Le moulin de Metgermette [Sainte-Aurélie, 1874]

Aujourd’hui, on visite Sainte-Aurélie, toute jeune paroisse en 1874, et plus particulièrement son moulin. De nos jours, vous pouvez visiter le Vieux moulin de Metgermette.

Extrait de la Colonie française de Metgermette par André-Napoléon Montpetit, publié en 1874

Un mot maintenant des travaux exécutés ou en voie d’exécution. Avant de conduire deux cents familles dans la forêt il fallait au préalable leur préparer des logements séparés. Or, deux cents maisons, sans compter une chapelle, un marché, une maison d’école, des ateliers etc., ne se construisent pas en un jour. Avec le temps donné, trois ou quatre mois, il était de toute impossibilité’d équarrir ou de scier de long la masse de bois requise pour d’aussi grands travaux. Ce que voyant du premier coup d’oeil, M. Vannier décida de bâtir un moulin à scier le bois qui put répondre non seulement aux besoins du premier établissement, mais encore à ceux de toute la colonie. M. Larochelle, député de Dorchester, fut chargé de bâtir le moulin. A son frère M George Larochelle fut confiée la direction des travaux sous les ordres de M. Vannier.

Le temps pressant il fallut se se mettre à l’oeuvre dans la plus mauvaise saison au cœur même de l’hiver. Pour creuser l’assiette où poser le cadre du bâtiment il fallut miner des masses de roc et de terre gelée aussi dure que le roc. Le creusement de la dalle dût s’opérer de la même façon. Vers la fin de janvier dernier, lorsque je visitai Metgermette pour la première fois, je posai la première cheville dans la charpente du moulin pour relier les premiers pontons, les grandes pièces au cadre. Six semaines plus tard tout le moulin était debout, le mécanisme placé et prêt à être mis en opération. C’est la construction la plus considérable et de beaucoup la plus importante de l’établissement. Il mesure 60 pieds sur 40 et comme bien on le pense il n’entre dans sa charpente que du bois de premier choix. Du châssis au faîte, sa hauteur est de 36 pieds. Deux jeux de scies (gangs) une scie ronde à découpage, un double ledger, une meule à affûter les scies, une machine à latte,s une autre à godendards y sont installées. Toutes ces diverses machines reçoivent l’impulsion d’une turbine de 42 pouces de diamètre et d’une force de 65 chevaux achetée de la célèbre maison Lefuel d’Oshawa. La chute d’eau, de quatorze pieds, peut être au besoin élevée de trois à quatre pieds. Une dalle creusée dans le roc vif, boisée en bois de cèdre d’une largeur de douze pieds et d’une longueur de deux cents pieds conduit les eaux du lac Abénakis, suspendues par une forte chaussée, jusqu’au moulin. La chaussée, construite en fortes pièces de cèdre de pin et d’épinette, est épaulée par trois quais massifs en queue d’aronde remplis de pierres et de gravier. Elle peut résister aux plus rudes assauts.

On nous dira peut être que ce moulin n’est pas extraordinaire après tout. Qu’il soit bien et solidement construit rien d’étonnant à cela; les frères Larochelle ont fait depuis longtemps leurs preuves dans ce genre de travaux; que la charpente soit de bois trié, rien d’étonnant encore, au milieu d’une si belle forêt; d’accord là dessus mais si l’on réfléchit un peu, si l’on songe à la distance qui sépare les villages les plus voisins et surtout la ville de Québec, où il a fallu de toute nécessité se procurer les outils, le fer, les machines, etc., sans compter les vivres, le fourrage etc.,  du lieu où ces travaux ont été exécutés, il faut avouer que les résultats obtenus sont plus qu’ordinaires, presque surhumains. Et des chemins? pas autres que ces chemins de sucrerie dont j’ai parlé, où il a fallu faire passer des machines d’un poids énorme, la turbine entre autres qui pèse 3,600 livres.

Tel que vous le voyez dans la photographie que je vous envoie, le moulin est pour ainsi dire à l’état de squelette. Sa charpente ne porte encore que la couverture et les trois planchers du rez-de-chaussée du premier et du second étages; on lui a laissé le soin de compléter lui-même sa toilette, de se tailler une robe dans les milliers de billots qui l’entourent ou qui flottent sur le lac sous la protection de fortes estacades.

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Transmission de la mémoire d’une région par ses aînés: l’exemple des Etchemins (Bellechasse)

Projet d’une colonie belge dans le Canton de Langevin [1871]

Des nouvelles d’une paroisse de colonisation: Saint-Zacharie de Metgermette [1881]

Les pauvres de Saint-Gervais [1807]

Projet d’une colonie belge dans le Canton de Langevin [1871]

Twitter m’informe que c’est aujourd’hui la fête nationale des Belges, alors parlons un peu des Belges.

En 1871, l’abbé Pascal Jacob Verbist était venu analyser les possibilités qu’offrait pour les immigrants belges le canton de Langevin, (renommé plus tard Sainte-Justine). Fin 1871, il visite la Trappe du Saint-Esprit, située dans ce canton. En ce coin de colonisation résidaient plusieurs moines trappistes d’origines belges ayant des liens avec l’abbaye de Saint-Sixte.

L’article suivant retrace donc la visite de l’abbé Verbist dans le township Langevin.

Le Journal de Québec, 19 décembre 1871

Le Monastère des Trappistes et la Colonie belge

L’abbé Verbist, prêtre belge, nous est revenu aujourd’hui même d’une petite excursion dans le comté de Dorchester. Il y a visité les révérends Pères Trappistes, dont le monastère se trouve dans le township Langevin, à 63 milles de Québec. Le révd. Père Prieur a eu l’obligeance de lui montrer la maison et ses dépendances dans tous leurs détails et de fournir les explications les plus minutieuses sur les différents travaux agricoles auxquels les moines se livrent depuis l’érection du monastère.

C’était en 1862, que ces religieux austères, d’origine belge, pénétrèrent dans les forêts vierges de Langevin, à 12 milles au-delà de toute route praticable, et y jetèrent les fondements du monastère, qui fait aujourd’hui l’admiration des visiteurs, qui dirigent leurs pas vers cette contrée isolée et lointaine. Avec le concours du gouvernement ils ouvrirent des chemins dans toutes les directions, qui facilitent l’accès de leur établissement, et ils y établirent ensuite, à un mille de distance, la paroisse de Sainte Justine, qui est aujourd’hui un centre assez important autour duquel viennent se grouper bon nombre de colons, auxquels ces excellents religieux servent de seconde Providence. Les chemins sont beaux et le défrichement des terres a été poussé sur toute la ligne avec une vigueur qui étonne et qui ne se rencontre pas ailleurs. En effet, à eux seuls, les Pères Trappistes, qui occupent une propriété de 800 arpents, en ont déjà défriché plus de 450, pendant l’espace de quelques années. Leur communauté se compose de dix-neuf religieux, dont quatre prêtres, qui tous sont occupés aux travaux des champs.

Sainte-Justine – Monastère de la Trappe / L. P. Vallée . – [Vers 1875] Source: BANQ

De plus, ils se trouvent obligés de se faire aider par de nombreux ouvriers, sous la hache desquels les forêts se dépeuplent comme par enchantement. La ferme, qui vaut plus d’une ferme-modèle, compte 24 vaches laitières, 4 chevaux et une paire de gros boeufs pour le labourage; un troupeau de moutons et quelque menu bétail. Les Pères pourraient, à l’heure présente, subsister avec le seul produit de leurs travaux, si l’année dernière ils n’avaient subi une perte considérable (1,500 piastres) causée par une de ces incendies auxquels le colon se trouve toujours exposé pendant les premières années, lorsque le feu consume ses abattis. Une partie de la récolte a été perdue ensuite, à cause de la gelée extraordinairement précoce de l’automne dernier, ce qui rend leur situation actuelle plus précaire encore. Malheureusement, aucune compensation pécunière ne leur a été accordé de ce chef. Les bons Pères, qui parlent avec effusion de la charité du peuple qui a si généreusement contribué à leur premier établissement et de l’appui puissant que leur accordait la famille Langevin, seraient heureux en ce moment de trouver l’appui du gouvernement, qui certes, ne leur ferait pas défaut, si ces travaux éminemment utiles au pays étaient suffisamment appréciés. Que des agents officiels aillent, à certaines époques, s’enquérir sur les lieux mêmes de la situation véritable, et il est certain qu’un établissement de cette nature, où l’on n’a nullement à craindre de gaspillage des deniers publics, ne restera point en souffrance.

Au point de vue d’une colonie flamande, le voisinage des Pères Trappistes, qui ont créé des moulins à farine et des scieries de bois; qui sont avec les Belges en communauté de langue et qui ont largement profité des leçons de l’expérience, serait d’une utilité incontestable; les Belges appuyés sur le monastère de leurs compatriotes occuperaient là un emplacement des mieux choisis sur les confins des townships Roux, Langevin, Standon et Ware; ils s’y trouveraient en famille. Aussi, si cette perspective devait se traduire en réalité dans un avenir prochain, le révérend Père Prieur offre son généreux concours, et il promet à l’abbé Vervist de contribuer largement à faire réussir un projet si utile à tous égards.

D’un autre côté, la société de colonisation No 2 du comté de Dorchester, qui a son siège d’opération à Sainte-Germaine, sur le lac Etchemin, se réunissait dimanche dernier, après l’office divin. Lorsque l’abbé Verbist, qui y assistait, eut exposé le but de son voyage parmi eux, l’assemblée, sur la proposition de M. Bellarmin Lapierre, juge de paix du canton, vota par acclamation, une première somme de 50 piastres, sur les 150 qui leur sont alloués par le gouvernement, pour contribuer à l’ouverture d’un chemin qui permettrait aux Belges la création d’une paroisse dans ces parages. Cette noble initiative prouve à toute évidence le bonheure qu’éprouverait la population toute entière, si dès le printemps prochain, une colonie belge venait s’établir parmi eux. Avec les éléments de prospérité décrits ci-dessus, la chose ne serait pas impossible, pour peu que le gouvernement y prête la main et s’en occupe en temps utile. Espérons!

Les Belges ne sont pas venus s’établir dans le coin et la trappe du Saint-Esprit a été dissoute l’année suivante. Quant à l’abbé Verbist, il fut nommé curé de Sainte-Pétronille, Ile d’Orléans, en 1872, mais quitta précipitamment sa paroisse deux ans plus tard, en compagnie de sa  »nièce », Mademoiselle Bassibé, avec qui il était partenaire pour la vente de dentelle de Bruges. Il serait décédé accidentellement par noyade aux États-Unis en 1879. (Réf. L’Immigration des Belges au Québec par André Vermeirre, 2001)

De nos jours, on peut se procurer  Vous pouvez aussi vous procurer du délicieux chocolat confectionné par les moines Trappistes de Mistassini ainsi que de l’excellent chocolat belge fabriqué à Lac-Etchemin, près de Sainte-Justine.

Pour en savoir plus

André Côté.  »Fondation de Sainte-Justine de Dorchester (1862-1872) ». Histoire Québec, décembre 1995, vol. 1, no.2.

Municipalité de Sainte-Justine. [En ligne]Site historique des Pères trappistes – Histoire [Page consultée le 21 juillet 2012] Adresse URL

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Brochures de la Société historique du Canada en ligne

Recensement de 1871- Canada

Disparition à la Grosse-île [septembre 1906]

3. Ces gens qui ont marqué notre histoire: Johan Beetz

Faut-il permettre aux Doukhobors de s’établir au Lac-Saint-Jean? [1890]

Pour en savoir plus sur les Doukhobors (venus de Russie), consultez cet article de l’Encyclopédie canadienne et le dossier des archives Les doukhobors, lutteurs de l’esprit de Radio-Canada et.

Galiciens et Doukhobors. Lieu et date non précisée. Credit: Canada. Dept. of Mines and Resources / Library and Archives Canada / C-006600

Extrait de l’Echo de Charlevoix, 6 juillet 1890

Les Doukhobors

Depuis que les doukhobors ont été libérés de la Quarantaine de Grosse Ile, on parle beaucoup de leur établissement dans nos centres de colonisation, notamment au Lac St Jean.

Des délégués de ces immigrants russes sont allés visiter cette régions et d’après un agent de colonisation, ils n’auraient rien vu d’aussi beau pour l’agriculture que cette fertile vallée.

Le  »Soleil » de mardi soir publie quelques mots d’éloge à l’adresse des Doukhobors et termine ses remarques en disant qu’il ne voit pas  »quel danger pourrait faire courir à la province de Québec la présence de ces rudes travailleurs dans la vallée du Lac St Jean, surtout si on les groupait ensemble dans quelque canton exploré, mais non encore habité. »

L’article de l’organe ministériel est très significatif; il a tout l’air d’un ballon d’essai.

D’un autre côté, M. Réné Dupont, agent de colonisation, qui paraît très favorables à ce courant d’immigration dit que  »les Doukhobors ne demanderont au gouvernement fédéral que les mêmes privilèges accordés à leurs frères établis au Nord-Ouest.

Vannage du grain par des femmes doukhobors. Sans lieu, inconnu ou indéterminé. Credit: Bibliothèque et Archives Canada / C-008891

Donc, pour peu que le gouvernement prête son concours, nous compterons probablement quelques milliers de Doukhobors sur nos terres publiques du Lac St Jean. Car nous tenons d’excellentes sources que si leur établissement réussit comme ils le désirent, leurs compatriotes qui se sont dirigés vers l’ouest le printemps dernier, viendront les rejoindre pour former une grande colonie dans le nord de notre province. Ceux qui sont établis dans l’ouest ne sont pas satisfait du climat, et leur intention maintenant est de venir d’établir dans la province de Québec dont le climat, selon eux, est bien préférable à celui de l’ouest.

Devons-nous les accueillir à bras ouvert et faciliter leur établissement dans le domaine national?

Nous voulons croire que les Doukhobors sont des gens paisibles, si paisibles, même qu’ils refusent de faire le service militaire; que ce sont de rudes travailleurs et d’excellents agriculteurs; qu’ils constituent après tout une classe d’immigrands qui est loin d’être inférieure à toutes celles qui l’ont précédée au Canada.

Mais ce n’est pas la question. Que ce soit des Doukhobors, des Finlandais ou toutes autres nationalites, il s’agit de savoir si notre gouvernement est disposé à permettre et à favoriser l’établissement en bloc de 6 ou 7000 étrangers dans l’un de nos centres de colonisation.

Nous ne voulons pas dire que le gouvernement du Québec est prêt à appliquer une telle politique de colonisation. Nous posons tout simplement la question, et nous disons de suite que charité bien ordonnée doit commencer par soi-même.

Un village Doukhobor. Lieu et date indéterminé. Credit: Doukhobors / Library and Archives Canada / C-008890

Avant d’accorder des privilèges spéciaux aux Doukhobors pour faciliter leur établissement sur nos terres publics, les autorites provinciales devraient songer davantage à nos compatriotes, les mettre à même de bénéficier des facilités aussi étendues que possible à l’effet de les engager à s’établir sur le domaine nationa; en un mot, elles devraient réserver ces terres pour les notres, pour les enfants de la province de Québec, et non pour les distribuer aux étrangers. Travailler d’abord par tous les moyens possible à endiguer le courant d’émigration qui décime tous les ans un grand nombre de paroisses, en offrant au colon canadien français de plus grandes facilités d’établissement et en lui assurant des secours sérieux pendant les deux ou trois premières années, afin de l’aider à se maintenir sur le coin de terre qu’il entreprend de défricher, serait, selon nous, pousser l’oeuvre de la colonisation d’une façon beaucoup plus patriotique et plus fructueuse.

Costume typique des Doukhobors, sauf en ce qui concerne les pieds nus. Date et lieu indéterminé. Credit: Doukhobors / Library and Archives Canada / C-008887

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Un policier d’origine hongroise à Québec en 1887?

Un incendie dévastateur au Saguenay-Lac-Saint-Jean, 19 mai 1870

Des immigrants islandais au Canada (port de Québec, août 1876)

Explosion au chemin de fer de la Baie des Ha! Ha! [14 avril 1910]

Aziz George Nakash, photographe arménien à Beauceville, Sherbrooke et Montréal (1892-1976)

Qui sont les Home Children?

Des nouvelles d’une paroisse de colonisation: Saint-Zacharie de Metgermette [1881]

Ce matin, nous voyageons en 1881 en Beauce, plus précisément à Saint-Zacharie, en compagnie de Jules-Paul Tardivel. La paroisse est jeune et Tardivel veut convaincre les colons de venir s’établir à Saint-Zacharie. Voici le récit de sa visite, publié dans le Canadien du 20 juin 1881.

LA COLONISATION

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Saint-Zacharie de Metgermette

Monsieur le rédacteur du Canadien,

J’arrive de Saint-Zacharie de Metgermette, et je m’imagine que vos lecteurs seront bien aisés d’avoir quelques renseignements sur cette nouvelle paroisse.

On croit assez généralement, si je ne me trompe pas, que le canton de Metgermette est situé au milieu des montagnes, qu’il est fort pittoresque, mais très rocailleux, et, par conséquent, peu propre à la colonisation. C’est l’idée que je m’étais faite de cet endroit, et j’ai tout lieu de croire que cette idée est partagée par un grand nombre de personnes. C’est là une très grave erreur qu’il importe de dissiper. Pour connaître un canton il ne suffit pas d’en parcourir un petit coin. Il faut s’enfoncer dans la forêt et visiter un  »township » rang par rang, lot par lot, si l’on veut être en état de juger de l’ensemble de la localité.

C’est ce que j’ai fait ces jours-ci, et je puis vous assurer que le canton de Metgermette renferme une très grande quantité de belles terres.

Mgr l’Archevêque, qui a pris à coeur la belle oeuvre e la colonisation, vient d’ériger Metgermette en paroisse sous le vocable de Saint-Zacharie. Saint-Zacharie est le patron du R.P. Lacasse, et sa Grandeur, en donnant ce nnom au nouvel établissement, a sans doute voulu rendre hommage au zèle et au dévouement du R. Père.

Sa Grandeur, comprenant que la colonisation ne saurait avoir quelques chances de succès sans l’appui du clergé, sachant que nos Canadiens n’iront pas s’enfoncer dans la forêt s’ils n’ont la certitude d’y trouver une chapelle et un prêtre, n’a pas voulu laisser la colonie de Metgermette plus longtemps sans pasteur; Elle a nommé M. Meunier, ci-devant vicaire de Sainte-Marie de la Beauce, à la cure de Saint-Zacharie.

Mercredi dernier, M. Meunier partait de Saint-Georges pour prendre possession, en bonne et due forme, de sa nouvelle paroisse. Le R. P. Lacasse l’avait précédé la veille.

Jeudi, jour de la Fête-Dieu, le R. P. Lacasse a chanté l a messe dans le moulin construit sur la rivière des Abénaquis, près du lac de ce nom, et près, aussi, de la demeure de M. Vannier. M. le curé Meunier a dit, en quelques mots, l’immense bonheur qu’il éprouvait de se voir au milieu de ses nouveaux paroissiens.

Après la messe, il y a eu procession du Très-Saint-Sacrement. Un des reposoirs avait été préparé devant la maison de M. Vannierr et l’autre, à deux ou trois arpents plus loin.

Environ cent cinquante personnes assistaient à la messe et à la procession. Outre les paroissiens de Saint-Zacharie, déjà assez nombreux, il y avait plusieurs étrangers venus de Sainte-Marie, de Saint-Joseph, de Saint-François, de St-Côme, ainsi que du canton de Watford, établissement voisin de Metgermette qui sera desservi pouur le moment par M. le curé Meunier.

En attendant que la chapelle et le presbytère soient construits, M. Meunier occupera le bas d’une maison près du lac; le haut de cette même maison servira de chapelle.

Les paroissiens de Ste-Marie et de St-Joseph ont généreusement doté cette nouvelle paroisse de tout ce qu’il faut pour le culte; vases sacrés, linge de sacristie, etc. Ces cadeaux ont une valeur de plusieurs cents piastes.

Maintenant que le canton de Metgermette est érigé en paroisse et qu’il y a un prêtre résidant, on verra les colons s’y porter en masse. Déjà il y en a plusieurs de rendus et tous les jours des pères de famille, désirant établir leurs enfants, s’adressent à M. Létourneau, agent des terres à St-Joseph, pour avoir des renseignements touchant ce nouvel établissement.

Il reste encore un nombre considérable de bons lots à prendre, mais je conseillerais à tous ceux qui veulent se trouver dans le voisinage de la chapelle de ne point perdre de temps.

Comme je l’ai déjà dit, les terres de la nouvelle paroisse de St-Zacharie sont excellenttes. Il y a quelques endroits où l’on trouve des roches, mais ces endroits sont rares et d’une étendue peu considérable. Règle générale, le terrain est très bon, bien boisé et bien arrosé. On y remarque beaucoup d’érables sur les côteaux, tandis que dans les fonds, qui sont d’une qualité supérieure, il y a du cèdre en abondance.

Ce canton renferme plusieurs beaux lacs, entre autres le grand lac des Abénaquis, le petit lac des Abénaquis, le grand lac St-Jean, et le petit lac St-Jean, ainsi que plusieurs cours d’eau assez considérables pour alimenter des moulins.

En un mot, Saint-Zacharie a tout ce qu’il faut pour devenir une paroisse très florissante.

Un détail qui fera comprendre, mieux que des phrases, les avantages qu’offre cette paroiosse: Deux jeunes colons ont récolté l’an dernier – ce n’était que leur deuxième récolte – 1,300 minots d’avoine, 150 minots d’orge, 40 minots de pois, des patates, etc. C’est à dire que la deuxième année, ils avaient du graind à vendre!

Il manque cependant quelques chose à Saint-Zacharie, c’est la poste. Les braves gens de cette paroisse sont obligés de descendre à Saint-Georges pour avoir leurs lettres et leurs journaux. M. le curé Meunier a écrit immédiatement, à qui de droit, pour demander un courrier deux fois par semaine, et il faut espérer que le gouvernement accordera sa très légitime demande.

Je n’entrerai pas aujourd’hui dans de plus longs détails. Ces quelques lignes suffiront, j’en suis certain, pour convaincre vos lecteurs que l’oeuvre de la colonisation marche bien, grâce à l’énergie de ceux qui sont à la tête de ce mouvement patriotiques. Puisse ce beau mouvement ne point se ralentir par suite de l’apathie de nos compatriotes!

J.P. Tardivel (Jules-Paul Tardivel)

Vous pouvez lire:

Aujourd’hui, Saint-Zacharie ressemble à cela.

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5. Ces gens qui ont marqué notre histoire: Arthur Buies

La maladie des sauteurs du Maine

Transmission de la mémoire d’une région par ses aînés: l’exemple des Etchemins (Bellechasse)

Le patrimoine religieux de Sainte-Marie de Beauce

La colonisation des Cantons-de-l’Est selon Benjamin Sulte (1899)

Voici un texte de Benjamin Sulte extrait de la Tribune de Woonsocket, Rhode Island, édition du 5 juillet 1899.

LES CANTONS-DE-L’EST

(préparé pour la Tribune)

Gravure | Vue de Sherbrooke, QC, v. 1867 | M930.50.8.476

Vue de Sherbrooke, QC, v. 1867

La région située au sud du fleuve Saint-Laurent, Bas-Canada (en arrière des seigneuries faisant face au fleuve) a été arpentée et distribuée en townships ou cantons, il y a un peu plus de cent ans. L’administration coloniale arrangea les choses pour que ces terres soient occupées par des Européens, c’est-à-dire des Anglais, Écossais et Irlandais, tous de langue anglaise et de religion protestante. On crut longtemps que les Canadiens-Français n’y pénètreraient jamais, mais après 1840 il se fit un mouvement qui donna lieu à l’origine de quelques paroisses composées de notre élément. Petit à petit, d’autres groupes se formèrent et prirent de l’extension. Vers 1870 le flot montant des Canadiens-français nous portait à croire qu’ils allaient s’emparer de tous les cantons, et les Anglais, persuadés que cela ne pouvait manquer, se mirent à vendre leur terres pour s’établir en Ontario et dans l’Ouest où les conditions de vie sont meilleures.

Ce qui a porté nos gens à se diriger vers ces cantons est uniquement le voisinage des anciennes paroisses. Ils ne voulaient point s’éloigner du foyer paternel, du moins ils cherchaient à se fixer le plus près possible des lieux de leur naissance. Que la terre fut de second ordre ou pire encore, peu leur important si elle n’était pas trop loin du fleuve Saint-Laurent. Jamais ils n’auraient consenti à faire comme les Anglais, les Écossais, etc. qui se dépaysent lorsqu’ils ont chance de trouver mieux dans une autre endroit – sans tenir compte de la distance. Tel est le secret de cette conquête des cantons qui étonne aujourd’hui notre monde.

Les recensements de 1851, 1871, 1891 indiquent assez clairement la marche envahissante des Canadiens; en voici quelques chiffres, ils montrent le percentage [sic] FRANÇAIS sur le total de la population:

1851 1871 1891
Sherbrooke 15 44 44
Stanstead 9 24 28
Shefford 44 66 77
Missisquoi 19 42 50
Compton 27 45
Wolfe 35 70
Richmond 33
Brome 25 33

Il est peu probable que, en 1901, le recensement mettra les cantons de l’Est a la même proportion que toute la province de Québec où les Canadiens comptent pour un peu plus de quatre vingts par cent.

En 1851 les Canadiens formaient 58 par cent de la population de la ville de Québec; ils dépassent aujourd’hui 8o. Montréal en 1851 n’avait que 45 par cent de Canadiens; on estime qu’ils sont aujourd’hui 70 par cent. Sorel et Trois-Rivières sont dans le même cas. Ainsi la province est bien acquise à notre élément et nous aurions fait d’autres tours de force en ce genre si l’appas [sic] des manufactures n’avait entraîné tant de familles hors du sol natal.

BENJAMIN SULTE

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Photos: l’usine d’amiante Johns-Manville d’Asbestos, juin 1944

Photographies: Centre de ressources pour l’étude des Cantons-de-l’est/ Eastern Townships Resource Centre

Un criminel américain capturé en Estrie [19 août 1913]

Cybermagazine Patrimoine des Cantons-de-l’Est

2. Ces gens qui ont marqué notre histoire: l’abbé François Pilote

Au Québec et ailleurs, on nomme des routes, des rues, des bâtiments et des parcs en l’honneur de personnes qui ont marqué notre histoire. Cette série de billets a pour but de vous faire découvrir ces gens.

©Société Historique de la Côte-du-Sud

©Société Historique de la Côte-du-Sud

Ceux qui ont déjà visité La Pocatière, dans le Bas-Saint-Laurent, connaissent probablement le Musée François-Pilote. Ce musée expose des objets représentatifs du quotidien en milieu rural du début du 20e siècle. Pourquoi a-t-on nommé ce musée en l’honneur de l’abbé François Pilote?

Biographie

François Pilote est né le 4 octobre 1811 à Saint-Antoine-de-Tilly et est décédé le 2 avril 1886 à Saint-Augustin-de-Desmaures.

Après des études au Petit et au Grand Séminaire de Québec, il est ordonné prêtre le 9 août 1836. L’année suivante, il arrive à La Pocatière. Au cours des 34 prochaines années, il occupera divers postes au Collège de La Pocatière, donc celui de directeur, procureur, supérieur et de professeur. Son style ne plaît pas à tous:  »Autoritaire, il prend des décisions sans consultation et se fait très tôt des ennemis parmi ses subalternes  ».

L’enseignement de l’agriculture

Au début de l’an 1859, François Pilote passe quelques mois en Europe, pour parfaire ses connaissances en agriculture. Il souhaite voir les agriculteurs adopter des pratiques modernes pour améliorer le rendement de leurs terres. Peu après son retour, le 10 octobre 1859, il fonde la première école d’agriculture permanente du Canada à La Pocatière. Cette école existe toujours, elle s’appelle maintenant l‘Institut de technologie agroalimentaire (ITA). L’ITA est aussi présente à Saint-Hyacinthe. On célèbre le 150e anniversaire de sa fondation cette année.

Au temps de François Pilote, l’école forme des agriculteurs, mais elle éduque aussi en dehors de ses murs. En 1861, l’école publie la Gazette des campagnes, un journal portant sur le monde agricole.

Départ

François Pilote quitte La Pocatière en 1870 pour devenir curé de Saint-Augustin-de-Desmaures, où il sera très apprécie de ses paroissiens. Il y exercera son ministère jusqu’à son décès, survenu en 1886.

La colonisation du Saguenay

En 1848, il fonde, avec l’abbé Nicolas-Tolentin Hébert, l’Association des comtés de l’Islet et de Kamouraska pour coloniser le Saguenay.

Il a laissé quelques écrits, dont le Saguenay en 1851 ; histoire du passé, du présent et de l’avenir probable du Haut-Saguenay, au point de vue de la colonisation (Québec, 1852) et Mémoire sur la paroisse, le village, le collège et l’école d’agriculture de Sainte-Anne devant accompagner divers objets envoyés par le collège Ste. Anne à l’Exposition universelle de Paris, en 1867 (Sainte-Anne-de-la-Pocatière [La Pocatière], Québec, 1867)  .

Conclusion

En somme, l’abbé François Pilote a fait sa marque en éducation et en agriculture. Il a légué à La Pocatière une école qui forme depuis 150 ans la relève agricole du Québec.

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Références

Études d’histoire religieuse. ‘François Pilote, éducateur et pasteur en milieu rural’ par Paul-André Leclerc. Volume 58, 1992, p. 29-38.

150e anniversaire de La Pocatiere. (Page consultée le 26 juillet 2009). François-Pilote. [n’est plus en ligne]

Serge Gagnon. (Page consultée le 26 juillet 2009). Pilote, François. [en ligne] Adresse URL: http://www.biographi.ca/fr/bio.php?id_nbr=5766

Magazine Histoire Québec. (Page consultée le 27 juillet 2009). Le musée François-Pilote. [en ligne] Adresse URL: http://id.erudit.org/iderudit/11232ac

Auguste A. Béchard. (Page consultée le 27 juillet 2009). M. l’abbé François Pilote, curé de Saint-Augustin (Portneuf) [en ligne] Adresse URL: http://bibnum2.banq.qc.ca/bna/numtextes/sp1480.htm

Jacques Saint-Pierre (Page consultée le 27 juillet 2009). L’école d’agriculture de Sainte-Anne-de-la-Pocatière. [en ligne] Adresse URL: http://web.archive.org/web/20121015172833/http://www.encyclobec.ca/main.php?docid=458 

En complément

150 ans d’enseignement agricole à La Pocatière (2 tomes) par Ulrich Lévesque et Denis Dumont

Archives de la Côte-du-Sud (Page consultée le 27 juillet 2009). L’école d’agriculture. [en ligne] Adresse URL: http://www.shcds.org/expo/agriculture/intro.htm

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Images anciennes du Canada: illustrations tirées de livres rares

early_images_canadaLe site web Images anciennes du Canada: illustrations tirées de livres rares est une initiative de Bibliothèque et archives Canada. Il contient 550 images (surtout des gravures) provenant de récits de missionnaires ou de voyages publiés avant 1800. Les images sont classées par thème et par ouvrage. Parmi les illustrations numérisées, on retrouve celles de Histoire et description generale de la Nouvelle France […] par Pierre-François-Xavier Charlevoix et Les voyages du sieur de Champlain Xaintongeois, capitaine ordinaire pour le Roy, en la marine de Samuel de Champlain.

Comme vous pourrez le constater, certaines images ont des airs de famille. On parle ici de retirages et de variantes. Voir la section A propos du site pour plus d’explications.

Il est intéressant de voir comment les explorateurs et les missionnaires percevaient leur environnement. Certaines illustrations font sourire car elles sont un peu – beaucoup- éloignées de la réalité.

Ce site plaira à ceux qui s’intéressent aux livres anciens et à l’histoire des débuts de la colonisation européenne en Amérique du Nord.

Adresse: http://www.collectionscanada.gc.ca/imagesanciennes/

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