Le fantôme de la maison McTavish [Montréal, 1941]

Le Patrie, 21 février 1941

LA MAISON HANTÉE

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Les fervents du Mont-Royal qui ont longé le mur qui enclôt le domaine du Ravenscrag, avenue des Pins, ont pu voir qu’à quelques centaines de pieds dans le bois, il y a un amas de ruine au haut desquelles se dresse un monument.

Peinture | Portrait de Simon McTavish (vers 1750-1804) | M1587

Portrait de Simon McTavish (vers 1750-1804)

Ce monument est le plus ancien de Montréal et les ruines sont celles de la maison McTavish. Cette maison ne fut jamais terminée et les ruines ont été l’objet d’une foule de légendes plus superstitieuses les unes que les autres.

Simon McTavish avait rêvé de laisser à la postérité un symbole de sa richesse et de sa prospérité, mais il arriva que la construction dans laquelle il voulut incarner sa puissance financière, devint plutôt le symbole de ses malheurs.

 »Le Lion de Montréal », comme on était arrivé à appeler McTavish, était né en Ecosse. Arrivé en Amérique, il se lança dans le commerce des fourrures en 1775. En organisateur avisé, il s’associa, en 1783 à huit autres négociants pour former la compagnie du Nord-Ouest. Leur champ d’exploitation n’eut d’autres limites que la vallée du Mississippi, le Pacifique, le Grand-Nord et les grands lacs.

L’Écossais McTavish se maria avec une Canadienne-française, Marguerite Chaboillez. Ils établirent leur résidence sur St-Jean-Baptiste. Sa fortune augmentant toujours, McTavish songea à se bâtir une maison d’été sur les flancs de la montagne. Commencée en 1803, elle devait avoir un sous-sol de 12 pieds et deux étages. Sa situation était splendide et ses dimensions en hors du commun. Toutefois la mort soudaine de McTavish mit fin à tous les travaux.

Sa mort, à l’âge de 54 ans, ne fut causée que par un rhume qui se compliqua, rhume qu’il avait pris par un temps froid tandis qu’il surveillait les travaux de sa maison. Mais des traditions persistent à dire qu’à la suite de certains faits mystérieux, il serait arrivé à se donner la mort lui-même. Quoiqu’il en soit, les ruines de sa maison inachevée sont là pour témoigner de l’évanouissement des rêves futiles d’un grand financier.

Ruines de la Maison McTavish, La Patrie, 21 février 1941

Ruines de la Maison McTavish, La Patrie, 21 février 1941

Le testament de McTavish fait, fait le 2 juillet 1904, deux jours avant sa mort, indique que sa fortune était de $600,000.00 dont sa femme devait toucher $6,830.00 par an. Il laissa aussi $4,800.00 aux Soeurs Grises.

La veuve McTavish se remaria peu de temps après la mort de son mari avec un officier anglais. Mais le mauvais sort qui avait conduit le père à sa mort, a paru suivre ses enfants en Angleterre où la famille était allée; tous y moururent jeunes.
Quand tous furent morts, en 1839, le neveu qui acquis la propriété, la vendit. Dans la suite, on voulut empêcher que les restes de McTavish furent dérangés et on les couvrit d’une épaisse couche de terre. La tombe se trouverait à quelques pieds en bas du monument dans la déclivité du murs de l’Est.

Aquarelle | Croquis de la vieille maison McTavish | M21263

Croquis de la vieille maison McTavish

Le sort qui a poursuivit McTavish et ses enfants semble avoir poursuivi aussi celui qui fut employé à démolir sa maison. Cet ouvrier tomba d’assez haut en démolissant les murs; il faut blessé et transporté à l’hôpital, il y mourut avant qu’on ait pu lui faire subir une opération jugée nécessaire. Les rumeurs superstitieuses reprirent leur course de plus belle et aujourd’hui encore l’endroit est considéré comme hanté.

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Phénomène étrange à Saint-Roch (8 juillet 1869)

Phénomène étrange à Saint-Roch (8 juillet 1869)

Dans le journal Le Canadien, 12 juillet 1869, on peut lire une curieuse histoire digne de l’Halloween (ou d’une soirée bien arrosée). Notez les termes employés par le journaliste pour décrire ces dames.

UN REVENANT – Il y a eu grand émoi jeudi soir, dans le rue de l’église, St. Roch, et une foule de personnes de tout âge, de tout sexe, principalement du sexe curieux et parleur, se trouvaient réunis en face de la maison de M. Emond, menuisier. Il ne s’agissait de rien autre chose que de la présence d’un revenant qui faisait des siennes, et qui quoiqu’invisible, avait toute la journée jeté du sable et de la terre dans les croisées de la maison, avait jeté du sang dans la figure et sur les bras d’une jeune fille qui étendait du linge dans la cour, etc., etc.

Gravure | Fantôme et cavalier | M930.50.8.44

Fantôme et cavalier, John Henry Walker, 1850-1885

Comme on peut se l’imaginer, l’excitation était grande chez les commères réunies dans la rue et chacune était à l’affût, épiant quelques nouveaux faits du revenant, mais en même temps, la langue n’arrêtait pas, les histoires de revenants, le loups garoux, etc;, pleuvaient drues comme mouches.

Les choses en furent ainsi jusqu’à ce qu’enfin la police vint inviter ces dames et ces messieurs à évacuer la rue et à prendre le chemin de leurs résidences respectives.

Il n’y avait pas de doute que toute cette affaire était le produit de l’imagination.

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De mystérieuses marques dans une roche à Saint-Lazare et l’on parle de griffe du diable. Un rocher à la forme humaine à Shawinigan et voilà la légende du rocher de Grand-Mère. Au Québec, certains lieux, à cause de caractéristiques particulières, originales et intrigantes, ont donné naissances à des légendes.

Découvrir des lieux et des légendes

Le livre Lieux de légendes et de mystère du Québec nous fait découvrir quelques-uns de ces endroits. Il a été écrit par Henri Dorion, géographe, en collaboration avec Pierre Lahoud (photographie) et Anik Dorion-Coupal (illustrations). 33 lieux ont été retenus. Chaque chapitre raconte une légende, explique les particularités géographiques du lieu associé, les indications pour s’y rendre et les attraits des environs. On fait le lien avec des légendes semblables, au Québec et ailleurs. Un cd de 10 chansons, inspirés par ces légendes, accompagne l’ouvrage.

Commentaires

Ce livre nous permet de faire le tour du Québec, en légendes et en paysages. Plusieurs régions du Québec sont visitées: Bas-Saint-Laurent, Estrie, Saguenay-Lac-Saint-Jean, Abitibi-Témiscamingue, Gaspésie, Iles-de-la-Madeleine, Chaudière-Appalaches, Charlevoix, Mauricie, Outaouais, Côte-Nord et la Capitale-Nationale.

Les légendes de ce livre mettent en scène une panoplie de personnages colorés, comme le Diable, des géants, des monstres, des amoureux éplorés, des fantômes, des animaux, une maison hantée et bien plus. Mais c’est la nature, ses montagnes, ses rochers et ses lacs qui est la vraie vedette de cet ouvrage. Plusieurs légendes sont d’origine amérindienne.

L’origine de ces légendes est expliquée, dans la mesure du possible, de façon scientifique. Ainsi, on apprend comment une roche ou une montagne peuvent avoir une apparence qui peut nous sembler humaine. Par exemple, la griffe du Diable de St-Lazare évoque l’empreinte d’une patte griffue (appartenant au diable?) mais il s’agit en fait des stries glacières.

Ces histoires vous permettront d’en savoir plus sur l’origine des noms de ces lieux.

L’auteur adopte parfois un style humoristique qui se prête bien à l’ouvrage. L’exposition des <> de l’existence du monstre du Lac Memphrémagog m’a bien fait sourire.

Les photographies et les illustrations (à l’aquarelle) de cet ouvrage sont magnifiques.

L’ajout de nombreuses cartes géographiques est une très bonne idée.

Notons que ce livre ne contient pas de bibliographie.

En somme, un ouvrage qui vous fera faire de belles découvertes et qui sait, vous donnera envie d’aller faire un peu de tourisme. Il y a pleins de lieux de légendes et de mystères qui attendent votre visite….

Quelques légendes racontées dans ce livre.

Il était une fois… la Création du Bic, l’Église du Diable à Havre-Aubert, la Descente des femmes de Sainte-Rose du nord, la Maison hantée de Trois-Pistoles, la Noyée de Charlevoix, la Dame blanche de Montmorency, le Gisant de Grande-Vallée, la Forêt enchantée de Ville-Marie, le Pin solitaire de Sherbrooke, la Passe du Manitou de Mingan, le Sorcier Nipissingue de Rawdon, Kabir Kouba, le grand serpent de Wendake, les Méchins, la Marmite du géant de Beaupré, les Revenants de Saint-Octave, etc

Lieux de légende et de mystères du Québec par Henri Dorion, Éditions de l’Homme, Montréal, 2009, 266 pages.

Note: **** étoiles sur 5

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