10. Athanase David (1882-1953): un acteur de la promotion et de la protection du patrimoine

Au Québec et ailleurs, on nomme des routes, des rues, des bâtiments et des parcs en l’honneur de personnes qui ont marqué notre histoire. Cette série de billets a pour but de vous faire découvrir ces gens.

Un édifice à Saint-Jerôme, un pavillon de l’UQAM, un croissant à Sainte-Agathe-des-Monts, un pont à Bois-des-Filion, une rue à Mirabel et le village de Val-David sont nommés en son honneur. Qui était-il?


Études et entrée en politique

Impression | Hon. Louis Athanase David, secrétaire provincial du  Québec | M20111.73 Louis Athanase David naît à Montréal le 24 juin 1882. Il est le fils de Laurent-Olivier David (journaliste et politicien) et d’Albina Chenet. Son parrain est l’écrivain Louis Fréchette. (Réf) Il a étudié au collège Sainte-Marie puis à l’Université Laval à Montréal, en droit. Il est reçu au Barreau en 1905
Il épouse en 1908 Antonia Nantel, fille de Guillaume-Alphonse Nantel (politicien, écrivain et journaliste). Avocat de formation, Athanase David a fait carrière en politique, étant élu sous la bannière libérale dans Terrebonne (1916-1936 et 1939-1940).

La promotion des arts et du patrimoine

Athanase David est secrétaire et registraire de la province de Québec, de 1919 à 1936. Grâce à lui, le gouvernement pose plusieurs actions pour le rayonnement des arts, la conservation et la diffusion du patrimoine et l’éducation. Voici quelques exemples.

  • 1920. Création du Bureau des archives de la province de Québec. Pierre-Georges Roy est nommé archiviste de la province. Cela amène la publication du Rapport de l’archiviste (publication de documents d’archive), au classement et à l’enrichissement du corpus archivistique de la province par l’ajout de documents, etc .. Le Bulletin des Recherches historiques, fondé par Pierre-Georges Roy, est lié dès 1923 au Bureau des Archives de la province de Québec. Des inventaires archivistiques sont publiés. Grâce à Athanase David et Pierre-Georges Roy, les archives de la province sont mieux organisées et connues. Cet organisme a évolué pour devenir de nos jours Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BANQ).
  • 1922 : Promulgation de la Loi relative à la conservation des monuments historiques et des objets d’art ayant un intérêt historique ou artistique. De cette loi découle la création de la Commission des monuments historiques aujourd’hui appelée Commission des biens culturels. Il s’ensuit des publications et des inventaires du patrimoine québécois grâce à la collaboration de Gérard Morisset.
  • Toujours en 1922, le gouvernement Taschereau adopte la Loi créant les école des Beaux-arts de Québec et de Montréal  et la Loi pour encourager la production d’œuvres littéraires ou scientifiques. Athanase David instaure les Concours littéraire et scientifique, ancêtre des Prix du Québec, dont un des prix porte son nom.

Le prix Athanase-David est accordé à un écrivain pour l’ensemble de son œuvre. Les genres littéraires reconnus aux fins de ce prix sont le conte, la nouvelle, la poésie, le récit, le roman, la dramaturgie, la bande dessinée, l’essai, la critique littéraire, le journalisme et toutes les formes de littérature pour la jeunesse. (Réf 1 et 2 )

Il est décerné depuis 1968.

Quelques récipiendaires : Victor-Lévy Beaulieu, Anne Hébert, Réjean Ducharme, Yves Thériault, Marie-Claire Blais, Gabrielle Roy, Marcel Dubé, Félix-Antoine Savard.

Durant son mandat, le gouvernement a accordé un soutien monétaire à la Maison des étudiants canadiens à Paris et a octroyé des bourses à des étudiants pour qu’ils aillent parfaire leur éducation en Europe et ce, dans plusieurs disciplines comme la musique, les lettres, les sciences sociales et la médecine. Gérard Morisset a bénéficié d’une de ces bourses.

Des organismes culturels (Monument national, Conservatoire national de musique, etc)  ainsi que le Programme d’encouragement à la littérature et aux beaux-arts dans les écoles primaires ont aussi pu bénéficier du soutien de l’état.

Athanase David a participé, avec son épouse, à la fondation de l’Orchestre symphonique de Montréal (1934).


Entre 1940 et 1954, il est est sénateur.


Il est décédé à Montréal le 26 janvier 1953.


Athanase David est le grand-père de la politicienne Françoise David.

Honneurs
Il est fait chevalier de la Légion d’honneur
en 1923, officier en 1925 et commandeur en 1934.


Écrits
En marge de la politique. Montréal. Lévesque, 1934. 181 pages. (recueil de discours)

Conclusion
Le passage en politique d’Athanase David a permis de donner un certain élan à la préservation et la diffusion du patrimoine et de l’histoire du Québec grâce à un organisme comme le Bureau des Archives de la Province de Québec. La
Loi relative à la conservation des monuments historiques et des objets d’art a été une des premières étapes dans la protection du patrimoine du Québec par le gouvernement. Il a aussi participé à la promotion de la littérature avec l’instauration de prix littéraires. Les années 20 sont définitivement intéressantes pour ceux qui s’intéressent à l’apport du gouvernement à la protection du patrimoine…

Webographie

Gouvernement du Québec [en ligne] Qui était Athanase David? (1882-1953) [Page consultée le 6 mai 2010] Adresse URL.

Gouvernement du Québec [en ligne] Qui était Athanase David? (1882-1953) [Page consultée le 6 mai 2010] Adresse URL.

Wikipédia [en ligne] Laurent-Olivier David [Page consultée le 6 mai 2010] Adresse URL.

Wikipédia [en ligne] Athanase David? [Page consultée le 6 mai 2010] Adresse URL.

Assemblée nationale du Québec  [en ligne] Athanase David? [Page consultée le 6 mai 2010] Adresse URL.

Fernand Harvey [en ligne] La politique culturelle d’Athanase David 1919-1936 [Page consultée le 6 mai 2010] Adresse URL. Paru dans le Cahier des Dix, no 57 (2003) p.31 à 83

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Au Québec, trois rues, un mont, une avenue et un prix prestigieux portent le nom de Gérard Morisset. Qui était-il?

Notaire, mais...

Né en 1898 à Cap-Santé (Québec), Gérard Morisset provient d’un  »milieu familial modeste, mais où la culture populaire artisane et la culture artistique faisaient bon ménage » (A la découverte du patrimoine avec Gérard Morisset, p. 9). Il est doué pour le dessin.

Il est reçu notaire en 1922, mais il pratiquera peu. La même année paraît son premier article, dans l’Action catholique du 2 décembre. Sa passion, c’est l’architecture. Il s’exerce en créant des plans, dont ceux de l’église Notre-Dame-de-Grâce à Québec (1925). C’est dans l’intention d’étudier l’architecture qu’il va étudier en France dès 1929. Sa femme et leurs deux enfants sont du voyage.

Les années en France

Ses années en France sont bien remplies. En 1929-1930, il effectue un stage chez l’architecte Tony Garnier. Il espère être admis à l’école des Beaux-arts de Paris, mais il est refusé, car selon les critères de l’école, il est trop vieux (une année seulement!). Il s’inscrit donc à l’école du Louvre où il étudie l’histoire de l’art ainsi que la muséographie. Sa thèse a pour sujet la peinture canadienne-française. Son savoir est apprécié; il est nommé en 1934 attaché honoraire aux Musées Nationaux de France.

Le retour

1934 est l’année de son retour au Québec. L’année suivante, il est nommé par le gouvernement provincial au poste de directeur de l’enseignement du dessin pour les écoles normales. En 1936, il publie son premier livre, Peintres et tableaux. Un second tome est publié l’année suivante.

Gérard Morisset Crédits. MCCCQ

1937 est une année importante dans sa carrière et pour la diffusion du patrimoine. C’est le début d’un projet qui lui tient à coeur: L’Inventaire des oeuvres d’art du Québec. Les oeuvres d’art en architecture, sculpture, orfèvrerie et peinture sont photographiées et des fiches d’information sont constituées. L’expérience se poursuivra pendant 32 ans:

Morisset entreprend sur le terrain d’abord, dans les fonds d’archives par la suite, l’inventaire du patrimoine artistique et architectural dont il assiste à la disparition et à la transformation.  (Réf)

Il a une

façon de travailler qui découle d’une approche esthétisante basée sur une histoire des styles. Celle-ci s’appuie sur une recherche documentaire des sources premières, ce qui constituait une première en histoire de l’art québécois.(Réf)

Avec cet inventaire (et par l’ensemble de son oeuvre) Gérard Morisset:

incite le gouvernement à faire l’acquisition de celles [les oeuvres d’art] qui sont menacées d’aliénation, de destruction ou de détérioration. (Réf)

Dès 1921, avec l’aide de Jean-Thomas Nadeau, Gérard Morisset s’était attelé à

la cueillette des documents sur l’art ancien. (A la découverte… p. 18).

Gérard Morisset continue d’occuper des fonctions importantes durant les années 40 et 50. En 1943, il est élu membre de la section française de la Société royale du Canada. En 1949, il est élu président de la Société des écrivains canadiens. Deux ans plus tard, il devient secrétaire de la Commission des Monuments historiques du Québec où il a contribué à la conservation et à la restauration du patrimoine bâti.

Le Musée du Québec

Il exerce entre 1953 et 1965 la fonction de directeur du Musée du Québec, aujourd’hui appelé Musée des Beaux-arts du Québec (un pavillon porte son nom).

Il transforme le musée:

En séparant de manière effective les deux secteurs développés jusque là au Musée du Québec, les sciences naturelles et l’art, en augmentant considérablement la collection de manière à offrir un éventail assez complet de l’art québécois ancien, en développant une documentation appropriée à l’étude des oeuvres – fiches d’inventaire, dossier par thèmes, par artistes, par expositions -, en modifiant les règles d’accrochage et les concepts d’exposition, le conservateur du  »Musée de la Province » va faire du musée un établissement muséologique plus moderne. (Réf. A la découverte… p.26-27)

En 1952, il donne des cours d’histoire de l’art à l’Université Laval. La médaille Pierre-Chauveau de la Société Royale lui est remise en 1954. En 1967, il est fait docteur honoris causa de l’Université Laval et il reçoit la médaille d’honneur du Groupe des Dix.

Gérard Morisset décède le 28 décembre 1970 à Québec.

Le Prix Gérard-Morisset

Accordé par le gouvernement du Québec, ce prix récompense une:

personne pour l’ensemble d’une carrière consacrée au patrimoine. Les activités reconnues aux fins de ce prix sont la recherche, la création, la formation, la gestion, la conservation et la diffusion dans les domaines des biens culturels, des archives, de la muséologie et de la culture populaire traditionnelle. (Réf)

Ce prix est remis depuis 1992. Parmi les lauréats, on retrouve Jacques Lacoursière, Michel Lessard, Luc Noppen et John R. Porter.

Conclusion

Gérard Morisset a grandement contribué à recenser et à faire connaître le patrimoine québécois. Ce pionnier a permis la diffusion des connaissances sur le patrimoine vis l’Inventaire des oeuvres d’art et par divers moyens: enseignement, articles, livres, expositions, présences la radio et la télévision. Il a contribué à la sauvegarde de plusieurs éléments de notre patrimoine. Il a partagé ses connaissances: un exemple à suivre…

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Écrits

Thèmes abordés: peinture, architecture, sculpture, orfèvrerie, etc.

 »Sa contribution et son oeuvre en font un des grands penseurs de notre histoire culturelle. Nous avons recensés 388 titres publiés de 1922 à 1971, soit 18 livres et 370 articles ou chapitres de livres. Ces 3 411 pages publiées se répartissent comme suit : les livres totalisent 1 845 pages, les articles et chapitres de livres 1 566 pages. » (Réf)

Quelques monographies

Rapport de l’inventaire des oeuvres d’art (1940)

Coup d’oeil sur les arts en Nouvelle-France (1941)

Le Cap-santé, ses églises et son trésor (1944, réédité en 1980)

L’architecture en Nouvelle-France (1949)

Québec et son évolution (1952)

Articles

Gérard Morisset a collaboré à plusieurs journaux dont L’Action catholique, le Canada, L’Événement, le Droit, le Canada français, La Patrie, etc

En ligne: Les arts au Canada sous le régime français (1948, Rapport annuel de la Société historique du Canada)

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Bibliographie

Jean Cournoyer (Page consultée le 2 mars 2010) Morisset (Gérard) [En ligne]. Adresse URL:http://www.memoireduquebec.com/

Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine (Page consultée le 2 mars 2010) Qui était Gérard Morisset? [en ligne]. Adresse URL: http://www.prixduquebec.gouv.qc.ca/eponyme/c-morisset_gerard.htm

Robert Derôme (Page consultée le 2 mars 2010) Gérard Morisset 1898-1970 [en ligne]. Adresse URL: http://www.er.uqam.ca/nobel/r14310/Ville/1922.Morisset.html

COLLECTIF. A la découverte du patrimoine avec Gérard Morisset, Ministère des Affaires culturelles1981, 256 pages.

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