Trois décès à Sainte-Justine, Bellechasse [1905]

Le Progrès de l’Est, 8 septembre 1905

Une dame Philias Ruel, de Sainte-Justine, Dorchester, a péri dans les flammes avec ses deux enfants, ensevelie sous les décombres fumants de sa demeure. Les détails de cette catastrophe ne nous sont pas venus mais on sait que l’incendie est arrivé durant la nuit et que les trois victimes ont péri sans qu’il fût possible de les sauver.

Joséphine Bernard (23 ans) et ses enfants, Pierre (deux ans et dix mois) et Régina (neuf mois), sont décédés le 4 septembre 1905.

Joséphine, fille de Pierre Bernard et Arthémise Bédard, a épousé Philéas Ruel à Sainte-Justine le 20 août 1901. Le couple a eu trois enfants. Le 24 janvier 1904, Joséphine a donné naissance à un garçon qui n’a vécu que quelques heures. Le 23 novembre de la même année, elle donnait naissance à Régina.

Philéas Ruel s’est remarié avec Maria Godbout à Sainte-Justine le 8 avril 1907. L’union n’a pas duré longtemps, car Maria est décédée le 14 septembre 1911 à l’âge de 28 ans. Philéas et Maria ont eu deux enfants, Joseph Ignace Philéas (1908-? m. Florida Duquet, 4 août 1934 à Arvida) et Joseph Théophile Adrien (n. 31 octobre 1910. d. 17 juillet 1911).

Philéas s’est remarié le 7 juillet 1913 à Saint-Malachie avec Hélène Bilodeau. Ils ont eu une fille, Marie Corine Alexandrine Lucienne, née le 17 juin 1914.  Philéas Ruel est décédé le 6 mars 1949 âgé de 71 ans et 9 mois et a été inhumé à Sainte-Justine.

Sources: Registres de l’état civil, Sainte-Justine, district de Beauce et Répertoire des baptêmes, mariages et sépultures, Sainte-Justine 1862-2012.

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Il perd sa famille dans un incendie [canton d’Arthabaska, 1868]

Une famille abandonnée [Montréal, 1888]

A-t-on baptisé un ou deux enfants? [Saint-Sébastien, 1901]

Incendie de l’hôtel Roberval (Beemer) en 1908

Crédit: Jules-Ernest Livernois / Bibliothèque et Archives Canada / PA-023892

Crédit: Jules-Ernest Livernois / Bibliothèque et Archives Canada / PA-023892

L’hôtel Roberval, construit en 1888, était la propriété de l’homme d’affaires Horace Jensen Beemer. Un édifice superbe, n’est-ce pas?

L’Action sociale, 1er août 1908

INCENDIE À ROBERVAL

L’hotel Beemer a été complètement détruit par le feu, hier
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Roberval, Lac St-Jean, 1. Service spécial. – Le grand hôtel Roberval, propriété de M. Beemer, a été complètement rasé par le feu hier. L’incendie s’est déclaré dans la cuisine, vers midi. Les flammes sortaient du toit. Une heure après tout le vaste et somptueux édifice n’était qu’un immense brasier. C’est une perte totale. Les dépendances de l’hôtel ont subi le sort de l’édifice principal. Il n’y a eu aucune perte de vie et tous les pensionnaires ont eu le temps de se mettre en sûreté.

Il y avait un grand nombre de touristes à l’hôtel. Plusieurs d’entre eux heureusement étaient sortis au moment où le feu s’est déclaré.

On se perd en conjectures sur les origines de l’incendie.

Les pertes sont évaluées à $75,000.

Un fort vent du nord-ouest soufflait hier mettant en danger les maisons du voisinage. Mais comme ces maisons sont situées à une distance assez considérable et que l’hôtel occupait un site tout à fait isolé, l’incendie s’est réduit à la destruction de l’hôtel.

A trois heures il ne restait plus rien du splendide hôtel Roberval. L’édifice était en bois et le feu y a trouvé un aliment facile.

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21 autochtones morts de faim dans les bois [Lac-St-Jean, 1907]

Explosion au chemin de fer de la Baie des Ha! Ha! [14 avril 1910]

Un incendie dévastateur au Saguenay-Lac-Saint-Jean, 19 mai 1870

L’incendie du Neptune Inn [Québec, 1925]

Il perd sa famille dans un incendie [canton d’Arthabaska, 1868]

Le Canadien, 2 octobre 1868

« ACCIDENT LAMENTABLE – Dans la nuit de mardi à dimanche, M. Elzéar Guilmet, cultivateur de St. Christophe d’Arthabaska, éveillé par les cris de ses jeunes enfants, s’aperçut que le feu était à sa maison. Les flammes s’étaient déclarées dans un amas de filasse qu’il y avait au grenier, et déjà la partie supérieure de la maison était toute embrasée. Malheureusement, à ce moment, la partie du plancher de haut qui se trouvait au dessus de la porte d’entrée, s’écroula et rendit toute issue par la porte impossible. Cependant, M. Guilmet sortit par une fenêtre pour aller demander du secours à ses voisins, mais dans l’intervalle, Mme Guilmet, jeune femme de 27 ans, se trouvant sans doute fatiguée par la fumée qui remplissait la maison, voulut se sauver avec ses deux enfants âgés de 9 mois et l’autre de 23 mois, et tenta d’effectuer sa retraite par la porte.

La malheureuse mère, sans doute suffoquée par la fumée, ne put opérer sa sortie et périt dans les flammes avec ses deux enfants. A l’arrivé de M. Guilmet, la maison ne présentait plus qu’une masse de flamme et c’est la qu’il eut la douleur de s’apercevoir du sort qu’avait éprouvé sa famille infortunée.

Après que les flammes eussent terminé leur oeuvre de destruction, on trouva les restes calcinés des trois victimes. »

Les victimes sont Henriette Gendreau, Joseph-Napoléon (quatre ans et deux mois) et Marie-Arthémise Guilmette (13 mois et demi).

Registres de la paroisse St-Christophe d'Arthabaska

Registres de la paroisse St-Christophe d’Arthabaska

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LE MOULIN DE METGERMETTE [SAINTE-AURÉLIE, 1874]

Désastreux incendie dans le quartier Champlain à Québec le 22 juin 1865

Le Canadien, 23 juin 1865

« DÉSASTREUX INCENDIE DANS LE QUARTIER CHAMPLAIN

ENVIRON 150 BATISSES BRULÉES

500 OU 600 FAMILLES SANS ASILES
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Hier l’après midi, cette partie de la cité connue sous le nom de Près de Ville ou Havre au Diamant a été le théâtre d’une des plus désastreuses conflagrations que nous ayons eue à enregistrer depuis longtempss [sic], causant la destruction de 90 à 100 maisons situées sur la rue Champlain et de 40 à 50 autres bâtisses de moindre importance bâtie sur les nombreux quais et slips le long du fleuve. On calcule qu’il y a entre 500 et 600 familles sans asile.

La conflagration a ravagé les deux côtés de la rue Champlain, depuis la maison d’école, près du quai Flanagan jusqu’à la résidence de Mdme. Kelly, 132 rue Champlain. A l’exception de quelques bâtisses dans le voisinage immédiat de l’endroit ou commença l’incendie, toutes les maisons des deux côtés de la rue étaient en brique ou en pierre. Toutes les maisons de cette localité étaient encombrées par la population; il y avait jusqu’à 6 ou 7 familles par maison; on peut figurer maintenant le nombre de ceux qui se trouvent ainsi brusquement jetés par le pavé. Les résidents de cette partie de la rue Champlain sont presque tous intéressés dans le commerce maritime du port.

Photographie | La rue Champlain, en bas de la Citadelle, Québec, QC, 1865 | I-17502.1

La rue Champlain, en bas de la Citadelle, Québec, QC, 1865

Quant à l’origine de l’incendie, on n’a que des conjectures à ce sujet. Il paraît que quelques minutes avant 1 heure, l’alarme se répandit que les flammes avaient fait irruption dans une maison en bois à deux étages situées sur le côté sud de la rue Champlain, à quelques distance de la bâtisse connue sous le nom de Bishop’s school. Il soufflait alors une forte brise de vent du sud-ouest et dans quelques minutes la bâtisse se trouva enveloppée par les flammes qui, chassées par le vent, s’élancèrent avec une violence extraordinaire dans la direction de la Basse-Ville. La sécheresse qui prévaut depuis quelques jours favorisait encore l’élément destructeur. La police et les compagnies du feu furent bientôt sur les lieux travaillant avec une incroyable énergie à combattre le feu. Durant la première demi-heure, on n’avait pas conçu de sérieuses inquiétudes dans le voisinage de l’incendie, qui était à peine remarqué du marché Champlain; mais vers 2 1/2 h. l’alarme devint générale; il y avait déjà 30 à 40 bâtisses détruites et le feu semblait se jouer des efforts extraordinaires de ceux qui le combattaient. Les personnes demeurant plus bas commencèrent à déménager et la confusion augmentée par la foule des curieux attiré par l’incendie devint très grande. Des détachements des régiments de la garnison furent envoyés pour porter secours. Les compagnies du feu et la police luttaient vainement contre les flammes. Enfermées dans une rue à peine assez large pour permettre à deux voitures de passer de front, travaillant au milieu de débris de maisons et de meubles, gênées par une multitude excitée d’hommes de femmes et d’enfants ou bloquées dans de dangereux passages du côté du fleuve, leurs efforts étaient rendus entièrement impuissants. Les soldats ont travaillé aussi avec beaucoup d’énergie à sauver des meubles et autres effets.

Photographie | Vue de la rue Champlain en direction nord, Québec, QC, 1865 | I-17504.1

Vue de la rue Champlain en direction nord, Québec, QC, 1865

Vers 3 1/2 h. presque tous les quais entre les deux points indiqués plus haut comme limites de l’incendie avaient été balayés par les flammes. Bon nombre de personnes occupant les maisons sur les quais furent surprises par le feu et ne purent échapper que par le côté de leurs résidences donnant sur le fleuve; et il a été heureux pour elles que la Police fluviale se soit trouvée dans le voisinage avec ses chaloupes; autrement, plusieurs auraient perdu la vie par l’eau ou par le feu. On était obligé de jeter dans le fleuve les animaux domestiques que des embarcations ramenaient ensuite aux slips situés plus bas. Une quinzaine de navires qui se trouvaient le long des quais durent être halés au large.

Ce ne fut que vers 5 1/2 h. que l’on put espérer que le feu ne dépasserait pas la limite indiquée plus haut. Une heure auparavant, il avait été question de faire sauter une bâtisse pour arrêter les progrès de l’incendie; le Col. McCrea, qui se trouvait sur les lieux, fit venir les matériaux nécessaires à cet effet et mit ses hommes à la disposition du Maire, qui fut d’avis d’attendre jusqu’à la dernière extrémité avant de recourir à ce moyen. Heureusement qu’on put s’en passer et le feu put enfin être maîtrisé. Peu après 6 heures, les compagnies du feu commencèrent à se retirer, l’incendie n’offrant plus de danger.

Photographie | La rue Champlain, en bas de la Citadelle, Québec, QC, 1872 | I-76345.1

La rue Champlain, en bas de la Citadelle, Québec, QC, 1872

Durant l’incendie, lorsque l’on parla de faire sauter une maison pour arrêter les progrès du feu, le bruit se répandit comme l’éclair que les magasins à poudre de la citadelle se trouvaient en danger d’être atteints par l’incendie; il s’ensuivit une panique extraordinaire au milieu de cette foule immense qui bloquait la rue Champlain; ce fut un sauve qui peut général; dans la confusion, nombre de personnes furent renversées et foulées aux pieds. Cette panique se propagea jusque dans le fauboug St. Roch et y cause une grande alarme qui heureusement fut de courte durée.

Par bonheur, il n’y a, autant que nous sachions aucune perte de vie à regrette dans ce désastreux incendie, malgré que plusieurs aient reçu des blessures plus ou moins graves.

Tous les secours possibles ont été portés aux infortunées victimes de l’incendie. Le clergé, le Maire et les principaux membres du Conseil Municipal et d’autres citoyens influents de la cité ont fait tout en leur pouvoir pour leur venir en aide.

On ne connait pas encore le montant des pertes; mais on peut dire qu’elles sont considérables. »

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LE GRAND INCENDIE DE 1866 [QUÉBEC, 14 OCTOBRE 1866]

L’INCENDIE DU FAUBOURG SAINT-JEAN, 28 JUIN 1845

L’INCENDIE DU FAUBOURG SAINT-ROCH [28 MAI 1845]

TROIS-RIVIÈRES BRÛLE! 22 JUIN 1908
LES ÉBOULEMENTS DU 14 JUILLET 1852 À QUÉBEC

Une esclave soupçonnée d’être à l’origine de l’incendie de Montréal [1734]

L’extrait suivant provient d’une lettre écrite le 16 octobre 1734 par Sr Duplessis de Sainte-Hélène, supérieure de l’Hôtel-Dieu de Québec. La destinataire est probablement Madame Hecquet de la Cloche à Abbeville.

Revue Canadienne volume 12. Montréal, Quinn & Dunn, 1875, p. 188-189

« Il faut vous dire quelque chose du Canada païs de croix et de souffrances, la ville de Montreal a encore été affligée d’incendie comme en 1719, à l’exception qu’il y eut autrefois pres de cent maisons brulées, et que cette année il n’y en a que 49, mais des mieux bâties et des plus riches, il y en a qui tous seuls ont perdu plus de 500,000 liv. l’hotel Dieu dont les Rses ne sont pas de notre ordre a été envelopé dans cet accident, ces pauvres filles n’ont presque rien sauvé, tout ce qu’on pû faire fut de tirer les malades des sales et en fort peu de temps, car le feu ne dura pas plus d’une heure et demye, on a mis les Rses dans une maison d’emprunt, elles vont par un chemin couvert a une petite chapelle de la Ste Vierge qui leur sert d’eglise mais elles sont obligées de traverser la rüe pour aller servir les malades dans une maison de loüage ou on a pratiqué une sale, elles ont supporté avec affliction avec beaucoup de vertu, on espere que la cour leur aidera a se retablir, les habitants de la campagne se sont portes a lenvi a les aider a se rebatir en leur apportant des poutres des solivaux des planches &c. c’est une neigesse qui par malice a mis le feu chez une dame sa maîtresse (1), qui a causé tous ces malheurs elle a été accusée et convaincüe de ce crime, et condamnée à être pendüe, puis brulée apres sa mort, elle a été executée à Montréal apres avoir d’elle même demandé bien des pardons publiquement avec de grandes marques de douleurs, elle est morte dans de fort bonnes dispositions. (2)

(1) Madame Decouagne, veuve de M. Poulin de Francheville.

(2) Cette négresse, née en Portugal, avait été achetée dans la Nouvelle Angleterre. Pour plus de détails, voir Faillon, Vie de Melle Mance, vol. II, p. 219. Je trouve dans les Mss. de Sir Hippolyte Lafontaine, le texte de la sentence rendue à Montréal le 4 juin 1734:

« … La dite Marie Joseph Angélique accusée est déclarée suffisamment atteinte et convaincue d’avoir mis le feu à la maison de la dite Demoiselle Francheville, ce qui a causé l’incendie de partie de la ville, pour raison de quoy elle est condamnée à faire amende honorable nue, en chemise, la corde au col, tenant en ses mains une torche ardente du poids de deux livres au devant de la principale porte et entrée de l’Eglise paroissiale de la dite ville de Montréal, où elle sera menée et conduite par l’Exécuteur de la haute justice dans un tombereau servant à enlever les immondices ayant écriteau devant et derriere avec le mot « incendiaire » et là nue teste et à genoux déclare que méchamment elle a mis le feu et causé le dit incendie dont elle se repent et en demande pardon à Dieu, au Roy, et à justice, ce fait avoir le poing coupé sur un poteau qui sera planté au devant de la dite Eglise, après quoy sera menée par le dit Exécuteur dans le même tombereau à la place publique pour y être attachée à un poteau avec une chaîne de fer et brûlée vive, son corps réduit en cendres et icelles jetées au vent ».

Sur appel interjeté au Conseil Supérieur, cette sentence fut adoucie: la coupable n’eut pas le poing coupé, et ne fut brûlée qu’après sa mort.

Pour en savoir plus:
La torture et la vérité: Angélique et l’incendie de Montréal

De Remarquables oubliés: Marie-Josèphe-Angélique

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Ann Wiley, bourreau (1775, Détroit)

Février, mois de l’histoire des Noirs

Francis Zuell, victime d’un brutal assaut [Québec, 20 septembre 1864]

Cyberenquête – La torture et la vérité: Angélique et l’incendie de Montréal

Un incendie suspect [Tétreaultville, 1914]

L’histoire suivante s’est déroulée à Tétreaultville, un quartier de Montréal que l’on appelle aujourd’hui Mercier-Est.

La Patrie, 2 janvier 1914

ATTENTAT CRIMINEL

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Le vieux chateau Tait, habité par deux solitaires anglais, à Tétreaultville, est détruit par un incendie que l’on croit avoir été allumé par un ancien domestique – Le mobile du crime serait la vengeance
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DU PETROLE SUR LES PLANCHERS
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Fier et sévère, ayant résisté au temps, on pouvait encore mardi dernier, voir le château Tait, situé tout près de la grande route, à Tétreaultville.

Cette belle propriété appartenait à Mme Tait, veuve de l’ancien commissaire du Port. Elle faisait l’orgueil de cette jeune municipalité. Personne ne passait là sans dire: « Tiens! nous voilà au château! ».

Depuis la mort de son époux, Madame Tait avait pris l’habitude d’aller passer l’hiver à New York, où elle donne des leçons de piano, car c’est une excellente musicienne, une artiste fort prisée, dans le grand monde yankee.

L’été, se reposant de son travail artistique, elle revient généralement à Montréal, avec Mlle Frederica, sa fille. Toutes deux sont une bénédiction pour les gens du voisinage et chacun aime les deux chatelaines charitables qui savent à si justes titres gagner le coeur de la population.

Or, tout récemment, vers la fin de l’automne, à l’époque ou les grands arbres chevelus commençaient à se dépouiller, les gens regardaient non sans tristesse, les volets clos, le sol tout aquarellé des feuilles aux tons multicolores, et l’on reprenait le thème de chaque année: « Ah! voyez, les chatelaines n’y sont plus! »

Puis, un beau jour, la maison reprit un air de vie, et l’on apprit que deux anglais, des parents ou des amis de confiance, habitaient le château.

Gens forts discrets, vivant d’une vie économe et d’un caractère peu communicatif, ils firent le désespoir des commères qui n’avaient aucun aliment pour leurs boniments de voisinages.

Tout ce que l’on savaient, c’est qu’ils avaient loué le château. On connaissait leur épicier, mais comme ils n’étaient pas très loquaces, le négociant n’en connaissait pas plus long que les autres.

Mercredi après-midi, plusieurs personnes se rappellent que les deux locataires de la chatelaine sortirent ensembles et on les vit, entre quatre et cinq heures, se rendre à l’épicerie de M. Durocher.

Là, nous racontent l’épicier, ils achetèrent de l’huile. Ils échangèrent des compliments de nouvelle année avec le négociant, puis ils réintégrèrent leur logis.

On ne les a pas revus depuis!

Voici où le mystère devient tragique.

Soudain, dans la nuit de mercredi, une alarme appelle les pompiers au château. On juge de l’émotion du voisinage, quand on vit les pompiers arriver à cet endroit.

Le feu avait dû longtemps couver à l’intérieur avant qu’on ne le découvrit du dehors, car tout le château n’était qu’un immense brasier quand on commença la lutte pour l’éteindre.

On manda en toute hâte la pompe à vapeur, du poste No 11, laquelle rendit de grands services. Quand enfin on eut maîtrisé l’élément dévastateur, on pénétra à l’intérieur du château et l’on fit une enquête sommaire.

Où étaient les anglais?

Avaient-ils péri dans les flammes?

S’étaient-ils enfui?

Les pompiers n’en découvrirent aucune trace.

En examinant minutieusement, on remarqua que de l’huile avait été répandue sur les planchers et aussitôt à tous les esprits la présomption fut que l’incendie avait été criminellement allumé. On découvrit aussi, un fait assez extraordinaire et qui semble confirmer l’hypothèse émise par les pompiers, c’est que les fournaises ne chauffaient pas.

Des renseignements recueillis aux alentours, près des voisins, chez les marchands, il en résulte ceci: l’incendie aurait été allumé par quelqu’un qui se serait vengé.

Il y a quelques temps, les deux anglais avaient comme domestique un nègre. Or à la suite d’un mécontentement, d’un différend survenu entre lui et ses maîtres, une querelle survint. Le nègre fut congédié.

Avant de disparaître de la localité, il raconta à plusieurs personnes qu’il saurait bien se venger.

Comme dans la journée de mercredi, des gens ont vu le moricaud dans les environs du château, on croit que c’est lui qui aura mis le feu.

D’un autre côté les circonstances changent l’hypothèse. Les Anglais achètent de l’huile, les planchers en sont imprégnés, le château brûle et ses locataires disparaissent.

Ont-ils péri? Se sont-ils enfuis?

Ce mystère a jeté la population de Tétreaultville dans une profonde perturbation.

La Patrie, 3 janvier 1914

LES ANGLAIS N’ONT PAS ÉTÉ BRULÉS
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RICKARD ET ROSEBURG, QUI HABITAIENT LE CHÂTEAU DE TÉTREAULTVILLE, ONT ÉTÉ REVUS APRÈS L’INCENDIE DE MERCREDI SOIR
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UNE AFFAIRE MYSTÉRIEUSE
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Désormais l’on est assuré que les deux Anglais: C. W. Rickard et D. Roseburgh, qui habitanet le vieux château de la veuve de l’ancien commissaire du port Tait, ne sont pas morts, et n’ont pas péri dans les flammes. Ni l’un ni l’autre n’étaient dans la maison brûlée.

M. Langlois, un marchand quincailler du voisinage, a déclaré que Rickard était chez lui peu après que le feu ait commencé. Les enfants de M. L. Morin confirmèrent le fait en disant qu’ils ont vu sortir les deux hommes vers 4 heures trente, et qu’ils ne sont pas revenus.

Rickard et Roseburgh sont deux Anglais arrivés au Canada récemment. Ils avaient loué le château Tait et ils venaient de faire construire une serre. L’installation électrique venait d’être achevée. Mme Tait qui habite New York l’hiver, était de passage à Montréal, samedi, et elle alla visiter son logis.

Mercredi après-midi, les enfants de M. Morin, un voisin, virent partir les deux hommes qui déclarèrent s’en aller à la ville. Le soir entre 8 et 9 heures, Rickard visita le magasin de M. Longtin. La fille du patron fit remarquer que le feu était chez lui, ce à quoi Rickard répondit: « Je suis pressé je m’en vais au théâtre. »

Les pompiers ne trouvèrent personne dans la maison. Roseburgh a été revu jeudi par M. O. B. Dupéré, auquel il a demande de l’argent contre un chèque de $10,000 de la banque de Toronto.

La cause de leur disparition est inexplicable.

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Incendie à l’Université de Montréal [22 novembre 1919]

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L’incendie du Château Frontenac [Québec, 1926]

Photographie | Hôtel Frontenac, Terrasse Dufferin, Québec, QC, 1900 | MP-1979.22.188

Hôtel Frontenac, Terrasse Dufferin, Québec, QC, 1900

L’Action catholique, 15 janvier 1926

LE VIEUX CHATEAU FRONTENAC A ÉTÉ DÉTRUIT HIER SOIR PAR UN INCENDIE
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TOUTE LA SECTION LA PLUS ANCIENNE DE LA GRANDE HOTELLERIE DU C.P.R. EST EN RUINES: PERTE DE DEUX À TROIS MILLIONS
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UN SPECTACLE INOUBLIABLE MARQUE CE TRAGIQUE INCENDIE. – LA LUEUR DES FLAMMES ILLUMINE LE VIEUX-QUÉBEC PENDANT UNE PARTIE DE LA SOIRÉE. – UN VIF ÉMOI PARMI LES PENSIONNAIRES, QUI DOIVENT ÉVACUER L’HÔTEL. – LES POMPIERS ONT LUTTÉ TOUTE LA NUIT CONTRE LE FEU. – LA PARTIE LA PLUS LUXUEUSE ET LA PLUS ARTISTIQUE DU CHATEAU EST CONSUMÉE. – LA PARTIE NOUVELLE, BIEN PROTÉGÉE PAR LES COUPE-FEU, RESTE INTACTE
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Le vieux Château Frontenac, la plus ancienne partie de la grande hôtellerie du Pacifique Canadien à Québec, n’est plus ce matin qu’un monceau de ruines calcinées et glacées. La partie neuve du luxueux hotel avec sa tour de vingt étages est restée intacte, mais tout ce qui fut l’ancien Château, érigé en 1892 et dont le style rappelait les vieux Châteaux français du 16e siècle, a été détruit hier soir par un incendie, dont l’origine est inconnu.

Il était six heures moins quart lorsque l’alarme générale appela la brigade du feu au Château.

Quelques personnes qui se livraient à une partie de billard dans la salle de billard du rez-de-chaussée avaient constaté l’odeur de la fumée et donnèrent immédiatement l’éveil au bureau. Il n’y avait pas alors de feu apparent, mais son existence quelque part ne pouvait faire de doute. On appela d’abord les pompiers par téléphone et l’alarme fut ensuite donnée. A leur arrivée, les hommes de la caserne No 1 entreprirent de démolir une partie du plancher du premier étage de la vieille partie et aperçurent le feu qui gagnait les étages supérieurs par une chute servant de conduite aux tuyaux de service.

L'incendie. J.E. Livernois / ANC / PA-024284

L’incendie. J.E. Livernois / ANC / PA-024284

Au même moment, on constata que la chambre 400, au cinquième étage de cette partie de l’hôtel, qui était fermée pour l’hiver et où personne n’avait occupé de pièces depuis trois semaines était en flammes. Le feu se trouvait au cinquième étage de la rotonde, qui est le centre de la plus vieille section de l’hôtel. Les pompiers sous la direction du chef Donnelly entreprirent de combattre l’incendie en mettant en opération plusieurs branches de boyaux avec lesquels ils s’attaquèrent au feu simultanément par l’intérieur et par l’extérieur. Mais le feu assuma rapidement des proportions considérables, qu’un vent violent de l’est contribua à lui donner. Au début, la pression de l’aqueduc laissait un peu à désirer, mais on utilisa le réservoir construit près du Château et que des pompes alimentent en tirant l’eau du fleuve, et cela assura aux pompiers toute l’eau dont ils avaient besoin. Comme cette partie du Château, vieille de plus de trente ans, n’était pas à l’épreuve du feu, les flammes s’y propagèrent avec une grande rapidité, si bien que moins d’une heure plus tard, toute la partie supérieure de la rotonde était un immense brasier dont la lueur se répandait déjà au loin.

UN SPECTACLE ÉMOUVANT

Le Château est resté grand jusque dans sa destruction: pendant plusieurs heures de cette soirée tragique, les flammes qui le ravageaient illuminaient tout le vieux Québec et le fleuve et projetaient leur lueur à des milles de distance, semant partout l’émoi et les regrets, mais donnant en même temps un spectacle et émouvant.

Vers huit heures moins quart, des milliers de personnes, en fait presque toute la population de Québec, étaient groupées sur la terrasse et aux abords du Château pour suivre les progrès de l’incendie. Des détachements de policiers avaient établi des cordons pour empêcher la foule d’approcher.

Un sentiment de tristesse s’empara de la foule immense à qui il avait toujours semblé que la destruction de ce majestueux édifice était chose impossible, lorsque, vers huit heures, les flammes envahirent avec une furie incroyable le dernier étage de la rotonde puis la toiture dont le cuivre prit en un rien de temps la teinte du feu. L’eau que les jets puissants lançaient sur le brasier paraissait d’aucun effet et la lueur des flammes devenait telle qu’elle s’étendait à toute la partie basse de la ville, et illuminait le fleuve comme un puissant réflecteur. Partout aux environs de la ville, on pouvait apercevoir le reflet de l’incendie dans le firmament.

LE PROGRÈS DU FEU

Une à une les jolies petites tourelles de la rotonde s’inclinèrent et croulèrent à l’intérieur. La toiture s’effondra quelques instants plus tard en même temps que le feu gagnait la partie ouest de la section longeant la terrasse. Toute la partie supérieure fut à son tour un amas de flammes, et à peine le feu s’était-il abattu un peu de ce côté, qu’on le voyait envelopper comme un voile toute la partie est allant de la rotonde à la section neuve de l’hôtel, et faisant face au monument Champlain. Ces deux sections surent en moins d’une heure le même sort que la rotonde. La toiture et les étages supérieurs s’effondrèrent, et dans les ruines écroulées aux étages inférieures, le feu poursuivait son oeuvre de destruction avec une activité qui ne se démentait pas.

La superbe tour qui forme le coin de la rue Saint-Louis,envahit ensuite, servit de dernière proie à l’élément destructeur, car à cet endroit se trouvaient les coupe-feux séparant l’ancienne partie de l’hôtel de la nouvelle, et ces murailles de fer réussirent à empêcher le feu de pousser ses ravages plus loin.

Au lendemain de l'incendie. L'action catholique, 16 janvier 1926.

Au lendemain de l’incendie. L’action catholique, 16 janvier 1926.

LE CREPITEMENT DES FLAMMES

Mais pendant des heures encore, toute la section offrir le spectacle navrant des flammes crépitant et s’élevant avec force dans les airs, donnant à ces débris l’aspect d’une immense torche.

Il se dégageait de l’édifice en feu une fumée opaque qui par moment l’enveloppait complètement et rendait le travail des pompiers extrêmement pénible. L’espace était aussi rempli d’étincelles et de débris enflammés que le vent transportait sur des distances considérables et qui, sans la neige qu’il y avait, auraient certainement allumé d’autres incendies dans la ville.

L'incendie. Incendie Château Frontenac, 14 janvier 1926. Credit: J.E. Livernois / Bibliothèque et Archives Canada / PA-023386

L’incendie, 14 janvier 1926. Credit: J.E. Livernois / Bibliothèque et Archives Canada / PA-023386

CHOSES DE LUXE DÉTRUITES

Dans la section incendiée de l’hôtel se trouvait tout ce qui donnait au Chateau Frontenac son cachet historique. Les suites canadiennes, la suite royale et la suite coloniale, qui renfermaient des ameublements antiques et d’une richesse remarquable ont été détruites. Parmi ces suites d’appartements se trouvait celle qu’occupa le prince de Galles et où logèrent également nombre d’autres personnages de marque qui firent à Québec l’honneur de leur visite. Les employés du Chateau Frontenac avaient eu le temps de transporter dans la nouvelle aile un peu de l’ameublement des étages inférieurs mais la plus grande partie fut détruite.

[…]
LES RUINES

Ce matin, de la Terrasse, le Château ne présente plus que des ruines. Les murs sont encore debout, mais c’est tout ce qui reste de cette construction dont l’architecture remarquable faisait l’admiration de tous. Les plans du Château avaient été préparés par M. Bruce Price. Depuis sa construction en 1892, il avait subi plusieurs transformations, mais on avait toujours cherché à lui conserver son cachet romantique, qui avait fait sa renommée universelle.

[…]

Durant l’incendie, tout le personnel de l’hôtel est resté à son poste avec une discipline remarquable, les garçons d’ascenseur n’ont pas cessé de conduire les pensionnaires à leurs chambres et les garçons de service se sont multipliés avec toute la courtoisie possible pour aider ceux qui voulaient partir à préparer leurs bagages.

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L’incendie, 14 janvier 1926. Credit: J.E. Livernois / Bibliothèque et Archives Canada / PA-023385

LA SITUATION CE MATIN
Ce matin, le feu continuait dans les ruines du Château et les pompiers étaient encore sur les lieux, arrosant sans interruption les débris, dont s’échappait toujours une épaisse fumée.

Le bilan de l’incendie est le suivant:

La vieille partie du Chateau Frontenac, qui longe la Terrasse complètement détruite.

Une parte de deux à trois millions.

Deux personnes légèrement blessées.

[…]

LE VIEUX CHATEAU

La partie du Château Frontenac qui a été incendiée hier avait été inauguré en 1894, d’après les plans de l’architecte Bruce. Ouvert aux touristes le 23 décembre 1894, cet hôtel était considéré comme l’un des plus beaux au monde. Il occupait le site du Château St-Louis, bâti en 1694 et incendié en 1834.

L’architecture du Château Frontenac était faite sur le plan d’un castel des XVIe et XVIIe siècles. L’édifice était pour ainsi dire disposée en fer à cheval, entourant une cour de 170 pieds de longueur par 100 pieds de largeur, au centre de laquelle on voyait une superbe fontaine.
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Billets reliés

Inondations et débâcles à Montréal en photos, 1865-1888

L’incendie du Neptune Inn [Québec, 1925]

Incendie à l’Université de Montréal [22 novembre 1919]

en anglais:

Opening of the Château Frontenac [1893]

Mr. Fred McMahon, former manager of Chateau Frontenac, returns from west [1915]

L’incendie du château Saint-Louis [Québec, 1834]

Vue du château Saint-Louis après 1823. Bibliothèque et Archives Canada.

Vue du château Saint-Louis après 1823 par Elizabeth Frances Hale. Bibliothèque et Archives Canada.

Le Canadien, 24 janvier 1834

Hier un peu après-midi le feu éclatta [sic] dans la partie supérieure du Château St. Louis, résidence de nos gouverneurs, et ce bel et couteux édidifice [sic] a été réduit en cendres du haut en bas. On a eu le temps de sauver tout l’ameublement et les meubles et effets particuliers de Lord Aylmer, qui étaient assurés, dit-on, pour £3000. Malheureusement le bâtiment ne l’était pas, et c’est une perte considérable pour la province, surtout si l’ouvrage de maçonnerie se trouve hors d’état de servir à nouveau. Le feu a duré jusqu’à ce matin et achève de consumer l’intérieur. Le froid excessif qu’il faisait hier a beaucoup nui au jeu des pompes. Malgré cela dans un édifice aussi haut, aussi grand, et où l’on ne pouvait servir le feu que d’un côté, il n’y avait guère de chance de le sauver. Un pareil accident fera voir, nous l’espérons, la nécessité de faire dans les grands édifices publics des murs de refente, avec garde-feu au-dessus du toit, et portes de fer dans l’intérieur, de distance en distance. De cette manière on ne risque de perdre qu’une partie.

Pour en savoir plus sur le château Saint-Louis, consultez l’article Forts et châteaux Saint-Louis (Québec) de l’Encyclopédie du patrimoine culturel de l’Amérique française.

Billets reliés

L’incendie du théâtre Saint-Louis [Québec, 12 juin 1846]

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L’incendie du faubourg Saint-Roch [28 mai 1845]

Incendie à l’Université de Montréal [22 novembre 1919]

Pas de publication samedi, de retour dimanche.

L'incendie. La Patrie, 24 novembre 1919

L’incendie. La Patrie, 24 novembre 1919

L’Action catholique, 24 novembre 1919

LE FEU A DÉTRUIT, SAMEDI, L’UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL
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LES PERTES TOTALES S’ÉLÈVENT À PRES D’UN MILLION – DÉCLARATION DE S.G. MGR GAUTHIER – ON RECONSTRUIRA DANS DE MEILLEURES CONDITIONS
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Montréal, 24. – Une grande partie de la population de Montréal a été témoin samedi soir, d’une catastrophe des plus déplorables, surtout pour les Canadiens français.

L’Université de Montréal (Laval) a presque été rasée par un incendie qui a fait rage durant plus de cinq heures, et il ne reste plus aujourd’hui, de cet édifice, qui a formé tant de nos éminents compatriotes, que des ruines lamentables sous lesquelles sont enfouis plus d’un objet de grand prix, et plusieurs produits d’une haute valeur.

Les murs de l’édifice sont encore debout, mais l’intérieur a subi des dommages considérables particulièrement le centre de l’édifice où il ne reste plus rien sur pied. Plusieurs laboratoires contenant des produits précieux ont été détruits par le feu ou endommagés par l’eau et la fumée. Des professeurs ont perdu des documents inestimables provenant d’expériences scientifiques.

Les ruines de l'incendie. La Patrie, 24 novembre 1919

Les ruines de l’incendie. La Patrie, 24 novembre 1919

Le feu a originé dans le toit de l’édifice.

On n’en connait pas la cause, mais, on est sous l’impression qu’il est dû à un court circuit. Ce sont des étudiants qui se sont aperçus les premiers de l’incendie. Ils ont donné l’alarme qui a amené toute la brigade de Montréal sous les lieux. L’incendie a commencé à 9 heures et ne s’est terminé que fort tard dans la nuit. Dimanche matin, on arrosait encore les ruines.

La nouvelle que l’Université brûlait s’est répandue dans la ville comme une traînée de poudre, et des milliers de personnes sont accourues, pendant toute la journée d,hier, la foule a défilé devant les ruines.

Les étudiants en médecine venaient de faire les élections de leur faculté, et quelques-uns étaient encore dans les corridors de l’Université quand le feu fut découvert. D’après le récit d’un témoin l’incendie a dû prendre naissance entre le dernier plafond et la couverture.

« Nous étions dans le corridor du premier étage, dit-il et tout-à-coup, nous entendons un bruit formidable. C’était l’ascenseur qui venait de tomber du haut en bas. Les câbles qui le retenaient au dernier étage furent probablement brûlés par la flamme qui sortait alors du plafond et s’engouffrait dans le puits de l’ascenseur. En pendant la tête, quelques instants, nous aperçumes l’incendie qui commençait à consumer le plafond. »

Les étudiants présents déroulèrent immédiatement le boyau à incendie, installé dans le corridor et ouvrirent le jet, mais on craignait d’aller jusqu’au haut de l’escalier, le feu étant déjà trop avancé. Entre temps, on était allé sonner l’alarme et les pompiers arrivèrent. Bientôt toute la brigade de Montréal était sur les lieux, combattants l’élément destructeur. On ignore le chiffre total des pertes, mais la corporation a déjà refusé $400,000 pour l’édifice. Les pertes totales sont de près d’un million.

Le musée pathologie a été épargné. Un fait assez curieux à noter aussi, c’est qu’un mouton et deux lapins, devant servir à la vivisection, ont échappé aux flammes. Ce n’est que dimanche matin que le Dr Bernier, directeur de ce département, est allé les chercher, au grand ébahissement des spectateurs qui regardaient les ruines.

Dans sa déclaration, Mgr Georges Gauthier, recteur de l’Université de Montréal, a dit: « Monseigneur l’archevêque, qui est toujours retenu à l’Hôtel-Dieu, mais qui est beaucoup mieux, a naturellement appris avec peine le malheur qui frappe sa chère Université. Mais il estime que, providentiellement, le problème qui se posait dans l’esprit de tous, au sujet de la reconstruction de notre Université, pour répondre aux besoins pressants, va trouver plus tôt qu’on ne le pensait sa solution.

On reconstruira sans doute dans de meilleures conditions.

« La première question de Monseigneur l’archevêque, ajoute Mgr le recteur, a été pour s’enquérir si la belle photographie du Pape Benoit XV, portant la si fervente bénédiction de sa sainteté à la nouvelle université de Montréal, avait été sauvée, ce qui est le cas.

« La souscription publique à laquelle tout le monde pensait vas, naturellement, être tout de suite lancée. Mgr le recteur a confiance qu’elle sera partout populaire. L’oeuvre universitaire et son progrès s’imposent plus que jamais. »

Les cours et les conférences seront repris presque sans interruption, à l’école dentaire, à l’école des hautes études, à l’école vétérinaire, à la bibliothèque Saint-Sulpice, chez les Chevaliers de Colomb et dans la salle du Cercle des jeunes gens de Saint Jacques.

Dès ce soir, M. Lebidois donnera son cours de littérature à la salle Saint-Sulpice.

Sir Lomer Gouin a envoyé les sympathies de son gouvernement.

Pour en savoir plus sur l’histoire de l’Université de Montréal.

Billets reliés

Les ouvrières de l’usine Eddy de Hull mises en lock-out [1919]

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Emeute du 1er avril 1918 contre la conscription [Québec]

Inauguration de la bibliothèque Saint-Sulpice de Montréal [1915]

Le Grand Feu de Hull et d’Ottawa en 1900

No MIKAN 3246703 LAC

No MIKAN 3246703 LAC

Nous allons débuter par un extrait de La Patrie, du 27 avril 1900. Une galerie de photos prises pendant et après l’événement complète ce texte.

Ottawa, 27. De bonne heure, ce matin, on a fait une évaluation des pertes immenses causées par la conflagration de Hull et d’Ottawa. Et cela au moment où le feu faisait rage, amoncelant pertes sur pertes. Cinq milles carrés de terrain détruits, plus de 2500 maisons, manufactures, moulins, magasins et autres constructions réduits en cendres, représentant une perte de $20,000,000. 12,000 à 15,000 personnes sur le pavé, quatre vies perdues dans les flammes, voilà un estimé brut.

Plan montrant l'étendue du sinistre. No MIKAN 3827571 BAC

Plan montrant l’étendue du sinistre. No MIKAN 3827571 BAC

Toutes les cours de bois ont été brûlées, une demi-douzaine d’églises et d’écoles ont été anéanties, la compagnie de papier Eddy, les moulins de pulpe, la manufacture d’allumettes ont été rasés, le moulin de Bronson et Weston, la scierie de la Hull Lumber Company, la scierie Booth, les dépendances de la compagnie McKay, une des maisons des pouvoirs de la Compagnie Electrique d’Ottawa, les machines hydrauliques de Hull, le palais de justice et la prison de Hull, le bureau de poste, le couvent, presque toutes les maisons d’affaires, et environ 1,000 résidences et magasins de Hull ont été détruits. Il ne reste plus debout qu’une église et quelques maisons voisins.

ORIGINE DE LA CONFLAGRATION.
Le feu a pris naissance dans la maison de M. Antoine Kirouac, rue Chaudière, Hull [vers 10h30]. On dit que Mme Kirouac était occupée à allumer son poêle lorsque soudain la cheminée prit feu, puis le toit, puis les maisons environnantes. Comme le vent soufflait très fort, l’incendie devint bientôt hors de contrôle.

[…]
UNE NUIT D’ANGOISSE
Des milliers de personnes sans abri, ont dormi en plein air, la nuit dernière, ou erré dans les rues d’Ottawa et de Hull, bien que plusieurs maisons aient été mis à la disposition des malheureux et que plusieurs aient trouvé asile dans le manège militaire, les casernes de l’armée du Salut et ailleurs.

La population de Hull a besoin de nourriture aujourd’hui. Des milliers de personnes n’ont rient à manger et n’ont pas d’argent pour en acheter. On attend après-midi des chars de provisions de Montréal.

Le vieil engin Conqueror, qui existe depuis un quart de siècle, a brûlé à la gare Union et n’est plus maintenant qu’un morceau de fer.

A deux heures, ce matin, le firmament reflétait les lugubres lueurs de l’incendie et les pompiers travaillaient sur les piles de bois de l’Export Lumber Company.

SCENE LAMENTABLE
Votre correspondant a été le témoin de l’un des spectacles les plus désolants que l’on puisse voir. Une pauvre femme dont la maison avait brûlé dans la rue Lett, était dans un char électrique, elle avait avec elle cinq petits enfants dont un de quelques mois seulement. Le pauvre petit être était très malade et il a expiré sur le sein de sa mère avant qu’elle ne peut descendre du char.

Plusieurs documents de valeur ont été détruits par les flammes dans le palais de justice de Hull, entre autres une foule de papiers précieux que les avocats y avaient déposés quand l’incendie s’était déclaré.

[…]
Pour agrandir ces photos et les voir en diaporama, cliquez sur n’importe quelle image.

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