Louis Cyr, un jeune homme au talent prometteur [1884]

La Minerve, 13 octobre 1884

« Le Courrier de Saint-Hyacinthe rapporte les tours de force d’un jeune homme de Sainte-Hélène, M. Louis Cyr. Ces exploits sont réellement merveilleux. Ainsi M. Cyr joue très aisément, par exemple, avec ses dumb bells de 200 et 80 livres, tient une charrue en équilibre au bout de son bras, charge sur son épaule un quart de farine en ne se servant que d’une main et accomplit d’autres exercices tout aussi étonnants. Il n’est âgé que de 20 ans et pèse 275 livres.

Décidément c’est une bonne jeunesse qui ne peut manquer de prendre rang parmi nos Hommes Forts et de voir son nom inscrit dans la prochaine édition du livre de M. Montpetit. »

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DÉCÈS DE L’HOMME LE PLUS FORT AU MONDE, LOUIS CYR [MONTRÉAL, 1912]

LOUIS CYR CONTRE LE GÉANT BEAUPRÉ [MONTRÉAL, 25 MARS 1901]

LE GÉANT BEAUPRÉ EST MORT [1904]

EUGÈNE BROSSEAU, CHAMPION AMÉRICAIN DE BOXE AMATEUR [1916-1917]

Le géant Beaupré est mort [1904]

La Patrie, 5 juillet 1904

LE GEANT BEAUPRÉ EST MORT
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C’était une des figures les plus connues de toute l’Amérique du Nord
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C’est probablement le plus grand des hommes
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Edouard Beaupré. Extrait du journal l’Inter-mountain farmer and ranchman publié à Salt Lake city, 25 février 1902.

Les dépêches nous apprennent la mort d’Edouard Beaupré, le géant, arrivée dans la nuit de samedi, à l’exposition de St-Louis. Le géant canadien aurait succombé à la consomption. Après une journée joyeuse à donner des représentations sur le Pike, il se sentait très bien.

Tard dans la nuit, il demande une tasse de thé et commença immédiatement à cracher le sang et mourut avant l’arrivée des médecins.

Beaupré était bien connu à Montréal. C’est ici, on s’en souvient, que venu il y a trois ans, pour suivre un traitement médical, il commença à s’exhiber. C’est donc à Montréal qu’il se révéla au monde entier. Sa personnalité passionna pendant longtemps l’opinion et on accourait de loin pour le voir. Longtemps il s’exhiba dans une buvette au coin des rues Ste-Catherine et Maisonneuve; on dit qu’il y fit même beaucoup d’argent. Il fit plusieurs séjours à Montréal. Au printemps dernier il quitta la métropole canadienne pour toujours.

C’était réellement un géant, mesurant huit pieds et deux pouces de hauteur, pesant 378 livres et doué d’une force herculéenne. On se rappelle encore sa lutte homérique avec Louis Cyr, le champion des hommes forts. La facilité avec laquelle le géant se laissa ceinturer par le champion consola celui-ci de sa défaite humiliante aux mains de Georges Little, quelques mois auparavant.

Beaupré n’était pas beau garçon en dépit de sa magnifique stature, aussi ne rapporte-t-on de lui aucune aventure galante. Il avait la figure difformée et cette difformité était la suite d’une chute de cheval. Beaupré était cow-boy dans sa jeunesse; il fut excellent cavalier jusqu’à ce que ses jambes, lui étant poussées trop longues, elles traînaient sur le sol quand il galopait.

Extrait du San Francisco call, 1er mai 1902

Extrait du San Francisco call, 1er mai 1902

Ce qui sera à tout à fait de nature à réjouir ceux qui auraient voulu ajouter à leur taille une ou deux des coudées que le géant avait de trop, c’est que chez Beaupré, l’excès du développement physique correspondait à un manque complet de développement intellectuel, c’était un grand nigaud chez qui un défaut de langue rendait incompréhensibles les quelque paroles intelligentes qu’il disait.Le géant canadien est mort à l’âge de 22 ans; il est peu de héros qui aient autant fait parler d’eux en aussi peu de temps. Lors de sa première tournée aux États-Unis, les journaux américains rapportèrent que Beaupré parlait vingt langues ou dialectes sauvages.

Le mariage de Beaupré, des fois avec une géante, non pas du même sexe, mais de la même taille, et d’autres fois avec une timide institutrice d’un village des prairies était annoncé et faisait le tour des journaux au moins une fois tous les trois mois.

Beaupré était né à Willow Bunch, Territoire du Nord-Ouest, d’un père canadien et d’une mère métis.

Le Barnum qui exposait le géant à l’exposition de St-Louis a demandé la permission de l’embaumer et de l’exposer dans son cercueil.

Concernant les projets matrimoniaux d’Edouard Beaupré, voici un article du Inter-mountain farmer and ranchman publié à Salt Lake city, 25 février 1902. On y annonce que des négociations étaient en cours pour qu’il marie Ella Ewing, mesurant 8 pieds 4 pouces.

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Les frères Dion, champions de billard [États-Unis, XIXe siècle]

Décès de l’homme le plus fort au monde, Louis Cyr [Montréal, 1912]

John Robinson's $25,000 challenge feature--Mr. Louis Cyr strongest man on Earth--Assisted by the French Hercules Horace Barre ... Library of Congress

Louis Cyr démontrant sa force. Légende originale: John Robinson’s $25,000 challenge feature–Mr. Louis Cyr strongest man on Earth–Assisted by the French Hercules Horace Barre … 1898. Library of Congress

La Patrie, 11 novembre 1912

L’EX-CHAMPION DE HOMMES FORTS DU MONDE ENTRE DANS LA LÉGENDE
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Louis Cyr est mort hier, chez son gendre, le docteur Aumont, après une maladie qui le minait depuis 12 ans. – Ses exploits prodigieux pendant une carrière de 28 ans.

LES FUNÉRAILLES À ST-JEAN DE MATHA
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Louis Cyr, l’ex-champion des hommes forts du monde entier, n’est plus. En proie à une maladie mortelle depuis quelques semaines, il a succombé, hier midi, au domicile de son gendre, le Dr Z. M. Aumont, 719 rue Sainte-Catherine-Est. Triste circonstance, sa belle-mère, Mme Évangéliste Comtois, qui lui prodiguait ses soins, est décédée subitement, samedi matin, en entrant dans la chambre du malade. Mme Louis Cyr, doublement prouvée[sic], est dans un état critique.

Le défunt souffrait de nephrite chronique depuis 12 ans. Né le 10 octobre 1863, à St-Cyprien, il était donc âgé de 49 ans. Ses funérailles auront lieu mercredi matin, à St-Jean-de-Matha: ses restes quitteront la demeure du Dr Aumont pour se rendre en cet endroit sur le train de Joliette, quittant la gare Viger.

Louis Cyr, outre son épouse et sa fille, Mme Dr. Aumont, laisse quatre frères, Pierre, ex-champion des hommes forts, poids moyen: Léon, de Montréal, Jean et Napoléon de Ste-Hélène-de-Bagot: deux soeurs, Mmes Emilien Perron, de Montréal, et Moïse Hébert, de Ste-Hélène de Bagot.

Louis Cyr a occupé victorieusement l’arène pendant 28 ans, et a défait une multitude de concurrence. Pendant cette période, il a su amasser une jolie fortune, grâce à la simplicité de sa vie. Il possédait des immeubles à Montréal et une terre à St-Jean-de-Matha, où sa demeure est remplie d’une nombreuse collection de trophées. Il pesait 365 livres, il y a douze ans, mais après s’être soumis au strict régime du lait: il avait abaissé son poids à 250 livres.

C’est à l’âge de 17 ans que ce célèbre colosse a commencé sa carrière: dès sa première tentative, il défaisait à Québec le fameux Michaud, alors considéré invincible.

Peu après, il entrait dans la force constabulaire de Montréal, et se distinguait par les exploits, qui le rendirent la craint des malfaiteurs, qu’il transportait plusieurs à la fois à force de bras jusqu’au poste.

Il ouvrit ensuite un restaurant et un gymnase à Ste-Cunégonde, mais il se fatigua bientôt de cette vie trop paisible et retourna à l’arène.

En octobre 1888, à une exposition de Berthierville, il établit son premier record en soulevant une plateforme, chargée de 3,536 livres de fer en gueuse. Cette même année, lors de son passage à Troy et à Cohocs, les Canadiens-français de ces villes lui présentèrent une médaille.

Louis Cyr en 1891. Source : Wikipédia.

Louis Cyr en 1891. Source : Wikipédia.

En 1889, à St-Henri, il épaula de la main droite un poids de 265 livres; en 1890, il soulève d’un doigt un poids de 490 livres; en 1891, il lève de terre un baril de 314 livres et l’appui d’un bras sur son épaule droite; au Parc Sohmer, il résiste à 4 chevaux, pesant 1,000 chacun, et tirant en sens inverse, deux à droite, deux à gauche.

C’est alors que Richard X. Fox, éditeur de la ‘Police Gazette’, se fait son impressario [sic], et amène Cyr en tournée aux États-Unis, puis à Londres, où il établit un nouveau record en soulevant une plate-forme chargée de 3, 655 livres, et six autres records. Son séjour à Londres fut de 20 semaines, et malgré l’offre de M. Fox d’une bourse de $1,000 à qui ferait mieux, personne ne se présenta. Le champion se distingua à l’aquarium Royal de Westminster, au Tivoli, au palais de crystal de Londres sud et au Trocadéro, sous le patronage du prince de Galles. Il visita ensuite l’Angleterre, l’Ecosse, l’Irlande, l’Italie et l’Allemagne.

A son retour Cyr rencontre un Canadien-français, nommé Thérien, de Michigan, qui réussit à gagner la somme de $100, en accomplissant un de ses exploits. En 1896, à Chicago, il établit deux records, l’un en levant 987 livres d’une main, et 552 1 2 (?) d’un seul doigt.A Boston, il souleva une plate-forme, chargée de 4,000 livres.

Louis Cyr, pendant sa carrière, n’a pas rencontré un seul adversaire de taille à l’égaler, et son nom restera pour ainsi dire légendaire.

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