Une assez jolie brunette, active, intelligente, d’un caractère jovial, bonne ménagère déjà, et ayant à ajouter à tous ces avantages personnels, un petit capital de $500,00 désire se marier.
Pour de plus amples informations, les intéressés n’auront qu’à faire parvenir un petit billet en conséquence à l’adresse suivante: X. Z. bureau de L’ETOILE DU NORD, Joliette, P.Q.
Avis est donné que la photographie des signataires est expressément exigée. Cette condition est d’une importance capitale et il faudra la remplir si l’on tient à courir la chance d’être appelé à signer un avantageux contrat de mariage.
La lutte est dès maintenant engagée entre les prétendants.
La dame a-t-elle réussit à trouver la perle rare? On espère que oui (j’ai des doutes).
En 1889, F. A. Baillairgé citait, dans son livre Coups de crayon, la légende du prêtre de l’Ile-Dupas, près de Berthierville, telle que raconté par le curé Vincent Plinguet. Et ça se lit ainsi.
Un mot sur l’île Dupas semble trouver ici sa place.
La Seigneurie de l’Ile Dupas fut concédée à M. Dupas en 1672. Aidés des habitants de Berthier, les habitants de l’île eurent bientôt leur église (v. 1706). En 1720, M. Jean-Baptiste Arnaud était nommé curé de l’Ile Dupas et desservant de Berthier et de Sorel. En 1729 l’île comptait 171 âmes. En 1749, il fallut songer à renouveler la première église. Une histoire ou une légende assez singulière se rapporte à cette première église. Le Révd. M Plinguet, curé de l’île Dupas, s’exprime comme suit à ce sujet dans son histoire de l’île Dupas.
[…]
On avait remarqué plusieurs fois, dans l’église, au milieu de la nuit, une lumière plus forte que celle donnée par la lampe ordinaire; d’abord on en fit peu de cas; puis, comme la lumière continuait d’apparaître toutes les nuits, on s’en émut et on résolut d’éclaircir la chose; on se réunit donc au nombre de quatre à cinq pour se donner un peu de courage, et l’on s’avança sur une seule ligne vers l’église; mais quelle ne fut pas la stupéfaction de ces hommes, lorsqu’ils virent au pied de l’autel un prêtre revêtu de ses habits sacerdotaux, et demeurant toujours au même lieu! Ils n’osèrent pas entrer et s’en retournèrent, même un peu plus vite qu’ils n’étaient venus, et, de retour chez eux, ils se livrèrent à milles conjonctures.
En entendant parler de ce qui se passait, un nommé Jacques Valois (le trisaïeul de celui de qui je tiens ces détails, et le père de ceux qui s’établirent à Lachine et à la Pointe-Claire), plus brave que les autres, s’engagea à entrer dans l’église, pour voir de plus près ce dont il s’agissait. Un soir donc, après la veillée avec ses amis, il se rendit à l’église, fit sa prière et attendit. Vers minuit, il vit un prêtre, en soutane, sortir de la sacristie, allumer deux cierges aux extrémités de l’autel, tout préparer pour une messe, et rentrer dans le lieu d’où il venait de sortir. Quelques instants après, il l’en vit ressortir, revêtu de ses ornements, portant le calice, et monter à l’autel. Pensant bien que la messe allait avoir lieu, notre Valois se rend au pied de l’autel, sert la messe qui se dit à l’ordinaire, et reconduit le célébrant à la sacristie; celui-ci, après avoir salué la croix, se tourne de son côté et lui dit: “Depuis trois ans, je viens ici toutes les nuits, pour redire une messe que j’ai dite avec trop de précipitation pendant ma vie; j’étais condamné à y venir jusqu’à ce que j’eusse trouvé un servant; grâce à vous, ma pénitence est terminée, je vous remercie”. Et il disparut.
Source: Coups de crayon par F.A. Baillairgé, Joliette, Bureau de l’étudiant et du couvent, 1889, p. 61 et 62.
Dans certaines variantes de la légende, le prêtre en question est sans tête.
Et le Jacques Valois de la légende?
Le Jacques Valois de la légende a-t-il réellement existé? Sur le site de généalogie Nos origines, il y a un candidat potentiel, celui-ci. Ce Jacques Valois est décédé le 17 juillet 1750 à l’Ile-Dupas. Ses deux garçons ainés, Pierre et Simon, s’établirent respectivement à Pointe-Claire et à Lachine.
Bibliographie
F. A. Baillairgé. Coups de crayon par F.A. Baillairgé, Joliette, Bureau de l’étudiant et du couvent, 1889, 224 pages.
Jean-Claude Dupont. « Légendes du Saint-Laurent ». Cap-aux-Diamants : la revue d’histoire du Québec, n° 22, 1990, p. 11-14
Ce billet a pour but de présenter quelques villages québécois disparus. Nous expliquerons brièvement ce qui a mené à leur disparition et ce qui en subsiste aujourd’hui.
Les opérations Dignité 1970-1972, Bas-Saint-Laurent et Gaspésie
Au début des années 1960, l’Est du Québec, une région relativement défavorisée, est sous la loupe du Bureau d’aménagement de l’Est du Québec (BAEQ), un organisme qui regroupe de nombreux spécialistes désireux de scruter et d’améliorer l’économie de la région. L’une de leurs propositions consiste à fermer carrément certains villages que l’on considère sous-développés et d’inciter leur population à s’établir dans des HLM des centres urbains comme Matane et Rimouski. (source: http://www.uqar.ca/uqar-info/0609/OperationsDignite.asp n’est plus en ligne)
96 villages et communautés non organisés du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie étaient menacés d’être rayés de la carte. 64 400 personnes devaient être déplacées. (Réf).
Comment en est-on arrivé là?
Ces régions étaient en décroissance. Il y avait exode de la population. Les lots étaient souvent impropres à l’agriculture ou bien leur rendement était insuffisant pour vivre décemment. L’accès à l’éducation et aux services de santé était difficile. Les ressources forestières étaient épuisées et les emplois se faisaient rares.
Trois curés, soit Jean-Marc Gendron (Esprit-Saint), Charles Banville (Sainte-Paule) et Gilles Roy (Les Méchins) organisèrent la résistance. Ce mouvement s’appela les Opérations dignités et il y eu trois phases.
Opérations Dignité I à Sainte-Paule en 1970
Opérations Dignité II à Esprit-Saint en 1971
Opérations Dignité III à Les Méchins en 1972
Des villages furent quand même fermés. Disparurent donc:
Sur cette carte de 1954 de la pointe de la Gaspésie, on voit certains des villages qui ont été délocalisés comme Saint-Paulin Dalibaire et Saint-Octave-de-lAvenir
Bibliographie
Témoignage d’un délocalisé (revue Histoire Québec, vol. 1. No.1. Juin 1995)
Les smattes, réalité par Jean-Claude Labrecque, 1972. (extrait)
Le Grand Dérangement de Saint-Paulin Dallibaire, réalisé par Jean-Claude Labrecque (2004)
Bibliographie
HARDY, Thérèse. Mémoires d’une délocalisée. Éditions Parti Pris, Montréal, 1975, 90 pages.
UQAR info. L’UQAR contribue à un centre d’archives sur la ruralité, Page consultée le 21 avril 2011 [n’est plus en ligne].
Gilles Boileau, Réflexion sur les villages du Québec, revue Histoire Québec, Janvier 1999, vol. 4. no 2.
Le magazine Gaspésie a consacré un numéro spéciale aux Opérations Dignité en 2010.
Saint-Ignace-du-Lac, Lanaudière
Voici où était situé Saint-Ignace
Saint-Ignace-du-Lac fut fondé en 1904. Les colons y menaient une vie tranquille et travaillaient d’arrache-pied pour leur subsistance. Cela dura jusqu’en 1931:
À la même période, des compagnies de pâtes et papiers de la Mauricie réclamaient de plus en plus de l’énergie hydroélectrique. La Shawinigan Water & Power Company projeta donc de construire des réservoirs artificiels, afin de stabiliser les eaux des rivières Saint-Maurice et Matawin. (Réf)
On construisit un barrage pour créer le réservoir Taureau. Le village de Saint-Ignace fut donc englouti. Quelques vestiges, au fond de l’eau, témoignent de son existence.
La ville de Gagnon fut fondée en 1960. C’était une ville minière qui se développa grâce à l’extraction du fer par la Quebec-Cartier Mining. La ville ferma en 1984 suite à la baisse du prix du minerai de fer. On rasa presque toute la ville.
Voici à quoi ressemblait Gagnon en 1962-1963.
Bibliographie
Archives de Radio-Canada. Il y a trois reportages sur Gagnon, dont celui-ci.
En 2007, on a aussi même fermé le village de Aylmer Sound, sur la Côte-Nord.
Conclusion
Les considérations économiques et des catastrophes ont fait disparaître des villages au Québec. Les gens sont partis, de leur plein gré ou pas, pour survivre. Heureusement, ces dernières années, on a redécouvert l’histoire de certains de ces villages. Des sites se sont vu attribuer un statut par le gouvernement du Québec, reconnaissant ainsi leur valeur historique. D’autres ont été mis en valeur et sont devenus des sites touristiques. Des documentaires ont été tournés et des articles écrits. N’oublions pas ces villes et villages.