Le monument Maisonneuve est situé au centre de la place d’Armes à Montréal. Paul Chomedey de Maisonneuve est le fondateur de Ville-Marie et le premier gouverneur de l’île de Montréal.
INAUGURATION DU MONUMENT MAISONNEUVE
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Hier matin, par une gaie matinée dont une brise assez fraîche tempérait la chaleur, a eu lieu le dévoilement de la statue de Maisonneuve.L’histoire de ce monument est connue. Elle a fait du bruit dans Montréal et tous nos lecteurs sont au courant des moindres faits qui ont précédé la cérémonie de ce jour.
Rappelons cependant, qu’un certain nombre de citoyens au coeur patriotique, désireux de terminer une oeuvre de justice et de glorification, momentanément abandonnée, se sont formés sur la fin de l’hiver, en comité pour achever l’érection d’un monument Maisonneuve.
[…]
Après avoir surmonté un grand nombre de difficultés, ce comité a enfin réussi à terminer son entreprise. Une partie des applaudissements d’hier lui reviennent donc, et cela en toute justice.
Le projet de construire ce monument fut conçu il y a trois ans. L’exécution en fut confiée à notre compatriote, Philippe Hébert qui s’est acquitté de la tâche avec le talent qui le distingue. Son oeuvre l’honore tout comme elle honore le pays, la ville et le héros qu’elle célèbre.
Le coût de ce monument est d’environ $25,000.
Tout le monde reconnaît Jeanne Mance, la vénérable fondatrice de l’Hôtel-Dieu, dans la femme occupée à panser les blessures de l’enfant qui s’est réfugié dans ses bras.
Le sauvage ne représente aucun des grands chefs dont parle l’histoire. Il est là, monument silencieux de la barbarie qui régnait en ce pays, quand parurent la croix et la charrue. Il semble attendre l’envahisseur des terres de chasse de ses pères.
Le personnage armé d’une faucille que l’on aperçoit à l’un des angles du monument est Charles Lemoyne. Il symbolise la prise de possession du sol par les colons français. Il obtint, le premier, une concession de la compagnie de Notre-Dame de Montréal et fut plus tard anobli pour ses faits d’armes.
Lambert Closse et la chienne Pilotte constituent le sujet du quatrième bronze.
Closse était major de la garnison de Ville-Marie et gouverneur en l’absence de M. de Maisonneuve. C’est lui, qui, avec 34 hommes et 3 canons, repoussa 200 Iroquois qui avaient attaqué le Fort. Quant à Pilotte, l’histoire nous dit que cette fidèle chienne avait été apportée de France.
Le bas relief où l’on voit un officier français brûler la cervelle à un sauvage rappelle un des exploits de M. de Maisonneuve.
Un autre bas-relief retrace la scène de la première messe célébrée par le Père Vimont à la Pointe à Callières.
On aperçoit près de l’autel Mme de la Pelleterie, Mme Mance, de Maisonneuve, de Montmagny, le major Closse, des colons, des domestiques. C’est à cette messe que le P. Vimont annonça la grandeur future du « petit grain de sénevé que l’on jetait alors en terre. »
Le bas-relief qui fait face à l’église Notre-Dame rappelle la conférence de Meudon, en 1641, alors que M. Olier, fondateur des Sulpiciens, M. de la Dauversière, le baron de Rendy et Pierre, chevalier de Faucamp, se concertèrent sur l’établissement d’une colonie dans l’île de Montréal.
Enfin, le dernier tableau rapporte Dollard et le dévouement de ses compagnons.
Personne n’ignore la page de notre histoire qui rapporte la courageuse défense qu’il fit avec seize autres preux, en 1660, au Long Sault, sur l’Ottawa, contre les Iroquois.
Pendant 16 jours, retranchés dans un mauvais fort, ils combattirent pour sauver la patrie menacée.
Tous succombèrent à la tâche dans cette mission héroïque.
Sur la face du piédestal regardant vers Notre-Dame, on lit cette inscription en lettres d’or: « Maisonneuve, 1642 »; sur celle qui regarde du côté de l’édifice de la New-York Life, se trouvent gravées les paroles prophétiques du R.P. Vincent, S.J, quand, en disant la première messe sur l’île de Montréal, il déclara aux fondateurs que le grain de sénevé, jeté en terre ce jour-là, deviendrait un grand arbre.
La reconnaissance de nos concitoyens anglais se traduit par cette phrase que l’on lit sur le côté du piédestal, tourné vers la rue St-Jacques: « the founder of Montreal, the citizens grateful. » Le quatrième côté du piédestal porte, lui, la fière réponse de Maisonneuve à M. de Montmagny, qui voulait le détourner de venir à Montréal: « Il faut que j’accomplisse ma mission, tous les abres de Montréal deviendraient-ils autant d’Iroquois. »
Les armes de la ville s’élèvent juste aux pieds de son fondateur.
Maisonneuve, dans le costume de son temps, la main sur la garde de son épée, semble prendre possession du sol, au nom de la France, dont il arbore fièrement le drapeau.
Tout le monde connaisseur qui a vu les statues de l’artiste Hébert a conçues pour honorer Maisonneuve, s’accordent à dire que son oeuvre est une des plus belles que l’on puisse voir en Amérique.
L’auteur de l’article présente ensuite quelques faits saillants de la vie de Maisonneuve pour terminer ainsi.
Son oeuvre a grandi et c’est avec orgueil que Montréal est entrée le 18 mai dernier, dans sa 252e année.
Montréal fêtera son 375e anniversaire en 2017.
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