L’Almanach du peuple Beauchemin au début du XXe siècle

Quand j’étais plus jeune (*Note. Au Québec, on commence à utiliser cette phrase dès son 18e anniversaire*), j’adorais lire l’Almanach du peuple, surtout pour ses histoires insolites. Plus tard, j’ai découvert la valeur historique de ces almanachs, particulièrement ceux du XIXe siècle et du début du XXe siècle.

Les premiers almanachs

La première édition de ce qu’on appelle aujourd’hui l’Almanach du peuple est imprimée en 1855 par Beauchemin & Payette. Il s’agit d’une publication annuelle, qui est encore publié de nos jours à ma connaissance.

Description 

En 1889, cette publication a une centaine de pages. En 1896, on en a 200 et en 1918, c’est près de 500 pages qui sont offertes aux lecteurs. Aujourd’hui, combien de pages?

L’Almanach  du peuple, au début du siècle, se signale par son nombre important de publicités. Ces publicités nous montrent les techniques de marketing pas toujours subtiles de l’époque. Les publicités pour les remèdes font particulièrement sourire aujourd’hui. Quand même, on ne peut qu’être jaloux; au début du XXe siècle, selon la publicité, à peu près toutes les maladies pouvaient être guéries 😉

Publicité vantant les vertus curatives du whiskey. Almanach du peuple, édition 1907. A défaut de guérir quelque chose, le whisky devait rendre le malade joyeux...

On y trouvait aussi la météo, les éphémérides, la liste des fêtes religieuses et des membres importants du clergé, les députés fédéraux et provinciaux, les tarifs et règlements des postes, des articles sur l’histoire du Canada, la politesse, des contes, des conseils d’hygiène, des articles sur les Franco-américains, des jeux et tours de magie, les sports, l’astrologie, les disparus célèbres et les événements marquants de l’année, la science, l’agriculture, etc. On propageait les valeurs du temps: religion, respect des autorités civiles et religieuses, promotion de l’agriculture et l’éducation.

L’almanach se voulait un outil d’éducation, de divertissement et d’information à petit prix, pour un large public.

Des collaborateurs exceptionnels

  • L’Almanach du peuple fut illustré par deux illustrateurs de talent, Henri Julien et E.- J. Massicotte. Henri Julien collabora à la publication de 1893 jusqu’à 1909, année de son décès. E.-J. Massicotte prit le relais de 1909 à 1929.

Édition 1915


  • La journaliste Françoise (Robertine Barry), une des premières femmes journalistes au Québec

Françoise, pseudonyme de la journaliste Robertine Barry, Almanach du peuple, 1907

  • Louis Fréchette publia dans l’Almanach des contes comme Un fantôme (1915).

  • Lionel Groulx publia la nouvelle Les adieux de la grise (1917).

Sur archive.org, on trouve quelques éditions de l’Almanach Beauchemin

Edition 1907, 1915, 1917 et autres

Bibliographie

François Landry. « Bien plus qu’un almanach! : la librairie Beauchemin », Cap-aux-Diamants : la revue d’histoire du Québec, n° 29, 1992, p. 32-35.

Les Chemins de travers, animé par Serge Bouchard, édition du 2 janvier 2011, épisode L’histoire de l’almanach, Adresse URL

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Les Albums Massicotte

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La caverne d’Ali Baba des archives numériques…

Créer un album virtuel avec les oeuvres du Musée des Beaux-arts du Canada

Note: le site du Musée des beaux-arts du Canada a subit une refonte depuis la rédaction de ce billet.

Le Musée des beaux-arts du Canada, via son site Cybermuse, permet aux internautes, après inscription, de créer un album regroupant leurs oeuvres préférées.

Plus de 20 000 oeuvres ont été numérisées.

The Passing Storm, Saint-Ferréol, 1854, Cornelius Krieghoff

Cybermuse ne permet de créer qu’un album, mais il ne semble pas y avoir de limites quant au nombre d’images que l’on peut sélectionner.

On peut commenter les images, changer leur ordre d’apparition, déterminer le nombre d’image qui s’affichera sur chaque page ainsi que la couleur du texte et de l’arrière-plan de l’album.

L’album est présenté sous forme de vignettes. Vous cliquez pour agrandir et obtenir les informations concernant l’oeuvre qui vous intéresse. Une fois l’album complété, on peut le partager par courriel.

J’ai créé un album mettent en vedette le Québec, album constitué d’oeuvres des artistes suivants: André Biéler, Horatio Walker, Marc Aurèle de Foy Suzor-Côté, Cornelius Krieghoff, Joseph Légaré, François Baillairgé, Georges Heriot, Robert C. Todd, Henri Julien, Antoine Plamondon, Clarence Gagnon, Ozias Leduc, Marc-Aurèle Fortin, etc. La période couverte est celle entre 1750 et 1930 environ.

Adresse: http://www.beaux-arts.ca/fr/index.php

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Le Canadian Illustrated News: images du 19e siècle

Henri Julien, illustrateur

Cybermuse: Musée des beaux-arts du Canada

Québec et ses environs (1830) par James Pattison Cockburn

Québec après les bombardements de 1759 par Richard Short

Photographies: les vacances à Cacouna, Bas-Saint-Laurent, 1871-1901

Le Canadian Illustrated News: images du 19e siècle

Le Canadian Illustrated News est un magazine publié à Montréal par Georges Desbarats entre 1869 et 1883. Son pendant francophone était l’Opinion publique. Certaines gravures étaient publiées dans les deux magazines.

Chaque livraison comportait en moyenne 40 % d’illustrations et son contenu était regroupé sous les rubriques suivantes : annonces, nouvelles nationales et internationales, chroniques littéraires, scientifiques et artistiques, chroniques parlementaires, reportages sur le commerce, l’agriculture et l’industrie, la page familiale, le roman-feuilleton.  (Réf.)

Voici une liste partielle d’artistes qui ont contribué au Canadian Illustrated News: Henri Julien, Eugene Haberer, A. Leroux, William Carlisle, Edward Jump, I. J. Pranishnikoff, John Wilson Bengough et John Henry Walker . Aussi,

Certaines lithographies qui y sont publiées sont produites à partir de photographies. On y retrouve notamment celles de William Notman. (Réf.)

Bibliothèque et Archives du Canada et Bibliothèque et Archives nationales du Québec ont mis en ligne des exemplaires numérisés du Canadian Illustrated News.

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Henri Julien, illustrateur

Histoire, des images libres de droit (première partie)

Journaux francophones du Canada (1808-1919)

Créer une exposition virtuelle d’images anciennes avec le site du musée McCord

Musée virtuel du Canada

Le loup-garou du Kamouraska (1766-1767)

Le 21 juillet 1766 était publié dans la Gazette de Québec un inquiétant article:

L’on apprend de Saint-Roch, près de Cap Mouraska (Kamouraska) qu’il y a un loup-garou qui court les côtes sous la forme d’un mendiant, qui, avec le talent de persuader ce qu’il ignore, et en promettant ce qu’il ne peut tenir, a celui d’obtenir ce qu’il demande. On dit que cet animal, avec le secours de ses deux pieds de derrière, arriva à Québec le 17 dernier et qu’il en repartit le 18 suivant, dans le dessein de suivre sa mission jusques à Montréal. Cette bête est dit-on, dans son espèce aussi dangereuse que celle qui parut l’année dernière dans le Gévauclan * ; c’est pourquoi l’on exhorte le public de s’en méfier comme d’un loup ravissant.

*Gévaudan

Quelques mois plus tard, le 10 décembre 1767…

De Kamouraska, le 2 décembre, nous apprenons qu’un certain loup-garou, qui roule en cette province depuis plusieurs années, et qui a fait beaucoup de dégâts dans le district de Québec, a reçu plusieurs assauts considérables au mois d’octobre dernier, par divers animaux que l’on avait armés et déchaînés contre ce monstre, et, notamment, le 3 de novembre suivant, qu’il reçut un si furieux coup par un petit animal maigre, que l’on croyait être entièrement délivré de ce fatal animal, vu qu’il est resté quelques temps retiré dans sa tanière, au grand contentement du public.

Mais on vient d’apprendre, par le plus funeste des malheurs, que cet animal n’est pas entièrement défait, qu’au contraire, il commence à reparaître plus furieux que jamais et fait un carnage terrible partout où il frappe. Défiez-vous donc tous des ruses de cette malicieuse bête, et prenez garde de tomber entre ses pattes.

Référence: Bulletin des recherches historiques. Pierre-Georges Roy, p.224, vol. XV, juillet 1909, n07.

Qu’est-ce qu’un loup-garou?

On dit que

dans la tradition populaire du Québec, plus de la moitié des récits évoquent des individus se transformant en loup-garou après avoir omis de se confesser ou de faire leurs Pâques pendant sept ans. D’autres récits font également mention de gens ayant vendu leur âme au diable ou menant une  »mauvaise vie », c’est-à-dire ayant une conduite hors des préceptes de l’Église.

Référence: Bryan  Perro, Créatures fantastiques du Québec, tome1,  Trécarré, 2007, p. 73

Comment se débarrasser d’un loup-garou?

Pour démasquer les loups-garous, il suffit de surveiller de près ceux qui, tous les soirs, s’éclipsent à la même heure. Si on arrive à blesser l’animal, l’homme sera blessé au même endroit le lendemain. L’une des façons de délivrer un loup-garou du maléfice est de l’atteindre au front, son point faible, sur lequel il a reçu l’eau bénite du baptême. Il faut y tracer une croix ou frapper pour faire couler le sang. Il est aussi possible d’atteindre le loup-garou en utilisant un fusil bourré de rameau bénit, d’un chapelet ou encore de balles trempées dans l’eau bénite.
(Site internet de la Maison St-Gabriel – n’est plus en ligne)

Contes vrais de Pamphile Lemay. Illustration par Henri Julien, 1907.

Le loup-garou dans la littérature québécoise.

On le retrouve dans de nombreux contes, dont:

La Chasse-galerie d’Honoré Beaugrand.

Au coin du feu – Histoire et fantaisie (1877) par Benjamin Sulte, voir le  intitulé Le loup-garou.

Contes Vrais (1899)de Pamphile Le May.

En Europe

A la même époque que le loup-garou du Kamouraska rôde en France la bête du Gévaudan à qui ont attribue plusieurs décès

Conclusion

Le loup-garou est un personnage marquant du légendaire québécois au même titre que le diable et plusieurs autres. Il a inspiré de grands conteurs comme Le May, Beaugrand et Sulte. Les légendes entourant les loups-garous nous montrent à quel point l’Église était importante dans la société. Malheur à qui ne fait pas ses Pâques! 🙂

Bibliographie

Monographies

ROY, Pierre-Georges, http://www.ourroots.ca/f/toc.aspx?id=3323. Septième série, p.73-74, Lévis, 1919

PERRO, Bryan. Créatures fantastiques du Québec, Trécarré, Montréal, 2007, 160 pages.

Périodique

Bulletin des recherches historiques. Pierre-Georges Roy, vol. XV, juillet 1909, no 7, p. 224.

Sites internet

Maison Saint-Gabriel. (Page consultée le 27 février 2010) Une faune maléfique. [n’est plus en ligne]

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Billets reliés: 

La maison hantée de Trois-Pistoles

Créatures fantastiques du Québec de Bryan Perro

Contes et légendes du Québec (site internet Y paraît que)

Légendes du Québec: une sélection de sites internet

Livre Lieux de légendes et de mystère du Québec

7. Ces gens qui ont marqué notre histoire: Henri Julien, illustrateur

Au Québec et ailleurs, on nomme des routes, des rues, des bâtiments et des parcs en l’honneur de personnes qui ont marqué notre histoire. Cette série de billets a pour but de vous faire découvrir ces gens.

Sept rues, une avenue et un parc portent le nom d’Henri Julien. Qui est-il? Pourquoi ces honneurs?

Biographie

Octave-Henri Julien est né à Québec le 14 mai 1852. Sa famille est très impliquée dans le monde de l’imprimerie. Par exemple, son père Henri travaille pour George-Paschal Desbarats, imprimeur de la reine. Cet emploi amènera la famille Julien à déménager à Toronto, Québec et Ottawa au cours des années 1850-1860.

On sait qu’Octave-Henri (appellons-le Henri, prénom sous lequel on le connait mieux) s’est s’inscrit à l’école de l’abbé Chabert où il a étudié le dessin jusqu’en 1867.

En 1869, il est engagé comme apprenti graveur à l’imprimerie Leggo and Company de Montréal. Durant les années qui vont suivre, Henri Julien va se distinguer par son talent de dessinateur, talent que l’on pourra admirer dans plusieurs journaux et livres. En 1888, il est nommé directeur artistique du Montreal Star.

Henri Julien est décédé à Montréal le 17 septembre 1908.

Oeuvres

Henri Julien avait un talent certain pour le dessin, talent qu’il a mit à profit en illustration des livres, en caricaturant des policiens et en illustrant des reportages. La liste de ses collaborations à des journaux est impressionnante: Canadian Illustrated News, L‘Opinion publique, Montreal Daily Star (de 1886 à son décès), la Patrie, le Farceur, le Grelot, Dominion Illustrated, le Favourite, le Jester, le Grip, etc. Et cela sans compter le nombre de publications qui ont repris ses dessins…
Dessin | Le retour des troupes canadiennes d'Afrique du Sud. | M677

Le retour des troupes canadiennes d’Afrique du Sud. 1900
Il a collaboré à l’Almanach du peuple et ainsi qu’à divers livres sur les contes et légendes du Québec comme la Chasse-galerie d’Honoré Beaugrand et les Contes vrais de Pamphile Lemay.

La cage de la Corriveau, Album. Montréal : Beauchemin, 1916, p. 171

La cage de la Corriveau, Album. Montréal : Beauchemin, 1916, p. 171

En 1874, il réalise un reportage illustré alors <<qu’il accompagne un détachement de la Gendarmerie royale expédié dans le Nord-Ouest canadien afin d’enrayer la contrebande d’alcool>>. (Réf.) Le reportage est publié dans L’Opinion publique entre le 30 juillet 1874 et le 25 février 1875.

Comme caricaturiste, il a atteint la renommée avec les ‘By-Town Coons ». Ce sont des caricatures qui représentent sir Wilfrid Laurier (alors premier ministre)et des membres de son cabinets avec le visage noirci, comme le faisaient certains chanteurs à l’époque (les minstrels). Ces dessins ont paru dans le Star entre 1897 et 1900.
Impression | Dolce far niente. Le gouvernement du Québec durant l'interruption de session | M988.182.144

Dolce far niente. Le gouvernement du Québec durant l’interruption de session, 1877

L’illustration la plus célèbre tirée de son oeuvre est probablement celle-ci. Elle fait partie d’une série de 110 dessins sur les Rébellions de 1837-1838.

Signalons aussi qu’Henri Julien s’est distingué par ses talents de peintre.

Ses illustrations

Illustrations Musée McCord (surtout des caricatures)

Revue d’un autre siècle (BANQ). Cliquez sur Illustrateurs/photographes.

Conclusion

Au niveau artistique, la contribution d’Henri Julien est inestimable. Souhaitons que son oeuvre soit redécouverte par le public.

Bibliographie

Michel Viau. (Page consultée le 7 février 2010). Henri Julien. [En ligne] Adresse URL: http://web.archive.org/web/20100904042826/http://www.bdquebec.qc.ca/auteurs/hjulien/hjulien.html

Nicole Guilbault. (Page consultée le 7 février 2010) Julien, Henri, Dictionnaire biographique du Canada. [en ligne]. Adresse URL: http://www.biographi.ca/fr/bio.php?id_nbr=6816

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