Le vol d’archives françaises au cours de la Deuxième Guerre mondiale est le sujet du livre La mémoire spoliée, Les archives des Français, butin de guerre nazi puis soviétique. L’auteure, Sophie Coeuré, est historienne et professeure à l’école normale supérieure de Paris. Dans ce livre, elle tente de montrer comment et pourquoi les Nazis, puis les

sources: Editions Payot
Soviétiques se sont emparés d’archives. Elle se penche aussi sur le processus de restitution de ces archives, processus qui n’est pas encore complétée à ce jour.
On peut discerner trois périodes importantes. D’abord, entre 1938 et 1940, on assiste à la mise en lieu sûr de plusieurs collections d’archives. La signature de l’armistice stoppe ce mouvement. Certains décident même de détruire des archives au contenu sensible, pour éviter qu’elles tombent aux mains de l’ennemi.
De 1940 à 1944, les Allemands et le gouvernement de Vichy procèdent à des saisies. Ils visent plus particulièrement les documents portant sur le communisme, la franc-maçonnerie, le judaïsme et tout ce qui peut leur apporter des informations pour les aider à gagner la guerre (p.23).
Après la libération, en 1944, ce sont les Russes qui s’approprient des archives, comme »butin de guerre » et en compensation des pertes subies. Ils vont transférer ces archives sur le territoire de l’empire soviétique, où elles demeureront cachées pendant plusieurs années. Des documents seront restitués, au fil des années, selon le gel ou le réchauffement des relations franco-russe.
Sophie Coeuré complète son ouvrage par une réflexion sur les archives et le droit international en temps de guerre. Une bibliographie, une liste des sources ainsi qu’une liste des documents spoliés rendus par les Russes ou encore réclamés par la France est annexée à l’ouvrage.
Cet ouvrage constitue un intéressant survol d’un sujet difficile. J’ai particulièrement été touchée par la lecture de témoignages d’intellectuels et de personnages politiques français, quant aux perquisitions de leurs documents, résultat d’une vie de recherche et de réflexion. A la fin de ce livre, on réalise qu’une quantité inestimable de documents – et de vies- ont été perdus durant la Deuxième Guerre mondiale. De plus, on ignore toujours le sort de documents ayant une haute valeur historique, comme l’original du traité de Versailles.
La mémoire spoliée, Les archives des Français, butin de guerre nazi puis soviétique. Sophie Coeuré, Payot, 2007, 270 pages.
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