L’incendie
Le 14 décembre 1927, à 10h30, un incendie se déclencha rue Dorchester (auj. Pointe-aux-Lièvres), Québec, plus précisément à l’hospice Saint-Charles (ancien Hôpital de la Marine). L’incendie fit plusieurs jeunes victimes.
L’ancien hôpital de la marine
Construit vers 1823-1824, on soigna à l’hôpital de la marine jusqu’en 1888 les marins et les immigrants, dont ceux atteint du typhus en 1847. Ensuite, l’hospice devint un lieu d’accueil pour les orphelins et les enfants pauvres.
En 1927, l’hospice était dirigé par les Soeurs du Bon Pasteur. Au moment de l’incendie, il y avait environ 400 pensionnaires: 371 enfants et 30 religieuses.
Le 14 décembre
L’abbé Garon, aumônier de l’institution, s’apprêtait à aller se coucher, quand il aperçu de la fumée dans sa chambre. Il alerta aussitôt les pompiers. Des civils, voyant les flammes, aidèrent à l’évacuation des enfants et des religieuses. Soeur St-Mathieu, infirmière, sauta même du troisième étage dans un des filets tendus par les pompiers. L’incendie fit rage jusqu’à minuit.
Pendant plusieurs jours, la confusion régna quant au nombre de victimes. Certains orphelins avaient trouvé refuge chez des voisins, d’autres dans l’édifice de la Rock City en face de l’hospice. Les survivants furent ensuite hébergés à l’asile du Bon Pasteur. Des avis parurent dans les journaux demandant aux gens de contacter la police s’ils hébergeaient un de ces enfants. Deux semaines après l’incendie, on cherchait encore certains des petits pensionnaires de l’hospice. (réf)Des souscriptions furent organisées pour que les religieuses et leurs protégés puissent être relocalisés rapidement.
Le 16 décembre, c’est le pensionnat Saint-Jean-Berchmans, également à Québec, qui fut la proie des flammes. Certains évoquèrent l’action d’une main criminelle. (Réf)
Rapport suite à l’enquête du coroner
La première enquête sur la tragédie de l’hospice Saint-Charles était celle du jury du coroner. Les séances étaient présidées par le coroner D.-W. Jolicoeur. Le jury conclu que l’on ne pouvait blâmer personne, mais on demandait qu’une:
»une surveillance plus effective soit effectuée durant la nuit, que des extincteurs automatiques soient installés, et que tous les dortoirs soient pourvus d’appareils de sauvetage pour éviter à l’avenir de pareilles calamités ». (réf)
50 000 personnes le jour des funérailles
Le 18 décembre, une foule de près de 50 000 personnes s’amassa près de l’église Saint-Roch où se déroulaient les funérailles de 28 des victimes. L’abbé Adolphe Laberge prononça un sermon où il soutint:
Ces morts sont une expiation. Et seront pour nous tous une bénédiction. (réf, p. 9)
S’ensuit une dénonciation des travers de la société (le théâtre, la luxure, l’ivrognerie, etc). En somme, tous ces petits étaient morts à cause des péchés de tous!
Les victimes
33 personnes [36 selon certaines sources], pour la plupart des enfants, ont perdu la vie dans l’incendie de l’hospice Saint-Charles. Sont enterrées au cimetière Saint-Charles (Voir l’Action catholique, 19 décembre 1927):
- Rose Gaudreault, 16 ans, Lac Noir;
- Jacqueline Racine, 5 ans, Chemin de la Canardière;
- Alfreda Thibault, 5 ans, 118 Ste-Marguerite;
- Thérèse Fecteau, 9 ans, pension Bélanger, Québec;
- Théodora Albert, 5 ans, 64 côte de la Montagne;
- Laurette Levasseur, 6 ans, Québec;
- Corinne Picard, 6 ans, Québec;
- Marie-Marthe Morency, 6 ans, 79 rue des Franciscaines;
- Estelle Roy, 5 ans, Notre-Dame-de-Grâce, Québec;
- Jeannette Gagnon, 6 ans, Québec;
- Simonne Bédard, 5 ans, Québec;
- Jeanne Simoneau, 127 boulevard Langelier;
- Marie-Jeanne Binet, 238 rue Boisseau;
- Georgette Auclair, 5 ans, Québec;
- 14 victimes non-identifiées.
Les autres victimes sont:
- Gemma Letourneau, 6 ans, St-Michel;
- Ange Beaudry, 6 ans, Jonquière;
- Une personne non-identifiée, East Broughton;
- Une personne non-identifiée, Tring Jonction;
- Thérèse Fecteau.
Dès le 19 décembre, les religieuses réaménagèrent les dortoirs dans une partie peu endommagée de l’hospice.
Le 20 décembre, Eugène Leclerc, prévôt des incendies, ouvrit son enquête. Le courage de Rose Gaudreault et Thérèse Fecteau (décédées durant l’incendie) et plusieurs autres, pompiers et civils, fut particulièrement salué. On conclut que l’incendie avait été causé par un court-circuit à la cave.
L’hospice fut reconstruit dès janvier 1928. Ensuite,
En 1940, il est loué à l’Aviation, puis en 1945, il devient l’Hôpital Militaire et, à compter de 1946 jusqu’à 1954, il abrite l’Hôpital des Anciens Combattants. L’édifice sera la proie des flammes, puis détruit, en 1962. » (réf)
Deux édifices de l’agence du Revenu Canada ont été bâtis à l’emplacement de l’hospice St-Charles.
Bibliographie
Bilan du siècle [en ligne] Incendie dans le quartier Saint-Roche à Québec] Page consultée le 30 janvier 2011http://bilan.usherbrooke.ca/bilan/pages/evenements/20149.html
L’Action catholique, 15 décembre 1927, 16 décembre, 17 décembre, 19 décembre, 20 décembre, 21 décembre, 22 décembre, 23 décembre, 28 décembre, 29 décembre
Francis Vachon [en ligne] Voyage dans le temps: L’Hospice (orphelinat) Saint Charles, 1940 [Page consultée le 30 janvier 2010]adresse URL
Nicolas Roberge [en ligne] Hôpital de la Marine [Page consultée le 30 janvier 2010]adresse URL
SPIQ.ca [en ligne] Tout feu tout flamme [Page consultée le 30 janvier 2010] http://www.spiq.ca/v2/toutfeu/decembre/05_12_16/index.html [Vous pouvez y voir deux photos qui montrent très bien les dégâts occasionnés par le feu.]
Musée McCord [en ligne] I-17326.1 | Hôpital de la Marine, Québec, QC, 1865 [Page consultée le 30 janvier 2010]http://www.musee-mccord.qc.ca/fr/collection/artefacts/I-17326.1
Billets reliés
Un incendie dévastateur au Saguenay-Lac-Saint-Jean, 19 mai 1870