Enterrée vivante [Montréal, 1874]

Si vous souffrez de taphophobie, passez votre chemin…

La Minerve, 7 novembre 1874

« ENTERRÉE VIVANTE – Le cimetière protestant a été, il y a quelques jours, le théâtre d’une scène horrible. Une dame nouvellement mariée tomba subitement malade et mourut deux jours après avoir pris le lit. Pendant trois jours son corps fut exposé, présentant tous les signes de la mort, moins la décomposition et la difformation des traits, et lorsqu’on le déposa dans le cercueil, les personnes présentes remarquèrent qu’il était parfaitement conservé.

A l’arrivée du convoi funèbre au cimetière, le cadavre fut transporté dans le charnier, car un parent de la défunte, arrivé au dernier moment, demandant à contempler une dernière fois ses traits. Mais quel fut l’effroi des assistants lorsqu’en ouvrant le cercueil on s’aperçut que le corps n’occupait pas la position dans laquelle on l’avait placé. Il était couché sur le côté, la tête était rejetée en arrière et il faut croire que la malheureuse femme a fait un suprême effort pour rompre l’enveloppe de son cercueil, car ses bras étaient élevés en l’air.

Nous renonçons à peindre la terreur des personnes présentes; le mari, fou de désespoir, poussait des cris affreux et s’arrachait les cheveux et plusieurs femmes s’évanouirent. L’une d’elle, en revenant de sa syncope, [illisible] une crise nerveuse et on dû la transportée [sic] à l’hôtel Denzer, qui se trouve à l’entrée du cimetière.

On suppose que l’infortunée était en léthargie et que le mouvement du corbillard, dans lequel était placé le cercueil l’aura fait revenir à la vie.

Pour des raisons de convenance, nous supprimons les noms, mais nous garantissons la véracité de cette horrible histoire, que nous tenons de témoins dignes de foi. »

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UN CERCUEIL SUR LA RIVE [1892]

L’ENTERREMENT DE JOSEPH GUIBORD [MONTRÉAL,1875]

L’OEUVRE DE RÉSURRECTIONNISTES (QUÉBEC, 26 JANVIER 1866) – vols de cadavres par des étudiants en médecine

CIMETIÈRE SAINT-CHARLES À QUÉBEC

Visite aux cimetières [Sherbrooke, 1912]

Le Progrès de l’Est, 17 septembre 1912

« VISITE AUX CIMETIÈRES

Dimanche, par un temps semi idéal jusque vers la soirée, a eu lieu la pieuse et sainte visite rituelle annuelle aux tombes des cimetières catholiques. Vu le temps propice, il y avait une foule énorme, voiture, autos, tramways ont pu à peine suffire pour transporter les visiteurs.

La cérémonie religieuse au cimatière a été des plus solennelle et des plus impressive. Mgr LaRocque présidait, entouré de tout son clergé des paroisses et établissements de la ville. au pied, et sur les marches de la grande croix centrale, Monseigneur a, selon sa bonne habitude, fait son sermon en anglais. C’était bien l’endroit pour rappeler à tous les fidèles: la brièveté, l’incertitude de la vie, la mort qui arrive tôt ou tard, et au temps même le plus imprévu, et la nécessité d’une bonne préparation à totu instant pour paraître devant Dieu. Eut-il eu le pressentiment de l’accident fatal tragique qui allait, au même moment, à quelque distance, frapper une sherbrookois (J.-Philippe Pothier), de la paroisse, Mgr n’aurait pas pu mieux parler et rappeler au devoir.

Le sermon de circonstance, par M. l’abbé Desaulniers, vicaire de la cathédrale, a suivi les allocutions épiscopales, et a été écouté avec grande attention.

Le liberal solennel a été chanté par les chorals des paroisses de la ville et a produit grand effet à l’air libre. La cérémonie s’est terminée avec la bénédiction générale donnée par Mgr. Et la journée s’est achevée par la visite et les prières aux tombes. Il était temps, la brume pluviolante a alors commencé pour dégénérer en pluie battante.

A Montréal, malgré le temps demi pluvieux, la visite a été faite au grand et superbe cimetière de la Côte des Neiges du Mont-Royal par des milliers et des milliers de personnes, sans aucun incident ni accident. Mgr l’archevêque Bruchési, entouré d’un nombreux clergé, a présidé toute la cérémonie et a fait les allocutions de circonstances. Les chants graves du « Stabat Mater » et du Libera » qu’amplifiait la situation si belle du lieu, ont été rendus par tous en effet puissant accompagnés par l’excellente musique de l’Harmonie Montréalaise, dirigée par le bien connu M. Hardy.  »

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ENTERRER LES MORTS [QUÉBEC, 1818]

DÉSORDRE À LA CATHÉDRALE [QUÉBEC, 1845]

L’ENTERREMENT DE JOSEPH GUIBORD [MONTRÉAL,1875]

SINGULIER EFFET DE LA FERMENTATION DES SUBSTANCES SPIRITUEUSES [LOUISIANE, 1836]

Enterrer les morts [Québec, 1818]

Le Canadien, 27 juin 1818

Nous avons inséré dans nôtre Feuille de ce jour un article sur les Cimetières extrait du Conducteur de l’Etranger à Paris. Cet article doit d’autant plus nous intéresser que nous conservons encore jusqu’à ce jour la même méthôde d’enterrer les morts. Les inconvéniens qui sont résultés dans Paris de la méthôde de donner pêle mêle la sépulture aux morts ne doit pas tarder à se faire sentir dans Quebec. Les citoyens ne peuvent s’empêcher de regretter que leurs plus proches parens soient entassés parmi la foule de manière à méconnoitre en peu d’années leurs Tombeaux. Le désir de procurer aux morts une tombe commode et même somptueuse s’es fait sentir chez tous les peuples du monde; et on a même jugé du dégré de leur civilisation par leur sépulture. Si donc on jugeoit de nos progrès dans les sciences par le Cimetière des Picotés on auroit assurément une bien triste idée de nous.

On dit que les Marguilliers de la Paroisse de Québec ont acheté un terrain commode et spacieux pour un cimetière. Nous espérons qu’ils s’occuperont sans délai de cet objet important et qu’ils ôteront tout prétexte d’enterrer dans l’Église paroissiale. Car que resulte-il de l’etat rétréci et bourbeux de nôtre Cimetière? c’est que les gens riches qui aiment et respectent leurs parens préfèrent payer plus cher, et les faire enterrer dans l’église parce qu’ils répugnent à les mettre dans le Cimetière des Picôtés. Mais l’enceinte de l’Eglise même n’offre aucune commodité pour cet objet. L’Église est batie sur un roc, et comment trouver de la terre pour couvrir les morts.

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Cimetière Saint-Charles à Québec

Découverte sur le site de l’ancien château et fort St-Louis à Québec en 1854

Il y a 100 ans décédait le Marquis de Montcalm [Québec, 1859]

Des ossements retrouvés à l’Anse au Foulon [1924]

Cimetière Saint-Charles à Québec

Un des monuments funéraires les plus connus du cimetière Saint-Charles. Auteur de la photo: Vicky Lapointe

Dans le cadre du projet de l’Encyclopédie du patrimoine culturel de l’Amérique française, j’ai rédigé un article à propos du cimetière Saint-Charles à Québec. Des personnalités connues comme l’écrivain Roger Lemelin, Blanche Garneau, le photographe Jules-Ernest Livernois et l’ancien maire de Québec Lucien Borne y sont inhumés. Bonne lecture!

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L’histoire et le patrimoine de Québec – site de la CCNQ

Basse-Ville Haute-Ville de Jean-Pierre Charland: roman sur l’affaire Blanche Garneau

L’incendie de l’hospice Saint-Charles [Québec, 14 décembre 1927]

Carnet de Québec, un itinéraire en images et en mots

La petite histoire du crime: la bande à Chambers (Québec et sa région 1831-1835) Première partie

Photographie: Les Livernois (Québec, 1856-1974)

Qu’est-il arrivé à Thomas Davis? (Sherbrooke, 17 février 1884)

Au cimetière Elmwood de Sherbrooke (fondé en 1890),  un monument funéraire a attiré mon attention. Sur une de ses faces, il est écrit:

Thomas Davis
Sommersetshire England
Died February 26 1884
Age 26 years
from the effects of injuries recd (received)

on the [head while] on duty

Plus bas, on lit  »Fire » et  »Police » ainsi que  »erected by sympathizing citizens ».

On voit que des pompiers, des policiers et d’autres citoyens ont tenu à rendre hommage à Thomas Davis.   Ce monument est très grand (environ 2 mètres) et il ressemble à une obélisque. Je me suis donc demandé dans quelles circonstances était décédé Thomas Davis.

Voici ce qui s’est passé, d’après les articles publiés dans le Progrès de l’est de Sherbrooke.

19 février 1884, p.2.

Sur la rue Liverpool* dimanche, vers les cinq heures du matin, le connétable Davis s’en allait en voiture accompagné d’un ami. Tout-à-coup, l’une des bandes du harnais se brisa et la voiture vint frapper les jarrets du cheval. Celui-ci, un peu fringuant, pris le mors aux dents et il fut impossible de le morigéner. Aussitôt, prévoyant le danger qu’ils courraient, le compagnon de M Davis s’élança hors du traineau et ne reçut aucun mal, tandis que le connétable fut jeté sur la glace vis-à-vis le bureau du moulin à scie. On accourut à lui et on le ramassa sans connaissance. Il a la tête horriblement déchirée et fendue en plusieurs endroits. Bien que ses blessures soient graves on ne pense pas qu’elles soient mortelles.

*Liverpool = King Ouest de nos jours (voir carte de Sherbrooke de 1910, BANQ)

10 jours plus tard…

Le 29 février 1884, Progrès de l’est, p.2

M. Thomas Davis, qui, le dix-sept courant, a été jeté hors de sa voiture sur la rue Queen*, est mort des suites de sa blessure, mardi soir. Il n’a presque pas recouvré sa connaissance depuis le jour de l’accident. Il était âgé de 26 ans et appartenait au corps de police depuis 10 mois. Ses funérailles ont eu lieu hier après-midi au cimetière Union, au milieu d’un grand concours d’amis. Les hommes de la police et de la brigade du feu assistaient en corps. Le défunt était très estimé de tout ceux qui l’ont connu.

*Queen = Queen-Victoria de nos jours (voir carte de Sherbrooke de 1910, BANQ)

En somme, Thomas Davis a été victime, en plein hiver, d’une chute fatale. Triste fin.

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Cimetières, patrimoine pour les vivants

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Un site internet amélioré pour la Société d’Histoire de Magog

Cimetières, patrimoine pour les vivants

Le cimetière est le reflet de la société, ses valeurs et ses croyances. L’ouvrage ‘’Cimetières, patrimoine pour les vivants’’ discute du cimetière québécois, selon une perspective historique et ethnologique.

L’ethnologue Jean Simard et le photographe François Brault ont participé, avec onze collaborateurs, à cet ouvrage. Les auteurs démontrent que les cimetières font partie du patrimoine du Québec et qu‘ils peuvent nous en apprendre beaucoup sur notre société.

La première partie de cet ouvrage retrace l’évolution des cimetières, de l’Antiquité jusqu’à nos jours. On y apprend entre autre qu’au Québec, des gens de l’élite ont été enterrées dans des cimetières ad sanctos (en-dessous de l‘église) jusqu’au 20e siècle.

cimetiere

La deuxième partie souligne que pendant longtemps, la tradition dictait le rituel de la mort. Par exemple, pour être enterré dans la partie consacrée d’un cimetière catholique, il fallait correspondre aux normes sociales. Etaient exclus les ivrognes, les athées, les personnes aux moeurs discutables…

Ensuite, les auteurs montrent que le cimetière a perdu progressivement son caractère religieux.

Pour terminer, on analyse le langage des monuments funéraires. On se pencher aussi sur la préservation des cimetières. L’exemple du cimetière Saint-Maurice de Thetford Mines m’a particulièrement frappée. Ce cimetière a été recouvert de pierres concassées, malgré l’opposition des paroissiens et avec la bénédiction du curé. Quelle honte!

Ce livre nous fait redécouvrir les cimetières. Certains monuments funéraires sont de magnifiques oeuvres d’art. Ils sont mis en valeur par les photos de François Brault. Un livre impressionnant, qui suscite la réflexion. Ne laissons pas ce patrimoine dépérir!

Cimetières, patrimoine pour les vivants. Par Jean Simard, François Brault et coll. , Editions GID, 2008, 452 pages.

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