John Placket et Patrick Murphy, accusés du meurtre de la veuve Godin (Les Écureuils, auj. Donnacona, 1814)

D’abord, un acte de décès intriguant.

Précisons que Marie-Anne Dussault a épousé Jean-Baptiste Godin le 6 juin 1768 en la paroisse de Les Écureuils (aujourd’hui Donnacona). Née le 13 juillet 1746 à Les Ecureuils, Marie-Anne était donc âgée de 67 ans au moment de son décès.

Les accusés

C’est John Placket et Patrick Murphy qui sont accusés du meurtre. Qui étaient-ils? Il s’agit de deux soldats. Dans le Fichier des prisonniers des prisons de Québec au 19e siècle (BANQ), John Placket est décrit comme étant âgé de 36 ans, d’origine anglaise, mesurant 5′ 8″, ayant les cheveux noirs,  les yeux bleus et le teint foncé. Patrick Murphy est un Irlandais de 5′ 8″, au teint pâle, âgé de 35 ans. Il a les yeux bleus, les cheveux blonds et une marque sur la tête.

Je n’ai pas réussi à trouver plus de détails dans les journaux sur ce qui s’est passé ce 1er mars 1814.  A-t-on affaire à deux soldats ayant trop bu?

Ces deux soldats ont été arrêtés et incarcérés quatre jours après le meurtre, qui a eu lieu le 1er mars. L’enquête du coroner a eu lieu le 4 mars (donc de lendemain de l’inhumation, erreur de transcription?). Selon la base de données de BANQ,  Enquêtes des coroners des districts judiciaires de Beauce, 1862-1947; de Charlevoix, 1862-1944; de Montmagny, 1862-1952; de Québec, 1765-1930; et de Saint-François (Sherbrooke), 1900-1954, le dossier du coroner est introuvable. Donc prière de rapporter si vous le trouvez….

Les suspects

Placket est reconnu coupable le 6 mai 1814 pour le  »willfull murder »  de Marie-Anne Dussault. Il est condamné trois jours plus tard à être pendu le 20 mai. Or, il ne le sera pas. Il reste en prison pendant plus d’une année, puis est libéré le 24 septembre  1815 et déporté hors de la province, conformément aux ordres donnés par son Excellence, Sir Gordon Drummond. Ensuite, qu’est-il devenu de Placket? Est-il parti pour les États-Unis, les Bermudes, l’Angleterre ou le Haut-Canada? A-t-il obtenu un pardon? Je n’ai pas trouvé de Placket parmi ceux qui ont été déporté en Australie et en Tasmanie.

Quant à Patrick Murphy, il a été pendu à Québec le 20 mai 1814, comme prévu.

On Friday was executed, per* to his sentence, Patrick Murphy, a soldier of the 103d Regiment, for the murder of the woman, at Les Ecureuils. The sentence of  Placket, his fellow culprit, has been changed to transportation. Quebec Mercury, 24 mai 1814.

Bibliographie

Le fichier des prisonniers des prisons de Québec au 19e siècle (BANQ)

Quebec Mercury du 10 mai 1814

Billets reliés

Catégorie: Histoire du crime au Québec

Registre d’écrou de la prison de Québec: un prisonnier « dead by the visitation of God » (1834)

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Augustin Kennedy, déporté en 1826 aux Bermudes

Comment punissait-on les gens coupables de haute trahison au 18e siècle? Voici l’histoire de David McLane

Registre d’écrou de la prison de Québec: un prisonnier « dead by the visitation of God » (1834)

En fouillant dans les Registres d’écrous des prisons de Québec au 19e siècle mis en ligne par BANQ pour mettre à jour le billet La déportation d’après les registres d’écrous des prisons de Québec (Bas-Canada, 19e siècle) je suis tombée sur une mention intriguante.

Il y avait dans la fiche d’un des candidats à la déportation ces mots:   »Coroner inquest, dead by the visitation of God ».

C’est à la prison de Québec que James Ryan a été emprisonné. La prison est part la suite devenue le College Morrin, puis le Centre Morrin. On voit ici le bâtiment de la prison alors qu’il sert de collège. Photo: Fred Würtele, 1902. Source BANQ

Cet homme, James Ryan, est probablement décédé le 8 septembre 1834. Il a été emprisonné le 14 août 1833, étant alors âgé de 24 ans. C’était un  »military convict » (soldat et prisonnier) condamné à la déportation. Où devait-il être déporté? Pour combien de temps? On ne le sait pas.

41 des pensionnaires des prisons de Québec au 19e siècle ont la mention  »dead by the visitation of God » à leur dossier.

Que veut dire l’expression  »dead by the visitation of God » (visitation de Dieu)? Il faut regarder du côté du coroner.

Tous les cas de mort suspecte tombe sous son autorité [le coroner], même ceux où le médecin s’est trompé par ignorance dans le traitement de la maladie. Si le coroner et le jury ont tout lieu de reconnaître que le décès doit être attribué à des causes naturelles ou, selon l’expression anglaise, à la visitation de Dieu, visitation of God, ils constatent et expriment le fait. (Réf)

Ce type de verdict était donc rendu suite à l’examen du cadavre pour déterminer la cause du décès. Dans certains cas, c’était l’équivalent de  »mort de cause naturelle ».

Webographie

About.com [en ligne] Visitation of God [Page consultée le 1er juin] Adresse URL
Revue des deux mondes, Volume 73, p. 691 et 692 Adresse URL

Billes reliés

La déportation d’après les registres d’écrous des prisons de Québec (Bas-Canada, 19e siècle)

La petite histoire du crime: la bande à Chambers (Québec et sa région 1831-1835) Première partie

Histoire judiciaire: Le docteur L’Indienne, un meurtrier en série? St-Jean-Port-Joli, 1829

Patrimoine: des prisons qui ont une deuxième vie (première partie)

Vivre en prison: du pilori au pénitencier