Donald Morrison: un hors-la-loi en cavale (Lac-Mégantic, 1888-1889)

De l’Ecosse aux Cantons-de-l’est

Comment Donald Morrison est-il entré dans la petite histoire du crime des Cantons-de-l’est? Son père, Murdo,natif de l’Ile de Lewis, Ecosse,  est arrivé au Bas-Canada en 1838 ou 1842 avec son épouse, Sophia Mackenzie. D’abord installé dans le canton de Lingwick, il s’établit à Ness Hill, canton de Whitton (aujourd’hui Lac-Mégantic). Son fils, Donald, est né à Lingwick le 15 mars 1858.

Donald Morrison, photo extraite de Donald Morrison, the Canadian outlaw, par Angus Mackay, 1892 Source: wikipedia

Donald Morrison, photo extraite de Donald Morrison, the Canadian outlaw, par Angus Mackay, 1892 Source: wikipedia

Situation financière périlleuse

Entre 1876 et 1883, Donald Morrison conduit des troupeaux dans l’Ouest. A son retour, il constate que la ferme paternelle rapporte peu. Donald doit prêter à plusieurs reprises de l’argent à son père. Or, il décide de cesser ses prêts. Murdo Morrison se tourne donc vers l’homme le plus riche du village de Mégantic, c’est-à-dire monsieur le maire, Malcolm McAuley.

Murdo Morrison hypothèque sa ferme. En retour, McAuley doit lui verser 1100$ Or, il ne lui en verse que 700$. Le reste de la somme ne sera versée que  »trois mois après la signature de l’emprunt ou même tout simplement retenus comme garantie de remboursement partiel ». (Kesteman, 2000, p. 65) Ajoutez à cela un taux d’intérêt de 9% sur le 1100$ Le marché est injuste pour le père Morrison.

Donald, sur les conseils d’un avocat, fait saisir la terre pour la faire vendre aux enchères. Il espère faire invalider le marché passé avec McAuley. Peine perdue. McAuley mise et gagne l’enchère.

Sur l’ancien site internet de la bibliothèque de Lac-Mégantic, on pouvait lire « Lors de la vente publique de la terre, McAuley surpasse l’offre de Donald. Ce dernier réplique et bonifie son offre de 100 $ . Malheureusement Donald n’a pas cette somme sur lui.  » McAuley gagne. Il revend ensuite la ferme à Auguste Duquette pour la somme de 1500$ Cela, Donald Morrison va l’avoir longtemps sur le coeur.

Des événements mystérieux surviennent par la suite chez Auguste Duquette. En 1888, l’étable de sa ferme est rasée par les flammes. Quelques jours plus tard, des coups de feux sont tirés vers la maison. Madame son épouse est ratée de peu.

Ensuite, c’est la maison qui brûle. Donald Morrison, qui avait fait l’erreur de dire publiquement dans les bars de Mégantic qu’il allait se venger, est en tête de liste des suspects. Le constable Lucius E. Warren, un trafiquant notoire de whisky, est engagé pour lui mettre la main au collet. Leur rencontre sera fatale.

Warren vs Morrison

Le 22 juin 1888, Morrison et Warren se croisent. Nous sommes sur la rue Maple Street, à Mégantic, devant l’hôtel American. Warren sort son pistolet (ou peut-être pas, les témoins ne sont pas d’accord) et Morrison fait feu. Warren décède sur le coup. Plusieurs témoins affirmeront plus tard que Warren avait beaucoup bu cette journée-là et qu’il avait annoncé qu’il avait l’intention de faire un mauvais parti à Morrison s’il croisait sa route.

La rencontre fatale entre Warren et Morrison. Image extraite de Donald Morrison, the Canadian outlaw, par Angus Mackay, 1892 Source: wikipedia

La rencontre fatale entre Warren et Morrison. Image extraite de Donald Morrison, the Canadian outlaw, par Angus Mackay, 1892 Source: wikipedia

Après le crime, Morrison s’enfuit. Un mandat d’arrestation est lancé. Sa cavale durera 10 mois. Morrison bénéfice de l’aide de la communauté écossaise qui prend le risque de le cacher et le nourrir. Certains devront en répondre devant les tribunaux, comme le maître de poste Malcolm McLean.

Capturé!

Or, le 21 avril 1889, une équipe composée entre autres du constable MacMahon et du guide Pierre Leroyer le surprend alors qu’il sort de la cabane de ses parents. Ils font feu sur lui. Morrison est atteint à une jambe; il ne peut plus s’enfuir.

Le jour où l'on attrapa Morrison. Le 1 indique l'endroit où se trouvait Morrison quand on lui a tiré dessus et le no 2 est l'endroit où il est tombé. Le vieil homme est son père. Image extraite de Donald Morrison, the Canadian outlaw, par Angus Mackay, 1892 Source: wikipedia

Le jour où l’on attrapa Morrison. Le 1 indique l’endroit où se trouvait Morrison quand on lui a tiré dessus et le no 2 est l’endroit où il est tombé. Le vieil homme est son père. Image extraite de Donald Morrison, the Canadian outlaw, par Angus Mackay, 1892 Source: wikipedia

Le hors-la-loi est expédié à Sherbrooke où il subit son procès devant jurés en octobre 1889. Le jury est composé de Oran Turner, Henry Aikin, Alfred Curtis, Wm Wark, John S. Hurd, John R. Horn, Alfred Hause, Irwin Slack, James Mills, John R. Noyes, Camille S. Millette et de  Thomas Langmade.

Il est reconnu coupable de meurtre au deuxième degré et le juge Coram Brooks le condamne à 18 ans de prison à purger à Montréal.

On peut suivre les grandes lignes de son procès par les comptes-rendus publiés dans le Progrès de l’Est de Sherbrooke (voir page 2 de chaque édition): 4 octobre, 8 octobre, 11 octobre, 15 octobre,  18 octobre et 22 octobre (p.3). Pour les comptes-rendus en anglais, il y a le Stanstead Journal sur le web.

Le prisonnier Morrison

La vie en prison est difficile pour Morrison, selon Jean-Pierre Kesteman.  »Morrison, abattu, dégoûté de la vie, s’alimentant peu, allait décliner lentement » (Kesteman, 2000, p. 70) Morrison décède à l’hôpital le 19 juin 1894. Trois jours avant son décès, il avait été grâcié. Une pétition en ce sens avait été présentée au ministère de la justice.

La dépouille de Donald Morrison repose au cimetière Gisla (route 215, Scotstown) On peut voir une photo du monument funéraire ici.

Malcolm McAuley, à l’origine de toute cette histoire, a  démissionné de son poste de maire et s’en est allé vivre à Scotstown.

Oscar Dhu a raconté l’histoire de Donald Morrison  dans The Canadian Outlaw (1892) sous le pseudonyme d’Oscar Dhu.

Pour certains, Morrison est un héros. Pour d’autres, il s’agit d’un dangereux criminel qui a abattu de sang-froid un homme. A vous de choisir.

Bibliographie

ANONYME. The Hunted outlaw, or, Donald Morrison, the Canadian Rob Roy, 1889, Montréal, Montreal News. Adresse URL

Centre régional d’archives de la Bibliothèque de Lac-Megantic. [en ligne] Le hors-la-loi de Lac-Mégantic: Donald Morrison [Page consultée le 29 novembre 2010] Adresse URL: http://web.archive.org/web/20100413235301/http://www.bibliomegantic.qc.ca/archives/accueil.html [site très bien fait]

KESTEMAN, Jean-Pierre. Les Écossais de langue gaélique des Cantons de l’Est – Ross, Oscar Dhur, Morrison et les autres. Sherbrooke, Editions GGC, 2000, 90 pages.

WIKIPEDIA: [en ligne] Donald Morrison [Page consultée le 30 novembre 2010] Adresse URL: http://fr.wikipedia.org/wiki/Donald_Morrisson

MCKAY, Angus. Donald Morrison, The Canadian Outlaw. 1892. Adresse URL

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Parle-t-on assez de l’histoire des régions et des localités du Québec dans les journaux?  Bien sûr, les journaux mentionnent parfois les annonces de subventions, les nouvelles expositions et les activités des centres d’interprétations, les nouvelles publications, etc. Mais certains médias ont la bonne idée d’assurer une présence régulière de l’histoire en leurs pages via des chroniques historiques. Voici une liste de ces journaux (quotidiens, hebdos et mensuels). J’ai effectué mes recherches en me basant sur le Répertoire des médias de Service Québec. Lorsque ces textes sont disponibles en ligne, je mets l’hyperlien correspondant.

Jusqu’ici, je n’ai rien trouvé dans les journaux de l’Abitibi-Témiscamingue, du Nord-du-Québec, Gaspésie, Laurentides, Laval, Outaouais et Saguenay-Lac-St-Jean. N’hésitez pas à me signaler tout oubli dans cette liste.

  • Abitibi-Témiscamingue–Nord-du-Québec ——-
    • Bas-Saint-Laurent

Info-Dimanche (Rivière-du-Loup). Chroniques historiques de la Société d’histoire et de généalogie de Rivière-du-Loup.

    • Capitale-Nationale
    • Centre-du-Québec.

Journal L’Express (Drummondville) Chroniques en collaboration avec la Société d’histoire de Drummond et du Musée populaire de la photographie (cliquez ici).

  • Chaudière-Appalaches
    • Le Cantonnier (Disraeli). Chronique historique. Allez à cette adresse:

http://lecantonnier.com/

    puis Chroniques et sélectionnez Chronique historique.
    • Côte-Nord
    • Estrie

La Tribune de Sherbrooke. Chronique sur l’histoire de Sherbrooke en collaboration avec la Société d’histoire de Sherbrooke
L’Écho de Frontenac (Lac-Mégantic). 80 ans d’histoire. On y retrouve aussi des chroniques publiées antérieurement, dont Mémoires collectives, Écho d’il y a 10 ans et Souvenirs en photo. Adresse: http://echodefrontenac.com/80ans.asp

  • Gaspésie – Iles-de-la-Madeleine —-
    • Lanaudière

La Revue (Terrebonne) Chronique un brin d’histoire par Claude Martel, géographe-historien.

  • Laurentides ———-
  • Laval —–
    • Mauricie

L’Hebdo du Saint-Maurice (Shawinigan). Clin d’oeil historique.

Le Nouvelliste de Trois-Rivières.  Portraits historiques. Première chronique: Calixte Marquis.

    • Montérégie

Sorel-Tracy Express Histoire Express

    • Montréal

Le Messager (LaSalle). En route vers 2012, une histoire laSalloise par Denis Gravel, historien.
Le Messager (Verdun). Souvenirs par Guy Billard, de la Société d’histoire et de généalogie de Verdun.

  • Outaouais —–
  • Saguenay – Lac-Saint-Jean —–

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