Collision [Intercolonial, entre le Bic et Rimouski, mars 1889]

Extrait du Courrier de Fraserville (Rivière-du-Loup) 21 mars 1889

COLLISION

Une terrible collision a eu lieu mardi dernier, sur l’Intercolonial, entre le Bic et Rimouski. L’express d’Halifax, avec une vitesse de quarante miles à l’heure, est venue à la rencontre d’un train de marchandises qui courait trente à trente cinq milles.

La rencontre s’est faite dans une courbe de la voie, ce qui a empêché les deux trains de se voir.

Les deux engins ont été mis en pièces. Mais les chars n’ont pas éprouvé de grands dommages, sauf deux ou trois chars du convoi de marchandises qui ont été renversés de fond en comble.

Les morts sont au nombre de quatre.

Ce sont: Whitney, l’ingénieur de l’express, qui a eu le crâne complètement emportée à partir de la hauteur des yeux. Il est resté assis sur son siège.

Cet ingénieur résidait ici et était le fils unique de M. Whitney, principal mécanicien des usines de l’Intercolonial à Moncton.

On dit qu’il devait se marier sous peu avec une jeune fille de Fraserville.

son corps a été transporté à Moncton hier.

Fohy, chauffeur sur l’express, a littéralement été écrasé.

Il demeurait ici avec sa mère et un frère, aussi emploué sur l’Intercolonial.

Horace Michaud, conducteur de convoir de marchandises.

Il était dans l’engin de ce convoi lors de l’accident.

Arthur Levesque, chauffeur de ce train.

Ces trois derniers demeuraient à Fraserville. Le conducteur Michaud est marié et laisse une épouse et un enfant. Levesque et Fohy ne sont pas mariés.

Leurs corps sont arrivés hier sur un train spécial.

Parmi les blessés, on compte Alfred Jolivet, ingénieur du train de marchandises. Levesque, serre-freins sur le même train. Leurs blessures sont graves quoique non mortelles.

Jolivet a eu le crâne défoncé en arrière de la tête et l’oeil gauche sorti de l’orbite.

Levesque a une jambe et un bras cassés avec des contusions internes.

Photographie | Pont du chemin de fer Intercolonial à Rimouski, QC, 1875 | MP-0000.1828.16

Pont du chemin de fer Intercolonial à Rimouski, QC, 1875

Il n’y a pas de blessés parmi les passagers sur l’express.

On dit même que le choc ne s’y est pas fait beaucoup sentir. Cela est dû au sang froid et à l’énergie du malheureux Whitney qui réussit à faire jouer les freins air brakes dans le court instant (une couple de secondes) qui s’est écoulé entre la vue du tram qui venait à sa rencontre et la collision.

Aussi au fait que la rencontre a eu lieu dans une courbe, ce qui a eu pour effet de faire dévier la force de la pesanteur des deux trains et d’amortir le choc.

C’est la plus terrible collision qui se soit vue sur l’Intercolonial depuis l’ouverture de ce chemin.

Cette catastrophe n’est dûe à la faute d’aucun ancien employé.

Mais on nous dit que le pauvre conducteur Michaud a montré un peu de négligence. Si cela est vrai il en a été bien cruellement puni.

Voici d’après les dernières nouvelles la véritable cause de ce triste accident.

Il est laissé à la discrétion des conducteurs de partir d’une station pour aller rencontrer un train régulier à une station voisine pourvu qu’ils aient le temps nécessaire de se rendre à cette station, avec en plus une avance de 15 minutes. Une fois rendu au Bic le conducteur Michaud avait cinquante cinq minutes pour rencontrer l’express à Rimouski, ce qui lui donnait 35 minutes pour franchir la distance entre les deux places et au delà de 15 minutes pour se mettre sur la voie d’évitement à Rimouski. C’était suffisant, et le conducteur Michaud donna ordre de partir du Bic.En chemin la neige ralenti sa marche considérablement et rendu un peu plus bas que le Sacré Coeur, il ne lui restait plus que cinq minutes pour se rendre à Rimouski avant l’Express d’Halifax.

Alors, au lieu d’arrêter son convoi et de faire porter des signaux en avant pour avertir l’express- ce qui aurait été plus prudent – se fiant sur le retard problématique de ce dernier train, il fit forcer la vapeur pour le devancer à Rimouski.

Malheureusement, l’express était à temps, elle repartir de Rimouski avant que le convoi de Michaud n’y fut arrivé et le rencontra en chemin.

De là la collision, les nombreuses pertes de vies, et les dégâts considérables que nous avons la douleur d’enregistrer.

Puisse cette catastrophe servir d’exemple pour longtemps.

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L’explosion d’Halifax, Nouvelle-Écosse, 6 décembre 1917

L’explosion d’Halifax, Nouvelle-Écosse, 6 décembre 1917

Le 6 décembre 1917, un navire français, le Mont-Blanc, et un navire norvégien, l’Imo, entraient en collision dans le port d’Halifax.

Le Mont-Blanc prit feu et explosa, tuant 2 000 personnes et en blessant des milliers d’autres. L’explosion engendra un tsunami, et une onde de choc si puissante qu’elle cassa des arbres, plia des rails de chemin de fer et démolit des édifices, transportant les fragments sur des centaines de mètres. L’explosion fut entendue à 420 kilomètres de distance.

Ce fut la plus grande explosion créée par l’activité humaine jusqu’au premier essai atomique en 1945 et elle figure toujours parmi les plus grandes explosions non-nucléaires artificielles. (Source: Wikipédia)

L’aide afflua de plusieurs endroits, dont Québec et Montréal.

Extrait de La Patrie, 10 décembre 1917.

LES SECOURS DE QUEBEC A HALIFAX

Québec, 10. Les autorités militaires de Québec n’ont pas perdu de temps pour courir au secours des sinistrés d’Halifax. Dès samedi, plusieurs médecins de Québec, cinq gardes-malades, cinq charpentiers sont partis de Québec apportant avec eux de nombreux colis contenant des remèdes, des provisions et des vêtements de toutes sortes. Parmi les médecins qui sont partis, on remarque les chirurgiens-majors Hubbard, Todd, Carrick, Cairns, Nelson, Saint-Amand, Delage, Parker et Cox.

Source: la Patrie, 10 décembre 1917

A Montréal, on amassa  des vêtements, des chaussures, des denrées, des médicaments, des matelas, des lits pour enfants, etc. pour les envoyer à Halifax. Il y eut des souscriptions.

Georges Leblanc, résident de Lévis, Joseph J. Boiseau, Joseph Chartrand, Walter Tucker,  Peter Vallee de Montréal, Ludger Adelard Lebel de Hull et Pontleon(?) Lemieux, du Québec, figuraient parmi les victimes.

Voici quelques photographies montrant l’ampleur des dégâts.

Source: Library of Congress

Source: Bibliothèque et Achives Canada

Vue d’Halifax, après le désastre, à partir de Pier 8. Sources: Bibliothèque et Archives Canada

Vue nord-sud des dommages causés par l’explosion. Source: Bibliothèque et Archives Canada

Soldats participant aux opérations de secours. Source: Bibliothèque et Archives Canada

Après l’explosion, rue Gottingen, Halifax. Source: Bibliothèque et Archives Canada

Pour en savoir plus:

Un reportage diffusé au Téléjournal de Radio-Canada le 5 décembre 1987 (On y entend Margaret Boulay, témoin du drame)

Wikipédia [en ligne] Explosion de Halifax [Page consultée le 5 décembre 2011] Adresse URL 

Site web des archives de la Nouvelle-Écosse qui contient entre autres des films totalisant 13 minutes montrant Halifax peu après l’explosion.

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