En prison à huit ans [Kingston, 1845]

Credit: Dept. of Public Works / Bibliothèque Archives Canada / PA-046242 Non-daté.

Credit: Dept. of Public Works / Bibliothèque Archives Canada / PA-046242 Non-daté.

Bienvenue à Kingston

Le plus jeune prisonnier à avoir séjourné au pénitencier de Kingston, Ontario, est Antoine Beauché. Selon plusieurs sources, dont un rapport gouvernemental dont nous aller parler plus loin, il avait huit ans à son arrivée.

En novembre 1845, Antoine Beauché et trois complices, c’est-à-dire ses frères Louis (12 ans),  Narcisse (âge incertain, entre 12 et 19 ans) ainsi que leur ami  Francis Bernard (12 ans) sont condamnés  à trois ans de prison pour un vol commis à bord du Sydenham, un bateau qui naviguait entre Québec et Montréal. Les sources que j’ai consultées indiquent qu’ils étaient tous natifs du Bas-Canada.

On trouve des traces du séjour des frères Beauché au pénitencier de Kingston dans le Rapport des commissaires chargés de s’enquérir de la conduite, discipline et régie du pénitentiaire provincial avec les documents transmis par les commissaires (1849).

Il y avait des rumeurs de mauvais traitements envers les prisonniers.

Et ce qu’on apprend est loin d’être joli.

Le rapport est disponible sur Notre mémoire en ligne. Pour les Québécois, il est possible d’y accéder gratuitement sur le web en vous abonnant aux services à distance de BANQ.

Mauvais traitements

Le rapport indique qu’entre le 14 novembre 1845 et le 14 octobre 1846, Antoine Beauché a reçu plus de 56 punitions pour avoir parlé, ri, crié dans sa cellule, gâté un livre, donné du tabac à un prisonnier, fait preuve d’indécence,  volé du pain, répandu du vinaigre, etc. Ces infractions menaient à 3 à 4 coups de martinets et  à un régime au pain et à l’eau. A deux reprises, il a dû passer 24 heures aux cachots. Les commissaires concluent: « Nous regardons cette affaire comme un cas d’inhumanité révoltante » (p.194). Antoine Beauché a été relâché au terme de sa peine.

Pour ce qui est de Louis, c’est une longue suite de coups de martinets et de régime au pain sec et à l’eau, pour des infractions aussi mineures que jouer, parler, rire, se moquer de son frère, avoir fait des clins d’oeil aux prisonniers, avoir laissé son siège, etc. Il a également été libéré de prison au terme de sa peine.

Le cas le plus tragique est celui du frère aîné, Narcisse. Il a subit le martinet et le régime au pain et à l’eau pour des infractions comme avoir parlé, fait du bruit dans sa cellule, avoir joué des tours aux autres prisonniers, avoir dansé dans sa cellule, avoir été impertinent, etc.

Je reproduis ici le témoignage de l’ex-garde Robinson, issu du rapport précédemment nommé (p. 201).

« Il se souvient d’un jeune détenu appelé Booshee (Beauché); c’était un petit garçon de douze à quatorze ans; il a été très souvent puni du fouet. Sa faute ordinaire était de faire du bruit dans sa cellule. Il se rappelle qu’une nuit, il y a environ deux ans, alors que le témoin était de garde pour surveiller les prisonniers, la prison fut troublée par ce jeune homme. Il se réveilla avec une grande frayeur, s’écriait qu’il y avait quelque chose sous son lit, et appelant le prêtre pour qu’il vînt le voir. Il grimpa sur les barreaux de sa fenêtre et de la porte, criant de toute la force de ses poumons; il sortait de sa bouche du sang et de l’écume. Le gardien Hooper alla trouver le préfet, et le fit sortir de son lit; lorsque le préfet arriva l’enfant criait encore. Le préfet dit aussitôt: « Ouvrez la porte afin que je fasse sortir ce polisson », Hooper ouvrit la porte et sur l’ordre du préfet le témoin fit sortir Boshee, qui était complètement nu; l’enfant fut renversé sur le dos et l’on essaya de lui mettre un baillon, mais sans succès. L’enfant dit alors au préfet en français qu’il se tiendrait tranquille, et il fut réintégré dans sa cellule.  Le préfet rapporta au témoin ce que l’enfant avait dit: Du moment où l’enfant eût été remis dans la cellule il fut pire que jamais, criant qu’il avait quelque chose sous son lit. Le préfet alors ordonna de le tirer de nouveau de sa cellule. Hooper et le témoin le tinrent par terre et le préfet le frappa avec un bout de cable aussi longtemps qu’il pût. L’enfant était fortement lacéré; les cordes avaient coupé la peau. La chemise du témoin fut tellement ensanglanté par le contact de l’enfant qu’il fût obligé de la changer le lendemain matin. L’enfant n’est plus jamais sorti de la cellule, pense le témoin, jusqu’à ce qu’il fût reconnu pour fou et envoyé à l’asile des aliénés du Bas-Canada, sous la garde du témoin. »

Un autre témoignage révèle qu’il croyait voir le spectre de sa mère.

Le 12 août 1846, Narcisse Beauché est transféré à l’asile de Beauport.

Que sont-ils devenus?

Je n’ai pas réussi à trouver avec certitude ce que sont devenus Louis et Antoine.  Se sont-ils mariés? Quand et où sont-ils décédés? Quant à Narcisse, en 186118711881, il se trouvait toujours à l’asile de Beauport. Je n’ai pas trouvé la date ni le lieu de naissance des trois frères. 

Bibliographie

Rapport des commissaires chargés de s’enquérir de la conduite, discipline et régie du pénitentiaire provincial avec les documents transmis par les commissaires (1849).

Friends of the penitentiary museum. [en ligne]Canada’s penitentiary museum. Page consultée le 29 mai 2014. http://www.penitentiarymuseum.ca/default/index.cfm/history/

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Quelques évasions signées Bis Belleau [Québec,1869-1871]

Photographie | Rue Saint-Jean, Québec, Qc, 1865 | I-17501.1

Rue Saint-Jean, Québec, Qc, 1865

Pierre  »Bis » Belleau était un criminel impénitent, basé à Québec. Consultez le registre des prisons de Québec au XIXe siècle et vous verrez qu’il avait l’habitude de séjourner derrière les barreaux.

Aujourd’hui, nous allons voir comment étaient rapportés ses exploits dans le journal le Canadien publié à Québec, en nous concentrant sur les années 1869-1871… Un vrai feuilleton!

Plusieurs évasions

En 1869, il était très actif.

D’abord, le 12 mai, on procède à son arrestation alors qu’il se trouve dans le quartier Montcalm à Québec. Il avait dérobé le contenu du coffre-fort du bureau du Grand Tronc (chemin de fer).

Mais comme on conduisait le prévenu à la prison, celui-ci échappa  à la vigilance de ses gardiens, et dirigeant sa course dans les rues du faubourg St. Louis, il put distancer ceux qui le poursuivaient de manière à leur faire perdre ses traces.

Source: Le Canadien, 14 mai 1869.

Le 25 mai, il est capturé, rue Ste-Geneviève.

Le 18 juin, il réussit à s’évader.

INTRAITABLE- Bis Belleau, de célèbre mémoire, a réussi encore  une fois à tromper la vigilance de ses gardiens. On se rappelle qu’il avait à subir un emprisonnement de six mois, pour s’être échappé de la garde de l’officier qui l’avait en charge, et qu’il avait été dûment claquemuré. Et bien, armé d’une lime et de quelques autres instruments qu’il avait réussi à cacher, il a pu couper et arracher deux pièces du grillages de la croisée de sa cellule et mercredi dans la nuit, il a effectué son évasion sans que les gardes en eussent connaissance. Plus que cela, comme Bis Belleau est un homme qui aime la compagnie, il a emmené avec lui un autre prisonnier; c’est un soldat qui ayant reçu l’ordre d’aller ferrer le cheval de son maître, l’avait vendu dans le faubourg St. Jean.

Un autre rapport met en scène un troisième personnage, ce serait un détenu pour dette qui se serait enfui avec les deux individus ci-dessus, et qui, dans ses moments de loisirs, aurait fabriqué les clefs qui ont servi à ouvrir les portes des cellules.

Source: Le Canadien, 18 juin 1869.

Photographie | Monument à Wolfe et prison en construction, Québec, QC, vers 1875 | MP-0000.1676

Monument à Wolfe et prison en construction, Québec, QC, vers 1875

Encore une fois, Belleau a été retrouvé et remis en prison. Mais, on dit  »jamais deux sans trois ».

EVASION- Le fameux Bis Belleau a encore une fois réussi à s’échapper de la prison, dans la matinée d’avant hier. Cela fait la troisième fois. Il a escaladé une cheminée de 24 pieds de hauteur et est descendu ensuite par le paratonnerre comme un fluide électrique, et cela en plein jour, et personne ne la [sic] vu. La police est à ses trousses.

Source: Le  Canadien, 6 août 1869

Une longue cavale

Cette fois-ci, le prisonnier sera en cavale un peu plus longtemps.

BIS BELLEAU – Bis Belleau tire du grand. Evidemment, il sait maintenant qu’il est un grand personnage, et il agit en conséquence. Il a envoyé ces jours derniers un télégramme à Québec, informant ses amis et les nombreuses personnes qui s’intéressent à lui et plus particulièrement la police, que son auguste personne était arrivée saine et sauve de l’autre côté de la frontière, et qu’il ne pouvait pas dire encore bien précisément à quelle époque il viendrait reprendre le logement que madame la police lui offre avec tant d’empressement et de générosité. Il n’a pas dit non plus si c’est par le paratonnerre qu’il fera son entrée quand il reviendra prendre ses appartements à l’hôtel de Notre Souveraine dame la Reine.

Bis Belleau veut, paraît-il, respirer l’air de la liberté pendant quelques temps, pour se rafraîchir les poumons. Il veut aussi étudier les institutions américaines pour voir en quoi elles l’emportent sur les nôtres. Peut-être finira-t-il par renoncer à son allégeance à Sa Majesté et par devenir annexioniste.

Source: le Canadien 9 août 1869.

[note: on parlait beaucoup d’annexion aux États-Unis à l’époque, d’où le commentaire ironique du journaliste]

Années 1860. « Près de ville et terrace » – On y voit un marché de la basse-ville, les murs de la citadelle en arrière-plan, les bâtiments commerciaux de J. Hinds, d’A.W. Lebel et de James A. Quinn ainsi qu’un stand de légumes en avant-plan. Credit: Ellison & Co./Bibliothèque et Archives Canada/PA-148800

Un mois plus tard, Bis Belleau est aperçu à Québec. Et le journaliste du Canadien est toujours en grande forme.

BIS BELLEAU DANS NOS MURS – Bis Belleau est réellement revenu il y a une couple de jours, de son voyage de touriste dans la république voisine. Il parait que ces quelques semaines d’absences avaient parus des siècles à ses amis et amis du faubourg St. Jean, car le soir même de son arrivée, un grand bal fut donné en son honneur dans un petit hôtel de la rue Richmond. D’aucuns disent même qu’avant tout, qu’on lui a présenté une adresse de félicitation, à laquelle Bis a répondu avec beaucoup de bonheur et d’apropos. On sait que c’est dans cette partie que Bis compte le plus d’amis.

Il parait que la police aurait bien voulu être aussi de la partie, mais l’invitation lui étant venue trop tard, elle ne put se rendre au lieu de réunion qu’à 6 heures du matin, mais à ce moment, Bis, pour clore le bal, venait de danser la contredance de Sir Roger de Coverley et avait déjà pris congé de ses hôtes.

Les personnes qui ont eu l’honneur d’assister à cette noble réunion, s’accordent à dire que Bis était habillé de la manière la plus fashionable et qu’il portait un riche étalage de bijouterie, chaîne d’or, bague, épingle, diamant, etc.

Il a été vu dans la croisée d’une certaine maison de la rue Ste. Geneviève. La police accompagnée de plusieurs résidents du quartiers [sic], s’y est rendue pour y faire une recherche, mais Bis avait disparu on ne sait comment.

Source. Le Canadien, 8 septembre 1869

La terrasse Durham. 1870. Source: Bibliothèque et Archives Canada

Bis Belleau continue de mystifier la police. Et le journaliste de nous faire rire en décrivant l’ambiance du conseil de ville de Québec.

EXPLOITS DE BIS – Il faut de la variété en tout. C’est ce que Bis Belleau comprend aussi bien que tout autre. Il aime beaucoup, lui aussi, les scènes à sensation. Blasé de la monotonie des petites scènes tantôt tragiques, tantôt comiques, tantôt amoureuses, des citoyennes de Sébastopol et autres lieux qu’il honore de sa présence, il voulut, vendredi soir, faire diversion.  Il savait que les pères de la cité excellaient dans leur genre et que parfois ils étaient palpitants d’intérêts pendant leurs délibérations. Bis s’est donc rendu au conseil de ville vendredi soir, pour y passer une soirée agréable.

Il se plaça dans les galeries, côte à côte avec les nombreux spectateurs et les hommes de police qui y sont placés pour réprimer les trop chaleureux applaudissements de la foule, lorsque nos édiles se laissent aller à des élans d’éloquence et menacent de s’arracher les yeux, ou le nez, comme il est arrivé encore ce soir là. En effet, l’échevin Hall pour mettre son nez à l’abri des attaques du conseiller O’Hare qui voulait le lui arracher, fut obligé de le menacer de le faire arrêter.

Les conseillers et chevins n’en étaient pas rendus au point où leur bile s’échauffent [sic] le plus, c’est-à-dire, vers la fin de la séance, lorsque parmi la foule, Bis entendit prononcer son nom. Un voisin l’avait reconnu.

Bis, en homme sage et prudent, crut que le moment était venu de déguerpir. Il partit au quick-march. En descendant l’escalier, il heurta de front un individu qui montait et qui le reconnut aussitôt. L’alerte fut donnée et les polimen [sic] abandonnèrent précipitamment leurs postes pour se mettre à la poursuite de Bis.

Mais Bis est bon courreur [sic] et les hommes de police le savent mieux que tout autre. Après quelques enjambées, il était déjà hors de vue. Cependant cette courte apparition de Bis parmi les gens visibles, fit qu’une escouade de policemen passèrent la nuit à faire des recherches dans Sébastopol, St. Sauveur et autres lieux pour retrouver l’invisible Bis. Mais sur le jour, les gardiens de l’ordre public, convaincus que celui qui peut descendre par un paratonnerre, comme un fluide électrique, pouvait bien ne pas toujours être insaisissable, reprirent la route de la station, l’oeil morne et abattu.

On raconte qu’une couple de jours auparavant, de bonne heure le matin, deux policemen rencontrèrent Bis prés de l’église de la congrégation de St. Roch. Cette fois, Bis voulut bien leur permettre de poser leurs mains profanes  sur sa personne. Il se laissa approcher et saisir. Nos deux policemen, fiers de leur capture, ne voulut pas se mettre en marche de suite de peur de voir leur proie leur échapper. Ils firent demander à la station voisine,  un renfort de deux de leurs confrères avec menottes et cordes pour lier leur prisonnier.

Bis, le front calme et serein, jetait des regards placides sur ces deux gardiens qui, placés chaque côté de lui, lui tenaient les deux bras fortement empoignés. Mais dans l’intervalle ils sentirent, dit-on, sous l’étreinte de leur main nerveuse, les chairs de Bis s’amollir, se rapetisser, se fondre pour ainsi dire, puis devenir presqu’à rien.

On prétend, – nous donnons ce fait sous toute réserve, car nous n’y étions pas, – qu’au même instant, ils virent une boule lumineuse monter avec la rapidité de la foudre, par le paratonnerre de la maison voisine, mais sans explosion, et aller se perdre dans un nuage orageux qui se trouvait au-dessus.

Pendant longtemps, les gardiens de la paix publique, les menottes et les cordes dans les mains, avaient leurs regards fixés sur le nuage. Ils espéraient voir Bis redescendre de la même manière qu’ils l’avaient vu monter, mais Bis était dans les régions célestes et avait oublié pour le quart d’heure les affaires de ce bas monde.

Enfin, on vit les quatre policemen reprendre d’un pas tranquille et lent, la route de la station, comprenant plus que jamais que Bis n’était pas un homme aisé à prendre.

Source. Le Canadien, 13 septembre 1869.

Photographie | La Citadelle depuis la Terrasse Dufferin, Québec, QC, 1872 | I-76325

La Citadelle depuis la Terrasse Dufferin, Québec, QC, 1872

Le 27 septembre 1869, le Canadien rapport que Bis a été vu à l’angle des rues St-Jean et St-Augustin, faubourg St-Jean.

Deux jours plus tard, Bis Belleau fait une apparition… remarquée.

ENCORE ET TOUJOURS BIS BELLEAU – Le Chronicle d’hier dit que Bis Belleau s’est promené plusieurs heures durant, sur la plateforme, un de ces derniers soirs, habillé en fille. L’habillement qu’il portait était des plus à la mode.
Source: le Canadien, 29 septembre 1869

Eventuellement, il fut retrouvé par les forces policières et remis en prison pour quelques temps.

PERSONNEL- Bis Belleau dans nos murs ces jours derniers. Mais malheureusement au milieu des ovations dont il a été l’objet, de la part des citoyens et citoyennes de Sébastopol, appelé autrement coin flamant, Bis a perdu sa prudence accoutumée au point de prendre quelques verres de trop et de faire du tapage. La police appelée sur les lieux a pu capturer Bis qui ne s’est rendu cependant qu’après la plus vigoureuse résistance.

En se rendant à la station, Bis a déclaré a[sic] ses gardiens et à ceux qui faisaient qu’il fallait de toute nécessité qu’il retournât aux États Unis au plus tard la semaine prochaine.

C’est hier matin, vers 2 heures, que l’arrestation a eu lieu.

Il parait que le geôlier a découvert, dans la journée d’hier, qu’un prisonnier, amis de Bis, avait scié avec un couteau une des pentures de la porte de sa cellule. Les gardiens de la prison redoublent de vigilance.

Source: Le Canadien, 20 avril 1870

Photographie | La porte Saint-Jean vue de l'extérieur, Québec, QC, 1867 | MP-0000.259.1

La porte Saint-Jean vue de l’extérieur, Québec, QC, 1867

A sa sortie, il se tint tranquille pendant quelques mois, mais il finit par reprendre ses vieilles habitudes. Le 8 février 1871, il fut condamné à 5 ans de prison pour vol, à purger à Kingston. Et effectivement, lors du recensement de 1871, c’est là qu’on le retrouve (profession indiquée:  »painter »). Je n’ai pas trouvé d’informations sur ce qui est advenu de lui après 1871.

Mise à jour: le Canadien du 16 octobre 1871 rapporte que Bis Belleau et trois détenus se seraient évadés de Kingston, rumeur infirmée le 23 octobre de la même année. On assure que Belleau se trouve toujours au pénitencier de Kingston où il pratique le métier de cordonnier.

Bibliographie

Le Canadien 14 mai, 26 mai, 18 juin, 6 août, 9 août, 8 septembre, 13 septembre , 27 septembre, 29 septembre 1869, 20 avril 1870, 8 février 1871

The Morning Chronicle, 8 février 1871

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André Biéler, peintre de la ruralité québécoise (1896-1989)

En lisant le livre de Michel Lessard intitulé L’Ile d’Orléans, Aux sources du peuple québécois et de l’Amérique française, j’ai découvert une partie de l’oeuvre du peintre André Biéler. Biéler a peint l’Ile d’Orléans des années 20. Il a aussi représenté sur la toile d’autres régions du Québec durant les années 20 et 30. C’est à cette période que nous allons plus particulièrement nous intéresser.

Biographie

André Biéler est né le 8 octobre 1896 à Lausanne, Suisse. Sa famille déménage en 1898 à Paris, puis en 1912 à Montréal. Il étudie à l’Institut technique de Montréal et participe à la Première Guerre mondiale.

Ayant été gazé lors de la bataille de Passchendaele et ayant subit d’importantes blessures à la guerre, André Biéler entreprend sa convalescence en Floride en 1919. Il y prend des leçons d’art. Il étudie ensuite à la Art Students League de New York.

Entre 1922 et 1926, il vit en Suisse. Son oncle, le peintre et muraliste Ernest Biéler, l’aide à perfectionner son art. Durant cette période, Biéler séjourne à Paris et étudie à l’Académie Ranson.

En 1924, il expose à l’Art Association of Montreal. Il s’agit de sa première exposition solo.

En 1927, il habite brièvement à Tourville, puis pour une période de trois ans (1927-1930), il habite à Sainte-Famille, Ile d’Orléans. Plusieurs de ses tableaux représentent l’ile. Il crée des gravures représentant la ville de Québec. Durant les années 30, Biéler peint à Montréal, Charlevoix, en Gaspésie et dans les Laurentides.

En 1936, il devient professeur d’art et artiste résidant l’Université Queen’s à Kingston, Ontario.

En 1941, il organise la première Conférence des artistes canadiens, ce qui mènera à la création de la Fédération canadienne des artistes. Biéler en sera le premier président. En 1945, il séjourne au Lac- Saint-Jean et en 1952 en Abitibi. En 1948, il peint une murale à la centrale hydroélectrique de Shipshaw à Arvida.

En 1957, il participe à la fondation de Agnes Etherington Art Centre. Il en est le président de 1957 à 1963.

André Biéler prend sa retraite en 1963. Il visite le Mexique l’année suivante. Il est décédé le 1er décembre 1989 à Kingston, en Ontario.

Honneurs

Une rue porte son nom à Sainte-Famille, Ile d’Orléans. Il a reçu de nombreux honneurs durant sa carrière. Il a été élu membre de l’Académie royale des arts du Canada en 1955, a reçu le Prix J. W. L. Forster en 1957 de l’Ontario Society of Artists, la Médaille du centenaire du Canada et l’Ordre du Canada en 1988. L’Université de Lausanne lui a décerné un doctorat honorifique.

Style et thèmes

Ses thèmes de prédilections: le quotidien du peuple, la vie religieuse (les églises) et les paysages. Il a utilisé la gravure sur bois, l’aquarelle, le fusain, la tempera, le pochoir et a réalisé des huiles sur toile et sur panneau.

Les premières œuvres de Biéler sont largement influencées par les enseignements de son oncle Ernest; elles traduisent la minutie dans le dessin et le souci de la forme nécessaires au travail du vitrail, de la mosaïque et de la fresque. À partir du moment où il s’est installé à l’île d’Orléans jusqu’en 1947, il a été un régionaliste moderniste, réussissant à combiner son amour de la forme à celui des sujets humains. (Réf)

En dépit de son éducation protestante, Biéler se consacre entièrement à évoquer le style de vie très catholique de la petite communauté en peignant les églises, ainsi que les cérémonies et processions religieuses. La même fascination envers la ferveur religieuse se manifeste dans les tableaux du Mexique qu’il peint au cours des années soixante.  (Réf. n’est plus en ligne)

Dans cette vieille maison (à Sainte-Famille, Ile d’Orléans) qui constituait un lien direct avec l’un des peuples fondateurs du Canada, Biéler commença à dépeindre la vie des habitants et leurs rituels, suivant le rythme lent de leurs travaux et de leur île, dans la beauté  de leurs vieilles maisons, bâties en pierre ou en bois par leurs ancêtres.  L’expression est franche, le réalisme est tempéré par le lyrisme […] (Réf. Frances K.Smith, p. 94).

André Biéler était attiré vers les personnes vivant en harmonie avec la terre et leur folklore, leurs superstitions, leurs symboles et leurs rites.  Il fit facilement la transition vers les riches traditions des habitants de Québec auxquelles son interprétation artistique donna une vision nouvelle. (Réf. Frances K.Smith, p. 95).

Conclusion

André Biéler a immortalisé avec sa palette le Québec rural et urbain des années 20 et 30. Ses peintures nous renseignent sur les us et coutumes des petites gens, sur la richesse du patrimoine naturel et bâti du Québec…

Galerie

On peut voir plusieurs oeuvres d’André Biéler sur cybermuse.

Complément

Sur le site du Musée des Beaux-Arts du Canada, on peut entendre une entrevue (en anglais) avec André Biéler (durée 2h10 min.). La transcription en français et de l’entrevue est par contre disponible.

Un documentaire sur André Biéler, les Couleurs du sang (2000), a été tourné par son petit-fils Philippe Baylaucq.

Webographie

Wikipédia [En ligne]André Bieler [Page consultée le 11 avril ]Adresse URL: http://fr.wikipedia.org/wiki/Andr%C3%A9_Bi%C3%A9ler_%28peintre%29

Cybermuse [En ligne] Biographie: André Biéler [Page consultée le 11 avril] Adresse URL:

http://cybermuse.gallery.ca/cybermuse/enthusiast/thirties/artist_f.jsp?iartistid=512

Presses de l’Université Laval [En ligne] André Biéler: un artiste et son époque [Page consultée le 11 avril]

Philippe Baylaucq [n’est plus en ligne] Les couleurs du sang, dossier de presse [Page consultée le 11 avril]

Bibliographie

KAREL, David. André Biéler ou le choc des cultures. Presses de l’Université Laval, Sainte-Foy, 2003, 209 pages.

SMITH, Frances K. André Biéler, un artiste et son époque. Presses de l’Université Laval, Sainte-Foy, 2006, 356 pages.

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