Portrait de Sainte-Justine en 1953

Petite contribution à l’histoire locale: j’ai numérisé et mis en ligne sur le site Archive.org une publication intitulée Programme-souvenir de la campagne d’embellissement organisée par la Chambre de commerce de Ste-Justine comté de Dorchester. Elle a été publiée en 1953 à l’occasion du cinquième anniversaire de fondation de la Chambre de commerce de Sainte-Justine. Cette campagne d’embellissement (utilisation de chaux, plantation d’arbustes, etc), s’inscrivait dans les préparations des fêtes du centenaire de la municipalité qui eurent lieu en 1962. Mais de la campagne d’embellissement elle-même, la publication parle peu. C’est surtout l’histoire de Sainte-Justine et sa vie économique qui est mise en avant-plan.

programme

Programme-souvenir de la campagne d’embellissement organisée par la Chambre de commerce de Ste-Justine comté de Dorchester https://archive.org/details/comiteembellissementstejustine

Cette publication contient un court historique de la municipalité ainsi qu’une brève présentation des paroisses environnantes. Vous y verrez quelques photographies montrant les églises ainsi que le centre civique. Quelques documents historiques ont été retranscrits comme par ex. une pétition envoyée au gouvernement pour l’érection de la municipalité signée par nos pionniers.

Ce qui fait le charme de cette publication est la présence de plusieurs annonceurs locaux: le docteur Fontaine, le magasin général de Joseph Sirois, le Cercle des Fermières, le Bon Gîte, la Caisse populaire, plusieurs commerces de Lac-Etchemin, etc.  Il y a aussi des annonceurs de Bellechasse, Dorchester, Beauce et même Québec (Maurice Pollack). Bien sûr, il y a une publicité de Cola-Cola (p. 42) et des petits gâteux Vachon de Sainte-Marie (p.43). On remarque que les numéros de téléphone étaient composés de seulement deux, trois ou quatre chiffres.

À noter que l’avocat Robert Perron de la p.48 est le futur député progressiste-conservateur de Dorchester (1953-1957) et qu’à la page 8, il y a un texte signé par J.-D. Bégin, député de Dorchester et ministre de la Colonisation dans le gouvernement Duplessis.

Que de souvenirs!

Glissement de terrain à Notre-Dame de la Salette [26 avril 1908]

On sait que dans la nuit du 4 au 5 mai 1971, il y a eu un glissement de terrain à St-Jean-Vianney (31 morts). Mais saviez-vous que le glissement de terrain le plus meurtrier du 20e siècle au Québec s’est déroulé le 26 avril 1908 à Notre-Dame-de-la-Salette et qu’il a fait 33 morts (37 selon certaines sources)? Voici comment la Patrie du 27 avril 1908 a rapporté l’évènement.

Une de la Patrie, 27 avril 1908

Buckingham., 27. Samedi soir, le coquet petit village de Notre-Dame de la Salette s’est endormi, comme à l’ordinaire, dans le calme et la tranquilité.

Les eaux de la Lièvre qui coulait au bas de la berge taillée à pic étaient grossie par la fonte de la neige, mais pas plus qu’à l’ordinaire, à cette époque de l’année. La rivière charriait de la glace, mais la crue des eaux donnait un passage libre aux glaçons. Tout était donc à l’état normal, lorsqu’une par une, les lumières s’éteignirent dans les petites maisons de ferme et que la nuit s’étendit sur le village.

A QUATRE HEURES

du matin, dimanche, les habitants furent éveillés par un sourd grondement comme le bruit du tonnerre. En même temps, le sol oscilla et les maisons sursautèrent. Brusquement, arrachés de leur sommeil, muets de terreur, les habitants écoutèrent et attendirent, se demandant si ce n’était pas la fin du monde.

Du côté de la rivière, le bruit sourd continuait de se faire entendre, augmentant la confusion des gens. Puis, le bruit cessa  et tout rentra dans le silence le plus absolu.

Soudain, l’on entendit un craquement terrible, non plus du côté de la rivière, mais au centre même du village. Il y eut comme une poussée dans l’air et un sifflement comme le bruit d’un cyclone.

OU ÉTAIENT CES MAISONS?

Les villageois s’élancèrent dehors et s’aperçurent que la moitié du village était disparue et que là ou était la côte coulait un impétueux torrent. Là où étaient les fermes et leurs dépendances, s’élevaient des pyramides de glace que les flots tourmentés de la Lièvre assaillaient de toute part.

Quatorze maisons de ferme étaient disparues. Qu’étaient devenus les habitants? Où étaient les quarante personnes qu’abritaient ces maisons? Il n’y avait pas un être vivant dans cet amoncellement de ruines.

[…]

L’EBOULEMENT

Sur l’autre rive de la rivière, là où il y avait une côte de quarante pieds de hauteur, et sur laquelle était située la ferme de Camille Lapointe,  il n’y avait plus qu’un trou béant. La ferme, la maison et ses dépendances avaient tout simplement été précipitées dans la rivière et projetée de l’autre côté. Alors, la glace s’est amoncelée et forma un barrage de trente-cinq a quarante pieds de hauteur, l’eau s’élevant de plus en plus.

Le village étant situé dans une petite baie couronnée de hautes collines. C’étaient [sic] la partie la plus basse du sol de la région, et comme les eaux de la rivière devaient se trouver une issue, elles débordèrent, entraînant une masse terrible de glace sur le petite hameau.

Une quinzaine de maisons furent englouties et tous  ceux qui les habitaient ont péri. Il n’y eut pas d’appel au secours. En un instant

TOUT ETAIT CONSOMME

Comme un immense raz de marée les flots s’élancèrent dans la rivière au-dessous, et s’étant forcé un chenal autour de dix arpents de terre qui formaient le barrage, la rivière baissa jusqu’à ce qu’elle atteignit un niveau d’environ douze pieds plus élevé que celui de samedi.

[…]

La rivière du Lièvre est large de 100 pieds à cet endroit. Les maisons sont réparties des deux côtés. Du côté ouest, la falaise atteint une hauteur de 40 pieds contre 10 pieds du côté est. A quatre heures hier matin, sur une longueur d’environ un demi-mille, la terre s’est écroulée dans la rivière, engloutissant deux maisons. Le déplacement de l’eau a rejeté les banquises de glace de la rivière sur l’autre rive, une inondation s’est produite, et la glace, projetée avec violence contre les maisons en a détruit 11.

LA CAUSE

du désastre est la formation géologique de la falaise, qui repose sur un lit d’argile et de sable. Les sources qui viennent prendre naissance en-dessous minent le sol peu a peu.

La plupart des victimes ont été inhumées le 28 avril 1908. Voici les noms que j’ai pu retrouver en consultant les actes de la paroisse.

  • Alexina Lamoureux, femme de Napoléon Charron et ses enfants, Amanda, quatre ans, Adélard, trois ans et William Charron, sept mois.
  • Rose Anna Charron (inhumée le 24 juin), 31 ans, femme d’Augustin Larivière et ses enfants Camille, 10 ans, David,  Emma, six ans, Rose, deux ans et  Albert, onze mois
  • Georges Morissette, 10 ans, fils de Louis et de Sophie Deslauriers.
  • Cléophas Deslauriers, 34 ans et sa femme, Célina Paquin, 35 ans ainsi que leurs enfants, Damien, 11 ans et Wilfrid, huit ans et Albert, sept ans, Lucien, cinq ans, Béatrice, trois ans (inhumée le 5 juin) et Alice, six mois.

Cléophas Deslauriers et Célina Paquin, La Patrie,30 avril 1908
  • Emilie (Emélie) Labelle, 75 ans, veuve d’Emmanuel Lapointe.
  • Daniel Lapointe, 19 ans, Eddy, 14 ans, Arthur, 12 ans, Angus, neuf ans et Henri Lapointe, sept ans, fils de feu Camille et de Christian (Christina) McMillan
 A ma connaissance, Christiane (Christina) McMillan, veuve de Camille Lapointe, a survécu. La Patrie, 28 avril 1908
  • Alesina Légaré, 30 ans, femme de Joseph  Murray (corps non retrouvé) et ses fils Arsidas,10 ans, Wilfrid, neuf ans (inhumé le 3 juin) et ses filles, Florida, sept ans et Anna, cinq ans (inhumée le 28 mai)
  • Adélard Murray, 30 ans, fils de François et de Louise Gagnon
  • Emélie Gravel, 39 ans, femme de Paul Desjardins et leur fils Elias, 6 ans
  • Florimond Desjardins, 13 ans fils de Paul et Alphonsine Mallette (beau-fils de la précédente?)

Une communauté décimée.

Bibliographie

La Patrie 27, 28, 29 et 30 avril 1908

Bilan du siècle [En ligne] Glissement de terrain à Notre-Dame de la Salette [Page consultée le 15 avril 2012]. Adresse URL

Ressources naturelles Canada. [n’est plus en ligne] L’Atlas du Canada Glissements de terrain [Page consultée le 15 avril 2012].

Sécurité publique Canada. [n’est plus en ligne] Glissements de terrain et avalanches importants des XIXe et XXe siècles [Page consultée le 15 avril 2012]

Ressources naturelles Canada. [n’est plus en ligne] ELes glissements de terrain [Page consultée le 15 avril 2012]

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Le tremblement de terre du 20 octobre 1870

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Connaître l’histoire de nos ancêtres: deux ressources

Je vous présente aujourd’hui deux ressources qui vous permettront peut-être d’en savoir plus sur vos ancêtres.

1. Grandes Familles du Québec de Louis-Guy Lemieux

Louis-Guy Lemieux a rédigé pour le journal Le Soleil de Québec des textes sur 30 des patronymes les plus courants dans le territoire desservi par ce journal. Nous parlons donc de la région de Québec, Chaudière-Appalaches, le Bas-Saint-Laurent, Charlevoix, le Saguenay-Lac-St-Jean et la Côte-Nord. Ces textes ont été publié entre 2003 et 2005.

Le livre Grandes familles du Québec reprend ces textes, avec quelques informations supplémentaires. Ainsi, Louis-Guy Lemieux relate l’histoire des ancêtres dont les descendants ont contribué à peupler le Québec et le reste de l’Amérique. Dans certains cas, le nom a été transmis grâce à plusieurs ancêtres (les Roy auraient plus de 28 ancêtres!). Certains patronymes ont évolué dans leur graphies ou ont tout simplement été supplantés par un surnom. Pensons à certains Gagnon qui sont devenus des Belles-îles ou Belzile. Certains noms se sont anglicisés lors de l’exode des Canadiens Français vers les États-Unis. Ainsi, des Morin sont devenus des Moore.

Chaque chronique se termine avec une courte biographie des personnes émérites qui porte le nom de famille dont il est question. On retrouve aussi dans cet ouvrage aussi des photographies de descendants, des lieux où les ancêtres ont habité, en Nouvelle-France comme en France et des monuments ou plaques qui transmettent leur mémoire.

Liste des patronymes présentés: Tremblay, Gagnon, Bouchard, Côté, Fortin, Roy, Pelletier, Lavoie, Gagné, Morin, Ouellet, Bélanger, Lévesque, Girard, Poulin, Simard, Gauthier, Bergeron, Caron, Beaulieu, Dubé, Fournier, Savard, Lachance, Paquet, Lessard, Lapointe, Cloutier, Dufour et Nadeau.

Page Grandes familles du Québec, Éditions Septentrion: cliquez ici

2. Nos ancêtres

Le centre de généalogie francophone d’Amérique a mis en ligne un répertoire intitulé Nos ancêtres. Pour chaque ancêtre, on retrouve une biographie et diverses informations comme les variantes du patronyme. La dernière mise à jour semble dater de 2006. De nouvelles informations ont pu être découvertes depuis par les généalogistes et les historiens.

http://www.genealogie.org/ancetres/gen0.htm

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