Un magistrat mis en accusation [Saint-Antoine-sur-Richelieu, 1847]

Extrait du Canadien, 21 mai 1847

UN MAGISTRAT MIS EN ACCUSATION – Nous avons entendu parler de quelques magistrats de la campagne, qui, au lieu d’être les gardiens de la paix et de l’ordre publics, méconnaissent leurs devoirs, trahissent le mandat dont on les a chargés, et deviennent la cause du trouble et du désordre dans leurs localités; mais nous devons à l’honneur de la magistrature canadienne de mentionner que de tels magistrats sont de rares exceptions. Cependant il en est, et on ne saurait faire trop d’efforts pour en purger la société; car des hommes munis d’autorité et de pouvoirs étendus dans nos paroisses, et qui en abusent, peuvent en devenir les fléaux. Nous en avons déjà de tristes exemples.

Ces réflexions nous sont sugérées par les procédés adoptés, il y a quelques jours, à Saint-Antoine, rivière Chambly, contre un magistrat de l’endroit. A la réquisition du maire et des principaux citoyens et notables de cette localité, l’exécutif a tenu une enquête sur la conduite de M. Victor Gladu, accusé de prévarications dans l’accomplissement de ses devoirs de magistrats. L’enquête a été ouverte, le 11 du courant, par le colonel Ermatinger, écuyer, notre magistrat de police de la cité, commissaire nommé à cet effet, et a été close le 15. Les charges apportées contre M. Victor Gladu sont d’avoir abusé de son autorité de magistrat depuis plusieurs années, en se rendant coupable de vexations continuelles contre les habitans, d’avoir suscité des procès afin de moissonner des émoluments, d’avoir exercé la concussion au lieu d’administrer la justice, d’avoir fait arrêter de pauvres cultivateurs sans causes et raisons suffisantes, sachant bien que leur pauvreté même le mettrait à l’abri de leurs poursuites devant les tribunaux du pays, enfin d’avoir mis le trouble dans la paroisse, et de toutes manières outragé et insulté l’opinion publique. – (Revue Canadienne)

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La justice en 1817,1837 et 1857: quelques exemples de condamnations

Voici quelques exemples de sentences rendues au XIXe siècle à Montréal et à Québec. Vous constaterez que la sévérité était de mise envers les contrevenants.

Cour du Banc du Roi, Montréal, 1817 (Source: Le Canadien, 20 septembre 1817)

A Montréal ont été rendues à la Cour du Banc du Roi les sentences suivantes:

  • Joseph Verdon, convaincu de petit larcin, condamné à neuf mois de prison
  • Edward Sidney, convaincu de grand larcin, condamné à sept mois de détention dans une maison de correction
  • Daniel Burns, convaincu de petit larcin, condamné à six mois de détention dans une maison de correction,
  • Dominique Minoucouche, convaincu d’avoir volé dans une maison, pour une valeur de 18 chelins, condamné à douze mois de détention dans une maison de correction
  • James Haley, convaincu de petit larcin, condamné à neuf mois de détention dans une maison de correction
  • Jean Bte Galarneau, convaincu de petit larcin, condamné à neuf mois de détention dans une maison de correction
  • Joseph Lebrun, convaincu d’avoir volé un cheval, condamné à être pendu le 10 octobre prochain
  • François Gendron, convaincu de vol sacrilège, condamné à être pendu le 7 novembre prochain
  • Pierre Beaudouin et Pierre Brier, convaincus de vol de cheval, condamnés à être pendus le 10 octobre prochain.

Notes: Le vol sacrilège est un vol  »qui est commis dans un édifice consacré à l’exercice de la religion catholique » punissable de mort si certaines conditions sont réunies (Réf Traité de l’administration temporelle des paroisses par Denis-Auguste Affre, 1827, p. 338, 229). Remarquez la sévérité de la sentence pour les voleurs de chevaux, montrant ainsi la valeur qu’avaient ces animaux.

Cour du banc du roi à Québec, 1837 (source: 3 avril 1837, la Minerve de Montréal)

  • Charles Chambers et Nicolas Mathieu – vol avec effraction- pour être pendus le 10 avril courant (seront plutôt déportés)
  • Pierre Gagnon- vol sacrilège (dans une chapelle)- sentence remise au terme prochain (sera déporté)
  • Jean Thibeau – vol sur la voie publique- sentence de mort enregistré (sera plutôt déporté)
  • George Ryan, John Wakeman, Richard Barrer, John Johnston, Joseph Côté (âgé de 13 ans), Joseph Brown, William Disney, Patrick Fleming, Patrick Sullivan, Joseph Moiseau – petit larcin – déportation pour sept années
  • William Hunter – convaincu deux fois de petit larcin – (7 années de déportation pour chaque offense) – 14 ans
  • James O’Neill- convaincu trois fois de petit larcin (sept années de déportation pour chaque offense) – 21 ans
  • John Nicholson (13 ans) – convaincu sur quatre accusations de petit larcin (sept années de déportation pour chaque offense) – 28 ans
  • Michael Fahey et sa femme, et Eliza Peebles, accusés de vol dans la maison de John Sinclair, marchand épicier, furent renvoyés à la session prochaine, le petit-jury ne s’étant pas trouvé unanime sur cette accusation.
  • Le grand jury a admis des accusations contre Patrick Kelly et Patrick Corr, pour crime d’incendie, mais leur procès ont été remis à la session prochaine de la cour criminelle.

Notes: la déportation au XIXe siècle a été majoritairement imposée ici à des soldats britanniques.

1857, Cour du Recorder (ancêtre de la cour municipale), Québec (Le Canadien, 12 septembre 1857)

  • François Pageau et Jean-Baptiste Pinet, obstruction de la voie publique: amende de 5 s.
  • Ann Dunn, sur plainte de Mary Sullivan, pour assaut et batterie: amende de 20 s.
  • Richard Mann (ou Munn), pour ivresse et obstruction de la voie publique, 20s. d’amende + les frais ou dix jours d’emprisonnement. Incarcéré.
  • Mary Clancey, pour vagabondage, 15 s. d’amendes et les frais ou 8 jours d’emprisonnement. Incarcérée.
  • Jacques Trudel, charretier, pour avoir couru son cheval dans les rues de cette cité, 10 s. d’amende ou six jours de prison. Paie l’amende.
  • John Chambers, pour ivresse, assaut et batterie, est condamné à 30 s. d’amende ou 15 jours de prison. Paie l’amende.
  • John Campbell, James Callagher et Patrick Walsh, charpentiers, pour s’être tenus avec leurs voitures ailleurs qu’aux postes assignés, condamnés à 5 s. d’amende plus les frais. Paient l’amende.
  • Mary Sheny, pour vagabondage, condamnée à 50 s. d’amende ou un mois d’emprisonnement. Incarcérée.
  • Jean Poulin, navigateur, sur plainte du maître du Havre au Palais, pour avoir entré son vaisseau dans le Havre du Palais sans en donner connaissance à qui de droit, condamné à 20 s. d’amende ou 10 jours d’emprisonnement.

Notes: L’amende la plus sévère est pour vagabondage. Plusieurs choisissent la prison, car ils n’ont probablement pas les moyens de payer une amende.

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Cyberenquête – La torture et la vérité: Angélique et l’incendie de Montréal

La torture et la vérité: Angélique et l’incendie de Montréal est une cyberenquête de la série des Grands mystères canadiens. Vous êtes invité à analyser les documents se rapportant à l’incendie qui a eu lieu le 10 avril 1734 à Montréal. Angélique, une esclave noire et son amant blanc, Claude Thibault, sont soupçonnés du crime. Thibault prend la fuite alors qu’Angélique subit un procès (et est torturée). Elle sera pendue pour ce crime le 21 juin 1734, mais était-elle réellement coupable?

angelique

C’est en consultant les documents d’époque que vous pourrez vous forger votre propre opinion. Cette cyberenquête aborde les thèmes de la la justice, la peur des incendies, l’esclavage, la société montréalaise, etc.

La torture et la vérité: Angélique et l’incendie de Montréal vous permet d’analyser des sources et de jouer, en quelque sorte, au détective. Cette cyberenquête permet de se familiariser avec le système judiciaire au temps de la Nouvelle-France. Elle peut être utilisée en classe.

http://www.canadianmysteries.ca/sites/angelique/accueil/indexfr.html

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