La maladie des sauteurs du Maine

Dans un article dont la traduction française a été publiée en 1881, Georges Miller Beard décrivit une curieuse maladie observée au Maine, la maladie des sauteurs du Maine (en anglais, Jumping Frenchmen of Maine). Elle affectait des canadiens-français (des Beaucerons, selon certaines sources) ou des gens d’origine canadienne-française. L’hypothèse de Beard est qu’il s’agissait d’un désordre neurologique. Par la suite, des chercheurs ont affirmé que cet état était le résultat des conditions de vie de ces gens.

Pour finir, voici comment Beard a décrit ce syndrome:

Il y a environ deux ans, un de mes amis m’appris que dans le Maine du Nord et en particulier dans la région de Moosehead Lake, il y avait une certaine classe d’individus présentant les phénomène nerveux les plus incroyables.

Dans le langage de paysan, on les appelait  »Sauteurs » ou  »Français sauteurs », car il était d’opinion courante que tous descendaient de Français ou de Canadiens. Après m’être munis de tous les renseignements nécessaires auprès des personnes les ayant déjà observés, je partis visiter Moosehead Lake en compagne du Dr. E. Stewe. Deux «sauteurs» étaient employés à l’hôtel où je descendis. Voici les expériences que je fis sur l’un deux, jeune homme de vingt-sept ans:

1. Pendant qu’assis sur une chaise, il coupait son tabac, je m’approchai de lui et le frappant subitement sur l’épaule, je lui dis : «Jette-le». Aussitôt il lança son couteau qui alla se planter dans une porte vis-à-vis et en même temps répéta mon ordre «Jette-le» avec une expression particulière de terreur et d’alarme.

2. Un moment après, pendant qu’il bourrait sa pipe, je lui touchai légèrement l’épaule en lui disant «Jette-là». Aussitôt, il jeta au loin pipe et tabac.

3. Il se tenait auprès d’un des employés de l’hôtel. «Frappe-le» lui fut-il commandé et aussitôt il le frappa violemment au visage. Je le fis venir dans une chambre, et là, dans le silence du cabinet, je lui exposait l’objet de ma visite. Je l’interrogeai en outre sur ses antécédents et sur ce que sa propre expérience de lui-même pouvait lui avoir appris. Pendant notre conversation, je le touchai  légèrement sans qu’il s’en aperçut et chaque fois il fit des mouvements d’épaule ou lança le bras en avant; et bien que je l’eusse averti que j’étais l’auteur de ces tracasseries, il en put éviter à chaque fois de faire ces mouvements assez accentués.

[…]

Ils ont aussi peu de puissance sur eux-mêmes que les hystériques et les apoplectiques, sinon moins, et sont les esclaves  absolus des ordres qu’on leur donne ou des farces qu’on leur joue; ils font ce qu’on leur dit, dussent-ils se tuer ou tuer d’autres personnes. Un bruit, quel qu’il soit, fort et soudain, les fait bondir ou crier […] Tous disent que ce la les fatigue de sauter beaucoup; qu’ils se trouvent après ces séances, mal à leur aise, épuisés et nerveux; aussi évitent-ils avec soin toutes les causes d’irritation; et, après une longue période de calme, sont mieux portants et réagissent beaucoup moins, étant alors moins excitables.

Source: Archives de neurologie, Revue trimestrielle des maladies nerveuses et mentales volume 2, Paris, 1881, p. 146-150.

Bibliographie

Alasdair Wilkins. The Jumping Frenchmen of Maine is history’s most startling mental disorder, Adresse URL: http://io9.com/5893214/the-jumping-frenchmen-of-maine-is-historys-most-startling-mental-disorder (lien partagé par Franco-American Collection at the University of Southern Maine sur Facebook)

Wikipedia. Jumping Frenchman of Maine. [Page consultée le 18 mars 2012]. Adresse URL http://en.wikipedia.org/wiki/Jumping_Frenchmen_of_Maine

Bakker M.J. et Tijssen M.A.J. Culture-specific startle syndromes Adresse URL: http://dare.uva.nl/document/136129

Billets reliés

Le Maine Memory Network: la mémoire des francophones du Maine

Remèdes miracles de l’ancien temps: quelques publicités

Le Traité élémentaire de matière médicale et guide pratique des Soeurs de Charité de l’Asile de la Providence [1870]

Revues Cap-aux-Diamants, Continuité et Histoire Québec disponibles sur Erudit

Grosse-île, station de quarantaine 1832-1937

Grosse-Ile est une île située au milieu du fleuve Saint-Laurent. Elle fait partie de l’archipel de l’Isle-aux-Grues.

1832. Depuis quelques années, le choléra fait des ravages en Europe. En guise de protection contre cette maladie, le gouvernement canadien ordonne la mise sur pied de la station de quarantaine de Grosse-île. Les immigrants provenant d’Europe devaientt, pendant 40 jours, y rester sous observation et recevoir des soins médicaux, si nécessaire. On espérait ainsi éviter la contagion. Jusqu’en 1937, Grosse-île a servit de station de quarantaine.

One day I shall be free

Grosse-île par Philofoto (Flickr)

Grosse-île est maintenant un site historique que vous pouvez visiter. Plusieurs bâtiments témoignant de son passé sont encore debouts. On y fait l’interprétation  »de l’immigration canadienne via le port de Québec, de la tragédie irlandaise de 1847 et du dévouement exceptionnel des gens qui y ont travaillé ».

Le site internet de Grosse-île vous donne un aperçu de ce que l’on peut voir sur cette île. La section Histoire est à visiter. On y retrace les moments marquants de l’histoire de la station de quarantaine (qu’on pense à 1847 où plusieurs dizaines de milliers d’Irlandais fuient la Grande famine). On y voit des photos d’archives. En fait, on a l’impression de feuilleter un vieil album photo.

Toujours dans la section Histoire, à gauche de l’écran, cliquez sur Visite virtuelle. Une carte de l’île va apparaître. Vous cliquez sur le point de votre choix et une photographie ainsi qu’une description de la fonction du bâtiment/lieu apparaît. Je vous conseille de zoomer pour mieux voir les bâtiments de l’ile.

Adresse: http://www.grosseile.ca/memorial-quarantaine-384-accueil.php

Complément:

Site de Parcs Canada: http://www.pc.gc.ca/lhn-nhs/qc/grosseile/index_f.asp

Billets reliés: