Un crime

Josie Langmaid, la victime. Extrait de Lapage, Joseph. The trial of Joseph LaPage the French monster, for the murder of the beautiful school girl Miss Josie Langmaid, 1876.
Transportons-nous à Pembroke, une localité de 7100 habitants située au New Hampshire. Un obélisque situé sur le chemin Academie rappelle aux passants le souvenir d’un drame qui a ébranlé la communauté en 1875.
Le 4 octobre 1875, Josie Langmaid, 17 ans, une étudiante de la Pembroke Académie, devait se rendre en classe. Mais elle n’arriva jamais à destination. Constatant son absence, ses parents et des amis entamèrent des recherches qui aboutirent à la découverte le soir même de son cadavre, dans le bois. La tête, séparée du corps, fut retrouvée le lendemain matin. L’obélisque sur Academy Road indique où ont été retrouvés le corps et la tête. Pour ajouter à l’horreur, l’enquête révèle qu’il y a également eu mutilation des organes génitaux et viol. Un bâton, en deux morceaux, avec des traces d’herbe et de sang, est retrouvé près du lieu du crime.
Plusieurs suspects furent interrogés, sans succès. Or, la réception d’informations en provenance de St-Albans, Vermont, orienta l’enquête vers Joseph Lepage, un résident de Suncook, près de Pembroke. L’année précédente, Lepage avait été interrogé concernant le viol et le meurtre de Marietta Ball, une institutrice. Faute de preuves, il fut relâché.
L’arrestation de Joseph Lepage pour le meurtre de Josie Langmaid eut lieu le 13 octobre 1875. Lepage clama son innocence et prétendit s’être perdu en forêt cette journée-là en allant bûcher.
Joseph Lepage

Joseph Lepage. Extrait de Lapage, Joseph. The trial of Joseph LaPage the French monster, for the murder of the beautiful school girl Miss Josie Langmaid, 1876.
Joseph Lepage, fils de Jean-Baptiste Lepage et de Marie Roy, naquit au Québec vers 1835. Il épousa Eulalie Rousse le 17 février 1857 à Saint-Ambroise-de-Kildare. Quelques années plus tard, les Lepage s’établirent aux États-Unis, d’abord au Vermont, puis au New Hampshire.
En 1875, Pembroke attire une main-d’oeuvre désireuse de travailler dans l’industrie du textile. Joseph Lepage s’établit dans la région pour exercer le métier de bûcheron, mais aussi pour fuir un passé trouble. Au Canada, il fut accusé d’avoir violé sa belle-soeur, Julienne Rousse, mais échappa aux procédures judiciaires en s’enfuyant dans les bois. La brochure ‘La vie de Lepage, sa carrière criminelle… » lui attribue plusieurs agressions ainsi qu’un incendie en sol canadien. Un vrai type à problèmes.
Le procès de Joseph Lepage s’ouvrit le 4 janvier 1876 à Concord, New Hampshire. Pour convaincre le jury de rendre un verdict de culpabilité, le solliciteur (sollicitor) W. W. Flanders souligna la mauvaise réputation de Lepage, le décrivant comme étant une « wandering, crazy person »et « frequently chased young girls » (The Trial of Joseph LaPage the French monster » (p.8). Il affirma qu’un coup porté au visage de la victime par une botte avait laissé une marque concordant avec une botte retrouvée chez Lepage.
Aucun témoin ne vint affirmer à la barre avoir été témoin du crime, mais plusieurs confirmèrent avoir vu l’accusé ou à tout le moins un homme, tenant un bâton ou une hache, près des lieux du crime le 4 octobre 1875. Par exemple, Hattie M. Gault, étudiante à l’académie de Pembroke, certifia avoir vu entre 8:30 et 9:00 Lepage marchant sur Academy Road avec une hache le matin du meurtre. Lepage, ce matin-là, demanda à plusieurs personnes si elles avaient du bois à faire bûcher, annonçant ensuite son intention de se rendre bûcher sur un lot.
Des médecins témoignèrent à propos des taches de sang découvertes sur les vêtements que Lepage portait ce jour-là, mais ne révèlent pas grand-chose, sinon qu’il s’agit surtout de sang humain.
La belle-soeur, Julienne Rousse, raconta à la cour le viol dont elle avait été victime de la part de Joseph Lepage en 1871.
Un verdict de culpabilité fut rendu à l’endroit de Lepage. La date de l’exécution fut fixée au 7 janvier 1877.
Pendaison
En prison, Lepage avoua finalement à deux prêtres être l’auteur du crime. Le blogue Murder by gaslight indique que Lepage a aussi confessé le meurtre de Marietta Ball et qu’il révéla l’emplacement de certains objets ayant appartenu à Josie Longmaid qu’il avait enterré. Il fut pendu le 15 mars 1878. La veuve de Joseph Lepage décéda le 1er août 1898 au Massachusetts (Massachusetts, Deaths and Burials, 1795-1910, » index, Family Search).
Merci à François Gloutnay d’avoir porté à mon attention cette histoire.
Biographie
La vie de Lepage, Sa carrière criminelle au Canada, dans les états du Vermont et du New Hampshire, Sa conversion, Son repentir. 1879. Archive.org.
Josie Langmaid – ‘The Murdered Maiden student’. Blogue Murder by gaslight, publié le 21 février 2010.
Site web de la ville de Pembroke: http://www.pembroke-nh.com/
Lapage, Joseph. The trial of Joseph LaPage the French monster, for the murder of the beautiful school girl Miss Josie Langmaid.Also, the account of the murder of Miss Marietta Ball, the school teacher, in the woods, in Vermont. This book contains the only likenesses of Lepage and his victims. Lapage must have been a fiend incarnate. Philadelphia, Old Franklin Pub. House, 1876.
Billets reliés
Photographies: Les Canadiens-français à New Bedford, Massachusetts et Manchester, New Hampshire, 1909-1912
Oscar Benoit et la grève de Lawrence, Massachusetts (29 janvier 1912)
Drinkwine, un billet sans alcool [New York, 1920]
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