15 du soir et 4:15 le matin, après l’arrivée des convois de Montréal dus ici à ces heures.

Les préparatifs sont maintenant presque terminés et les travaux se poursuivent avec la plus grande activité pour rendre le terminus digne de l’importance de cette ligne. Ces travaux sont considérables. C’est une bonne aubaine pour notre ville, qui possédera bientôt aussi le terminus du chemin International de St. François et Mégantic, la ligne la plus courte pour aller aux Provinces maritimes. Comme nous l’avons déjà dit, le chemin Massawippi qui s’étend sous ce nom jusqu’à la frontière, près de Stanstead, appartient à une Compagnie canadienne; mais il est loué pour l’exploitation à la Compagnie du chemin connu sous le nom de  »Connecticut & Passumpsic Rivers Valley Railway ».

Au Colonel Pomroy, de Compton, Président de la Banque des Cantons de l’Est; à Sir. A. T. Galt, notre habile député aux Communes; à l’Hon. J. H. Pope, notre nouveau Ministre de l’Agriculture; à l’Hon. J. S. Sanborn, notre habile Sénateur; à C. C. Colby, Ecr, M. P. pour Stanstead, et à bon nombre d’homme à chemin de fer, amis du progrès, revient l’honneur d’avoir, en aussi peu de temps, doté de cette ligne cette partie importante de notre District et surtout notre prospère petite ville.

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Le train fait son apparition au Bas-Canada [1836]

Tué par les chars [1873]

Le train fait son apparition au Bas-Canada [1836]

La Minerve, 25 juillet 1836

L’INAUGURATION du pont de M. Lachapelle qui s’est faite mercredi dernier a été suivie, le lendemain, d’une cérémonie non moins imposante, et bien digne d’occuper une place dans les annales de l’histoire. Nous voulons parler de l’ouverture du chemin de fer qui vient d’être achevé entre La Prairie et St. Jean sous l’autorité d’un acte de la législature. C’est à juste titre que nous entendions parler depuis longtemps des avantages qu’offrent ces routes qui sillonnent maintenant le [sic] États-Unis dans toutes les directions. Nous pouvons en apprécier nous-même les heureux résultats. Les personnes qui sont à la tête de cette vaste entreprise ont eu beaucoup de difficile à vaincre, cependant, cette oeuvre gigantique a été couronnée du plus brillant succès.

Estampe | Le premier chemin de fer au Canada, partant de Laprairie, Québec | M20906

Le premier chemin de fer au Canada, partant de Laprairie, Québec

Jeudi, vers dix heures et demie, la barque à vapeur Princesse Victoria est partie de ce porte avec plus de 500 personnes à bord, spécialement invitées par les directeurs, pour être témoins de l’ouverture du chemin. Du nombre se trouvaient lord Gosford, sir George et lady Gipps, sir Charles Grey, M. Elliot, secrétaire de la commission, les officiers de la garnison, L’hon. L. J. Papineau, plusieurs membres de la chambre et du conseil, M. le supérieur du séminaire, le corps mercantil, grand nombre de citoyens de distinction, et quelques étrangers distingués qui se trouvaient alors à Montréal.

Le Steamboat fit le trajet en 50 minutes. Arrivé à Laprairie, les dames et les principaux personnages furent placés dans les deux charts couverts et élégamment décorés, et furent traînés par le locomoteur. Les autres charts furent traînés par des chevaux. Un accident survenu au char qui contient la force locomotive l’empêcha de remorquer les autres charts au nombre de 14 à 15, c’est pourquoi il fallut se servir des chevaux. En peu d’instans les chars qui étaient à la remorque du locomoteur furent hors de vue. Tous les convives arrivèrent à St. Jean vers deux heures où une table splendidement servie les attendait. La colation [sic] qui consistait en viandes froides accompagnées d’excellent vin était servie dans un très grand édifice nouvellement bâti à l’extrémité du chemin de fer. Il était élégamment décoré avec des branches de sapin et des drapeaux.

La première santé fut celle du roi, portée par l’hon. P. M’Gill président de l’association; il prit occasion de parler de la réussite de l’entreprise, et des avantages qui en découleraient. Il fit aussi l’éloge des Canadiens qui presque seuls furent employés à faire ce grand travail.

La seconde santé fut  »le président des États-Unis »,  »la troisième  »lord Gosford et les dames et messieurs présents à cette fête. » Son excellence fit des remerciemens par un discours prononcé avec fermeté et éloquence; elle s’étendit assez au long sur les avantages que la province retirerait de semblables entreprises. Plusieurs autres santés furent portées du nombre desquelles sont celles de M. Lindray l’un des commissaires et M. Casay l’ingénieur qui conduisit les travaux. Une médaille en or lui fut présentée en signe d’approbation de sa conduite.

Après près de deux heures passées très agréablement à table, chacun pensa à reprendre sa place dans les chars. En retournant le locomoteur en prit quatre à sa remorque et fit le trajet en 59 minutes. Les douze autres chars furent trainés par les chevaux comme en allant. Le retour, comme d’usage, fut un peu plus bruyant, la gaité était à son comble. Plusieurs, animés par la réception vraiment cordiale que leur avaient faite les directeurs, d’autres par la fumée du champagne, exalaient leur joie et leur satisfaction de différentes manières. Quelques uns même, (avec la permission de M. Sword qui surveillait le repas) s’étaient munis de quelques bouteilles d’excellent madère afin de se prémunir contre la soif qui les avaient dévoré en allant. Pour signaler le départ  la chanson canadienne fut entonnée de cris de joie et d’acclamations à la façon de nos voyageurs.

Toute la bande joyeuse étant arrivée à bord de la Princesse Victoria le Steamboat laissa le quai, mais à peine les mouvements avaient-ils fait quelques révolutions que le vaisseau s’échoua. Ce ne fut qu’après avoir débarqué une partie des passagers dans une grande berge que le vaisseau fut remis à flot. Il parti avec une telle rapidité que le cable qui amarait la berge au Steamboat se rompit, et laissa cette embarquation bien en arrière, vogant au gré des flots. Il fallut rebrousser chemin pour reprendre les passagers. Dans cette manoeuvre un homme de l’équipage tomba à l’eau, et fut sauvé par son adresse à nage.

Tout ces contre temps causerent une long délai, et après avoir fait environ une demi lieu, le pilote déclara qu’il craignait de descendre jusqu’à Montréal, le temps étant couvert et la brunante étant tombée. Il fallut retourner à Laprairie, où chacun passa la nuit du mieux qu’il put. On ne saurait trop faire l’éloge de l’hospitalité des citoyens du villag [sic] qui vinrent en foule offrir leurs maisons et leurs lits à ceux de leurs amis qui débarquèrent du vaisseau. Le lendemain matin à 6 heures le steamboat debarqua au port de Montréal celles des personnes qui avaient été assez matinales pour s’embarquer à son bord.

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Tué par les chars [1873]

Tué par les chars [1873]

Le Pionnier de Sherbrooke, 8 août 1873

TUE PAR LES CHARS – Samedi dernier, un cultivateur, nommé Edward Richardson, du canton de Cleveland, en ce district, était en corvée de foin chez un de ses amis. Il y prit trop de boisson et s’enivra. En revenant le soir, il lui prit fantaisie de laisser la voiture de son compagnon, un demi-mille environ avant d’arrive à la traverse du chemin de Kingsey, sur la voie du Grand Tronc. Il parcourut cet espace à pied, en trébuchant de temps à autre, et arriva au chemin de fer juste à temps pour s’y rencontrer avec le convoi de vitesse venant de Québec et arrivant à Richmond à 5:30 p.m. Inutile de dire que cette rencontre fut fatale au malheureux cultivateur. La locomotive le tua raide. En traversant le chemin, il s’était pris le pied entre la lisse et un madrier, position d’où il ne peut se tirer à temps, et malheureusement il était trop tard lorsqu’il fut aperçu par les conducteurs du convoi. M. Le coroner de cette ville a tenu une enquête. Verdict conforme à ces faits.

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Collision [Intercolonial, entre le Bic et Rimouski, mars 1889]

Extrait du Courrier de Fraserville (Rivière-du-Loup) 21 mars 1889

COLLISION

Une terrible collision a eu lieu mardi dernier, sur l’Intercolonial, entre le Bic et Rimouski. L’express d’Halifax, avec une vitesse de quarante miles à l’heure, est venue à la rencontre d’un train de marchandises qui courait trente à trente cinq milles.

La rencontre s’est faite dans une courbe de la voie, ce qui a empêché les deux trains de se voir.

Les deux engins ont été mis en pièces. Mais les chars n’ont pas éprouvé de grands dommages, sauf deux ou trois chars du convoi de marchandises qui ont été renversés de fond en comble.

Les morts sont au nombre de quatre.

Ce sont: Whitney, l’ingénieur de l’express, qui a eu le crâne complètement emportée à partir de la hauteur des yeux. Il est resté assis sur son siège.

Cet ingénieur résidait ici et était le fils unique de M. Whitney, principal mécanicien des usines de l’Intercolonial à Moncton.

On dit qu’il devait se marier sous peu avec une jeune fille de Fraserville.

son corps a été transporté à Moncton hier.

Fohy, chauffeur sur l’express, a littéralement été écrasé.

Il demeurait ici avec sa mère et un frère, aussi emploué sur l’Intercolonial.

Horace Michaud, conducteur de convoir de marchandises.

Il était dans l’engin de ce convoi lors de l’accident.

Arthur Levesque, chauffeur de ce train.

Ces trois derniers demeuraient à Fraserville. Le conducteur Michaud est marié et laisse une épouse et un enfant. Levesque et Fohy ne sont pas mariés.

Leurs corps sont arrivés hier sur un train spécial.

Parmi les blessés, on compte Alfred Jolivet, ingénieur du train de marchandises. Levesque, serre-freins sur le même train. Leurs blessures sont graves quoique non mortelles.

Jolivet a eu le crâne défoncé en arrière de la tête et l’oeil gauche sorti de l’orbite.

Levesque a une jambe et un bras cassés avec des contusions internes.

Photographie | Pont du chemin de fer Intercolonial à Rimouski, QC, 1875 | MP-0000.1828.16

Pont du chemin de fer Intercolonial à Rimouski, QC, 1875

Il n’y a pas de blessés parmi les passagers sur l’express.

On dit même que le choc ne s’y est pas fait beaucoup sentir. Cela est dû au sang froid et à l’énergie du malheureux Whitney qui réussit à faire jouer les freins air brakes dans le court instant (une couple de secondes) qui s’est écoulé entre la vue du tram qui venait à sa rencontre et la collision.

Aussi au fait que la rencontre a eu lieu dans une courbe, ce qui a eu pour effet de faire dévier la force de la pesanteur des deux trains et d’amortir le choc.

C’est la plus terrible collision qui se soit vue sur l’Intercolonial depuis l’ouverture de ce chemin.

Cette catastrophe n’est dûe à la faute d’aucun ancien employé.

Mais on nous dit que le pauvre conducteur Michaud a montré un peu de négligence. Si cela est vrai il en a été bien cruellement puni.

Voici d’après les dernières nouvelles la véritable cause de ce triste accident.

Il est laissé à la discrétion des conducteurs de partir d’une station pour aller rencontrer un train régulier à une station voisine pourvu qu’ils aient le temps nécessaire de se rendre à cette station, avec en plus une avance de 15 minutes. Une fois rendu au Bic le conducteur Michaud avait cinquante cinq minutes pour rencontrer l’express à Rimouski, ce qui lui donnait 35 minutes pour franchir la distance entre les deux places et au delà de 15 minutes pour se mettre sur la voie d’évitement à Rimouski. C’était suffisant, et le conducteur Michaud donna ordre de partir du Bic.En chemin la neige ralenti sa marche considérablement et rendu un peu plus bas que le Sacré Coeur, il ne lui restait plus que cinq minutes pour se rendre à Rimouski avant l’Express d’Halifax.

Alors, au lieu d’arrêter son convoi et de faire porter des signaux en avant pour avertir l’express- ce qui aurait été plus prudent – se fiant sur le retard problématique de ce dernier train, il fit forcer la vapeur pour le devancer à Rimouski.

Malheureusement, l’express était à temps, elle repartir de Rimouski avant que le convoi de Michaud n’y fut arrivé et le rencontra en chemin.

De là la collision, les nombreuses pertes de vies, et les dégâts considérables que nous avons la douleur d’enregistrer.

Puisse cette catastrophe servir d’exemple pour longtemps.

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Le site web de la Société d’histoire de la Haute-Yamaska a une section blogue fort intéressante. On y trouve des articles comme:

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Une Granbyenne, première dame du Canada

Gabrielle Roy et Granby

Warden, un patrimoine à découvrir

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Photographies: Centre de ressources pour l’étude des Cantons-de-l’est/ Eastern Townships Resource Centre

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