Charles Parnell à Montréal [1880]

En mars 1880, le politicien irlandais Charles Parnell fit un court séjour à Montréal.

La Patrie, 8 mars 1880

RECEPTION DE M. PARNELL – La réception faite hier soir à M. Parnell par les sociétés irlandaises de cette ville a été l’une des plus belles démonstrations dont on ait encore été témoin à Montréal.

Dès sept heures du soir une foule immense se pressait aux abords de la gare Bonaventure attendant l’arrivée du train qui ne devait avoir lieu qu’à neuf heures et demie.

Charles S. Parnell, M.P. - Irlande. C. 3 novembre 1881. Source: Library of Congress

Charles S. Parnell, M.P. – Irlande. C. 3 novembre 1881. Source: Library of Congress

MM. F. B. McNamee, J. P. Whelan et J. C. Fleming qui s’étaient rendus à Vaudreuil pour rencontrer M. Parnell revinrent sur un train qui portait ce dernier.

Au signal de l’arrivée du convoi, tous les flambeaux que portaient les membres des sociétés irlandaises furent allumés et cette multitude de lumières, dont les reflets projetés au loin ressemblaient à la lueur d’un incendie, produisit un effet magnifique. En descendant des wagons, M. Parnell faillit être écrasé par la foule qui se pressait pour le voir. On le porta plutôt qu’on ne le conduisit à un magnifique carosse orné de drapeaux et traîné par quatre chevaux blancs qui l’attendait au dehors. La procession composée de toutes les sociétés irlandaises de cette ville, au nombre de quinze, de l’association des charretiers, du club de crosse Shamrock et de treize corps de musique, tous portant des flambeaux se mit alors en marche. Une garde d’honneur à cheval entourait la voiture de M. Parnell. Le spectacle que présentait le long cordon de feu projetant une vive lueur sur tous les objects qui l’entourait était splendide.

Sur le parcours de la procession, dans le quartier Ste Anne, un grand nombre de résidences étaient illuminées. A certains endroits, de longue file de lanternes chinoises traversaient les rues.

On estime que trois mille personnes portant des flambeaux ont pris part à la procession et que les spectateurs venus pour être témoins de la démonstration étaient au nombre de vingt mille.

A mi-chemin, au coin des rues McGill et Wellington, l’enthousiasme étant à son comblole, on détacha les chevaux de la voiture de Parnell et les membres du club Shamrock y ayant attaché des cordres traînèrent le héros jusqu’au St. Lawrence Hill.

Des délégués de plusieurs villes du Canada et quelques représentants du Herald de New York occupaient des voitures précédant le carosse du patriote irlandais.

En arrivant à l’hôtel, M. Parnell fut présenté à plusieurs dames et messieurs. Une députation de Québec composée de M M. McGreevy, Sutton et autres le pria de se rendre jusqu’à Québec et il y consentit pourvu qu’on peut le ramener à Montréal par convoi spéciale le 11 courant. Après avoir poussé des hourrahs en l’honneur du défenseur de leur patrie, les sociétés irlandaises rassemblées en face de l’hôtel se dispersèrent paisiblement.

Ce matin, M. Parnell s’est occupé de sa correspondance jusqu’à midi. Il a fait ensuite une promenade en voiture au parc de la montagne. Cette après-midi il a reçu des visiteurs dans les salons du St Lawrence Hall. C’est ce soir au théâtre royal qu’il prononcera son premier discours en cette ville. MM. Dillon et Murdock qui devaient l’accompagner ont été forcés de de se rendre dans l’ouest.

La Patrie, 9 mars 1880

M. Parnell – M. Parnell a reçu hier un grand nombre de visiteurs dans les salons du St Lawrence Hall.

Au théâtre royal, le patriote irlandais a été accueilli avec enthousiasme. L’adresse lui a été présentée par l’ex maire? Beaudry, en l’absence de M. Ryan.

M. Parnell parla longuement de la tenue des terres en Irlande et dit que ce système devait être abandonné en Angleterre et en Irlande comme il l’a été dans d’autres pays. Il ajoute que l’Irlande produisait suffisament pour la consommation de ses habitants et que si la famine régnait aujourd’hui, c’est que tous les [illisible] étaient vendues pour payer l’affermage des terres. Tous les jours, dit-il, trente steamers chargés de denrées alimentaires laissent les ports d’Irlande. La famine est causée par l’avidité des spéculateurs, etc.

M. Parnell termina en demandant de prélever une souscription dans l’assistance. Quelques personnes se mirent à l’oeuvre et en peu de temps recueillirent une somme de $1100, ce qui ajouté à la recette de la soirée forme la jolie somme de $2175.

M. Parnell décida de ne pas se rendre à Québec. Il retournera sous peu en Angleterre afin de prendre part aux élections générales, qui auront lieu prochainement dans le Royaume-Uni.

Billets reliés

Le monument des Irlandais [Grosse-île, 15 août 1909]

Une petite touche d’Irlande au Québec (photos anciennes)

L’invasion fénienne des Cantons-de-l’Est [1866]

Des nouvelles de Grosse ile [16 juin 1847]

Le monument des Irlandais [Grosse-île, 15 août 1909]

Le Canada, 16 août 1901

LE MONUMENT DES IRLANDAIS
***
L’INAUGURATION ET LA BENEDICTION DE LA CROIX ONT EU LIEU HIER, A LA GROSSE ILE – DE NOMBREUX DISCOURS ONT SOULEVE L’ENTHOUSIASME DE L’AUDITOIRE
***
7000 ASSISTAIENT À LA CEREMONIE

(Dépêche spéciale au Canada)

Québec, 15.- La race irlandaise s’est glorieusement affirmée hier. Elle a rendu un culte public à ses martyrs en présence de personnages illustres venus de tous les points de l’Amérique et des plus hauts représentants de l’Eglise et de l’État. Il y avait sept mille personnes présentes. Sept navires avaient été nolisés pour transporter à la Grosse-Isle les foules désireuses de prendre part à cette fête du souvenir. Les croiseurs  »Druid » et  »Alice » transportaient les hauts dignitaires et les invités. La fête a obtenu tout le succès qu’on espérait.

Un autel avait été élevé en plein air en face de l’ancien cimetière et le R. P. Hanley, curé de la paroisse St-Patrice y célébra la messe en présence de la foule recueillie. Les chevaliers d’Hibernian formaient garde d’honneur.

Après la messe, Mgr Bégin assisté de l’abbé O’Farrell, du curé Frampton et du R. P. Maloney, officia au libéra chanté par un choeur puissant accompagné d’orchestre; Mgr Sbaretti, délégué Apostolique, occupait un siège à côté de l’évangile, assisté de Mgr Synott, son secrétaire et de l’abbé René Casgrain.

L’Abbé A. E. Maguire, chapelain provincial de l’Ordre des Hibernian, fit un éloquent sermont dans lequel il rappela les souffrances inouïes des Irlandais qui préférèrent l’exil et la mort la plus terrible à l’apostasie. Les yeux des assistants se mouillèrent souvent au récit lamentable des infortunés ancêtres malheureux de la race. Après avoir rendu à ces martyrs de la foi un touchant témoignage d’admiration, le prédicateur a rappelé l’héroïsme des saints prêtres canadiens qui vinrent apporter sur ces rochers arides les suprêmes consolations.

Après que Mgr Sbaretti eut donné la bénédiction papale, Mgr l’Archeveque Bégin a payé un tribut d’hommage à la noble nation qui a produit tant de martyrs et de héros. La caractéristique du peuple irlandais est de se souvenir et le peuple canadien lui ressemble sur ce point tellement qu’il a choisi pour devise:  »Je me souviens ».

Monument commémoratif érigé en 1909 en souvenir des immigrants irlandais morts en 1849. 1909. Crédit: Jules-Ernest Livernois / Bibliothèque et Archives Canada / PA-136924

L’orateur sacré salue la croix, signe que notre rédemption, qui marquera le souvenir des héros tombés après les avoir consolés dans leurs souffrances et à l’heure de la mort.

Il rappelle que les exilés irlandais furent reçus par les canadiens comme des frères dans le Christ: ils eurent les secours de nos missionnaires et feu le Cardinal Taschereau, alors jeune prêtre, qui contracta la maladie au chevet des malades n’éprouvait qu’un regret: celui de n’avoir pu donner davantage pour ces malheureux.

La crois qui domine leurs ossements rappellera aux 600 orphelins, qui furent adoptés par les canadiens et qui plus tard honorèrent leur race et leur protecteur, que nous avons tout une patrie commune dans la grande famille chrétienne.

Après le luch dans l’après-midi, la foule s’assembla autour de la croix élevé sur le plus haut point de l’île en face du St-Laurent. Sur l’estrade érigée en face de la croix avaient pris place le Lieutenant-Gouverneur, Sir Alphonse Pelletier et son Aide de Camp, Mgr Sbaretti, Délégué Apostolique; le juge en chef, Sir Charles Fitzpatrick, l’hon. Charles Murphy, secrétaire d’État, les honorables Devlin et Kaine, ministres provinciaux; Joseph Turcotte, député au parlement fédéral pour Québec, Matthew Cummings, président des Hibernians, Major E. McCrystal, directeur national et autres personnages distingués.

M. Charles J. Foy, directeur national des Hibernians présidait cette réunion magnifique de la race et par un discours souleva l’enthouriasme de l’auditoire.

Mgr Sbaretti présida au dévoilement du monument, puis, tout à tour, M. Matthew Cummings, Sir Charles Fitzpatrick, l’hon. Charles Murphy et M. Joseph Turcotte rappelèrent en termes éloquents, les malheurs de l’Irlande et l’admirable courage qu’elle puisait dans ces malheurs, puisque la nation qui a engendré tant de martyrs, tant de héros, est encore forte et que l’avenir réserve des jours meilleurs au courage de ses enfants.

Le Major E. McCrystal, de New York, termina la série des discours par une harangue en gaëlique qui fut vivement applaudie. Le Délégué Papal donna sa bénédiction et la fanfara joua  »Star Spangled Banner »  »O Canada » et  »Dieu sauve l’Irlande », puis la foule regagna les vapeurs, remportant à Québec un souvenir ému de la démonstration.

De riches tributs floraux avaient été déposés au pied du monument commémoratif. Deux couronnes de roses et d’orchidées de la part des société St-Jean-Baptiste de Montréal et de Québec, une couronne d’orchidées et de lis de la part du gouvernement provincial, une couronne de la part de l’Ordre des Hibernians, une couronne de la part de l’hon. Charles Murphy, de la part du petit fils d’une victime, et autres attributs floraux de la part de Mme Lemieux, du Dr. Martineau, surintendant médical de la quarantaine, etc.

A voir, le documentaire Mémoire d’un souvenir, un film sur la croix celtique de Grosse-île

Billets reliés

Peinture: Grosse-Ile vers 1838-1840 par Henry Hugh Manvers Percy

Une petite touche d’Irlande au Québec (photos anciennes)

L’invasion fénienne des Cantons-de-l’Est [1866]

Grosse-île, station de quarantaine 1832-1937

L’invasion fénienne des Cantons-de-l’Est [1866]

En 1858 a été fondée à New York la confrérie des Féniens dans le but de libérer l’Irlande de la domination anglaise. La guerre de Sécession américaine (1861-1865) mit un frein au plan initial qui était d’envoyer des combattants en Irlande. Les dirigeants féniens optèrent pour une autre cible, c’est-à-dire les voisins du nord.

En 1866, les Fenians tentèrent à trois reprises d’envahir le Canada-Est et le Canada-Ouest. Ils essayèrent à nouveau en 1870 et 1871 et échouèrent à chaque fois.

Retournons en 1866. Le 7 juin 1866, des féniens, commandés par le général Samuel P. Spear, traversent le Vermont et pénètrent au Canada-Est près de Eccles Hill. Les féniens sont vus à Pigeon Hill, Frelighsburg, Stanbridge et St-Armand. Mais l’invasion ne dura que quelques jours, à cause de l’indiscipline des troupes féniennes (qui s’adonnèrent au pillage) et de l’absence des renforts, munitions et vivres attendus.

Voici deux articles à propos des évènements de 1866.

La Minerve, 9 juin 1866

FRONTIÈRES DE L’EST ENVAHIES

ST. ARMAND, PHILISBURG &C, DÉVASTÉS

COMBAT INEVITABLE

(d’un messager spécial de la  »Minerve »)

St. Armand, 8 juin

Les Fénians sont arrivés ici en force et se sont emparé de Pigeon Hill. Le bureau de télégraphe est fermé et les autorités ont fait couper immédiatement les fils pour qu’ils ne communiquent plus avec les endroits au pouvoir des Fénians.

Les Fénians sont arrivé par le chemin de fer du Vermont et sont descendus d’abord sur Pigeon Hill. Ils se sont emparés de l’Hôtel Carpenter ainsi que de la maison de M. Hobb, et ils ont commencé par sauter sur les rafraichissements, qui n’ont pas manqué de leur faire commettre toutes sortes d’excès. Ils se répandent dans les campagnes et exercent un pillage général. Ils trouvent peu de chevaux, parce que les habitants les ont éloignés par prudence depuis une semaine.

La plupart des familles se sont réfugiées soit sur le côté américain, soit dans des endroits moins exposés.

A tous moments, il arrive de nouveaux détachements fénians qui vont se jeter soit sur Philipsburg, soit sur Cook’s Corner, Pigeon Hill, Freligsburg ou St. Armand.

Ils font prisonniers les habitants qu’ils rencontrent, leur font toutes sortes de menaces, pour en avoir de l’argent et les renseignement, [illisible] forcent à prêter serment d’allégeance à la république irlandaise et les lâchent ensuite sur parole.

La Minerve, 11 juin 1866

LES FENIANS EN FUITE

POURSUITE PAR NOS TROUPES

VINGT PRISONNIERS FENIANS

(Dépêche éditoriale de La Minerve)

St. Armand, 9, 6 p. m.

Il y a beaucoup de dégâts par ici, mais plus de fénians.

Les autorités militaires avaient fait de grands préparatifs dans la nuit de vendredi. Quatre compagnies volontaires de St. Alexandre et le 25ème régt. et deux canons avaient été prendre possession de St. Armand pendant la nuit. Les Chasseurs Canadiens devaient partir de St. Jean le samedi matin pour la même destination. Bref, 2500 personnees devaient fondre sur les fénians par St. Alexandre et Desrivières Station, tandis que 1500 devaient s’avancer par Faraham; mais les fénians eurent probablement vent de la chose et ils se préparèrent à laisser le camp. C’est pourquoi les autorités ne mirent qu’une légère force en mouvement.

Dans le cours de l’avant-midi, le 25ème regt., les Carabiniers, plusieurs compagnies volontaires de la frontière et le corps de cavalerie des Guides s’avancèrent sur Pigeon Hill et Cook’s Corner, les Guides décrivant un circuit pour cerner l’ennemi; mais les fénians avaient pris de l’avant et il fut impossible de rejoindre le gros de l’armée en deça de la frontière. Il n’y eut en tout qu’une quarantaine de coups de fusil et le canon ne put servir. Les Guides furent très exposés et se conduisirent admirablement bien. Ils firent 5 prisonniers. Les autres compagnies en firent aussi et il y en a actuellement 15 entre nos mains. Deux sont blessés, l’un peut-être mortellement.

Un grand nombre de fénians se sont réfugiés dans les forêts d’alentour et nos troupes sont à leur recherche.

Les fénians amènent avec eux près de 40 têtes de bétail, 150 moutns et quelques vieux chevaux. Ils ont pillé toutes les maisons et ont emporté tout ce qu’ils ont pu.

Le spectacle que présente Pigeon Hill est assez triste. Il y a des personnes complètement ruinées. On a enlevé 16 boeufs à un cultivateur de St. Armand. On a tout brisé dans la maison de M. Carpenter. Il y a des hôtels où toutes les verrerries sont brisées et les tonneaux vides. On a volé 10 cochons gras et plusieurs boeufs à M. Ls. Richard, fournisseur de l’armée.

Le gros du détachement de troupes anglaises et à St. Armand. Deux compagnies sont à Frelibgsurub [sic]

On allait revoir les Fenians dans la région en 1871…

Bibliographie

Heather Darch. For the sake of Ireland: the Fenian raids of Missisquoi County  1866 & 1870. Cybermagazine du patrimoine des Cantons-de-l’Est. 

Villanova University [En ligne] Torn between brothers – A look at the internal divisions that weakened the Fenian Brotherhood. [Page consultée le 18 juin 2012]

Laurent Busseau [En ligne] Fenians Raid : une invasion irlandaise du Canada entre 1866 et 1871  [Page consultée le 18 juin 2012] http://historien-sans-frontiere.com/

Laurent Busseau [En ligne]La bataille d’Eccles Hill à Frelighsburg en 1870 [Page consultée le 18 juin 2012] http://historien-sans-frontiere.com/

Billets reliés

Des nouvelles de Grosse ile [16 juin 1847]

Une petite touche d’Irlande au Québec (photos anciennes)

Assassinat d’Abraham Lincoln: un des conspirateurs trouve refuge au Canada-Est (1865)

Louis Berthiaume (Lewis Barttrow) et la Guerre de Sécession

Des nouvelles de Grosse ile [16 juin 1847]

Lorsqu’on regarde les registres catholiques de Grosse Ile en date du 16 juin 1847, on a un aperçu des ravages du typhus et la diphtérie parmi les immigrants à cette station de quarantaine. Quelques noms: Judith Darcy, 52 ans, John Booth, 40 ans et Patrick Slattery, cinq mois ainsi que 44 anonymes. En tout, 47 personnes parmi les 5424 personnes cette année-là pour qui l’île sera la fin de leur périple.

Vue de la station de quarantaine de Grosse Isle, 1850, par Henri Delattre. Credit: Library and Archives Canada, Acc. No. 1983-121-1

Bien sûr, les journaux firent échos à cette tragédie. Voici un article du Canadien du 16 juin 1847 

NOUVELLES DE LA GROSSE ISLE – Nous apprenons avec regret que les affaires à la quarantaines [sic] loin de s’améliorer deviennent de jour en jour plus alarmantes. On nous a communiqué une lettre de la Grosse Isle par laquelle on apprend que 34 batiments y sont actuellement détenus. Les capitaines se plaignent que l’inspection de leurs navires ne se fait que lentement; qu’ils sont arrêtés sans nécessité à la quarantaine et que cet établissement ne peut point recevoir tous les malades qui restent ainsi à bord et mettent en danger le reste des passagers. Il y a, dit la même lettre, 1500 malades sur l’île et 1000 à bord des navires. Les révérends messieurs McGauran, McDevitt, McGurk, et Traham sont revenus de la quarantaine dangereusement malades. Une circulaire de Mgr l’archevêque a été adressée, nous dit-on, à tous membres du clergé qui ont une connaissance suffisante de la langue anglaise pour les avertir de se tenir prêts à descendre porter leurs secours aux malades de la Grosse Isle au premier appel. Le dévouement empressé du clergé catholique dans les circonstances actuelles fait le plus grand honneur à ce corps respectable et le rend le sujet des éloges mérités de toutes les classes de la population.

L’été 1847 allait être dramatique…

Billets reliés

Une petite touche d’Irlande au Québec (photos anciennes)

Peinture: Grosse-Ile vers 1838-1840 par Henry Hugh Manvers Percy

Grosse-île, station de quarantaine 1832-1937

L’épidémie de choléra de l’été 1832 à Québec

Une petite touche d’Irlande au Québec (photos anciennes)

Je vais commencer ce billet par vous faire un aveu. A ma connaissance, je n’ai pas d’ancêtres irlandais, que des Français, qui se sont établis à Québec et à l’Ile d’Orléans. Et dont les descendants ont essaimé dans le comté de Bellechasse jusqu’aux frontières américaines. Il y a aussi une branche qui est partie de France, est allée à Port-Royal, a descendu à Saint-Pierre-de-la-Rivière-du-Sud et a prospéré à Sainte-Claire. En somme, je n’ai pas trouvé d’Irlandais dans mon arbre généalogique. Mais j’y travaille. Ceci étant dit, c’est la Saint-Patrick alors parlons des Irlandais. Le sujet étant vaste, pourquoi ne pas regarder plutôt quelques photos?

Photographie | Le bébé de Mme Irish, Montréal, QC, 1871 | I-65897.1

Ce billet est une présentation de la fillette de Mme Irish,( Montréal, QC, 1871).

Impression | Célébration de la Saint-Patrick, Montréal, QC | M982.530.5379

Célébrations de la St-Patrick à Montréal.

Photographie | Pierre commémorant le décès de 6 000 immigrants, Pointe-Saint-Charles, Qc, 1898 | MP-1977.76.64

Monument installé en 1859 près de l'entrée du pont Victoria, au centre d'un cimetière où étaient enterrés plusieurs milliers d'immigrants irlandais victimes du typhus en 1847-1848.

Pour en savoir plus à propos de ce monument

Photographie | La rue du Petit-Champlain et l'escalier Casse-Cou, Québec, vers 1903 | MP-0000.3202.1-2

Rue du Petit-Champlain et Escalier casse-cou. Au 19e siècle, beaucoup d'Irlandais qui travaillaient dans les chantiers maritimes habitaient ce coin-là.

Pour en savoir plus sur les Irlandais à Québec (article de Marianna O’Gallagher)

Impression | Monument à la mémoire des immigrants irlandais décédés du typhus, Grosse-Île, QC, vers 1910 | MP-0000.1255.9

Monument à Grosse-île, station de quarantaine, commémorant le décès des immigrants victimes du typhus.

Pour en savoir plus à propos de Grosse-île

Photographie | St. Bridget's Refuge, Montréal, QC, vers 1896 | VIEW-2969

St. Bridget's Refuge, Montréal, fondé en 1869 pour venir en aide aux immigrants irlandais.

Pour en savoir plus sur le  St. Bridget’s Refuge

Impression (photomécanique) | Saint-Malachie, QC, vers 1910 | MP-0000.1229.4

Saint-Malachie, comté de Bellechasse, fondé entre autres par des Irlandais.

Pour en savoir plus sur l’histoire de St-Malachie
En passant, le Musée McCord a consacré une exposition aux Irlandais au Québec. Quelques images par ici

Billets reliés

Peinture: Grosse-Ile vers 1838-1840 par Henry Hugh Manvers Percy

Grosse-île, station de quarantaine 1832-1937

Qui sont les Home Children?

Photographies de Québec (1886-1910) par Frederick C. Würtele

5. Ces gens qui ont marqué notre histoire: Arthur Buies

Au Québec et ailleurs, on nomme des routes, des rues, des bâtiments et des parcs en l’honneur de personnes qui ont marqué notre histoire. Cette série de billets a pour but de vous faire découvrir ces gens.

Des rues à Lévis, Sainte-Julie et Hull, une avenue à Montréal et un boulevard à Rimouski portent le nom d’Arthur Buies. Qui est Arthur Buies?

Une famille peu banale

Arthur Buies vient d’une famille aisée. Son père, William, est un banquier d’origine écossaise. Au moment la naissance d’Arthur, le 24 janvier 1840, il travaille à New York. La mère d’Arthur est Marie-Antoinette-Léocadie d’Estimauville. Ses grandes-tantes maternelles sont les seigneuresses de Rimouski. La tante d’Arthur, Éléonore d’Estimauville, est soupçonnée de complicité concernant le meurtre de son mari, Achille Taché, seigneur de Kamouraska, en 1839. C’est ce fait divers qui a inspiré le roman Kamouraska, d’Anne Hébert.

Arthur Buies vers 1860

Arthur Buies vers 1860

Éducation

La scolarité d’Arthur se déroule en plusieurs endroits: collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière (1849-1854), séminaire de Nicolet (1854–1855) puis Petit séminaire de Québec (1855–1856). Il est reconnu pour son indiscipline et son caractère rebelle. En 1856, Arthur va rejoindre ses parents, qui vivent à Berbice, en Guyane. Il part au bout de quelques mois, pour aller étudier à Dublin, en Irlande. Il étudie ensuite (sans la bénédiction paternelle) au lycée Saint-Louis, de 1857 à 1859 où il tente, sans succès, d’obtenir un diplôme en droit. C’est à Paris qu’il cesse sa pratique religieuse. Il semble avoir eu, toute sa vie, une relation compliquée avec le catholicisme.

Le journalisme

Vers 1861, Arthur Buies s’engage dans l’armée de Garibaldi en Italie. A-t-il réellement combattu? On ne le sait pas avec certitude. Vers 1862 (peut-être dès 1861), il rentre au Canada. Il s’implique dans les activités de l’Institut Canadien de Montréal, lieu d’échange et de discussion sur les problèmes du temps. Le clergé n’apprécie pas les idées qui s’y propagent; la mainmise de l’Église dans plusieurs domaines y est remises en question.

En 1867, alors que se concrétise le projet de confédération canadienne auquel Buies s’oppose, ce dernier retourne à Paris pour y faire carrière comme journaliste. L’expérience n’étant pas concluante, il revient à Montréal quelques mois plus tard.

Il lance en 1868 le journal La Lanterne canadienne, dont la parution dure à peine un an. Francis Parmentier, dans un article du DBC, écrit à propos de La Lanterne:

 »Ce journal est demeuré, en effet, le symbole du courage intellectuel et moral, à une époque où beaucoup avaient courbé l’échine. En ce sens, il devait inspirer nombre de journalistes de talent, tels Jules Fournier*, Olivar Asselin* et Jean-Charles Harvey*  ».

Vers 1870, il fait un nouveau séjour à Paris et de retour à Montréal, il fonde le journal L’Indépendant,  »qui prône l’indépendance du Canada et un mode de gouvernement républicain  ». L’expérience dure quelques mois. Buies collabore par la suite aux journaux Le Défricheur et Le Pays.

Durant les années 1870, il est chroniqueur pour Le National, La Minerve et L’Opinion publique. Il publie les recueils Chroniques, humeurs et caprices (1873), Chroniques, voyages, etc., etc. (1875) et Petites Chroniques pour 1877 (1878) . En 1876, il lance le journal Le Réveil, qui sera publié pendant quelques mois et deux ans plus tard, il devient secrétaire de la Société de géographie de Québec.

La colonisation

En 1879, il rencontre le curé Labelle, promoteur de la colonisation. Rappelons que depuis plusieurs années déjà, beaucoup de Canadiens-français s’exilaient en Nouvelle-Angleterre pour travailler dans des usines. Plusieurs croyaient que la colonisation était un moyen de les retenir ici. Buies va adopter cette cause et en parler dans ses écrits. Il va même travailler pendant quelques temps pour le ministère de la colonisation. Il publie en 1880 le Saguenay et la Vallée du Lac St-Jean ; étude historique, géographique, industrielle et agricole. Au cours des années suivantes, Arthur Buies collabore aux Nouvelles soirées canadiennes et à La Patrie.

De 1887 à son décès

Il épouse le 8 août 1887 à Québec Marie-Mila Catellier, fille de Ludger-Aimé Catellier, sous-registraire général du Canada. De 1887 à 1892, il est agent de la colonisation. Durant les années 1890, il publie quelques ouvrages dont Les Comtés de Rimouski, Matane et Témiscouata […], recueil de trois rapports (1890), La Région du Lac Saint-Jean, grenier de la province de Québec (1890), Au portique des Laurentides ; une paroisse moderne ; le curé Labelle (1891), Réminiscences ; les jeunes barbares (1892) et Le Saguenay et le Bassin du Lac Saint-Jean ; ouvrage historique et descriptif (1896). Ces années sont difficiles: Buies est affligé par la maladie et les ennuis financiers.

Arthur Buies est décédé le 26 janvier 1901 à Québec.

Son oeuvre

Buies a été un écrivain prolifique. Pour une liste exhaustive de ses écrits, je vous invite à consulter le dossier que L’Encyclopédie de l’Agora lui a consacré. Parmi les thèmes abordés par Buies, il y a la défense de la langue française, la valorisation des sciences, la promotion de l’éducation et la colonisation. Il a critiqué à maintes reprises le clergé catholique. Plusieurs de ses écrits décrivent la vie en région. Il a fondé plusieurs journaux, que l’on peut qualifier ‘d »anticléricaux, nationalistes, démocratiques, condamnés par l’épiscopat  ».

Conclusion

Journaliste et chroniqueur prolifique, Arthur Buies a été un observateur critique de son temps. Un esprit libre aussi. Un exemple à suivre.

Article relié: Arthur Buies – Chroniques du Bas-du-fleuve

Bibliographie

Encyclopédie de l’agora (Page consultée le 17 août 2009). Dossier Arthur Buies [en ligne] Adresse URL: http://agora.qc.ca/mot.nsf/Dossiers/Arthur_Buies

Wikipédia. (Page consultée le 17 août 2009). Arthur Buies [en ligne] Adresse URL:

http://fr.wikipedia.org/wiki/Arthur_Buies

MAILHOT, Laurent. (Page consultée le 17 août 2009). Buies, Arthur [en ligne] Adresse URL: http://www.thecanadianencyclopedia.com/fr/article/buies-arthur/

PARMENTIER Francis. (Page consultée le 17 août 2009). Buies, Arthur [en ligne] Adresse URL:

http://www.biographi.ca/fr/bio/buies_arthur_13F.html

Billets reliés: