Le capitaine Bernier, de retour d’une expédition en Arctique [1907]

La Patrie, 21 octobre 1907

DE RETOUR DES REGIONS GLACIALES
__
L' »Artic », commandé par le capitaine Bernier, dans la rade de Quebec- Une longue expedition dans les mers polaires – Interessants détails fournis par le capitaine – Prise de possession d’un vaste territoire
__

Correspondance spéciale à la Patrie

La Patrie, 21 octobre 1907

Une de la Patrie, 21 octobre 1907

QUEBEC, 21 – Le steamer  »Artic », qui nous est arrivé des régions arctiques samedi matin, à 6h30, partira probablement pour Sorel aujourd’hui.

Le voyage de l' »Artic » a duré environ dix-huit mois. Le steamer avait quitté Québec le 24 juillet 1906. Le capitaine Bernier et ses compagnons nous reviennent après avoir rempli avec succès la mission que le gouvernement avait confiée à l’expédition.

Au nom du gouvernement canadien, le capitaine Bernier a pris possession des îles de l’archipel Parry, et a exigé de tous les baleiniers qu’il a rencontrés dans cette région, le paiement des licences. Tous ont payé sans murmurer.

«  »Le drapeau est hissé sur l’Ile Bylot, Ponds Inlet, à un endroit baptisé du nom de la Pointe Canada ». (Le capitaine Joseph-Elzéar Bernier est le second à partir de la gauche) 21 août 1906 Credit: Louis-Philippe Brodeur / Library and Archives Canada / PA-139394

Le capitaine Bernier dit qu’il aurait pu s’avancer davantage vers le nord, mais il n’avait pas d’ordre à cet effet, il s’est remis en route vers Québec.

Pendant dix-huit mois l’expédition s’est trouvée presque complètement

ISOLEE DU RESTE DU MONDE

Le capitaine et ses hommes n’ont eu de nouvelles de leurs familles que bien rarement. Ce n’est qu’en arrivant dans le golfe qu’ils ont appris le désastre du pont de Québec.

Le capitaine Joseph-Elzéar Bernier à Albert Harbour en 1906 Credit: J.E. Bernier / Library and Archives Canada / C-001724

A part _

UN DECES

qui s’est produit parmi les membres de l’équipage de l' »Artic », l’expédition n’a eu aucun incident malheureux à déplorer. Le marin qu’elle a perdu se nommait Frederick Brosenhauser. Il était de nationalité allemande et travaillait comme huileur à bord de l »Artic ». Il est mort en février dernier, pendant que le vaisseau était en hivernement à Pond Inlet, et c’est là que tout l’équipage lui a fait d’aussi belles funérailles que possible.
Tous les membres de l’équipage seront payés et remerciés de leurs services aussitôt que l »Artic » sera arrivé à Sorel où il doit passer l’hiver.

L’EXPEDITION

Samedi matin vers 10 heures, le capitaine Bernier et M. Vanasse, l’historiographe de l’expédition, descendaient à terre. Le premier alla annoncer officiellement son retour à M. Gregory, agent du ministère de la Marine et des Pêcheries, et le second s’est rendu à Ste-Anne de Beaupré.

Dans l’automne de l’année 1907, le capitaine Bernier a arboré le drapeau canadien sur toutes les îles de l’archipel Parry, à l’exception des îles Cobourg et Cone.

Au nom du gouvernement il a pris pris possession d’un territoire de 500,000 milles carrés de superficie.

En novembre de la même année, le capitaine prenait possession de la terre de Baffin, en présence d’une cinquantaine d’esquimaux. Ceci se passait le jour de la fête du roi.

Large groupe d’Inuits avec des hommes d’équipage du C.G.S. ARCTIC  à la cérémonie de prise de possession par le Capt. Joseph-Elzéar Bernier,Ile Baffin, Territoires du nord-Ouest [Nunavut], 9 Novembre 1906 Credit: Library and Archives Canada / PA-165672

[illisible] eut lieu à Albert Harbour Pont Inlet. Le capitaine et l’équipage ont profité des longs mois d’inactivité forcés pour faire des excursions intéressantes dans l’intérieur.Le 12 août 1907, [illisible]de son hivernement, l’Artic montait à plus de 600 milles d’Albert Harbour afin de prendre possession des iles Cone et Cobourg.Le drapeau canadien ne flotte pas encore sur l’île du Prince de Galles parce que, pour aborder sur cette terre, il aurait fallu risque la vie de quatre hommes. Il a été, en effet, impossible à l’Artic de s’approcher à moins d’une dizaine de milles de l’île.

Groupe de femmes inuites et deux membres de l’équipage du C.G.S. ARCTIC, Pond Inlet, T.N.-O. [(Mittimatalik/Tununiq), Nunavut], 26 avril 1907 Credit: Paul LeVasseur / Library and Archives Canada / PA-165743

Le capitaine Bernier, après avoir établir un dépôt de vivres à Port Léopold, s’est rendu dans le détroit Regent, ?nier de Pathla, soit à 24 milles.PLUS LOIN QU’AUCUN MARINn’avait jamais pu le faire. Il aurait pu revenir alors en passant par les détroits de Fara et d’Hula, mais ses instructions ne le lui permettaient pas.

En septembre 1907, le capitaine Bernier est allé relever dans la baie d’Eribe, Nord Devon, le monument qui avait été érigé à la mémoire de Sir John Franklin.

DANS L’ILE CONE

le capitaine Bernier a trouvé un record de Perry et un autre de Sverdup; à North Parhurst (?), un record très intéressant de McClure, renfermés dans des boîtes de conserves vides.

Groupe d’Inuits de l’île Ingloolik à côté du S.S. « Arctic », à Albert Harbour. 22 avril 1907. Credit: J.E. Bernier / Bibliothèque et Archives Canada / PA-061515

Le capitaine Bernier a laissé lui même un record de son passage dans l’île Cone sous un amas de pierres. C’est pendant qu’il était en train d’enfouir son record sous la pyramide de pierre, qu’il était à construire, qu’il a trouvé, à une centaine de pieds de distance, le record que McClure avait déposé au même endroit il y a un demi-siècle.

Le capitaine W*seman, avait déjà pris possession de la Terre de Baffin au nom du Roi, mais le capitaine Bernier a arboré le drapeau de la Puissance, et il a fait reconnaître aux indigènes la souveraineté du pays.

Le capitaine Bernier avait à sa disposition pour cela deux bons interprètes, deux Esquimaux très intelligents du noms de Kameo ? et Lane.

Il a amené Lane avec lui et doit le présenter aux autorités du ministère de la Marine et des Pêcheries. Lane peut être très utile aux autorités canadiennes dans ces parages. Il est âgé d’environ 45 ans et parle l’anglais suffisamment pour se faire comprendre.

Un esquimau qui vient d’échanger une peau d’ours pour une chemise d’Indienne. Eclipse Sound, août 1906. Credit: Bernier, J.E. / Library and Archives Canada / PA-061508

Le capitaine Comney?, de la baleinière « Windward » de Dundee, en Ecosse, est venu lui apprendre que son vaisseau avait fait naufrage le 15 juin dernier, sur les îles Carey, dans Smith Sound. Son équipage a pu se sauver, et s’embarquer à bord d’autres baleinières. Le « Windward » est le fameux vaisseau que le gouvernement anglais mettait à la disposition du lieutenant Perry, de la marine américaine, pour sa première expédition à la découverte du pôle nord.

Femme inuite et son bébé à l’extérieur de bâtiments en bois. Des peaux sont suspendues en arrière-plan. Credit: J.E. Bernier / Library and Archives Canada / C-000744

Le capitaine Bernier, dans son expédition, est allé jusqu’à 250 milles au nord du pôle magnétique.

Il n’a pas renoncé à son projet d’expédition au pôle nord, et espère qu’on lui fournira, un jour ou l’autre, le moyen de l’exécuter.

Correspondance spéciale à la PATRIE

QUEBEC, 21- L' »Artic » n’est pas encore parti de Sorel. Au département de la marine, on attend des ordres d’Ottawa. Il est possible que le vaisseau passe encore quelques jours à Québec.

C.G.S. ARCTIC commanded by Captain J.E. Bernier, sept. 1907. Credit: George R. Lancefield / Bibliothèque et Archives Canada / PA-096482

Billets reliés

Les expéditions en Arctique du capitaine Joseph-Elzear Bernier

Joseph-Elzéar Bernier, capitaine et l’Arctique

Naufrage de la goélette Saint-Laurent (septembre 1839)

La route des phares du Québec

Le naufrage du Titanic d’après les journaux québécois de l’époque

Statue et plaques commémoratives de l’expédition de Lamothe Cadillac à Détroit en 1701

La ville de Detroit, Michigan, a été fondée en 1701. Antoine Laumet de la Mothe de Cadillac et ses compagnons y établirent une colonie pour

renforcer la présence française dans les Grands-Lacs, ou Pays d’en Haut, un territoire essentiel à la traite de fourrures. (réf)

La rivière du Détroit depuis le lac Sainte Claire jusqu
La rivière du Détroit depuis le lac Sainte Claire jusqu’au lac Erié / [Bellin]
Source: Bibliothèque nationale de France

Le 18 mai 2002 a été dévoilé à Detroit (Philip A. Hart Plaza), à l’initiative de la French Canadian Heritage Society of Michigan, deux plaques (une en français, l’autre en anglais) honorant les membres de l’expédition de Antoine de Lamothe Cadillac. Sur la version française de cette plaque, on lit:

Dans ce parc, on retrouve aussi une statue de Lamothe Cadillac, installée en 2001 lors des fêtes du tricentenaire. source: French Canadian Heritage Society of Michigan

LE CONVOI DE CADILLAC

En reconnaissance du courage, de la persévérance et de l’expertise des Canadiens-Français qui ont conduit Antoine de Lamothe Cadillac pour établir le premier établissement permanent au Détroit le 24 juillet 1701.

Bertrand Arnaud, Gabriel Aubuchon, Louis Babie, Louis Badaillac dit Laplante, Simon Baillargé, Henry Bélisle dit Lamarre, René Bénard dit Bourjoli, François Benoît dit Livernois, Guiillaume Bonnet dit Deliard, Joseph Brault dit Pomainville, Jacques Brisset, Joseph Cartier dit Larose, Louis Chauvin sieur de Beaulieu, Pierre-François  Circé dit St-Michel, Pierre Collet, Claude Crevier dit Bellerive, Lambert Cuillerier, Charles Cusson, Paul-Charles Dazé, Pierre Desautels dit Lapointe, Jacques Durand, François Fafard dit Delorme, Louis Fafard dit de Longval, Jean-François Frigon, Louis Gatineau sieur Duplessis et de Lameslée, Jean-Alexis Lemoine dit Monière, Jacques Lemoine, Jean-Baptiste Monmelian dit St-Germain, Pierre Morisseau, Laurent Renaud, Pierre Richard, Claude Rivard dit Loranger, Mathurin Rivard dit Feuilleverte, Edmond Roy dit Châtelleraut, Michel Roy dit Châtelleraut, Pierre Roy dit Châtelleraut, Pierre Toupin, Jean Turcot, Jean-Baptiste Vanier dit Lafontaine, Louis Vaudry, Pierre Verdon, Jacques Viger, François Viennay-Pachot, Guillaume Vinet dit LaRente, Etienne Volant sieur de Radisson.

Le convoi comptait aussi 50 soldats français de même  que Chacornac, baron de Joannès; Pierre Dugué, sieur de Boisbriant; Antoine Lamothe, fils; Alphonse Tonty, baron de Paludy; un frère récollet et le Jésuite François Vaillant de Gueslis, Jean-Baptiste Gatineau dit Duplessis, Pierre Gauvreau, René Godefroy sieur de Linctot, Jean-Baptiste Guay, Pierre Lagrave, Jean Latour sieur de Foucault, Jean Lemire dit Marsolet.

Don de French Canadian Heritage Society of Michigan , décembre 2001

Au Marygrove College de Detroit, on peut voir une statue de la femme de Lamothe Cadillac, Marie-Thérèse Guyon.

Bibliographie

Marcel Bénéteau,  »Rivière Détroit comme lieu de mémoire francophone » (Encyclopédie du patrimoine culturel de l’Amérique française », Adresse URL

Yves F. Zoltavy.  »LAUMET, de Lamothe Cadillac » (Dictionnaire biographique du Canada). Adresse URL

French-Canadian Heritage Society of Michigan.  »Plaque and Sculpture for Detroit 300 ». [n’est plus en ligne]

Billets reliés

Liste des noms de lieux d’origine française aux États-Unis

Ann Wiley, bourreau (1775, Détroit)

Quelques livres numérisés sur les Franco-Américains (1872-1920)

De remarquables oubliés