Vétérans de la deuxième Guerre mondiale – armée américaine – Ste-Justine de Bellechasse

Selon le livre-souvenir du 125e anniversaire de Sainte-Justine,  neuf hommes de Sainte-Justine ont combattu dans l’armée canadienne durant la deuxième Guerre mondiale. Sept ont fait de même sein de l’armée américaine. Deux sont décédés lors du conflit, soit Roland Labbé (armée canadienne, 1943) et Ferdinand Gaulin (voir photo ci-dessous).

Pierre tombale de Ferdinand Gaulin, armée américaine, cimetière de Sainte-Justine de Bellechasse, Québec.

Pierre tombale de Ferdinand Gaulin, armée américaine, cimetière de Sainte-Justine de Bellechasse, Québec.

Bibliothèques et Archives Canada a mis en ligne la base de données Dossiers de service de la Deuxième Guerre mondiale – victimes de guerre 1939-1945.  Pour ce qui est des autres dossiers, l’accès est restreint.

Sur le site des Archives nationales des États-Unis, on trouve une transcription de ce qui semble être un formulaire d’enrôlement (enlistment record). On y trouve quelques informations intéressantes, dont le lieu d’enrôlement, l’âge, le travail et la scolarité.

Je dépose ici les noms des soldats de Sainte-Justine avec un lien vers leur fiche. Entre parenthèses, j’ai indiqué l’état ou chacun résidait.

Joseph R(odolphe?) Cayouette (New York, fils d’Alphonse et d’Arthémise Lapierre)

Hervé G. Chabot (New York, fils d’Achille et de Palména Racine dit Noyer)

Armand S. Fleury (Maine, fils de Joseph et de Delvina Quirion)

Jule A. Fleury (Maine, fils de Joseph et de Delvina Quirion)

Lucien Fleury (Maine, fils de Joseph et de Delvina Quirion)

Ferdinand Gaulin (New Hampshire, fils de Cyrille Gauline et d’Azilda Busque – décès à Nancy, France, 20 septembre 1944)

Pascal Tanguay (New York, fils de Davila et de Theodelinde Lessard)

Commentaires

Lorsque les gens de chez nous émigraient, comme bien des Canadiens français,  ils privilégiaient la Nouvelle-Angleterre à cause des manufactures de textiles ainsi que de l’industrie forestière. Le village de Sainte-Justine est situé à quelques kilomètres de la frontière du Maine. Il y a aussi eu un fort courant migratoire vers l’Ontario, plus particulièrement Hearst et Welland. Pour ce qui est de l’émigration vers New York, j’estime à environ une dizaine le nombre d’individus concernés.

Les hommes mentionnés précédemment étaient tous célibataires, exerçant des métiers aussi divers que bûcheron, mécanicien, réparateur d’ascenseur, chauffeur et cuisinier. Ils sont âgés entre 19 ans et 36 ans au moment de leur enrôlement le plus jeune étant Jules Fleury et le plus âgé Ferdinand Gaulin. Jules et Lucien Fleury travaillaient dans une manufacture de textiles. Le niveau d’éducation indiqué est ‘grammar school’, sauf pour Lucien Fleury qui a complété une année de ‘high school’ et Joseph R. Cayouette (fils du marchand Alphonse Cayouette) a complété quatre ans de ‘high school’.

Il est indiqué que ces hommes s’enrôlaient pour la durée du conflit, plus 6 mois. Pour ce qui est de Hervé Chabot (le réparateur d’ascenseur), son document spécifie qu’il a été assigné au département du canal de Panama. La majorité se sont enrôlés en 1942, tandis qu’Hervé Chabot l’a fait en 1941 et Jule Fleury en 1943. Notons qu’Hervé Chabot, Jule Fleury et Ferdinand Gaulin étaient naturalisés américains au moment de leur enrôlement.

Pour terminer, je vous souhaite (en retard) un Joyeux Noël et (en avance) une bonne année!

Départ des zouaves pontificaux pour Rome [Montréal, 19 février 1868]

Entre 1868 et 1870, environ 500 zouaves ont quitté le Québec pour aller défendre le pape et les États pontificaux à l’époque de Garibaldi et des guerres d’unification de l’Italie.

Le zouave [pBANQ Cote : P155,S1,SS1,D38

Le zouave pontifical Hénault – Ellisson and Co. 1868 BANQ Cote : P155,S1,SS1,D38

Le Canadien, 20 février 1868

Les zouaves à Montréal

Il y avait une si grande foule, à la station Bonaventure, à Montréal, pour être témoin du départ des zouaves mercredi, que plusieurs personnes ont été foulées aux pieds. Ils ont été accompagnés à la station par deux évêques et un grand nombre de prêtres. La collecte qui a été faite à l’église mardi soir, a produit de six à sept milles piastres. Sur les 125, tous, moins quatre, étaient des cadets de l’école militaire.

Liste des Zouaves pontificaux composant le 1er détachement envoyé par le Canada le 19 février 1868. Embarquement à Montréal. Liste publiée dans la Minerve  du 19 février 1868

Pour en savoir plus: Les zouaves pontificaux (Histoires oubliées) et Les zouaves pontificaux (Passerelle pour l’histoire militaire canadienne )

Billets reliés

Site internet: Le patrimoine immatériel religieux du Québec

Patrimoine religieux: les images pieuses

Numéros de la revue de la Société canadienne d’histoire de l’Église catholique en ligne

Société d’histoire du protestantisme franco-québécois

L’adieu au monde [1937]

Le Dr Norman Bethune relate son expérience de la guerre civile espagnole [Montréal,1937]

Le Canada, 19 juin 1937

10,000 personnes acclament le Dr N. Bethune à l’Aréna
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Retour d’Espagne, ce chirurgien montréalais parle en faveur de la cause loyaliste
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Guerre épouvantable
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Le spécialiste en chirurgie pulmonaire, bien connu à Montréal, le Dr. Normand Bethune, arrivant d’Espagne où il a dirigé depuis les derniers six mois une clinique canadienne de la transfusion du sang à l’usage des blessés recueillis sur le front de la guerre civile, là-bas, avait environ 10,000 personnes comme auditoire à l’Aréna Mont-Royal, hier soir, pour entendre la première d’une série de conférences qu’il se propose de donner par tout le Dominion en faveur de la cause des loyalistes espagnols.

Unité canadienne de transfusion sanguine qui était en opération durant la Guerre civile espagnole. Dr. Norman Bethune est à droite. v. 1936-1938. Credit: Bibliothèque et Archives Canada / PA-117423

En quelques minutes, les demandes d’argent faites au nom de ceux qui appuient le gouvernement de Valence dans sa lutte contre les insurgés, rapportèrent approximativement $2,000, sans compter les recettes de la soirée, car les billets d’admission étaient de 50 sous chacun.

C’est par lourds paquets que les placiers apportaient sur le plateau de l’arène centrale où se tenaient lors organisateurs et M. Bethune, les billets de banque de $5, de $10, de $1 ainsi que les chèques et les pièces de monnaie.

Présenté par Me Robert Calder qui officiait comme président, le Dr Bethune raconta la guerre d’Espagne du point de vue du chirurgien, comme il n’y a pas si longtemps Georges Duhamel dans  »Civilisation » et dans  »Les Martyrs ». Il décrivit en donnant quelques exemples frappants le travail qu’il effectue là-bas avec deux autres Canadiens, l’architecte montréalais Hazen Sise et Harry Sorensen.

Dr. Norman Bethune, assisté par Henning Sorensen, effectue une transfusion durant la Guerre civile espagnole.  v. 1936-1938.Credit: Geza Karpathi / Bibliothèque et Archives Canada / C-067451

Saluant son auditoire au poing levé et acclamé de la même façon par des centaines de bras dans le vaste amphithéâtre, M. Bethune blâma le gouvernement fédéral canadien de suivre aveuglément la politique étrangère de Downing Street qui se refuse d’intervenir en Espagne. Il raconte ses difficultés à Londres lorsqu’il s’est agi d’aller constituer son hôpital, sur la scène des hostilités.  »Je m’adressai d’abord à l’ambassade de France pour obtenir un laisser-passer en territoire français jusqu’à la frontière espagnole,dit-il. On me demande d’abord l’autorisation de mon propre gouvernement, et comme sujet canadien, je me rendis à Canada House où le colonel Vanier ne sut que faire.

Pour me renseigner plus amplement, M. Vanier câbla à Ottawa et la réponse fut qu’on me refusait le droit de quitter l’Angleterre à destination de l’Espagne.  »

Trouble en Espagne : divers aspects de la guerre civile en Espagne : [photographie de presse] / Agence Meurisse
Trouble en Espagne : divers aspects de la guerre civile en Espagne : [photographie de presse] / Agence Meurisse
Source: gallica.bnf.fr

Le nouveau Cid Campéador

 »Les Espagnols, à qui il fallut 200 ans pour se débarrasser des Maures ont à subir aujourd’hui une autre terrible invasion arabe, et bien que cela vous paraisse étrange, ce sont ceux qui s’appellent cyniquement  »Nationalistes » qui les invitent à combattre le gouvernement démocratique de leur pays, dit-il. Quelle farce ce serait si ce n’était pas si tragique. Imaginez-vous M. R. B. Bennett, déçu d’avoir perdu ses élections fédérales, faisant appel aux Japonais pour marcher sur Montréal que M. King serait chargé de défendre avec une poignée de Canadiens n’ayant pour toute arme qu’une carabine pour chaque équipe de trois soldats. Imaginez-vous M. Bennett et ses hordes de Japonais déjà solidement cantonnés au pied des hauteurs de Montréal-Ouest et menaçant la métropole à coups de grosses pièces d’artillerie. Vous aurez alors le spectacle de ce qui se passe à Madrid. Les nationalistes insurgés, appelant à leur aide les Maures, les Italiens et les Allemands ne vaincront jamais parce que leur guerre repose sur un faible esprit et sur une plus faible idéologie tandis que dans le camp loyaliste, tout le monde est convaincu que la cause qu’il défend est sacrée. Pendant les quatre derniers mois, il a plu comme hier et aujourd’hui aux environs de Madrid et la guerre se poursuit dans la boue et dans la plus grande détresse.
Trouble en Espagne : divers aspects de la guerre civile en Espagne : [photographie de presse] / Agence Meurisse
Trouble en Espagne : divers aspects de la guerre civile en Espagne : [photographie de presse] / Agence Meurisse
Source: gallica.bnf.fr

Le mot de passe

Quel est le mot de passe dans le camp loyaliste en Espagne? Le Dr Bethune nous le révèle. Si l’on veut forcer une consigne de nuit ou pénétrer sur des lignes de feu, on rencontrera un planton qui vous demandera:  »Quelle est l’erreur de Mussolini? » Et il s’agit de répondre exactement ceci:  »L’Espagne n’est pas une autre Abyssinie ».  »Les Italiens sont intéressés à la guerre d’Espagne pour s’emparer de Gibraltar et des Baléares; les Allemands pour s’emparer des mines et des sources de matières premières, ajoute-t-il.

La conclusion de la conférence du Dr Bethune est de venir en aide aux enfants espagnols, en adoptant un au prix de $100 par année, soit $2 par semaine.  »Ces enfants ne doivent pas être expatriés, dit-il, mais établis dans une cité pour enfants que l’on aménagerait en Catalogne pour eux. Il faut qu’ils soient sauvés. »

M. Calder fit un grand discours sur la guerre comme moyen de persuasion religieuse et compare les horreurs de la soldatesque de Franco à celles de Wallenstein à Magdebourg et de Gustave-Adolphe.

Madrid, 1937. No pasarán = Ils ne passeront pas. Source. Wikipédia

L’agent consulaire du gouvernement de Valence à Montréal dit deux mots en espagnol.  »No passeran ». ( »Ils ne passeront pas. ») Le Révérend R. K. Naylor, de Montréal, M. Jack Cupelle, vice-président du Conseil des métiers et du Travail et M. Normand Lea portèrent aussi la parole. Ce dernier annonça que les Canadiens français évoluaient rapidement et devenaient sympathisants d’une cause contre laquelle ils avaient été empoisonnés dans l’esprit par leurs journaux.

Billets reliés

Base de données: Soldats de la Première Guerre mondiale – CEC (BAC)

L’écrivain André Malraux donne une conférence à Montréal [avril 1937]

Sur le web: 1682-1803 La Louisiane française

Irma Levasseur: première femme médecin francophone au Québec [Québec, 25 avril 1903]

La grippe espagnole à Québec, deuxième partie – Précautions utiles contre la grippe actuelle [Québec, octobre 1918]

La Bataille de Châteauguay [26 octobre 1813]

Voici une lettre publiée dans la Gazette de Québec, 4 novembre 1813 et qui relate la Bataille de Châteauguay. Le Lieu historique national de la Bataille-de-la-Châteauguay commémore cet événement.

 »MONTREAL, 1er Novembre, 1813.

Mon cher Monsieur,

Photographie | Lieut. Col. Charles-Michel d'Irumberry de Salaberry, gravure photographiée en 1868 | I-30989.1

Lieut. Col. Charles-Michel d’Irumberry de Salaberry, gravure photographiée en 1868

 »J’arrive du Camp du Col. de Salaberry que l’on peut regarder à juste titre, comme un des premiers officiers que nous ayons. Comme je suppose que vous êtes impatiens de connoître ce qui a conduit à la bataille du 26 dernier, je tâcherai en peu de mots de vous décrire ce grand évènement dont le résultat est d’une si grande importance pour nous: aussitôt que l’on sut la nouvelle que l’ennemi étoit entré sur notre territoire, De Salaberry avec son corps de Voltigeurs qui étoit alors cantonné sur le la Rivière Chateauguay à une lieu au-dessus de l’Eglise, se porta immédiatement en avant sur la branche droite de cette Rivière, a deux lieues environ au-dessus de la fourche. Le Chef du génie ici Col. Hughes fut immédiatement ordonné d’aller sur les lieux pour y faire jetter des embarras, afin d’arrêter l’ennemi dans sa marche. Mais le génie impatient et hardi du Col de Salaberry l’avoit fait chercher hors de ses tranchées, quelqu’endroit propice où il pourroit attaquer avec succès notre ennemi. En effet deux mille en avant des tranchées, cette branche de la Rivière Chateauguay décrit un demi-cercle de sorte que l’ennemi en passant par là se trouveroit comme dans une plaine si on y fesoit un abatis, c’est ce qu’il détermina de faire sur le champ, et aussitôt des travailleurs furent ordonnés pour exécuter ce projet hardi et qui, dans sa conséquence, devoit assurer ce succès au génie qui l’avoit enfanté. En effet, l’ouvrage n’étoit pas encore entièrement fini lorsque l’ennemi avec toute sa force se détermina sérieusement de pénetrer dans cette Province, et vint attaquer les piquets qui couvroit les travailleurs. Alors de Salabery sans perdre un instant ordonna à trois compagnies, une du Canadien Fencible et deux autres des voltigeurs, d’avancer pour soutenir les piquets. Aussitôt que l’ennemi parut dans la plaine où le piège lui étoit tendu des décharges meurtrières de la part de ces compagnies qui voyoient l’ennemi et qui étoient seulement séparées de lui par cette branche de la Rivière et partie à couvert dans les broussailles portèrent l’effroi et la mort dans les rangs ennemis. En vain le General Hampton lui même s’efforçoit il de les former en bataille, tous ces efforts furent inutiles.

De Salaberry avoit ordonné aussi à une compagnie de Milice Sédentaire de traverser au côté sud de la rivière afin de prendre l’ennemi en flanc. Mais cette compagnie ne put maintenir sa position et retraita. C’est alors qu’il fut ordonné au Capt. Daly avec sa compagnie de traverser pour remplacer la compagnie de Milice Sedentaire qui venoit de retraiter; c’est là où cette compagnie s’est couvert de gloire avec le peu de Milice Sédentaire qu’il avoit mêlée avec les siens, mais ne pouvant résister au plus grand nombre il fut obligé aussi de retraiter jusqu’à l’arrivée du Capt. Juchereau avec sa compagnie, qui prennant l’ennemi en flanc le debarassa de sa situation critique avec cinq ou six décharges de mousqueterie, et decide enfin après un combat de plus de quatre heures la victoire en faveur de cette poignée de monde qui avoit combattu durant toute l’action avec la plus grande bravoure. De Sallaberry étoit sur la première ligne monté sur une souche d’où il découvroit aisément les mouvemens de l’ennemi. Les compagnies sous son commandement ont manoeuvré dans cette journée à jamais mémorable, comme dans un jour de parade. Voila en peu de mots les circonstances de cette grande bataille. Vous avez vu le reste dans l’ordre général. Le Chevalier toujours actif et toujours vigilant s’est trouvé sur les lieux et a semblé couronner le grand oeuvre qui venoit de s’opérer; sa conduite envers les Canadiens est celle d’un père envers ses enfans, et sa présence parmi eux semble leur faire oublier les maux attachés au sort de la guerre.  »

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Un prisonnier de guerre américain s’est enfuit! [Beauport, 1813]

Louis Berthiaume (Lewis Barttrow) et la Guerre de Sécession

Entre les lignes: témoignages de la Première Guerre mondiale

Photos: le camp d’internement no 42 (camp Newington), Sherbrooke 1944-1945

Un prisonnier de guerre américain s’est enfuit! [Beauport, 1813]

L’avis publié dans le Québec Mercury du 9 novembre 1813

Dans le Quebec Mercury du 9 novembre 1813 est paru un avis avertissant la population qu’un prisonnier de guerre américain s’était évadé. C’était à l’époque de la guerre de 1812 (qui s’est terminée en 1815). Voici la version française de ce message.

PRISONIER DE GUERRE AMERICAIN DESERTE’

De Beauport, le 6 de ce Mois, ABRAHAM WALTER, Pilote, natif de Grandfield, agé de 24 ans, a cinq pieds huit pouces de hauteur; a le corps mince, le visage oval, le teint brun, les cheveux bruns et les yeux gris; a une cicatrice sur le premier joint du doigt du milieu de la main droite.

Quiconque donnera information de l’homme ci-dessus désigné, de manière à pouvoir l’arrêter, au Capitaine Kempt, Agent pour les prisoniers de guerre, ou à aucun des officiers de sa Majesté, recevra UNE GUINEE de récompense, en sus de ce qui est alloué par la Province en pareil cas.

Quebec, 9e Novembre 1813.

Et oui, il a réussi son évasion! Vous pouvez lire son témoignage ici.

Billets reliés

Quelques évasions signées Bis Belleau [Québec,1869-1871]

Évasion à la Citadelle de Québec, 16 octobre 1838

L’émeute de la prison Saint-Vincent-de-Paul [Laval, 24 avril 1886]

Une visite de la prison de Québec en 1835

Fort Duquesne, fort français (Pittsburgh, Pennsylvanie)

Un fort dans la vallée de l’Ohio

Le fort Duquesne fut construit là où se rejoignent les rivières Monongahela et Allegheny pour devenir la rivière Ohio. Le fort était situé à l’emplacement de ce qui est aujourd’hui le Point State Park,  sur le territoire de la ville de Pittsburgh, Pennsylvanie. Le fort a été en usage entre 1754 et 1758.

En 1754, le gouverneur de la Nouvelle-France Michel-Ange Duquesne de Menneville donna comme mission à  Claude-Pierre Pécaudy de Contrecœur de renforcer la présence française dans la vallée de l’Ohio. C’est le 16 avril 1754 que de Contrecoeur et ses troupes délogèrent les Anglais du fort Prince George, un fort en construction, qui fut détruit. Sur le même site, les Français érigèrent un fort nommé Duquesne en l’honneur du gouverneur. Ce fort servit

de tremplin aux activités commerciales et à la consolidation des alliances militaires avec les autochtones de la région. (réf.)

Plan of fort Le Quesne built by the french at the Fork of the Ohio and Monongahela in 1754
Plan of fort Le Quesne built by the french at the Fork of the Ohio and Monongahela in 1754
Source: Bibliothèque nationale de France

Les relations entre Français et Britanniques dans la région n’étaient évidemment pas empreintes de cordialité. Par exemple, le 28 mai 1754, Joseph Coulon de Villiers de Jumonville et des soldats français furent tués sur le site de l’actuelle ville de Jumonville. Le commandant des troupes britanniques était alors un certain George Washington.  Un an plus tard, le 9  juillet 1755, le fort Duquesne  fût attaqué par les troupes du général Edward Braddock, mais les Français et leurs alliés amérindiens tinrent bon. L’armée britannique était composée de 2500 à 3000 soldats tandis que les Français et les Amérindiens étaient environ 2000. (réf.)

En 1758, les Britanniques tentèrent une fois de plus de faire tomber le fort Duquesne. Une bataille eut lieu au cours de la nuit du 14 au 15 septembre et la victoire alla aux Français. En octobre fût signé le traité d’Easton:  l’allégeance des tribus amérindiennes de la région bascule du côté des Anglais. Le dernier commandant du fort Duquesne, François-Marie Le Marchand de Lignery, décida alors d’abandonner le fort qui fut détruit aux alentours du 23 novembre pour éviter qu’il ne tombe aux mains des Anglais.
Plan du Fort Duquesne
Plan du Fort Duquesne
Source: Bibliothèque nationale de France

Voici comment l’artiste Alfred Waud a illustré l’arrivée des britanniques au fort, après le départ des français.

Fort Duquesne Pittsburgh, Pennsylvanie par Alfred Waud. Source Wikipedia.

Les britanniques occupèrent les lieux et y bâtirent le fort Pitt.

Ce qu’il reste du fort Duquesne

Briques marquant l’emplacement du Fort Duquesne au Point State Park de Pittsburgh Source: Wikipédia

Il subsiste peu de vestiges du fort. Pendant les rénovations du parc Point State en 2007, on a découvert un drain et possiblement une pierre d’un mur du fort.

Il ne semble pas y avoir eu de fouilles archéologiques intensives sur le site du fort.

Toujours au parc Point State, on a pu voir une plaque érigée le 8 mai 1969 commémorant le fort français (la plaque a été retirée en attendant sa relocalisation) et des lignes formées de briques indiquent l’emplacement du fort Duquesne. Au centre du tracé, on voit un médaillon sur lequel est gravé un plan du Fort Duquesne. Pour voir le médaillon, cliquez   ici. Il est inscrit sur ce monument la phrase suivante:

“This marks the exact site of Fort Duquesne, built by
the French in 1754. The fort was destroyed by the
French on the approach of the English Army in 1758.”

Voici, via Google maps, le site du fort Duquesne, tel qu’on peut le voir de nos jours.

En ce qui concerne la toponymie relié au fort et au gouverneur Duquesne, signalons que dans la région de Pittsburgh, il y a l’université Duquesne et le pont Fort Duquesne. Du côté littéraire, Gustave Aimard a publié en 1910 un roman intitué Fort Duquesne qui porte sur l’affaire Jumonville.

Bibliographie

Registres des Baptesmes et Sepultures qui se sont faits au Fort Duquesne pendant les années 1753, 1754, 1755, & 1756 (contient des actes du fort de la Rivière aux boeufs)

Daughters of the American Revolution,  Pittsburgh Chapter. Fort Duquesne and Fort Pitt Early names of Pittsburgh Street. The Eichbaum Press, Pittsburgh,  1899, 74 pages.

Fernand Grenier.  »PÉCAUDY DE CONTRECŒUR, CLAUDE-PIERRE ». Dictionnaire biographique du Canada, 1771-1800 (Volume IV). Adresse URL: http://www.biographi.ca/009004-119.01-f.php?BioId=36253

Pierre-L. Côté. DUQUESNE (Du Quesne, Duqaine, Duquêne) DE MENNEVILLE, ANGE, marquis DUQUESNE.  Dictionnaire biographique du Canada, 1771-1800 (Volume IV). Adresse URL: http://www.biographi.ca/FR/009004-119.01-f.php?id_nbr=1872

C. J. Russ. LE MARCHAND DE LIGNERY, FRANÇOIS-MARIE.  Dictionnaire biographique du Canada, 1771-1800 (Volume IV). Adresse URL: http://www.biographi.ca/009004-119.01-f.php?&id_nbr=1485&&PHPSESSID=vzofxpjx

Wikipédia. [En ligne] Bataille de la Monongahela [Page consultée le 21 avril 2012] Adresse URL http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_la_Monongahela

Wikipédia [En ligne] Fort Duquesne [Page consultée le 21 avril 2012] Adresse URL: http://en.wikipedia.org/wiki/Fort_Duquesne

Wikipédia [En ligne] Treaty of Easton  [Page consultée le 21 avril 2012] Adresse URL: http://en.wikipedia.org/wiki/Treaty_of_Easton

Ronald J. Dale  [En ligne] L’Encyclopédie canadienne, Fort Duquesne [Page consultée le 21 avril 2012] Adresse URL; http://www.thecanadianencyclopedia.com/fr/article/fort-duquesne/

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Les blockhaus [XVIIIe et XIXe siècle]

Québec après les bombardements de 1759 par Richard Short

1759: Du sentier de la guerre aux plaines d’Abraham

Journal du siège de Québec

Ecoutez 104 histoires de la Nouvelle-France

Site internet de la Commonwealth War Graves Commission

Le site web de la Site web de la Commonwealth War Graves Commission permet de localiser la dépouille d’environ 1,7 millions de membres des armées du Commonwealth tombés au combat lors de Première et la Deuxième Guerre mondiale. Pour chaque personne, on trouve des informations comme la date de décès, la localisation de la dépouille, le régiment d’appartenance et parfois les noms des parents et/ou de l’épouse.

Au cimetière de guerre de Tripoli (Libye) est enterré Joseph Adelard Jean Louis Garant, de Saint-Georges de Beauce (décédé le 30 septembre 1943) et Ray Arthur Matthews de Lac-Beauport (décédé le 28 mai 1943).

Au Memorial Alamein, (Egypte) repose la dépouille de Francis Gabriel Nadeau, de Port Daniel station (décédé 13 novembre 1941).

Au Cimetière européen Ben m’Sik (Maroc), se trouve la tombe de Edouard Beaudry de Montréal. Il était correspondant de guerre (décédé le 23 janvier 1943).

Au cimetière Aabenraa (Danemark) se trouve la dépouille de Joseph Gaston Gustave André Labelle de Montréal (décédé le 16 septembre 1944) et Marc Alexandre Gérard Fournier (décédé le 15 février 1944) de Hull.

Au Cimetière de guerre de Yokohama (Japon) on trouve la dépouille de Arthur Perreault (décédé le 10 mai 1944) de Fontenelle et Joseph A. E. Pidgeon (tué le 27 février 1944) de Percé.

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Des Canadiens-français sur le Nil (Khartoum, Soudan, 1884-1885)

Un bombardier Liberator disparaît (19 octobre 1943)

Les blockhaus [XVIIIe et XIXe siècle]

Base de données: Soldats de la Première Guerre mondiale – CEC (BAC)

L’écrasement du bombardier Consolidated B-24 Liberator (Griffintown, Montréal, 25 avril 1944)

Montréal, durant la Deuxième Guerre mondiale:

Les usines montréalaises tournent bientôt à plein régime. On construit des fabriques de munitions et une avionnerie. Les chantiers navals et les ateliers ferroviaires fabriquent de façon intensive du matériel militaire. (réf. Montréal, 500 ans d’histoire en archives)

25 avril 1944, Montréal, quartier Griffintown, il est 10:30 du matin.  Au coin des rues Shannon et Ottawa, les gens vaquent à leurs occupations. Six minutes auparavant, le bombardier Consolidated B-24 Liberator a décollé de l’aéroport de Dorval à destination de l’Europe.

Le bombardier éprouve rapidement des difficultés. Il perd de l’altitude alors qu’il survole le Mont-Royal. Le pilote tente de modifier sa trajectoire, pour se diriger vers le fleuve et orchestrer un atterrissage d’urgence. Peine perdue. L’avion

survola le district commercial de la ville, faillit accrocher l’édifice Sun  Life, passa au-dessus de la rue Windsor, du bureau de poste, de la brasserie Dow pour finalement venir s’écraser sur un pâté de maisons. (La Patrie, 26 avril 1944).

L’Action catholique, 26 avril 1944

La Patrie, 26 avril 1944

Dans la Patrie du 26 avril, on rapporte le témoignage d’Albert Lanctôt, un électricien. Il:

effectuait des travaux d’installation électrique au garage de M. Martel, lui aussi habitant Farham. Il a entendu le  »bruit sourd d’un train qui passe sur un pont à 70 milles à l’heure » puis le toit du garage s’est effondré sur lui et les autres personnes présentes. Il a réussit à se déprendre, il ne sait trop comment, a fuit dans la cour, a escaladé une clôture et s’est trouvé dans une rue d’où on le transporta à l’hôpital Saint-Luc.

Il y eut plusieurs blessés et dix victimes parmi les civils:

  • Delia Hamilton, femme de Joseph Dowling (56 ans)
  • Lucienda Béland, femme de Wilfrid Barré (59 ans)
  • Joseph T. Hébert (37 ans)
  • Marie-Yvette Hébert (18 mois)
  • Aurèle Larochelle (53 ans)
  • Louis-Philippe Lemieux (37 ans)
  • Victorin Marchand (34 ans)
  • Madame Walter Wells, née Christoffer (26 ans)
  • Madame James Wells, née Forget (19 ans)
  • James Wells Sr (2 ans)

L’équipage du bombardier périt aussi dans l’accident. Voici leurs noms:

  • James-Smith Wilson (d’origine écossaise, mais habitant aux États-Unis, âgé de 21 ans)
  • Islwyn Jones (d’origine galloise, âgé de 23 ans)
  • Andrej Kuzniacki (polonais, 30 ans)
  • Adolf-Jan Nowicki (né en Pologne, mais habitant Montréal, 31 ans)
  • Kazimierz Burzynski (né en Pologne, mais domicilié à Montréal, 47 ans)

La Patrie, 26 avril 1944

La Patrie, 26 avril 1944

La Patrie, 25 avril 1944

Le Canada, 26 avril 1944

Bibliographie

Sharon Doyle Driedger. An Irish Heart, How a Small Immigrant Community Shaped Canada, Toronto, Harper Collins, 2010, 404 pages.

Pierre St-Cyr. [en ligne] Griffintown: l’écrasement d’un bombardier le 25 avril 1944 [Page consultée le 22 janvier 2012] Adresse URL

La Patrie, 25 avril 1944, 26 avril 1944, 27 avril 1944

Le Canada, 26 avril 1944

Billets reliés

Le vinum colchici est dangereux pour la santé (Tabb’s Yard, Montréal, 1873)

Le fantôme de Mary Gallagher (Griffintown, Montréal, 26 juin 1879)

Explosion à Hochelaga [26 mai 1888]

Un chemin de fer sur le Saint-Laurent [1880-1883, Hochelaga-Longueuil]

Première représentation au Ouimetoscope de Montréal (1er janvier 1906)

Le 1er août 1930, on a pu voir ceci dans le ciel [objet volant identifié]

Les quartiers de Montréal: exposition virtuelle et jeux en ligne

Montréal – 500 ans d’histoire en archives

Témoignage de liberté pour permettre à la veuve Alexis Gagné dit Belavance de se remarier (1764)

Dans l’article Les miliciens de la Côte-du-Sud durant la période de la Conquête, l’historien Yves Hébert mentionne un témoignage bien intéressant, celui d’Alexis Dumoutier, fait prisonnier par les Anglais lors de la bataille des plaines d’Abraham.  En 1764, on a demandé à Dumoutier de dire ce qu’il savait du sort d’Alexis Gagné, également fait prisonnier lors de cette bataille. Le témoignage est court, mais il nous donne aussi certaines informations sur la captivité des soldats français.

Des soldats et officiers des compagnies franches de la Marine. (1745) 40 Compagnies franches de la marine, ont participé à la bataille des Plaines d'Abraham. Source: recitus.qc.ca et Cyberligne du temps - Fondation Historica - ANQQ, collection initiale, GH 370-114

Voici le témoignage en question, tel que rapporté dans le livre A travers les registres,  de l’abbé Cyprien Tanguay:

Le 23 [23 février 1764] Témoignage de liberté pour permettre à la veuve Alexis Gagné dit Belavance de se remarier.

Nous Alexis Dumontier demeurant à la Pointe à Lacaille (Saint Thomas) certifions en notre âme et conscience ce qui suit

1. Qu’après avoir été faits prisonniers à Québec le 13 septembre 1759 avec quantité d’autres Canadiens nous avons été mis dans un transport tous ensemble quelques jours et qu’après nous avons été divisés pour être remis dans d’autres bâtiments

2. Que tous les Canadiens prisonniers ont été passés en revue deux ou trois fois devant que de passer en Angleterre et qu’après les dites revues ils ont été tous embarqués sur des vaisseaux de guerre et conduits à Plimouth

3. Qu’étant arrivés à Plimouth on nous a fait tous débarquer et conduire en prison où nous sommes restés quatre mois et après les dits quatre mois nous avons été conduits à Dieppe port de France

Qu’étant arrivé à Dieppe avec tous les prisonniers Mr Lacombière Lacorne m’a chargé de faire une liste de tous les prisonniers Canadiens que j’ai faite très exactement sans en omettre aucun

5. Que Alexis Gagné dit Belavance de la paroisse de Saint Pierre Rivière du Sud, mon parent, n’a point paru parmi les prisonniers, dans les revues qui ont été faites en Canada, devant que d’embarquer sur les vaisseaux pour aller à Plimouth, ni en arrivant à Plimouth, ni à Dieppe, quand Mr Lacombière Lacorne a fait faire la liste de tous les prisonniers Canadiens, ce qui est une preuve qu’il est mort dans le combat, comme je le pense.

En foy de quoy j’ai signé le vingt trois février mil sept cent soixante et quatre

Alexis Dumontier.

Note. Alexis Gagné avait épousé, le 25 novembre 1743 à Berthier, Catherine Boucher.

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Des Canadiens français ont participé à la Guerre de Sécession (1861-1865)

Selon Jean Lamarre, professeur au Collège militaire royal de Kingston, entre 10 000 et 15 000 Canadiens français  auraient participé à la Guerre de Sécession, aux côtés des Nordistes. Il a consacré un livre à ce sujet, Les Canadiens français et la Guerre de Sécession, publié en 2006 par VLB Editeur.

En annexe, on retrouve une liste d’environ 1000 soldats canadiens-français ou de parents canadiens-français dont on trouve les dossiers dans les National Archives and Records Administration, Washington. Y sont indiqués, lorsque disponible,  l’âge, le lieu d’origine, le lieu et la date d’enrôlement du soldat tout comme le nom et le numéro du régiment auquel chaque soldat a été assigné.

Ainsi, j’ai appris que cinq Lapointe ont participé à la Guerre de Sécession. Il s’agit de Andrew (décédé le 20 août 1862), John, Octavus, Lewis et Joseph.

Membres du deuxième régiment d’infanterie du Rhode Island. Plusieurs Canadiens français ont combattu dans ce régiment. Source. Library of Congress

Le livre de Jean Lamarre fournit plusieurs détails à propos de Lewis Lapointe (voir p. 60). Âgé de 33 ans, né à Saint-Martin (Beauce?), il a été enrôlé le 21 août 1863 à Portland, Maine. Il a été assigné au troisième régiment d’infanterie du Maine. Il était substitut (contre rémunération, il prenait la place d’un conscrit). Il a été traduit en cour martiale pour désertion. Reconnu non-coupable de désertion, il a par contre été puni pour s’être absenté sans autorisation. Il a payé son amende, puis est retourné à son régiment. Il  serait intéressant de savoir ce qui lui est arrivé après la guerre.

Peut-être avez-vous parmi vos ancêtres quelqu’un qui a combattu durant la Guerre de Sécession?


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