Décès de l’archiviste E.-Z. Massicotte [1947]

La Patrie, 9 novembre 1947

M. E.-Z. Massicotte vient de mourir
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Nous apprenons avec regret que M. E.-Z. Massicotte, archiviste du district de Montréal et historien bien connu, est décédé, hier matin, à l’âge de 79 ans et 10 mois, à l’Institution des Sourdes-Muettes, rue St-Denis où il était pensionnaire depuis plusieurs années.

Il laisse dans le deuil son fils Jean-Maurice, professeur de dessin, et une fille, Suzanne, épouse de Me Robert Trudel, avocat: six petits-enfants: Claude, Paul, Pierre, Yves et Bertrand Massicotte et Jacques Trudel.

La dépouille mortelle est exposée à la Société Coopérative de Frais Funéraires, 302 est, rue Ste-Catherine. Les funérailles auront lieu mardi matin, à 9 heures, en l’église Saint-Louis-de-France. A la famille de notre distingué compatriote, la « Patrie » offre ses condoléances.

Biographie

Fils d’Edouard Massicotte, qui tint pendant 40 ans un commerce de chaussures rue Notre-Dame, dans la paroisse de Ste-Cunégonde et d’Adèle Bertrand, le défunt archiviste, annaliste et folkloriste bien connu de Montréal, était né dans la métropole le 23 décembre 1867.

Il étudia au collège Ste-Marie et débuta dès 1886 dans le journalisme à l’Étendard. En 1890 il s’inscrivait à la faculté de droit. Admis au Barreau en 1895, il exerça sa profession en société avec M. Camille Piché, plus tard juge aux Sessions de la Paix à Montréal. Il prenait en 1899 la direction du Monde Illustré, passait en 1903 au Samedi qu’il ne quitta qu’en 1910. L’année suivante sir Lomer Gouin lui confiait le poste de chef des archives du Palais de Justice de Montréal, poste qu’il occupait encore au moment de sa mort. Il était membre à vie de la Société St-Jean-Baptiste.

Il était l’auteur d’un grand nombre d’ouvrages littéraires et de mémoires, d’articles de journaux et de revues. Depuis 1915, M. Massicotte avait concentré la majeure partie de sa production historique dans l’organe des archives de la province de Québec, le Bulletin des Recherches Historiques. On doit à M. Massicotte la création des soirées de folklore canadien-français qui eurent un tel succès aux alentours de 1920 à Montréal et dans nos divers centres.

Enfin, initiateur de grands cortèges de la St-Jean-Baptiste il fut l’auteur du projet de plan d’ensemble et des thèmes des processions qui se sont tenues à Montréal pendant neuf années (1924-1932) avec un succès sans parallèle dans notre histoire.

Pour en savoir plus:

Les Massicotte de Sainte-Cunégonde: Édouard-Zotique Massicotte (blogue Avant l’autoroute) et Répertoire du patrimoine culturel du Québec.

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Engouement pour la généalogie [1925]

Les Albums Massicotte

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Décès de l’historien Benjamin Sulte [1923]

Le Canada, 7 août 1923

UN DEUIL POUR LA LITTÉRATURE CANADIENNE
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LE DOYEN DES LITTÉRATEURS CANADIENS, M. SULTE, EST DÉCÉDÉ
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BELLE CARRIÈRE
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M. SULTE EST L’AUTEUR D’UNE CENTAINE DE VOLUMES HISTORIQUES, LITTÉRAIRES ET POÉTIQUES
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(Dépêche spéciale)

Ottawa, 6 – M. Benjamin Sulte, le doyen des écrivains canadiens, est mort à 6 h30 ce matin chez son neveu M. Parent à Ottawa; il était âgé de 82 ans et était malade depuis dix-huit mois. Les funérailles auront lieu jeudi matin à 9 heures 30, en l’église des Pères Capucins à Ottawa.

La dépouille mortelle sera transportée aux Trois-Rivières. Un libera sera chanté aux Trois-Rivières vendredi matin.

Souffrant depuis dix-huit mois d’un cancer des intestins qui, depuis plusieurs semaines, ne lui donnait plus aucun espoir de guérison, il a succombé à la terrible maladie, chez son neveu, 43 rue Fairmont. M. Sulte gardait le lit depuis le 1er octobre, et sa fin annoncée était attendue avec douleurs par les nombreux amis qu’il avait su s’attacher à travers sa longue carrière. Le pays tout entier s’attriste à cette mort qui enlève aux lettres canadiennes l’une de ses gloires les plus brillantes qu’elle ait jamais comptées. Travailleur infatigable, chercheur éclairé, poète charmant, antiquaire consciencieux, érudit universel et très renseigné, M. Sulte a fourni dans toutes les branches de l’intelligence un contingent immense de travaux méritoires qui resteront après lui et seront longtemps consultés par ses successeurs.

Photographie | B. Sulte, Montréal, QC, 1891 | II-95290.1

B. Sulte, Montréal, QC, 1891

Patriote ardent, écrivain original, M. Sulte a chanté le Canada en vers et en prose. Nul mieux que lui n’a su pénétrer dans ses moindres détails les annales disparues de ce pays, et on peut dire sans se tromper qu’il vit depuis trois siècles tant il s’est identifié avec les personnages du passé. De tous les coins du globe, M. Sulte était connu. Tous les littérateurs s’associent pour déplorer cette perte irréparable, car M. Sulte n’a pas été seulement un défenseur national de notre histoire, mais il a été un homme d’action qui a crée, pour les siens, des assises fondamentales sur quoi repose la connaissance plus éclairée de nos origines.

Benjamin Sulte naquit aux Trois-Rivières le 17 septembre 1841. Il n’avait que six ans lorsque mourut son père. Seul fils survivant, il commença à travailler à l’âge de dix ans dans un magasin de nouveautés, passa dans l’épicerie, l’imprimerie, les hardes faites, le commerce du cuir, devint comptable et commis en chef d’une exploitation de bois, etc, finalement, s’enrôla comme volontaire pour aller combattre les Fénians. Promu caporal, sergent, capitaine, il revint de la guerre, fut rattaché à la rédaction de la Minerve et envoyé à Québec, dans les bureaux où se travaillait la future confédération; il en dressa presque tous les comptes rendus de juillet 1866 à novembre de la même année, puis alla prendre la direction du journal Le Canada, à Ottawa, qu’il rédigea jusqu’en 1867. Chargé d’une mission secrète dans les chantiers de la Gatineau et du Saint-Maurice cette même année, il passa quatre mois dans les bois; ce voyage lui valut bon nombre d’histoires de cageux et autres qui sont encore lues avec intérêt.

Dès l’ouverture de la première session de la confédération, en 1867, M. Sulte y était occupé comme traducteur, position qu’il conserva jusqu’en 1870, tout en faisant en même temps du journaliste. C’est vers 1866 que commencèrent ses rapports avec Cartier, alors que celui-ci en était à faire passer son bill de la Milice. M. Sulte vit Cartier et compléta la mise au point du bill. Cartier le nomma son secrétaire. A la mort de celui-ci, M. Sulte resta dans le bureau de la milice; il fut tour à tour secrétaire, correspondant anglais, comptable, aviseur parlementaire, commis en chef du ministère. De 1882 à 1904, il a agi comme député-ministre de la milice sous quinze ministères différents. Il a pris une part active à l’expédition du Manitoba et à l’envoi des troupes canadiennes en Afrique, en 1899, et c’est lui que le regretté sir Wilfrid Laurier choisit comme organisateur des contingents militaires.

M. Sulte était à sa retraite depuis 1904. Il était le dernier survivant des employés civils qui sont entrés en fonction dès 1867. En 1919, il fut le seul Canadien-français nommé par le gouvernement pour organiser la présente Commission des sites historiques du Canada. Il était docteur en loi de l’Université de Toronto.

M. Sulte était membre de nombreuses sociétés savantes de Belgique, de France, d’Angleterre, des États-Unis et du Canada. En 1882, il a été l’un des fondateurs de la Société royale du Canada, dont il fut le premier président de la section française. Il fut aussi président de la Société Saint-Jean-Baptiste d’Ottawa, de l’Institut Canadien-français, du Cercle des Dix, délégué en France à l’Institution Ethnographique, en 1879, chef du comité qui a organisé la Bibliothèque Carnegie d’Ottawa. Constructeur de monument, il a érigé celui de Champlain et de Cartier, à Ottawa, de Salaberry, à Chambly et à Châteauguay, et autres. Orateur éminent et sans égal, M. sulte a donné près de quatre cent conférences dans les deux langues, soit aux États-Unis et en Canada.
M. Sulte est l’auteur d’un grand nombre de volumes historiques, littéraires et poétiques, dont la collection formera une centaine de volumes. Tous les écrits du maître sont soigneusement conservés par son élève Gérard Malchelosse qui a commencé en 1918 la publication de ses oeuvres, sous le titre de Mélanges historiques, dont dix numéros sont parus à date. Citons de ses ouvrages; Histoire des Canadiens-français, 8 vols.; Histoire de la milice canadienne; la Btaille de Châteauguay; les Origines des Canadiens-français; la Langue française au Canada; Mélanges d’Histoire et de littérature; History of Québec; Histoire des Trois-Rivières, 12 vols.; Histoire de Saint-François-du-Lac; Histoire de Louiseville; Histoire de l’Ouest canadien; Les Laurentiennes, poésies; Chants nouveaux, poésies, etc., etc.

M. Sulte avait épousé, en 1871, Augustine, la plus jeune des filles d’Etienne Parent, ancien journaliste, penseur, orateur et sous-secrétaire d’État. Il était le beau-frère d’Antoine Gérin-Lajoie, auteur de  »Jean Rivard » et d’Evariste Gélinas, brillant journaliste qui signait  »Carle Tom ». M. Sulte laisse une soeur encore vivante, Emilie, qui demeure aux Trois-Rivières.

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Décès de l’historien F.-X. Garneau [nuit du 2 au 3 février 1866]

14. L’historien et bibliothécaire Aegidius Fauteux (1876-1941)

11. Luc Lacourcière: recueillir et transmettre le patrimoine populaire

Pierre-Georges Roy, la passion des archives du Québec (1870-1953)
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Décès de l’historien F.-X. Garneau [nuit du 2 au 3 février 1866]

Le Canadien, 5 février 1866

Le pays entier apprendra avec une profonde douleur la mort de notre historien national, M. F. X. Garneau, et jusque par delà nos frontières et par delà les mers, partout où le Canada compte des amis fidèles, cette triste nouvelle produira une vive impression de regret. Le nom de M. Garneau est aussi connu que celui de notre pays, car c’est lui qui a fait connaître notre histoire en même temps qu’il nous l’a révélée à nous-mêmes. Tout ceux qui ont appris dans les pages de cette histoire, à admirer le passé, à saluer l’avenir de ce petit peuple qui porte sans défaillir, en Amérique, le nom de la France dont il semble pourtant à jamais séparé, tout ceux-là s’inclineront devant cette tombe, creusée par le travail, et où M. Garneau ne serait point descendu sitôt s’il n’avait pas usé sa vie à élever un monument à son pays. Le monument du moins portera son nom à la postérité la plus reculée et déjà le fait briller au loin.

Estampe | F. X. Garneau, historien du Canada, 1866 | M1118

François-Xavier Garneau, historien du Canada, 1866

Par son histoire, M. Garneau avait pris, dans les lettres canadiennes, la première place, et tandis que M. Papineau est, aux yeux de l’étranger, l’éclatante personnification de notre nationalité, il est, lui, la personnification de notre littérature. Ces deux renommées sont les premières qui frappent ceux qui tournent leurs regards vers le Canada et elles ont pénétré plus loin qu’aucune de celles qui se sont élevées parmi nous. La gloire que, par ses travaux, M. Garneau a fait jaillir sur son pays, s’est étendue jusqu’à son nom et l’a rendu aussi célèbre que cher à notre patriotisme.

Pour nous, ses compatriotes, M. Garneau n’est pas seulement le premier de nos historiens, c’est notre historien, celui qui a ressuscité notre passé et l’a fait revivre dans un tableau animé et grandiose, dont quelques ombres ne sauraient diminuer le caractère et l’effet puissant, celui qui avait reçu le sentiment, le don de donner à ce passé la seconde vie de l’histoire. D’autres ont pu ou pourront rivaliser avec lui dans le champ, maintenant plus accessible, des recherches historiques, personne ne saurait lui ravir le titre qu’il a conquis à force de labeurs, de dévouement et d’amour de son pays. Ses rivaux ou ses successeurs lui disputeront la palme de l’érudition, mais c’est lui qui s’appellera toujours l’historien national.

Impression (photomécanique) | Monument à François-Xavier Garneau, Québec, QC, vers 1910 | MP-0000.1163.8

Monument à François-Xavier Garneau, Québec, QC, vers 1910

Cette gloire fut le but de sa vie, il la vit rayonner au-dessus de lui du jour où parut le premier volume de son grand ouvrage. Ce fut là son unique récompense, mais il se trouva bien payé de ses rudes labeurs, car c’était à cela seul qu’il aspirait. Il savait d’avance que son travail ne lui donnerait ni la fortune, ni l’influence politique, que l’admiration universelle serait impuissante à lui frayer une voie à travers les intrigues qui dominent la carrière publique. Peu lui importait, son but était plus haut et ce but une fois atteint, le reste pour lui était secondaire.

Pour cela, M. Garneau a sacrifié sa santé, abrégé sa vie, négligé le soin de sa fortune. Son pays l’a laissé se dévouer, mener de front un ingrat laveur de bureau et son immense travail historique, s’user à la peine, sans même songer à venir à son secours, à le mettre en position de se consacrer tout entier à sa glorieuse tâche. Le gouvernement de notre pays a bien autre chose à faire que de récompenser le mérite, que d’accorder à notre littérature l’appui dont elle a besoin pour triompher des obstacles qui l’entoure. Les hommes de talent, les généreux esprits qui, au milieu de l’indifférence générale, tentent quelque chose pour la gloire commune, sont laissés entièrement à eux mêmes; s’ils succombent dans la tâche, ceux qui, plus heureux et moins sages, se sont attachés à de plus obscurs desseins, se félicitent de n’avoir pas suivi leur périlleux exemple et de n’avoir pas ressentir leur audacieuse ambition. Les emplois publics où l’on n’a peu de chose à faire, réservés en Europe aux hommes qui se mettent au service de l’histoire, de la philosophie et des sciences, afin qu’ils puissent se livrer en paix à leur haute vocation, sont, pour la plupart, donnés aux gens qui ne savent rien faire.

La ville de Québec, du moins, n’a point à se reprocher d’avoir manqué de gratitude et d’égard envers notre historien national. Lorsque la santé de M. Garneau, profondément altérée, ne lui permettait plus de remplir les devoirs de sa charge qu’avec peine, le Conseil-de-Ville lui a spontanément voté une pension.

Nous n’avons voulu que consacrer quelques lignes à la mémoire de M. Garneau, nous donnerons un autre jour sa biographie.

Le Canadien, dont le passé est identifié avec nos luttes pour la liberté, et que M. Garneau a si souvent cité dans le cours de son histoire, acquitte une dette d’honneur nationale en même temps qu’il remplit un devoir de sympathie, en prenant le deuil.

M. Garneau était âgé de 57 ans. Ses funérailles auront lieu demain matin.

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12. François-Xavier Garneau, historien (1809-1866)

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11. Luc Lacourcière: recueillir et transmettre le patrimoine populaire

10. Athanase David (1882-1953): un acteur de la promotion et de la protection du patrimoine

15. James McPherson LeMoine et l’histoire de la ville de Québec (1825-1912)

Photographie | McPherson Lemoine, copie réalisée en 1864 | I-10446.0.1

James McPherson Lemoine, copie réalisée en 1864 Anonyme

Au Québec et ailleurs, on nomme des routes, des rues, des bâtiments et des parcs en l’honneur de personnes qui ont marqué notre histoire. Cette série de billets a pour but de vous faire découvrir ces gens.

Une avenue à Québec et une pointe à l’Ile aux Grues portent son nom. Qui était James McPherson Lemoine?

Né le 21 janvier 1825 à Québec, James McPherson Le Moine est le fils de Benjamin Le Moine et de Julia Ann McPherson. Suite au décès de sa mère, survenu en 1828, ses grands-parents McPherson prennent en charge son éducation. Ainsi, il va habiter à leur manoir de l’Île-aux-Grues, puis à Montmagny.

Vers 1838, il est étudiant au Séminaire de Québec. Il apprend ensuite le métier d’avocat auprès de Joseph-Noël Bossé. Il est admis au barreau en 1850 et pratique à Québec jusqu’en 1858. Le  5 juin 1856, il épouse dans cette même ville Harriet Mary Atkinson (ils auront deux filles).

Dès 1847, il est receveur des contributeurs indirectes. De 1869 à 1899, il est inspecteur.

En 1860, il emménage à la villa Spencer Grange, à Sillery, Québec, qui sera un lieu de rencontre de certains des plus intéressants éléments de la ville de Québec. François-Xavier Garneau, l’abbé Ferland, Philippe-Aubert de Gaspé, Octave Crémazie, Pierre-Joseph-Olivier Chauveau, Faucher de Saint-Maurice, Henri-Raymond Casgrain, Francis Parkman, William Kirby, Louis Fréchette,  Pamphile Le May, Adolphe-Basile Routhier, Benjamin Sulte, Charles Fitzpatrick et  George-Étienne Cartier sont parmi les invités qui y brillent. (Réf. Nicole Dorion-Poussart p.169)

 »] Source BANQ De gauche à droite: George Moore Fairchild, Cyrille Tessier, John S. Budden, SIr James McPherson LeMoine, Jennie LeMoine, Queenie Fairchild, Alex. Ferguson et Robert J. Wickenden.

L’historien

Le Moine a écrit plusieurs monographies sur l’histoire de la ville de Québec et sa région. Comment voyait-il l’histoire?

Face à l’histoire, Le Moine ne peut se sentir ni vainqueur ni vaincu. Il est à la fois l’un et l’autre. En diminuant les Français ou les Anglais, il se serait diminué lui-même. C’est pourquoi il choisit d’adopter une attitude simplement humaine, puisque ceux qui participent aux événements du passé et du présent sont le plus souvent les victimes de décisions politiques prises par d’autres. Ainsi tente-t-il d’abolir la notion de culpabilité. De toute manière, les disputes idéologiques ne l’intéressent pas. À la façon des érudits, Le Moine préfère fonder sa démarche sur l’accumulation des faits. Plus ceux-ci seront nombreux, plus ils permettront, croit-il, d’élaborer une œuvre exhaustive.  (Réf. Roger Le Moine, DBC)

Méthode historique

Chercheur infatigable, Le Moine emprunte sa documentation aux archives publiques et privées. Il interroge les aînés. Il recourt aux bons offices d’historiens amis comme les abbés Louis-Édouard Bois* et Jean-Baptiste-Antoine Ferland*. De plus, à la façon des archéologues, des anthropologues et des ethnologues d’aujourd’hui, il mène des enquêtes sur le terrain. Cette diversité des sources devait déboucher sur une œuvre considérable et multiple. (Réf. Roger Le Moine, DBC)

Il publie aussi des récits de voyages et des textes sur l’ornithologie.

En 1901, l’Université Bishop’s de Lennoxville (Sherbrooke) lui décerne un doctorat honoris causa en droit et il été fait chevalier par la reine Victoria le 4 février 1897.

Il a été membre de l’Institut canadien et de la Literary and Historical Societyde Québec. Il a participé à la fondation de la Société royale du Canada. Il a été un ardent défenseur du patrimoine de la ville de Québec. (Réf. Nicole Dorion-Poussart p.182-184)

Il est décédé le 5 février 1912 à Sillery, Québec et est enterré au cimetière Mount Hermon.

Le Fonds d’archives Sir-James-McPherson-Le Moine (P108) se trouve à Université d’Ottawa

Oeuvres (environ 40 ouvrages en anglais ou en français)

Ornithologie du Canada: D’après la nomenclature de Baird 1861

Les pêcheries du Canada 1863

The tourists note-book for Quebec, Cacouna, Saguenay River and the … 1870

L’album du touriste: archéologie, histoire, littérature, sport … 1872

Château-Bigot 1874

Histoire des fortifications et des rues de Québec 1875

Quebec, past and present: a history of Quebec, 1608-1876 1876

The chronicles of the St. Lawrence 1880

The Scot in New France: an ethnological study. Inaugural address, … 1881

Picturesque Quebec: a sequel to Quebec past and present 1882

Monographies et esquisses 1885

Les heroines de la nouvelle-France. (Traduit de l’anglais.) 1888

Chasse et pêche au Canada 1887

Maple leaves: a budget of legendary, historical, critical, and sporting 1889

The explorations of Jonathan Oldbuck, F.G.S.Q., in eastern … 1889

The castle St. Louis, Quebec, 1759-1834 1896

Bibliographie

Louisa Blair. Les Anglos: la face cachée de Québec. Commission de la capitale nationale et Éditions Sylvain Harvey, 2005, 2 tomes.

Roger Le Moine [en ligne] LE MOINE, sir JAMES MacPHERSON, Dictionnaire biographique du Canada [Page consultée le 15 juin 2010] Adresse URL

Nicole Dorion-Poussart. Voyages aux sources d’un pays- Sillery, Québec. Editions GID, 2007, 351 pages. Adresse URL http://www.sillery-quebec.com/Ch6.pdf

Billets reliés

Robert Chambers, le dernier maire anglophone de Québec (1809-1886)

13. Jeffery Hale (1803-1864) et l’hôpital qui porte son nom à Québec

12. François-Xavier Garneau, historien (1809-1866)

Ressource: Les bases de données en ligne de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BANQ)

14. L’historien et bibliothécaire Aegidius Fauteux (1876-1941)

Au Québec et ailleurs, on nomme des routes, des rues, des bâtiments et des parcs en l’honneur de personnes qui ont marqué notre histoire. Cette série de billets a pour but de vous faire découvrir ces gens.

Une rue à Longueuil et à Montréal portent son nom. Qui était Aegidius Fauteux?

Aegedius Fauteux Source: Steve Requin

Entre la prêtrise et le droit

Aegidius Fauteux est né le 27 septembre 1876 dans la paroisse de Sainte-Cunégonde à Montréal. Il a fait des études en théologie au Grand séminaire de Montréal (1887-1893) et en droit à l’Université Laval à Montréal Il est admis au barreau en 1903, mais il se tourne plutôt vers le journalisme pour gagner sa vie.

Le journaliste

Aegidius Fauteux fonde le journal Le Rappel, (1902-1904). Il est ensuite correspondant parlementaire pour le journal La Patrie à Québec (1905-1909), puis rédacteur en chef du quotidien La Presse ( 1909-1912).

Le bibliothécaire

En 1912, changement de carrière. Il devient bibliothécaire à la bibliothèque Saint-Sulpice, poste qu’il occupe jusqu’en 1931), puis à la Bibliothèque centrale de Montréal. Il débute la constitution du Fichier Saint-Sulpice qui

désigne maintenant le catalogue des livres et des brochures de la Bibliothèque nationale du Québec publiés hors Québec entre 1801 et 1967 Ref

Bibliothèque S. Sulpice, Montréal. Début des années 30?  Collection : Michel-Bazinet, CP 6380 Source:BANQ via le Patrimoine du répertoire culturel du Québec

Bibliothèque S. Sulpice, Montréal. Début des années 30? Collection : Michel-Bazinet, CP 6380 Source:BANQ via le Patrimoine du répertoire culturel du Québec

La bibliothèque Saint-Sulpice est l’ancêtre de Bibliothèque et Archives nationales du Québec.

Grâce à Aegidius Fauteux,

Saint-Sulpice sera la première bibliothèque publique francophone importante à Montréal et au Québec, et la première aussi à disposer d’un catalogue sur fiches et non sous forme de volume imprimé. Fauteux commence son catalogue en 1913; il adopte la 8e édition de la classification de Melvil Dewey, qui vient de paraître. Pour la rendre conforme au contexte québécois, il adapte certaines classes (histoire du Canada, droit, religion et droit canon, biographies et mémoires). (Réf)

Saluons aussi le flair d’Auguste Fauteux en matière d’acquisitions.

C’est aussi à Aegidius Fauteux que l’on doit la richesse des collections de l’institution, dont le contenu hérité des bibliothèques publiques sulpiciennes s’est étoffé grâce à des acquisitions massives, effectuées entre autres lors de missions en Europe et aux États-Unis. Plusieurs collections personnelles prestigieuses, dont celles des familles Papineau et Bourassa, Denis Benjamin Viger, Louis-Hippolyte Lafontaine, etc., sont venues aussi augmenter le volume mais surtout l’intérêt de la bibliothèque, lui permettant de témoigner d’autant mieux de la circulation des idées au Québec jusqu’à la Révolution tranquille. (Réf)

Aussi, Aegidius Fauteux a participé à la professionnalisation du métier de bibliothécaire en s’impliquant en 1937 dans la fondation de l’École de bibliothéconomie de l’Université de Montréal dont il devient le directeur.

L’historien

Source: Steve Requin

Aegedius Fauteux est l’un des fondateurs de la Société des Dix dont a aussi été membre Pierre-Georges Roy.

Il a été l’éditeur-délégué du premier Cahier des Dix, paru en 1936.

Voici quelques distinctions et prix qu’il a reçu au cours de sa carrière : prix du concours de littérature française à l’Université Laval de Montréal en 1900, 1901 et 1902, ruban violet d’officier de l’Académie française en 1930, médaille Lorne Pierce pour l’histoire, doctorat honorifique ès lettres de l’Université de Montréal en 1936, médaille Tyrrell de la Société royale du Canada, médaille de la Société historique de Montréal pour le meilleur ouvrage historique de l’année 1941. Il a été membre de la Société royale du Canada et président de la Société Historique de Montréal (1927à 1941 à vérifier).  Il a a siégé à la Commission des sites des Monuments Historiques du Canada.

Aegidius Fauteux est décédé à Montréal le 22 avril 1941.

En complément:

Fonds Aegidius-Fauteux (Ville de Montréal) Série Portraits historiques canadiens http://www2.ville.montreal.qc.ca/archives/portraits/fr/index.shtm

Ecrits

(incluant préface et textes annotés par Fauteux)

Dollard Des Ormeaux et ses compagnons : notes et documents / par E.-Z. Massicotte… ; avec une introduction par Aegidius Fauteux… — 1920

Un général allemand au Canada : le baron FrieGrich Adolphus von Riedesel / par Georges Monarque ; [préface de Aegidius Fauteux] 1945

Introduction of Printing in Canada 1930

Les De Jordy de Cabanac : histoire d’une ancienne famille noble du Canada / par l’abbé Elie-J. Auclair… ; préface de M. Aegidius Fauteux… 1930

Le Duel au Canada, 1934

Patriotes de 1837-1838,  1950

Billets reliés

12. François-Xavier Garneau, historien (1809-1866)

Au Québec et ailleurs, on nomme des routes, des rues, des bâtiments et des parcs en l’honneur de personnes qui ont marqué notre histoire. Cette série de billets a pour but de vous faire découvrir ces gens.

Des rues à Lévis, Beloeil, Boucherville, Sainte-Julie et Québec, une avenue à Laval, une paroi au Saguenay-Lac-Saint-Jean ainsi qu’un cégep à Québec portent son nom. Qui était François-Xavier Garneau?

Enfance et éducation
François-Xavier Garneau est né à Québec le 15 juin 1809. Il provient d’un milieu modeste. Son père, François-Xavier, était aubergiste.

François-Xavier Garneau étudie d’abord à l’école du faubourg, puis dans une école située au sous-sol de la chapelle de la Congrégation. Garneau aurait voulu étudier au Séminaire de Québec, mais son voeu n’est pas exaucé. Alors, pendant deux ans, il travaille pour Joseph-François Perrault, greffier de la Cour du banc du roi.

Entre 1825 et 1830, il est formé à la profession de notaire auprès d’Archibald Campbell.

Gravure | Portrait de Denis Benjamin Viger | M930.50.7.11

Portrait de Denis Benjamin Viger John Henry Walker (1831-1899) 1850-1885, 19e siècle Encre sur papier – Gravure sur bois Source: Musée McCord

Les voyages forment la jeunesse
En 1828, il voyage aux États-Unis et au Haut-Canada, puis trois en plus tard, il va en Angleterre. C’est à Londres qu’il devient le secrétaire de Denis-Benjamin Viger, délégué de l’Assemblée du Bas-Canada. Ses fonctions lui permettent de rencontrer des gens qui ont marqué leur temps, tels William Lyon Mackenzie, John Arthur Roebuck, John MacGregor (statisticien) et Daniel O’Connell. Il visite aussi la France à cette époque.

En 1833, il revient à Québec. Il y fonde la même année le journal l‘Abeille canadienne, dont la parution est interrompue après deux mois.

L’année suivante, il est engagé en tant que notaire auprès de Louis-Théodore Besserer. Le 25 août 1835, il épouse Marie-Esther Bilodeau. Ils auront 10 enfants. En 1836, il est notaire à son compte puis en 1837, il devient caissier à la Banque de l’Amérique septentrionale britannique. En 1838, il est employé par la Banque du Québec.

Estampe | F. X. Garneau, historien du Canada, 1866 | M1118

F. X. Garneau, historien du Canada, 1866 Anonyme – Anonymous 1866, 19e siècle Source: Musée McCord

Selon Pierre Savard et Paul Wyczynski, c’est dès 1837 :

qu’on peut déceler la vocation de l’historien Garneau. Dans le Canadien du 15 février, il publie un extrait historique sur les combats et batailles « livrés en Canada et ailleurs auxquels les Canadiens ont pris part ». C’est son premier écrit du genre, et il procède de la même inspiration patriotique que ses poèmes. Certes, il avait copié à Londres, en 1832, à la demande de son patron, un journal du siège de Québec, dû à la plume d’un officier français, document que Viger a publié en 1836, sans que cela permette d’affirmer que Garneau ait décidé d’écrire l’histoire de son pays pendant son séjour en Angleterre. À ce moment, l’histoire intéresse un public de plus en plus nombreux qui, comme Garneau d’ailleurs, veut comprendre le présent et tirer des raisons d’espérer d’un passé qu’on croit glorieux, mais dont le récit a été fait par des Anglo-Saxons, tels Robert Christie, William Smith et John MacGregor, à l’intention de leurs compatriotes. Au reste, les travaux publiés en français ne peuvent satisfaire la nouvelle génération des Patriotes. (Réf)

En 1841, Garneau lance l’hebdomadaire l’Institut, ou Journal des étudians.

En 1842, il agit comme traducteur à l’Assemblée législative. En 1844, il devient greffier de la ville de Québec, poste qu’il occupera pendant 20 ans.

L’Histoire du Canada
C’est en 1845 que débute la publication de son oeuvre majeure: L’Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu’à nos jours. Le deuxième tome paraît l’année suivante et le troisième en 1849. L’oeuvre est rééditée en 1852 et en 1859 (avec l’aide de son fils Alfred).

Dans cet ouvrage,

Garneau présente l’histoire des Canadiens français comme un combat pour la survie, d’abord contre les autochtones et les Anglo-Américains sur le champ de bataille, puis contre l’oligarchie anglo-canadienne dans l’arène parlementaire. Son ouvrage remporte un immense succès et lui vaut d’être acclamé de son vivant en tant qu’« historien national ». (Réf)

Chaque réédition du vivant de Garneau se voit enrichie grâce aux archives.

L’œuvre considérable de Garneau témoigne de l’importance de la conservation des archives. Il a sans cesse révisé, corrigé et amélioré ses écrits au fur et à mesure que de nouvelles sources étaient mises à sa disposition  (Réf.)

François-Xavier Garneau  consacre beaucoup de temps à ses fonctions de greffier de la ville de Québec ainsi qu’à la recherche et à la rédaction de son Histoire du Canada. Il s’implique aussi dans la fondation en 1842 de la Société Saint-Jean-Baptiste de Québec et de l’Institut Canadien de Québec en 1847.

Il prend sa retraite en 1864.

François-Xavier Garneau est décédé dans la nuit du 2 au 3 février 1866 à Québec. La maison où il a passé les derniers temps de sa vie a été classée monument historique en 1966 par le gouvernement du Québec. Elle est ouverte au public (Renseignements).

Statut de François-Xavier Garneau. Erigée en 1912, sculptée par Paul Chevré.Vieux-Québec Crédit: Vicky Lapointe

Statut de François-Xavier Garneau. Erigée en 1912, sculptée par Paul Chevré.Vieux-Québec Crédit: Vicky Lapointe

Oeuvres

  • Plusieurs poèmes, récits de voyages ainsi que des textes d’opinion et des récits historiques ont été publiés dans la presse.
  • Histoire du Canada depuis la découverte jusqu’à nos jours, quatre tomes. il y a eu plusieurs rééditions et  une traduction anglaise dès 1860.

Tome 1 ,Tome 2, Tome 3, Tome 4 Édition 1882

En complément

François-Xavier Garneau: sa vie et ses oeuvres par Pierre-Joseph-Olivier Chauveau (1883)
Biographie de F.X. Garneau (1886) par Henri-Raymond Casgrain

Bibliographie

SAVARD, Pierre et Paul WYCZYNSKI [en ligne] Garneau, François-Xavier [Page consultée le 5 juin 2010]

SAVARD, Pierre [en ligne] Garneau, François-Xavier [Page consultée le 5 juin 2010] Adresse URL

Ville de Québec [en ligne] François-Xavier Garneau [Page consultée le 5 juin 2010] Adresse URL

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Pierre-Georges Roy, la passion des archives du Québec (1870-1953)

Au Québec et ailleurs, on nomme des routes, des rues, des bâtiments et des parcs en l’honneur de personnes qui ont marqué notre histoire. Cette série de billets a pour but de vous faire découvrir ces gens.

Une rue à Saint-Augustin-de-Desmaures et une bibliothèque  à Lévis portent son nom. Qui était Pierre-Georges Roy?

Biographie

Pierre-Georges Roy, 1895. Source: Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Pierre-Georges Roy, 1895. Source: Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Pierre-Georges Roy naît à Lévis le 23 octobre 1870 et  décède en cette même ville le 4 novembre 1953. Il est le frère de Joseph-Edmond Roy, maire de Lévis de 1896 à 1900, historien (Histoire de la seigneurie de Lauzon) et archiviste. Il a épousé Eugénie Marsan en 1896.

Pierre-Georges Roy fait ses études au Collège de Lévis ainsi qu’au Séminaire de Québec. Il fonde la revue d’histoire et de littérature Le Glaneur, revue qui survit jusqu’en 1892. En 1893, il lance Le Moniteur de Lévis,  un journal  d’allégeance conservatrice. (Réf. Simard p. 207.)
En 1894, Roy devient greffier de la Cour d’appel du Québec et fonde l’année suivante le Bulletin des recherche historiques.

Le BRH -comme on l’appellera communément- comprendra donc des études, des listes, des bibliographies, des inventaires, des inédits, des chroniques enfin comme celle des  »Questions » et  »Réponses » qui lui donneront son caractère. (Réf. Jean Simard. p. 208)

Ce bulletin mettra en valeur les archives de la province de Québec. Il s’agit encore aujourd’hui d’une très belle source pour les gens qui s’intéressent à l’histoire du Québec.

En 1920, Pierre-Georges Roy fonde le Bureau des archives du Québec. Il est nommé archiviste provincial, le premier à occuper cette fonction. Notons qu’il n’a pas de formation d’archiviste en tant que tel; il a appris par la pratique.

Bulletin des recherches historique Source: archive.org

Bulletin des recherches historique Source: archive.org

Il est le directeur du Bulletin des recherches historiques, revue qu’il a fondé, de 1895 à 1948. C’est son fils qui prendra sa succession. Cette revue a été publiée jusqu’en 1968. Son épouse Eugénie a été une précieuse collaboratrice . Le BRH devient en 1923

l’organe officiel du Bureau des archives de la province de Québec. (Réf. Jean Simard p.208)

Fouiller le sol, déblayer le terrain: telle était la tâche urgente, aux yeux de Pierre-Georges Roy, la véritable histoire nationale étant impossible avant «le jour où des monographies nombreuses auront déblayé le terrain et préparé la voie à nos historiens». Dans les circonstances, cela voulait dire faire la chasse aux documents, les déchiffrer, les analyser, les commenter, en tirer les réponses aux cent, aux mille questions que les curieux se posaient. Aussi bien, quand il parut, en 1895, le Bulletin des recherches historiques comblait une lacune.  (Réf.)

Aussi,

En 1895 Pierre-Georges Roy (1870-1953) fonde le Bulletin des recherches historiques qui publie très tôt plusieurs articles consacrés à des monographies paroissiales, des biographies d’artistes, des oeuvres, des coutumes. Lui-même publie plusieurs articles sur des peintres, la peinture et l’architecture, mais surtout une grande quantité de monographies paroissiales où des aspects artistiques sont abordés et qui dénotent un fort intérêt pour les valeurs de la vie à la campagne autour du clocher paroissial sous la houlette de l’Église catholique. (Réf)

Jean Simard le qualifie, lui et Gérard Morisset, de »pionniers de l’inventaire ». (Réf. Simard p.204)

Que dire de plus? Pierre-Georges Roy a publié les Rapports de l’archiviste de Québec (dès 1921). Il a lancé en 1923 un concours d’histoire. Il a été attaché au service des Archives du Dominion, secrétaire de la Commission des monuments historiques et conservateur du Musée du Québec en 1931. Une carrière bien remplie!

Publications

Lorsque son fils Antoine publie en 1928 une Bibliographique analytique de ses oeuvres, Pierre-Georges Roy a déjà rédigé plus de 100 ouvrages. A son décès, ce chiffre s’élève à 300.(Réf).

Voici un aperçu de sa production.

Il a écrit de nombreux articles qui ont paru dans les Cahiers des Dix.

On retrouve d’autres textes de Pierre-Georges Roy sur archive.org ainsi que Nos Racines.

L’oeuvre de Pierre-Georges Roy traite de la

généalogie des grandes familles du Régime français, à des monographies de lieux et de monuments, à des inventaires, aux grandes séries que sont le BRH, Les Petites Choses de notre histoire et les rapport annuels des archives et de la Commission des monuments historiques. (Réf. Simard p. 213).

Jean Simard écrit d’ailleurs que:

Plus de soixante ans d’assiduité en faveur d’une double mission; celle de l’historien des  »petites choses », qu’il accomplit le plus souvent à titre privé, celle ensuite qui fera de lui le plus grand intendant du patrimoine culturel de son époque.(Réf. Simard p. 207)

Distinctions

Pierre-Georges Roy a été élu en 1911 à la section de littérature française de la Société Royale. Il a été fait Commandeur de l’Ordre de Saint-Georges-Le-Grand.  En 1919, il a reçu la Légion d’Honneur en 1927 et a été fait Commandeur de l’Ordre pontifical de Saint-Grégoire-le-Grand. Il a reçu la médaille Tyrrell en 1932, a été membre de la Société royale du Canada et de la Société des Dix et il a été fait Officier de l’Instruction publique de France en 1906. En 1919, il a été lauréat de l’Institut de France. Il était aussi membre honoraire de la Société historique de Boston.

Il a reçu des doctorats honoris causa des universités suivantes: Université Laval, lettres (1911), Université d’Ottawa, lettres, (1925), Université Notre-Dame de l’Indiana, droit (1918).

Ses archives

Il existe trois fonds d’archives qui portent son nom.

  • Fonds Pierre-Georges-Roy Ville de Montréal
  • Fonds Pierre-Georges-Roy des Archives nationales du Québec
  • Fonds Pierre-Georges-Roy, Université d’Ottawa

Conclusion

Pierre-Georges Roy s’est distingué par son abondante production historique. Il s’est intéressé à plusieurs sujets: l’histoire de Lévis, de Québec, de la Nouvelle-France, etc. Il a contribué à l’archivistique au Québec, mais surtout, il a permis de faire connaître les archives et l’histoire du Québec par le Bulletin des recherches historiques et ses autres publications.

Webographie

Ville de Lévis (Page consultée le 19 avril 2010) Bibliothèque Pierre-Georges-Roy [n’est plus en ligne]

Wikipédia. (Page consultée le 19 avril 2010) Pierre-Georges Roy [en ligne] Adresse URL

Jean Bruchési (Page consultée le 19 avril 2010) Pierre-Georges Roy (1870-1953) Histoire Québec, Volume 9, numéro 1, juin 2003, p. 42-43 [en ligne] http://id.erudit.org/iderudit/1046ac

Claude Bélanger (Page consultée le 19 avril 2010) Pierre-Georges Roy archiviste [en ligne] Adresse URL

Université d’Ottawa (Page consultée le 19 avril 2010) Fonds Pierre-Georges-Roy [en ligne] Adresse URL

Robert Derôme (Page consultée le 19 avril 2010) Le Bulletin des recherches historiques 1895- [en ligne] Adresse URL

Bibliographie

SIMARD, Jean. Le Québec pour terrain: itinéraire d’un missionaire du patrimoine religieux. Québec, Presses de l’Université Laval, 2004, 254 pages.

Billet reliés

Revues et journaux en ligne sur l’histoire du Québec

Gérard Morisset: la préservation et la diffusion du patrimoine

Faire de l’histoire au Québec (livre de Ronald Rudin)

Devenir historien

Piaf: initiation en ligne à l’archivistique

A l’abri de l’oubli

Archives au présent

Lévis, en photos et en histoires

Photographies de Québec (1886-1910) par Frederick C. Würtele

Frederick Würtele est un photographe amateur qui a pris plusieurs clichés de la ville de Québec entre 1886 et 1910. Retraçons d’abord les grandes lignes de sa vie pour ensuite nous pencher sur son oeuvre.

Biographie

Quartier Vieux-Québec-Basse-Ville - Rue Sous-le-Cap / Fred C. Würtele . - septembre 1902 Source: BANQ

Quartier Vieux-Québec-Basse-Ville – Rue Sous-le-Cap / Fred C. Würtele . – septembre 1902 Source: BANQ

Frederick Christian Würtele est né le 10 septembre 1842 à Québec. Il était l’époux d’Élizabeth Riddle (quatre enfants).

Il a reçu son diplôme de l’école militaire en 1867, puis il a obtenu le grade de capitaine des Royal Rifles en 1883. Würtele a fait carrière en tant que comptable, mais il a aussi travaillé entre 1870 et 1890 pour son frère et son père, deux marchands de quincaillerie et de fer. Il a été secrétaire-trésorier du High School of Québec en 1892 et de la Protestant Board of School Commissioners (1897-1920). Il est nommé Esquire en 1891. Entre 1877 et 1906, il a occupé presque sans interruption diverses fonctions à la Québec Literary and Historical Society (conservateur des objets et bibliothécaire). Entre 1910 et 1914, il a été secrétaire de l’Archeological Institute of America, Department of Canada, Québec Society.

Frederick Würtele est décédé à Québec le 18 mars 1920.

Un intérêt certain pour l’histoire

Historien, il a publié quelques écrits:

Il a édité Blockade of Québec in 1775-1776 by the American Revolutionists en 1905-1906.
Ses photographies

Les thèmes représentés par les photographies du Fonds Fred. C Würtele sont variés: vues d’ensemble, bateaux, l’histoire, l’architecture, aspect militaire, les églises protestantes, les paysages, l’hiver, les moulins à scie, les institutions d’enseignement,  les ponts et les portraits. (Réf. Fernand Caron, p. 18) Il a croqué sur le vif les conséquences des éboulis de septembre 1889 à Québec, de l’effondrement du pont de Québec en 1908, de la destruction de la tour Martello no3  pour l’agrandissement de l’ancien Jeffery Hale (un hôpital de Québec) en 1904,  etc.

Il a surtout photographié Québec et ses environs. Commme la écrit Fernand Caron, dans Fred C. Würtele, photogaphe ,Würtele:

photographie, à l’instar des touristes, les particularités de la ville tels le Vieux-Québec, les environs du Parlement ou bien la rue Saint-Pierre. (p.10)

Quartier Saint-Jean-Baptiste - Boulevard Saint-Cyrille Est - Tour Martello - Numéro 3 / Fred C. Würtele . - août 1904 Source: Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Quartier Saint-Jean-Baptiste – Boulevard Saint-Cyrille Est – Tour Martello – Numéro 3 / Fred C. Würtele . – août 1904 Source: Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Il nous a donné de superbes vues de Québec comme cette photographie prise du toit de la Banque Union et qui montre la rue Saint-Pierre (voir photographie suivante).

Dans l’ensemble, cependant, il a tracé un remarquable tableau de la ville de Québec qu’il sentait évoluer avec inquiétude. Cette affirmation n’est pas gratuite, compte tenu des nombreuses photos de démolitions et d’immeubles qu’ils nous a léguées. (Réf. p.11, Fernand Caron)

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A Québec, il a immortalisé le Morrin College, le Collège des Jésuites, le Marché Champlain, les plaines d’Abraham, le bureau de poste (et sa célèbre plaque du Chien d’or), le Capitole, les Jardins du Gouverneur, la rue Sous-le-Cap, le Bassin Louise, le Château Frontenac, la Grande-Allée, la Terrasse Dufferin, le quartier Saint-Roch, le quartier Latin, l’Esplanade, Place d’Armes, l’Hôtel de ville, et bien plus.

Voici quelques endroits qu’il a photographié: outre Québec, il y a Chicoutimi, Ottawa, Rivière-du-Loup, l’Ile d’Orléans, Chambly, Grand-Mère, Saint-Tite, Boischatel, Trois-Rivières, Saint-Romuald, Saint-André (Lac-Saint-Jean), Lennoxville (Sherbrooke), Toronto, Ottawa, Tewkesbury, Rivière-Ouelle, Lévis, etc.

Voici d’autres photographies:

Quartier Cap-Blanc - Rue Champlain - Catastrophe / Fred C. Würtele . - septembre 1889 Source: Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Quartier Cap-Blanc – Rue Champlain – Catastrophe / Fred C. Würtele . – septembre 1889 Source: Bibliothèque et Archives nationales du Québec

 

Beauport - Avenue Royale / Fred C. Würtele . - octobre 1897 Source: Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Beauport – Avenue Royale / Fred C. Würtele . – octobre 1897 Source: Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Le fonds Fred. C. Würtele contient plus de 575 photographies et il peut être vu presqu’entièrement en ligne sur le site de BANQ. Pour voir ces photos, allez sur Pistard, entrez le mot-clé de votre choix, cliquez sur Documents numérisés et validez. Sélectionnez ensuite Fonds Fred Würtele.  Des photographies sont aussi disponibles sur cybermuse.

Conclusion

Les photographies qui sont l’oeuvre de Fred Würtele constituent un témoignage intéressant sur la ville de Québec et ses environs à l’aube du 20e siècle. Elles mettent en valeur le patrimoine bâti, religieux et maritime du Québec. Ses photographies et ses diverses fonctions montrent à quel point il avait à coeur l’histoire et le patrimoine de Québec.

Sainte-Pétronille-de-l’Île-d’Orléans - Camp d'entraînements de l'Artillerie royale canadienne / Fred C. Würtele . - août 1904 Source: Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Sainte-Pétronille-de-l’Île-d’Orléans – Camp d’entraînements de l’Artillerie royale canadienne / Fred C. Würtele . – août 1904 Source: Bibliothèque et Archives nationales du Québec

Bibliographie

CARON, Fernand. Fred C. Würtele, photogaphe.Ministère des Affaires culturelles, 1977, 276 pages.

Billes reliés

André Biéler, peintre de la ruralité québécoise (1896-1986)

Art: Québec et ses environs (1830) par James Pattison Cockburn

Québec 1608-2008: chroniques d’une capitale

L’histoire du funiculaire de Québec

Expositions virtuelles des archives de la ville de Québec

Guide de la photographie ancienne

Gérer des archives photographiques

Jeu Le temps d’une pose: le studio de photographie de William Notman en 1870

L’histoire mène à tout, à condition d’en sortir

« L’histoire mène à tout, à condition d’en sortir »

Claude-Lévi Strauss

Les possibilités d’emplois pour les diplômés en histoire sont variées, même si la démarche de recherche d’emploi n’est pas toujours facile.

Le service de placement de l’Université Laval effectue chaque année une relance auprès de ses diplômés. Les résultats, par discipline, sont disponibles sur le site internet de l’Université sous le titre Analyses de marché et ont peut les consulter ici. L’histoire figure au nombre des disciplines où les données sont disponibles. L’analyse de marché pour les diplômés en histoire nous permet de connaître les postes occupés, les fonctions, les employeurs potentiels, les compétences recherchées, les conditions de travail et les tendances de l’emploi dans ce domaine. Un document à consulter!

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Et pour prouver que l’histoire mène à tout, voici une courte liste de personnalités qui ont étudié en histoire. Oui, l’histoire mène à tout…

De la télé en passant par le Parlement…

-L’acteur Sacha Baron Cohen (Borat) (Réf )

-Le chanteur du groupe Iron Maiden Bruce Dickinson (Réf). Par ex. la chanson Passchendale de l’album Dance of Death est inspirée de la bataille de Passchendale qui a eu lieu durant la Première Guerre mondiale (1917).

-Marie-Claude Savard, chroniqueuse sportive à la télévision québécoise (Réf.)

-Plusieurs députés provinciaux québécois: Louise Beaudoin (Rosemont), Yves-François Blanchet (Drummond), Geoffrey Kelley (Jacques-Cartier), Gilles Robert (Prévost), Kathleen Weil (Notre-Dame-de-Grâce), Martin Lemay (Sainte-Marie-Saint-Jacques), Sylvain Gaudreault (Jonquière) (Réf)

-Micheline Lachance, journaliste et romancière (Le roman de Julie Papineau) (Réf.)

-Anne-Marie Sicotte, romancière et journaliste  (Les accoucheuses) (Réf.)

-Michel Jean, animateur de l’émission J.E. (Réf.)

-Conan O’Brien, animateur à la télévision américaine (Réf.)

Concernant les possibilités d’emploi lorsqu’on a un diplôme en histoire, je vous conseille de consulter la section Billets reliés du présent billet (particulièrement les deux premiers liens) ainsi que les pages des départements d’histoire des universités.

Crédits photo: BdwayDiva1 sur Flickr

Billets reliés:

La marche des morts illustres. Benjamin Sulte, l’histoire et la commémoration

La marche des morts illustres. Benjamin Sulte, l’histoire et la commémoration est un livre écrit par l’historien Patrice Groulx. Il s’attarde aux écrits et aux activités de commémoration de l’histoire de Benjamin Sulte , qui fût historien et fonctionnaire.
marche_benjaminsulteLe livre est divisé en trois parties. La première partie se penche sur le livre L’histoire des Canadiens-Français (contexte de création, contenu), écrit par Sulte et publié entre 1882 et 1884.

La seconde partie montre comment Benjamin Sulte faisait connaître ses écrits historiques. On y analyse son réseau d’envoi. Sulte notait le titre du document envoyé, le destinataire et le nombre de copie. On présente aussi les sociétés d’histoire dont il a fait partie.

La troisième partie se penche sur ses autres activités de commémoration de l’histoire des Canadiens-Français. Il a entre autre participé à l’érection de monuments et aux fêtes du 250e anniversaire de Trois-Rivières, sa ville natale.

La marche des morts illustres est un livre qui aborde la question de la construction de la mémoire. Qu’est-ce qu’on commémore, comment et pourquoi?

Il nous donne un aperçu de la façon dont on faisait l’histoire dans la deuxième moitié du 19e siècle. Les historiens étaient le plus souvent autodidactes; il n’y avait pas de chaire universitaire en histoire. On sent quand même chez Sulte la volonté de faire une histoire de façon professionnelle. Par exemple, il composait ses livres à partir de bribes glanées dans les archives. Il faisait partie de nombreuses associations vouées à la diffusion de l’histoire, dont la Société historique de Montréal. Ce livre nous faire redécouvrir un historien un peu oublié de nos jours

Pour en savoir plus sur le livre Histoire des Canadiens-français, je vous recommande le site de Robert Derome et le site de BANQ qui diffuse le texte intégral de ce livre ainsi que les autres écrits de Sulte .

La marche des morts illustres. Benjamin Sulte, l’histoire et la commémoration. Editions Vents d’Ouest, 2008, 292 pages.
Article sur La marche des morts illustres, publié dans Au fil des événements, journal de l’Université Laval

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