Fait divers (un peu macabre)… tiré des voûtes de l’histoire (St-Vallier, 1763)

Il était une fois…

Il était une fois un cultivateur de St-Vallier, Louis Etienne Dodier, et Marie-Josephte, veuve de Charles Bouchard. Nous sommes le 20 juillet 1761. Marie-Josephte et Louis Etienne convolent en juste noce, à l’église du village.

Mariage de Louis Dodier et Marie-Josephte Corriveau. Registres de Saint-Vallier. Family Search.

Mariage de Louis Dodier et Marie-Josephte Corriveau. Registres de Saint-Vallier. Family Search.

La mariée, âgée de 38 ans, a déjà trois enfants: Marie-Françoise, Marie Angélique et Charles. Elle est veuve depuis avril 1760. Tous nos voeux de bonheur aux jeunes mariés.

27 janvier 1763

Hélas, leur  »bonheur » est de courte durée.

On attribue son décès à des coups de sabot donnés par ses animaux. C’est bien connu, un coup de sabot, ça frappe vite et fort.

Acte de Sépulture, Louis Dodier. Registres de Saint-Vallier. Family Search.

Acte de Sépulture, Louis Dodier. Registres de Saint-Vallier. Family Search.

Mais on chuchote au village. Les soupçons se portent sur l’épouse de la victime, Marie-Josephte et sur le père de celle-ci, Joseph.

Le défunt aurait-il appris à ses dépens à quel point le mariage peut se révéler… fatal?

Le 29 mars 1763 s’ouvre à Québec, devant les autorités anglaises (la Conquête, ça vous dit quelque chose?), le procès de Marie-Josephte et de son père. Le 9 avril, Joseph est reconnu coupable (c’est bien connu, certains père ne portent pas leur gendre dans leur coeur) et est  condamné à mort. Marie-Josephte est désignée comme étant complice. Elle est condamnée à recevoir 60 coups de fouets et à être marquée de la lettre M.  Puis, coup de théâtre, Joseph dit n’avoir été que le complice de sa fille. Qu’on ordonne un deuxième procès!

Celui-ci s’ouvre le 15 avril suivant (la justice était rapide, à cette époque). Cette fois-ci, Marie-Josephte avoue avoir tué son mari, en raison de la maltraitance qu’il lui faisait subir. Elle est condamnée à la pendaison, sentence exécutée sur les Buttes-à-Nepveu, près des Plaines d’Abraham, vers le 18 avril. Probablement l’événement a-t-il attiré pleins de curieux…

Son corps est ensuite mis dans une cage et suspendu à l’intersection des chemins de Lauzon et de Bienville (auj. la rue St-Joseph et le boulevard de l’Entente) à Pointe-Lévy (auj. Lévis) pour l’édification des passants. Pendant plus d’un mois. Triste spectacle.

La cage de la Corriveau, Album. Montréal : Beauchemin, 1916, p. 171

Cette histoire a donné naissance à une des légendes les plus effrayantes, terribles et diaboliques du répertoire des contes et légendes du Québec: la Corriveau. Pour bien des gens, aujourd’hui, la Corriveau, c’est une femme qui empoisonne plus vite que son ombre ses (pauvres) maris!

La morale de cette histoire: soyez toujours gentil avec votre épouse.

Joyeuse  Halloween!

Bibliographie

LEBEL, Jean-Marie. La Corriveau : Au-delà de la légende (Comission de la Capitale Nationale) Page consultée le 31 octobre. Adresse

WIKIPEDIA. Marie-Josephte Corriveau.Page consultée le 31 octobre.  Adresse [contient énormément d’hyperliens pour en savoir plus sur la Corriveau]

Billets reliés
L’histoire de l’Halloween

Contes et légendes du Québec (Site internet Y paraît que)

Légendes du Québec: une sélection de sites internet et de livres
Le fantôme de Mary Gallagher (Griffintown, Montréal, 26 juin 1879)

Ann Wiley, bourreau (1775, Détroit)

7. Ces gens qui ont marqué notre histoire: Henri Julien, illustrateur

Histoire judiciaire: Le docteur L’Indienne, un meurtrier en série? St-Jean-Port-Joli, 1829

11. Luc Lacourcière: recueillir et transmettre le patrimoine populaire

11. Luc Lacourcière: recueillir et transmettre le patrimoine populaire

Au Québec et ailleurs, on nomme des routes, des rues, des bâtiments et des parcs en l’honneur de personnes qui ont marqué notre histoire. Cette série de billets a pour but de vous faire découvrir ces gens.

Une bibliothèque à Beaumont, une avenue à Saint-Joseph-de-Beauce, trois rues (Québec, Lévis et Lac-Mégantic), une bourse et une médaille portent son nom. Qui était Luc Lacourcière?

Biographie
Luc Lacourcière est né à Saint-Victor, en Beauce, le 18 octobre 1910. Il étudie au collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, puis au Séminaire de Québec.

En 1934, il est diplômé es lettres de l’Université Laval. Comme plusieurs érudits de sa génération, il va étudier en Europe. Il enseigne collège au Saint-Charles à Porrentruy (Suisse) en 1936-1937. De retour au pays, il enseigne le latin au collège Bourget et au collège Rigaud de Québec (938-1939). Il a été boursier de la Société royale du Canada (1939-1940). En 1943 et en 1944, grâce à une bourse de la fondation Guggenheim, il effectue un stage à la Bibliothèque du Congrès à Washington et à celle de l’université Harvard à Cambridge.

Il est conférencier à la série Radio-Collège de Radio-Canada en 1941 et 1942. Gérard Morisset participe lui aussi à ces émissions radiodiffusées.

Il est le cofondateur de la collection du « Nénuphar » chez Fides. Il est aussi le deuxième directeur de cette collection de 1947 à 1984. En 1952, il publie une édition critique de l’œuvre de Nelligan, Poésies complètes, 1896-1899.

La majeure partie de sa carrière s’est déroulée à l’Université Laval. Il y a occupé divers postes : directeur adjoint aux cours d’été de français (1938-1948), professeur de littérature française (1940-1963), professeur titulaire du folklore et de l’ethnographie (1944-1948) et directeur du département des études canadiennes (1963-1971). Mais surtout, il est le fondateur des Archives du folklore qu’il a dirigé de 1944 à 1975.

Muni d’un magnétophone et doté d’une solide maîtrise de la sténo, notre chercheur parcourt le pays pour recueillir les témoignages de la tradition auprès des bûcherons, paysans et pêcheurs francophones. (Réf).

À partir de cette époque, l’Université Laval devient le principal centre de recherche de la culture populaire des francophones en Amérique du Nord. (Réf)

En 1946, il fonde les cahiers Archives de folklore dont il est aussi l’éditeur.

Luc Lacourcière est titulaire d’une bourse de la fondation Rockefeller en 1956-1957, ce qui lui permet d’amasser des données pour la compilation de la Bibliographie raisonnée des traditions populaires françaises d’Amérique.

Il organise en 1961 le XIVe congrès de l’International Folk Music Council à Québec. Il s’est aussi signalé en présentant des conférences.

Il décède à Québec le 25 mai 1989

 

Prix et honneurs

Trois doctorats honorifiques lui ont été remis: Lettres (McGill 1966), Ethnographie (Memorial, 1975)et Lettres (Université Laurentienne, 1977) .
Il est élu membre de la Société royale du Canada en 1962, membre du Conseil des arts du Canada (1962-1965) et de la Société des Dix (comme Pierre-Georges Roy).

Il a obtenu de nombreux prix durant sa carrière. Soulignons, le Prix Duvernay (1969), la médaille de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal (1969) et la médaille du Canadien de la musique (1974). Il est nommé compagnon de l’Ordre du Canada en 1970 et Fellow de l’American Folklore Society en 1973.

La maison qu’il a habité à Beaumont porte son nom. Elle date du XVIIIième siècle.(Réf)

Écrits

Essais sur Émile Nelligan et sur la chanson populaire. Publié en 1947, il est réédité en 2009.

Quelques articles

De la revue Recherches sociographiques
Les transformations d’une chanson folklorique : du Moine Tremblant au Rapide-Blanc

L’étude de la culture : le folklore

Dans le Cahier des Dix
Le triple destin de Marie-Josephte-Corriveau (1733-1763)
Le destin posthume de la Corriveau
Présence de la Corriveau
Les échecs avantageux (Conte-type 1655)
Le ruban qui rend fort (conte-type 590)
Un pacte avec le diable (conte-type 361)
L’enjeu des ‘’anciens Canadiens’’
Le général de Flipe (Phips)
Aubert de Gaspé (fils) 1814-1841

En 1978 est paru Mélanges en l’honneur de Luc Lacourcière, collectif sous la direction de Jean-Claude Dupont, (Léméac).

En complément

Plusieurs photographies du fonds LidaMoser de Bibliothèque et Archives nationales du Québec contiennent des photographies de Luc Lacourcière.

Fonds d’archives Luc Lacourcière

Entrevue où Luc Lacourcière nous entretient de l’oeuvre de l’ethnologue Marius Barbeau. Diffusé le 27 février 1970 à la radio de Radio-Canada.

Bibliographie

Lessard, Denis [en ligne]Un chercheur aux cent préfaces :Luc Lacourcière [Page consultée le 15 mai 2010] Adresse URL

Fides [en ligne] Essais sur Émile Nelligan et sur la chanson populaire [Page consultée le 15 mai 2010] Adresse URL

Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine [en ligne] Du folklore à l’ethnologie [Page consultée le 15 mai 2010] Adresse URL

Ménard, Denis [en ligne]Lacourcière, Luc [Page consultée le 15 mai 2010] Adresse URL

Billets reliés
Inventaire des ressources ethnologiques du patrimoine immatériel (IREPI) de l’Université Laval

Marius Barbeau, le grand sourcier

Encyclopédie du patrimoine culturel de l’Amérique française: nouveautés

Contes et légendes: site internet Y paraît que

Pierre-Georges Roy, la passion des archives du Québec (1870-1953)

Gérard Morisset – la préservation et la diffusion du patrimoine

Le Dictionnaire biographique du Canada

Vivre en prison: du pilori au pénitencier

Saviez-vous que l’édifice de la Literary and Historical Society of Quebec (Centre culturel Morrin) à Québec, est une ancienne prison tout comme le pavillon Charles-Baillargé du Musée National des Beaux-Arts de Québec?

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L’exposition virtuelle Vivre en prison: du pilori au pénitencier vous entraîne dans l’univers des prisons canadiennes au 19e et 20e siècle. Cette exposition est une réalisation du Musée québécois de culture populaire de Trois-Rivières en collaboration avec le Musée virtuelle du Canada.

L’exposition est divisée en trois sections: Du pilori au pénitencier, Surveiller et accompagner et Vivre en dedans.

La section Du pilori au pénitencier nous montre ce qu’était la justice au 18e et au 19e siècle. Juger et punir, montrer l’exemple comme dans le cas de la Corriveau , histoire bien connue du temps de la Nouvelle-France. En effet, Marie-Josephte Corriveau a été reconnue coupable en 1763 d’avoir tué son deuxième mari. Pour son crime, elle est pendue, puis son corps est exposé à Pointe-Lévy (auj. Lévis) dans une cage, à la vue de tous. Il y reste environ un mois…

A la fin du 18e siècle, la justice punit, isole et réhabilite et c’est en prison que ça se passe. L’anglais John Howard est le père de la réforme des prisons et contribue à la transformation du système carcéral. AuxEtats-Unis et au Canada, on va construire de nouvelles prisons, dont celles de Québec, Montréal et Trois-Rivières et on va y appliquer ses idées.

La section Surveiller et accompagner nous présente le personnel correctionnel et de ses tâches. Témoignages de gens qui ont travaillé dans des prisons.

La section Vivre en dedans s’attarde sur le quotidien des détenus. Je vous suggère l’activité La cellule où vous vous mettrez dans la peau d’un prisonnier. Donne à réfléchir.

Cette exposition est bilingue et requiert Adobe Flash Player.

Commentaires:

J’ai eu un peu de difficulté à voir les animations flash de l’onglet Activité. Par défaut, je ne voyais que des captures d’écran et des transcriptions du contenu de ces animations. Aussi, les vignettes sont trop petites. Par contre, quand on clique dessus, la version agrandie de l’image est satisfaisante.

Les sections Liens utiles, Glossaire et Bibliographie en bas de l’écran auraient gagnée à être mises en évidence. Aussi, cela aurait été bien que l’on mette dans le texte des hyperliens menant aux glossaire ou bien qu’une bulle avec définition apparaisse quand on survole le mot en question.

Parmi les points positifs, soulignons l’aspect graphique du site qui rappelle une cellule de prison. Les biographies parsemées hors-texte sont bien intéressantes (ex. Dr Wolfred Nelson, John Howard). Et le sujet lui-même, la création du système carcéral canadien, est pertinent et très intéressant.

Oserez-vous Vivre en prison?

Adresse: http://www.museevirtuel.ca/Exhibitions/Prison/fr/index.php

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Et d’autres expositions virtuelles:

Contes et légendes du Québec (Site internet Y paraît que)

Y paraît que… est une série d’animation sur les contes et légendes du Québec réalisée par les Productions Vic Pelletier et diffusée sur ARTV. Deux séries ont été produites jusqu’à maintenant et chacune possède son propre site.

Série 1:  L’internaute apprend à découvrir les différentes étapes nécessaires à la réalisation d’un film d’animation en deux dimensions. Ensuite, il peut découvrir des légendes et contes québécois comme la Corriveau, Alexis le Trotteur, Jos Montferrand, la chasse-galerie, etc. Un résumé, un album composé de captures d’écran tirées du film d’animation et une bédé interactive ont été crées à partir de chaque histoire. En plus, vous pourrez lire un texte expliquant le contexte de création de la légende ainsi que son apport au patrimoine québécois.
yparaitque1La section Jeux est bien cachée dans le coin inférieur gauche de l’écran. J’ai particulièrement apprécié le jeu Motdit, sorte de bonhomme pendu où il faut compléter les mots avant la fin du sablier, sinon, Emile se transforme en loup-garou!

Le conte interactif permet à l’internaute de choisir un personnage et de décider quelle sera la suite de ses aventures.

Série 2. Cette série présente des contes et légendes moins connues comme l’incendie de Cobalt (Ontario), le reel du pendu, le père Coton et le vaisseau fantôme comme des classiques comme par exemple le Bonhomme Sept heures, le Windigo, les Forges du Saint-Maurice et le sorcier d’Anticosti. Chaque conte et légende est associé à un jeu. On peut en savoir plus sur le contexte de production, visionner une bande dessinée interactive et consulter le lexique en cliquant sur l’icône appropriée.

La section le commérage invite le public envoyer ses commentaires sur le site et la série et à partager les légendes franco-canadiennes qu’il connaît ainsi que les sites internet s’y rapportant.
yparaitque222222221Un guide pédagogique est disponible pour accompagner la série 1 et la série 2 .

Commentaires généraux
Les concepteurs du site ont accordé beaucoup d’attention au graphisme et à l’ambiance sonore du site. Ils ont fait preuve d’originalité dans le choix de certaines légendes. Par exemple, la légende de l’incendie de Cobalt ne se déroule pas au Québec, mais en Ontario. Cette légende est récente; elle date de 1977. Les légendes remontent habituellement à des temps plus anciens, comme l’époque de la Nouvelle-France et même avant.

Ce site est très dynamique grâce aux jeux, vidéos et textes. Ce qui ressort du lot, ce sont les bandes dessinées interactives qui sont très bien conçues.

L’ambiance sonore est agréable: la musique et le bruitage s’intègrent harmonieusement au site.

En somme, un travail de qualité fait par des artisans de chez nous!

Merci à @CTREQ_RIRE grâce à qui j’ai découvert ces merveilleux sites.

Adresse : http://www.yparaitque.ca/ypq1/ (mise à jour du 7 avril 2021: hyperliens inactifs).
http://www.yparaitque.ca/ypq2/

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Créatures fantastiques du Québec: un plongeon dans l’imaginaire québécois

Le folklore québécois est parsemé de créatures toutes plus inquiétantes les unes que les autres. Le livre Créatures fantastiques du Québec nous présente les terrifiantes légendes qui leur ont assuré une place de choix dans notre histoire.

Editions Trécarré

copyright: Editions Trécarré

Bryan Perro, bien connu pour la série des Am0s Daragon, nous raconte ici 26 légendes qui ont marqué les cauchemars de nos ancêtres. Parmi les histoires les plus célèbres rapportées dans ce livre, nous retrouvons la Corriveau, la Dame blanche et le monstre du Lac Memphrémagog. J’ai découvert avec plaisir l’histoire du Nain jaune des Iles de la Madeleine, celle des chevaux marins de l’Ile d’Anticosti et celle du bateau fantôme de Gaspé, pour ne nommer que celles-là.

Cet ouvrage de démarque par sa facture visuelle, grâce au superbe travail d’Alexandre Girard. Chaque conte est remplis d’illustration et de cartes géographiques, chacun a sa signature visuelle spécifique. A la manière d’une enquête, on voit les pièces à conviction: les suspects, les indices, l’arme du crime. L’arrière-plan de chaque page a l’air d’avoir été extrait d’un vieux manuscrit. Plusieurs polices de caractères ont été utilisées, certains récits sont présentés sous forme de lettres avec une magnifique calligraphie. Les pages de ce livre sont colorées, inventives… Par son graphisme, ce livre est loin d’être traditionnel. La mise en page est éclatée, les images semblent être en mouvement, c’est une réussite sur ce plan. L’ensemble dégage un dynamisme qui sert bien l’ouvrage.

Ce livre constitue une belle initiation au monde des contes et légendes du Québec et ce, à un coût raisonnable. Pour ceux qui veulent approfondir le sujet, je vous conseille la collection Contes, légendes et récits du Québec et d’ailleurs, aux Éditions Trois-Pistoles.

Une bibliographie complète l’ouvrage.

Créatures fantastiques du Québec: un voyage au sein de l’imaginaire québécois.

Créatures fantastiques du Québec de Bryan Perro. Ill. Alexandre Girard, Éditions du Trécarré, 2007, 160 pages.

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