Conférences Les migrations francophones dans les Amériques, 17e-21e siècle

La Chaire de recherche du Canada de niveau 1 sur les migrations, les transferts et les communautés francophones (CRC-MTCF) a mis en ligne la conférence « De France en Nouvelle-France » du professeur Yves Frenette qui a eu lieu le 13 septembre 2017 au Musée canadien pour les droits de la personne à Winnipeg, Manitoba. Il s’agit de la première conférence présentée dans le cadre de la série « Les migrations francophones dans les Amériques, 17e-21e siècle ».

Les prochaines conférences auront pour thème: S’enraciner en terre d’Amérique (20 septembre),  Au cœur du continent (27 septembre), Le Grand Dérangement des Acadiens (4 octobre), Les migrations de masse (11 octobre), L’attraction américaine (18 octobre), Canadiens français, Français et Belges dans la Prairie (25 octobre), Les Métis en mouvement (1er novembre), Vers le Brésil : l’épisode du Moravia (1896) (8 novembre), À l’heure des villes et des banlieues (15 novembre), D’Afrique, d’Asie et des Antilles (22 novembre) et Bilan : Migrations, transferts et métissages  (29 novembre).

Chaque conférence, prononcée par le professeur Yves Frenette, sera filmée et mise en ligne sur Viméo.

Pour plus de renseignements:  Chaire de recherche du Canada de niveau 1 sur les migrations, les transferts et les communautés francophones (CRC-MTCF).

 

Celina Géhu et David Lapierre

par Vicky Lapointe

Ce nom a tout de suite attiré mon attention. Qui pouvait bien être Célina Géhu, décédée à Sainte-Justine, Dorchester (auj. Bellechasse) le 22 janvier 1912 à l’âge de 68 ans? Géhu est un nom de famille assez rare au Québec. Les Géhu ont laissé des traces dans les registres paroissiaux catholiques en Gaspésie et dans les régions de Montmagny et de Bellechasse. C’est un patronyme dont l’orthographe a varié au fil des ans: Géhu, Jehu, Jegue, Jaigue, Gegu, Gagné, etc.

  1. Les Géhu
  2. David Lapierre
  3. Des Géhu en Nouvelle-Angleterre
  4. En résumé

1. Les Géhu

Louis, l’ancêtre des Géhu du Québec, a épousé Marie-Louise Blais à Berthier-sur-Mer le 18 février 1765. Selon Nos Origines, il serait né vers 1736 à Pleurtuit, Ille-et-Vilaine (France). Je n’ai pas trouvé de traces de ce breton dans le Fichier Origine, qui recense les « émigrants français et étrangers établis au Québec des origines à 1865 ». Peut-être Louis Géhu était-il un soldat ayant participé à la guerre de Sept ans?


Louis Géhu et Marie-Louise Blais ont eu au moins sept enfants: Louise (Etienne Renaud), Louis (Madeleine Boulay), Marie (Charles Couture), Julien (Marcelline De La Durantaye, Marie-Reine Fournier), Louis-Jean, Marie-Marguerite et Véronique. Louis-Jean est décédé en bas âge et Louis ne semble pas avoir eu d’enfant. Par contre, Julien est le père d’au moins neuf enfants, dont Michel et Julien.

Revenons à Célina Géhu. Âgée de 68 ans à son décès, elle serait donc née vers 1844. La consultation du site web du Programme de recherche démographique historique (PRDH) ne m’a pas permis de connaître sa date et son lieu de naissance.

Elle s’est mariée à au moins deux reprises: la première fois avec David Lapierre (date et lieu inconnus) et la seconde fois avec Jean « Johny » Richard à Sainte-Justine le 8 janvier 1884.

J’ai laissé il y a quelques jours un message sur le forum de Nos Origines pour trouver plus d’informations sur le mariage de Célina Géhu et de David Lapierre. Une participante, Jacynthe, m’a fait remarquer que Célina apparaissait dans les recensements canadiens de 1852,  de 1871 et de 1891. Je tiens à remercier une autre participante, Renée, pour son aide.

Voyons maintenant ce que nous apprennent les recensements canadiens à propos de Célina Géhu.

Recensement canadien 1852 L’Islet
Julien Gaigue 42 ans
Geneviève Fournier 41 ans
Magloire Gaigue 15 ans
Célina Gaigue 12 ans
Geneviève Gaigue 10 ans
Philomène Gaigue 10 ans
Déline Gaigue 5 ans
Séraphine Gaigue 3 ans

Recensement de 1861- où est-elle?

Recensement canadien 1871 St-Gervais
Michel Gégu 55 ans
Philomène Gégu 27 ans
Michel Gégu 19 ans
Télévine? Gégu 10 ans
Adéline Gégu 22 ans
Célina Gégu 31 ans
Adélard Gégu 5 mois

Recensement de 1881, où est-elle?

Recensement canadien 1891 Ste-Justine
Jean Richard 45 ans
Delina Richard 45 ans
Recensement canadien 1901 Ste-Justine
Jean Richard 55 ans
Célina Richard 56 ans (née le 15 mai 1845)
Recensement canadien 1911 Ste-Justine
Jean Richard 65 ans
Célina Richard 68 ans (née le 1? mai 1842)

Célina est donc née entre 1840 et 1845. Le dépouillement des actes de baptêmes de Montmagny – indiqué comme son lieu de naissance dans le recensement canadien de 1911 – n’a pas permis de confirmer cette information. Les recensements de 1901 et 1911 nous apprennent par contre qu’elle parlait français et anglais. Dans quelles circonstances a-t-elle acquise sa maîtrise de l’anglais? Sainte-Justine est située près de la frontière du Maine, mais il s’agit d’un village essentiellement francophone. Aurait-elle séjournée en Nouvelle-Angleterre?

2. David Lapierre

Le premier mari de Célina Géhu, David Lapierre, est décédé à Sainte-Justine le 25 janvier 1882 à l’âge de 53 ans. Il serait donc né vers 1829. La consultation du PRDH permet de repérer un candidat intéressant, soit David Denis (Denis dit Lapierre) né à Saint-Gervais en 1826. Il a épousé à Saint-Sylvestre de Lotbinière le 3 octobre 1848 Marguerite Gautron dit Larochelle. Leurs enfants sont nés à St-Sylvestre, Saint-Ferdinand-d’Halifax et Sainte-Sophie. En 1871, les Lapierre résident à Sainte-Justine. Au décès de David et Anna à St-Léonard d’Aston en 1875, il est écrit dans les registres que leur mère, Marguerite, est décédée. David Lapierre est donc devenu veuf entre 1871 et 1875.

Je ne trouve pas David Lapierre dans le recensement canadien de 1881. Peut-être son nom a-t-il mal été indexé ou bien au moment du recensement, était-il à l’extérieur du pays, par exemple en Nouvelle-Angleterre?

Sa fille Marguerite est décédée à Concord, New Hampshire, en 1911. Elle a épousé, probablement aux États-Unis, Peter Daily ou Dailey.

3. Des Géhu en Nouvelle-Angleterre

Un peu plus tôt, je vous ai parlé de Michel Géhu, fils de Louis Géhu et de Marie-Louise Blais. Célina habite chez lui à Saint-Gervais en 1871. Il s’agit probablement de son oncle. En 1874, Michel réside en Nouvelle-Angleterre. Deux de ses enfants décèderont dans cette partie du monde soit  Marie, à Fall River, Massachusetts,  le 11 décembre 1874 puis  son fils Michel (Micheal), inhumé à Seymour,  Connecticut, en 1916. Sur le site Find a grave, on trouve deux Gehu inhumés à Seymour, soit Mary A (Agnès?), femme de Michael (d. 1926) et Edouard (d. 1914).

4. En résumé

Je recherche les informations suivantes:

Date et lieu de naissance de Célina Géhu (entre 1840 et 1845) .

Lieu et date du mariage de Célina Géhu et David Lapierre (peut-être en Nouvelle-Angleterre).

Lieu et date de décès de Marguerite Gautron dit Larochelle, épouse de David Lapierre (entre 1871 et 1875).

À suivre…

La corvette La Capricieuse [Québec, 1855]

La Capricieuse est le premier navire de la marine française à entrer dans les eaux du fleuve St-Laurent depuis la cession de la Nouvelle-France à la Grande-Bretagne.

Le Canadien, 16 juillet 1855

LA CORVETTE

Attendue et désirée avec une sorte d’impatience dès le premier jour que fut annoncée au public son arrivée prochaine, la corvette La Capricieuse, montée de 240 hommes d’équipage, sous le commandement en chef de M. V. Bellevèze, est apparue dans ce port vendredi soir, sur les sept heures, à la remorque du vapeur Advance préalablement expédié à sa rencontre.

L'Action catholique, 14 juillet 1955.

L’Action catholique, 14 juillet 1955.

Une salve de 21 coups de canon tirée de la corvette, lui fut aussitôt rendue par celui de la citadelle.

A la nouvelle de cette arrivée, qu’annonçait à la population entière le bruit de la détonation, la Plate-Forme se couvrit de spectateurs, dont on vit en quelques momens des masses compactes encombrer, outre cette promenade, les quais et tous les points environnant qui ont vue sur le fleuve. Des hourras bruyants sortirent en même temps de toutes les bouches en signe de félicitation et d’accueil pour les nouveaux hôtes dont ils annonçaient la bienvenue.

La corvette reçut à bord le même soir, à part son Honneur le Maire de Québec, quelques personnes désireuses d’accomplir à cette occasion un acte de civilité.

Le lendemain, samedi, eut lieu vers les onze heures et demie, sur le Quai de la Reine, la réception officielle de M. de Belvèze. Le Maire, accompagné du vice-consul français à Québec, M. Ryan, et d’un nombre très considérable de citoyens, lui présenta l’adresse qui suit:
M. De Belvèze

Commandant de la division navale de France sur la station de Terreneuve.

Monsieur de le commandant,
C’est pour les habitants de Québec un jour bien mémorable que celui où il leur est donné de souhaiter la bienvenue au glorieux drapeau de la France, l’alliée de notre gracieuse souveraine.

Si des évènements qu’il était au-dessus de la puissance humaine de maîtrise, ont tenu si longtemps les deux premières nations de l’Europe dans une attitude jalouse ou hostile, remercions la providence qui les unit ensemble aujourd’hui, afin de protéger le faible contre le fort, et de permettre aux lumières de pénétrer sur tous les rivages et chez tous les peuples.

Pour notre part, monsieur le commandant, nous espérons que votre arrivée parmi nous va marquer le commencement d’une nouvelle ère de prospérité pour les deux pays, et que les rapports commerciaux et les relations sociales qui vont s’ensuivre cimenteront chaque jour davantage l’alliance intime de l’Angleterre et de la France.

Dans cette vive espérance, veuillez bien, monsieur le commandant, agréer nos félicitations les plus sincères, et croire que c’est pour nous l’occasion d’une grande joie de vous voir sur un rivage où vos frères et les nôtres ont élevé autrefois la première tente de la civilisation.

A ces paroles du Maire convenablement adaptées à la circonstance qui les inspirait, M. de Belvèze répondit de la manière suivante:

M. le Maire, Messieurs,
Je suis touché de l’accueil sympathique que vous voulez bien me faire à mon arrivée sur vos rivages; c’est à la France, la patrie commune de vos ayeux et des nôtres, c’est à la gracieuse souveraine de la Grande-Bretagne, c’est à l’Empereur Napoléon que doivent être reportés l’honneur et l’hommage de cette réception: elle est la conséquence de la noble et féconde alliance qui unit les deux plus puissantes nations de l’Europe et les arme en ce moment pour défendre la civilisation contre la barbarie et rendre la paix au monde.

L’Empereur Napoléon disait à Londres:  »Le temps des conquêtes, est passé sans retour, et c’est en se mettant à la tête des idées généreuses, en faisant prévaloir partout l’empire du droit et de la justice, qu’une nation peut désormais être honorée et puissante. »

La mission que Sa Majesté Impériale m’a confiée est l’application de cette pensée. Absente depuis un siècle du fleuve St. Laurent, la marine française y revient pour renouer des relations commerciales longtemps interrompues, faire profiter notre pays des progrès immenses de votre agriculture et de votre industrie, ouvrir à nos armateurs et aux produits du travail français une voie qui fut longtemps fermée à nos vaisseaux.

Extrait de la Minerve, 16 juillet 1855

Une soirée organisée en l’honneur de l’équipage de La Capricieuse Extrait du Canadien, 16 juillet 1855

L’adresse pleine de sentiments bienveillants, qui m’est présentée, monsieur le Maire, l’assemblée nombreuse qui entour de tant d’honneur mon premier pas sur ce rivage, m’assure que votre concours est acquis à cette oeuvre de progrès.

Veuillez, M. le Maire, agréer l’expression de ma profonde gratitude et vous en rendre l’interprète auprès de vos concitoyens.

Le chef de division, commandant la Capricieuse,
V. Belveze

Cette présentation terminée,  plusieurs voitures procurées aux frais de la Corporation transportèrent à l’hôtel du gouvernement M. de Bellevèze et quelques officiers du bord, le cortège recevant partout sur son passage les acclamations empressées de la foule. Des pavillons aux couleurs de la France et d’Angleterre ornaient les devants de plusieurs maisons sur les rues où cheminait le cortège. Parvenus à la station indiquée, son Excellence le gouverneur, qui venait de s’y rendre avec le cérémonial militaire usité dans les grandes occasions, reçut M. de Bellevèze ses lettres de créance, et cette formalité fut suivie d’un entretien brief mais également dignes, et polies qu’échangèrent l’un avec l’autre ces deux représentants officiels de l’Angleterre et de la France. A la suite de cette entrevue, il visita avec son Excellence les fortifications de notre citadelle.

M. de Bellevèze a dû visiter aujourd’hui, sur invitation spéciale de la Corporation de Québec, la cataracte de Montmorency et les ouvrages de l’Aqueduc à Lorette, et il dînera ce soir au château de Spencer-Wood. A ce banquet doit succéder demain une autre soirée chez son Excellence, en l’honneur de M. de Bellevèze.

Mercredi (après-demain) se fera la pose de la pierre angulaire du Monument aux Braves du 28 avril 1760. Cette cérémonie dont l’imposant caractère s’annonce par les détails du programme que nous en donnons ailleurs, a été retardée en vue de l’intérêt particulier qu’elle empruntera à l’apparition au milieu des divers corps qui en formeront le cortège, des soldats de la marine française. Ce résultat heureux a été préparé sans doute, mais il convenait de tout point à l’objet dont nous parlons. D’ailleurs, le degré d’à-propos et d’éclat qu’un tel complément doit ajouter à la cérémonie de la date glorieuse de 1760, sera, nous n’en doutons point, pour chacun de nous, un motif de concourir par sa présence à la rendre plus solennelle. S’il est vrai que nous ne saurions être indifférents à ce qui nous nos pères constituait la nationalité, nous ne pouvons l’être davantage au sentiment qu’éveillent les souvenirs impérissables de leur bravoure sur les champs de bataille. Ce culte des souvenirs militaires est en même temps le culte de la patrie. Il n’y a rien qui ne doive honorer ceux qui le rendent, quel que soit d’ailleurs le sang qui en a mérité l’hommage. Telle doit être notre pensée touchant la commémoration de mercredi, et telle sera, devons-nous le dire, la pensée de ceux mêmes qui, se considérant comme nos rivaux à d’autres égards, admirent néanmoins le patriotisme jusque dans leurs adversaires et savent respecter le sentiment national partout où ils le voient exister.

S’ensuit une chanson en l’honneur du passage de La Capricieuse.

Pour en savoir plus:

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Peinture: Grosse-Ile vers 1838-1840 par Henry Hugh Manvers Percy

Les fêtes du tricentenaire de Québec en images (1908)

L’écrivain André Malraux donne une conférence à Montréal [avril 1937]

Voici la 731e entrée de ce blogue qui fête son quatrième anniversaire aujourd’hui.

En 1937, l’écrivain français André Malraux donne une série de conférences au Canada et aux États-Unis dans le but de récolter des fonds pour les Républicains  (on est alors en pleine guerre civile espagnole). Voici une entrevue qu’il a accordé au journal l’Autorité lors de son passage à Montréal.

André Malraux, prix Goncourt : [photographie de presse] / Agence Meurisse
André Malraux, prix Goncourt : [photographie de presse] / Agence Meurisse
Source: gallica.bnf.fr

L’Autorité, 10 avril 1937

NOS INTERVIEWS
MINUTES AVEC ANDRE MALRAUX

 »Franco, piètre soldat sans idéal, sera vaincu » – Les cas que l’écrivain fait des critiques – La guerre aux femmes et enfants.
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C’est une foule enthousiaste qui a reçu M. André Malraux dimanche soir à l’hôtel Ford. Il y avait cinq cents personnes au banquet et plus de mille attendaient dans le hall leur tour d’entrer. Les uns portaient l’insigne de Lénine, d’autres la faucille et le marteau, des femmes le fusil brisé et nombre d’autres insignes à croire que de telles insignes sont devenues une spécialité de nos manufactures.

M. André Malraux est le vrai type d’intellectuel qui non seulement combat pour ses idées par la plume mais ne craint pas aussi de mettre volontairement sa vie en danger pour les besoins de la Cause.

Pris à part, M. Malraux a bien voulu répondre aux questions que lui a posé notre représentant.

– Qui pensez-vous aura la victoire en Espagne?

– Franco devait nous battre dans les quatre premiers mois de la révolution espagnole. Alors il avait tout pour lui: surprise, argent, munitions et aviation supérieure. Il a manque son coup. C’est un piètre soldat qui sera justement vaincu parce qu’il n’a pas d’idéal.

– Étant donné que vous représentez certes une valeur intellectuelle, pourquoi risquer continuellement votre vie comme vous le faites? ne croyez vous pas que vous vous devez d’abord à la masse et que votre mort pourrait être une bien plus grosse perte pour elle qu’un aviateur de moins sur le front de Madrid?

– C’est un point de vue qui se défend. Etant avant tout un écrivain révolutionnaire, incitant les masses à se révolter contre le pouvoir despotique des capitalistes sans conscience et de l’esclavage des dictatures il est juste que je récolte ce que j’ai semé avec tous mes camarades et qu’avec eux je vive ou je meure. J’ai horreur du mensonge et de la lâcheté.

– Seriez-vous assez aimable de me dire si vous avec une réponse à faire à ce qu’à écrit un journaliste montréalais à votre égard?

– Je n’ai pas lu. Dites-moi ça en deux mots, je verrai.

– Que vous étiez un missionnaire de sang.

– Je vous répondrai par une courte histoire. Lors de mon dernier séjour à Paris j’étais avec mon grand ami Paul Valéry. Ce dernier venait de recevoir un article critique à son sujet. Après en avoir regardé la longueur, il le mit au feu. Etonné, je lui demandait pourquoi, s’il ne lisait pas l’article, en regardait-il du moins la longueur. –  »Parce que si ce monsieur a passé deux heures à penser à moi, j’en fais autant, mais n’ayant pas de minutes à perdre, j’agis. » J’en dirait autant pour ce monsieur dont j’ai déjà oublié le nom.

M. Malraux est très nerveux, mais quand il répond, il est clair et concis. Après le banque, il se lève et adresse quelques paroles à l’assistance. Il répond à haute voix à toutes les questions qu’on veut bien lui poser. Quand quelqu’un lui demanda la vérité sur les atrocités commises en Espagne, il se redresse pâle comme un mort:

– Nous n’avons jamais bombardé de villes ouvertes. Les rues de Madrid sont bombardés tous les jours ou presque. Les insurgés en veulent aux femmes et aux enfants afin de les terroriser, même tactique que les Allemands ont employée durant la guerre de 1914. Rien que pour soigner les enfants nerveux de Madrid, il faudrait plus d’hôpitaux que nous n’en avons actuellement. Je remercie les Canadiens pour leur encouragement et je suis fier de dire que le service de transfusion du sang du Dr (Normand) Bethune a rendu jusqu’ici d’immenses services.

Les applaudissements deviennent du délire. M. Malraux du poing fermé salue l’assistance. Tout s’estompe dans les derniers accents de l’Internationale.

Jacques ANTOONS

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Un chocolatier français à l’Ile d’Anticosti, Henri Menier

Toponymie: le Québec à travers le monde (en route!)

Aujourd’hui, un peu de toponymie. En faisant une recherche sur Google Maps (que j’adore), j’ai pu constater qu’il y avait pas mal de routes à travers le monde qui portent le nom de ou du Québec. Alors, je vous convie à un petit voyage virtuel à travers le réseau routier de l’Australie, de la France, de la Grande-Bretagne, des États-Unis et bien d’autres endroits.

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Un chocolatier français à l’Ile d’Anticosti, Henri Menier

M. H. Menier image fixe/ Imprimerie C.-O. Beauchemin, 1897, Source BANQ

Au Québec et ailleurs, on nomme des routes, des rues, des bâtiments et des parcs en l’honneur de personnes qui ont marqué notre histoire. Cette série de billets a pour but de vous faire découvrir ces gens. Une rue à Baie-Comeau et une autre à Sept-Iles ainsi qu’un village à l’Ile d’Anticosti portent son nom. Qui était Henri Menier?

Une fortune acquise grâce au chocolat

Henri Emile Anatole Menier est né le 14 juillet 1853 à Paris, héritier d’une prospère famille de chocolatier, les Menier. Il a été maire de Noisiel, en France, de 1881 à 1913.

Il s’est porté acquéreur quelques mois avant son décès, en 1913, du château de Chenonceau.

Chocolat Menier : [affiche] ([Tirage avec signature]) / [Firmin Bouisset, 1893]
Chocolat Menier : [affiche] ([Tirage avec signature]) / [Firmin Bouisset, 1893]
Source: Bibliothèque nationale de France

Ménier était un grand sportif. Il aimait s’adonner à la course automobile et au yachting. Il était aussi amateur de chasse et pêche et c’est grâce à ses deux passions que son attention se porta sur l’Ile d’Anticosti.

L’Ile d’Anticosti

L’Ile d’Anticosti est une île d’une superficie de 7 900 km², située dans le golfe du Saint-Laurent. Les Amérindiens furent les premiers à y établir une présence. L’explorateur Jacques Cartier la  »redécouvrit » en 1534. En 1680, l’île fût donnée à Louis Jolliet par le roi de France en récompense de ses bons et loyaux services.  Jusqu’à ce qu’à son achat par Menier en 1895, l’île était peu développée.

Donc, Henri Menier acheta en 1895 l’Ile d’Anticosti pour la coquette somme de 125 000$. Il voulait bien sûr y chasser et y taquiner le poisson, mais il voyait aussi grand.  Il développa d’abord le village d’English Bay (rebaptisé par la suite Baie-Sainte-Claire). Il déménagea le tout à la baie Ellis; c’est là que sera fondé le village de Port-Menier qui existe toujours.

Lorsque Henri Menier était en France, c’était son ami Georges-Martin Zédé qui gérait l’île. Il y développa

 la coupe du bois, l’agriculture, la pêche et la mise en boîte du homard et du saumon (réf)

C’est aussi grâce à Menier que l’on peut voir autant de cerfs de Virginie, des renards, des castors, des rats musqués, des orignaux et des lièvres sur l’île.

Manoir bâti pour Henri Menier sur l'île d'Anticosti. Incendiée en 1953, suite aux ordres de la Consolidated Bathurst Ltd. Source: Bibliothèque et Archives Canada

Henri Menier décèda en 1913 à cause du diabète. Son frère Gaston prit la relève et continua le développement de l’île, qu’il revendit en 1926 à la Wayagamack Pulp and Paper au coût de 6 millions de dollars. L’époque des papetières dura quelques décennies. La dernière papetière propriétaire de l’île, la Consolidated Bathurst Ltd, fût expropriée par le gouvernement du Québec en 1974. La réserve faunique de l’Île-d’Anticosti, d’une superficie de 303 km², a été créée en 1980. Maintenant, l’île est gérée selon le modèle municipal standard.

En 1999, Jean-Claude Labrecque réalisa  Anticosti Au temps des Menier.

Dans un prochain billet, je vais vous raconter l’histoire d’un mystérieux habitant de l’île d’Anticosti…

Port-Menier. Source: dnas2 sur Flickr

Bibliographie

Wikipédia. Henri Menier. Page consultée le 4 juillet 2011. Adresse URL

Wikipedia. Ile d’Anticosti. Page consultée le 23 juillet 2011. Adresse URL

Municipalité de l’Ile d’Anticosti. Pagée consultée le 4 juillet 2011. Adresse URL
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Des Canadiens-français sur le Nil (Khartoum, Soudan, 1884-1885)

3. Ces gens qui ont marqué notre histoire: Johan Beetz

Pehr Kalm, un Suédois en Nouvelle-France (1748)

Peinture: Cornelius Krieghoff (1815-1872)

Noms et lieux du Québec: significations et origines

Sur le web: 1682-1803 La Louisiane française

Le territoire que l’on nommait Louisiane au 17e et au 18e siècle ne correspond pas à la Louisiane que l’on connait de nos jours. La Louisiane, appartenant à la France,  regroupait alors ce qui allait devenir l’Arkansas, le Dakota du Sud, le Dakota du Nord, l’Iowa, le Kansas, le Missouri, le Montana, le Nebraska, l’Oklahoma et l’actuelle Louisiane. Elle comprenait aussi des parties des états actuels du Colorado, du Wyoming, du Minnesota, du Nouveau-Mexique et du Texas. (Réf).

La Louisiane française à son apogée (voir territoires bleu foncé). Source Ursutraide Wikipedia

Lors du Traité de Paris de 1763, la partie occidentale de la Louisiane et la Nouvelle-Orléans reviennent à l’Espagne. La Louisiane orientale et l’Illinois sont attribués aux Anglais.

Plan de la ville de la Nouvelle Orléans en l
Plan de la ville de la Nouvelle Orléans en l’état quelle étoit le 30 may 1725
Source: Bibliothèque nationale de France

Partie méridionale de la Rivière de Missisipi et ses environs, dans l
Partie méridionale de la Rivière de Missisipi et ses environs, dans l’Amérique Septentrionale / mis à jour par N. de Fer
Source: Bibliothèque nationale de France

L’Espagne rétrocède la Louisiane occidentale à la France en 1800 (traité de San Ildefonso) puis Napoléon revend le tout aux États-Unis trois ans plus tard pour 15 millions de dollars.

Pour en savoir plus, consultez 1682-1803 La Louisiane française,  un site créé en 2003 pour commémorer le bicentenaire de la cession par Napoléon de la Louisiane aux Etats-Unis. Ce site est une collaboration France-Québec-États-Unis.

Billets reliés

Liste des noms de lieux d’origine française aux États-Unis

Journaux francophones en ligne hors-Québec 19/20e siècle Canada/États-Unis

Sites historiques de l’Amérique française

Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO

Encyclopédie du patrimoine culturel de l’Amérique française: nouveautés

Atlas historique

Vidéos en ligne sur l’histoire du monde

Pour faire suite à mon billet de la semaine dernière sur les vidéos en ligne à propos de l’histoire du Québec, voici quelques bonnes adresses qui concernent cette fois l’histoire du monde. N’oubliez pas que l’accès à certains vidéos peuvent vous être refusés en raison de votre location géographique.

TV5 monde

La télévision de la francophonie

Adresse: http://www.tv5.org/TV5Site/webtv/thematique-90-Histoire.htm

ina.fr (Institut national de l’audiovisuel, France)

Documentaires, entretiens, une mine d’informations à explorer.

Adresse: http://www.ina.fr

PBS, chaîne de télé américaine

A signaler, les vidéos regroupées sous le thème history (Antiques Roadshow, documentaires, pièces de théâtre)

http://www.pbs.org/

Et l’émission History Detectives http://video.pbs.org/program/1138014438/)

France 5

Adresse: http://education.francetv.fr/histoire/

Billets reliés:

Gallica – bibliothèque numérique

Gallica, c’est le nom de la bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France (BNF). Des institutions-partenaires ont aussi collaboré au projet, dont Gallimard et Cyberlibris. Chez Gallica, on retrouve plus de 830 000 documents numérisés, donc 225 000 en mode texte. Lorsque vous lirez ces lignes, il y aura probablement des centaines de nouveaux documents disponibles.

gallica

Gallica contient des imprimés (monographies et périodiques), des documents iconographiques, des cartes, des plans, des documents sonores et manuscrits ainsi que de la musique notée. L’interface est en quatre langues: français, anglais, portugais et espagnol.

La page d’accueil nous donne un aperçu des collections. On nous offre aussi des suggestions de documents à découvrir. On peut aussi flâner dans la section Dossiers, qui contient en fait des expositions virtuelles comme La France en Amérique et Voyages en Italie.

La section Espace personnel sert à créer, après inscription, une liste de ses documents favoris, documents auxquels on peut attribuer des mots-clés. On peut aussi enregistrer les recherches effectuées, critères compris. Pratique pour une visite ultérieure.

Gallica a aussi un blogue pour faire connaître ses nouveautés. (http://blog.bnf.fr/gallica/)

Définitivement une des bibliothèques numériques les plus utiles pour le grand public, les chercheurs et les étudiants…

Adresse: http://gallica.bnf.fr/

Billets reliés:

Institut national de recherches archéologiques préventives

L’Institut national de recherches archéologiques préventives est un organisme français (INRAP)qui <<assure la détection et l’étude du patrimoine archéologique touché par les travaux d’aménagement du territoire. Il exploite et diffuse l’information auprès de la communauté scientifique et concourt à l’enseignement, la diffusion culturelle et la valorisation de l’archéologie auprès du public>>.
archeologieLe site internet de cet organisme est un exemple d’utilisation pertinente   du multimédia et de l’internet. Il y a une section qui présente l’INRAP et l’archéologie préventive. Le reste du site illustre les résultats de ce type d’archéologie.

Les plus récentes nouvelles et les communiqués en archéologie française peuvent être consultées dès la page d’accueil. Ainsi, on apprend qu’un charnier datant de la Guerre de Vendée a récemment été découvert. On a aussi accès à un agenda des activités archéologiques des semaines à venir.

Les passionnés d’archéologie consulteront les suggestions de lecture, liront les capsules Le saviez-vous? et s’abonneront au podcast Archéologie. On peut aussi s’abonner à la revue Archéopages.

Beaucoup de reportages vidéos ont été mis en ligne. On peut ainsi visionner le colloque La révolution du néolithique dans le monde et des films documentaires. Des reportages ont aussi été tournés lors de visites de sites archéologiques français.

On peut aussi faire une recherche dans la base de données qui recense des sites archéologiques situés en France. L’internaute pourra mesurer ses connaissances en archéologie en complétant les quiz.

Dernier élément à signaler: les animations multimédias. Par exemple, il y en a une sur les interventions archéologiques dans la ville de Reims depuis 1977 et une sur le mobilier des tombes aristocratiques de Saint-Dizier (on voit les artéfacts en 3 D).

Beau travail de vulgarisation de l’archéologie!

Adresse: http://www.inrap.fr/archeologie-preventive/p-7-Accueil.htm