Le tricentenaire du mariage de Guillaume Couillard avec Marie Hébert [1921]

L’Action catholique, 27 août 1921

ANNIVERSAIRE D’UN MARIAGE D’IL Y A 300 ANS
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ON A CELEBRE HIER, À QUEBEC, LE 3E CENTENAIRE DU MARIAGE DE GUILLAUME COUILLARD AVEC MARIE HEBERT
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Québec a célébré, hier, un troisième centenaire qui rappelle l’arrivée du premier colon Louis Hébert, et principalement le mariage de sa fille Marie Guillemette Hébert avec Guillaume Couillard de Lespinay.

Les descendants de ces deux familles n’ont pas voulu laisser passer l’année 1921 sans honorer de quelque manière ce centenaire d’un fait historique qui parque [sic] le commencement de la colonie.

Environ deux cents descendants de ces familles se sont réunis, hier, à Québec et ont fêté cet événement principalement par une cérémonie religieuse. Dans la chapelle des Révérendes Soeurs du Bon Pasteur, M. l’abbé A. Couillard Després a chanté, devant une nombreuses assistance, une grand’messse d’actions de grâces pour commémorer le 3ième centenaire de ce mariage.

Le sermon a été donné par le R. P. Marie-Antoine, franciscain, dont le texte se trouve en page intérieure.

Dans l’après-midi, tous les descendants de la famille Couillard-Hébert se sont rendus sur la place de l’Hôtel de ville, où des gerbes de fleurs furent déposées au pied du monument, l’une par l’Hon. Caron, au nom des cultivateurs de la Province de Québec, la deuxième par les descendants de la famille, et une troisième par les Soeurs de l’Hôpital de l’Hôtel-Dieu.

L’abbé Couillard-Després remercia tous les assistants de leur patriotisme, puis la foule se dispersa.

Billets reliés

Les fêtes du tricentenaire de Québec en images (1908)

Des saisons en Nouvelle-France

Tout un charivari à Montréal! [1823]

La terre a tremblé en Nouvelle-France (5 février 1663)

Une femme condamnée à réintégrer le domicile conjugal [Montréal, 1920]

La Patrie, 23 avril 1920

LA FEMME DOIT SUIVRE SON MARI PARTOUT OU IL VEUT RESIDER
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Le juge Coderre énonce ce principe en contraignant  »manu militari » s’il le faut, une épouse à réintégrer le DOMICILE CONJUGAL

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L’épouse devra réintégrer le domicile de son époux, et s’il le faut, elle y sera contrainte manu militari.

Ainsi en a décidé, ce matin, l’honorable juge Coderre, siégeant en cour de Pratique, dans la cause de Damien Durivage contre Clarilda Forges. Il s’agit d’une action par laquelle le mari veut forcer sa femme à venir résider avec lui à Montréal.

Le 18 décembre 1916, celle-ci a abandonné le domicile conjugal et est allée demeurer sans raison valable chez son père où elle demeure encore dans la province d’Ontario.

Son mari a toujours tenu à son égard une conduire irréprochable à titre d’époux que de chef de famille et lui a fourni les choses nécessaires à la vie suivant ses moyens et sa conditions sociale.

Il tient feu et lieu à Montréal et il est prêt à la recevoir à son domicile.

Les démarches qu’il a fait pour la faire réintégrer le domicile conjugal sont demeurées inutiles jusqu’à ce jour.

La cour a disposé de la cause de la manière suivante:
 »Vu l’article 175 du code civile qui fait à la femme une obligation d’habiter avec son mari et de le suivre partout où il juge à propos de résider.

 »Ordonne à la défenderesse de réintégrer le domicile conjugal, à y demeurer et à vivre comme sa femme et ce dans un délai de 15 jours à compter de la signification à elle faite d’une copie du présent jugement: l’a déclaré déchue de son droit d’exiger du demandeur des sources alimentaires et en outre permet au demandeur de recourir à la contrainte par corps (manu militari) pour forcer la défenderesse à revenir au dit domicile conjugal; le tout avec dépens. »

Billets reliés

Conduite sacrilège [Québec, 30 octobre 1885]

Il ne paiera pas les dettes de sa femme [1871]

Le charivari [ou comment déranger les nouveaux mariés]

Petites histoires immorales [juin 1891]

Une rubrique des naissances, mariages et décès pas banale [1817]

Le divorce [1914]

Pour vous mesdames, mars 1914

ENTRE VOUS ET MOI

Pour la première fois, au Canada, le parlement fédéral a été appelé à légiférer sur le divorce. C’est M. Northrop, de Hastings, qui a invité la chambre à se prononcer sur la question, et c’est M. Burnham, un célibataire – on devait s’y attendre – qui a donné le premier croc-en-jambe au projet de loi: » Puisque tu y est, restes-y; fallait pas t’embarquer dans cette galère », semble dire M. Burnham triomphalement aux gens mal mariés.

Je suppose que son geste fera se tendre vers lui des poings menaçants. Présentement, au Canada, le divorce est un privilège réservé aux riches; mais qu’il soit une loi égalitaire ou une faveur ad valorem, il existe, et puisqu’il existe, autant vaut le légaliser par un décret. Après cela, ce sera dans le mariage comme dans la chanson:

Ceux qui voudront y rester resteront,
Ceux qui voudront s’en aller s’en iront…

Tenez, je m’imagine voir déjà se renouveler ici l’exode qui se produisit, du sud au nord des États-Unis, lors de l’abolition de l’esclavage. Quel déménagement, mes amis, et quelles surprises. Avec l’indissolubilité du mariage, ceux qui sont mal pris se disent, sans doute:  » Mieux vaut sauver les apparences, puisqu’on ne peut en sortir » – quand on n’a pas ce que l’on aime, on fait parfois semblant de chérir ce que l’on a; – mais une fois la barrière ouverte, foin de tous les préjugés et de toutes les considérations.

Pourtant, vous seriez trop naïfs de croire que l’indissolubilité du mariage peut retenir dans le devoir un homme dépourvu de sens moral ou une femme révoltée. N’a-t-on pas également tort de crier que le divorce serait la faillite du mariage? Je crois, au contraire, que beaucoup de ceux qui n’osent courir le risque d’un contrat à vie, tenteraient l’aventure, s’ils entrevoyaient une échappatoire, dans le cas d’une méprise. Un grand nombre de célibataires redoutent le mariage comme la mort, parce que lorsqu’on y est entré on ne peut plus en sortir.

Pour ma part, je ne serais pas fâché de voir légaliser le divorce, afin qu’il fût possible, enfin, de pouvoir vérifier la véracité de cet adage:  »Il y a plus de mariés que de contents », je suis curieux de naissance et statisticien par métier…Mais voyez à quelle impasse cela peut conduire d’être curieux et statisticien: voici que certaines déductions m’amènent à la conclusion que l’existence de la race canadienne-française serait fort en danger le jour où elle accepterait le divorce. Vous me comprenez, n’est-ce pas? Quand les foyers ne seront plus que temporaires, il ne serait pas sage de les encombrer d’héritiers, car cette sorte de richesse pourrait nuire à des établissements subséquents et prévus…

Tenez, ces considérations et celle de tous les petits malheureux que le hasard des séparations laisserait sans toit me ramènent à la conviction qu’il vaut encore mieux se marier à l’ancienne mode, avec l’illusion qu’on saura s’aimer toute la vie. Vous savez, quand toutes les illusions sont mortes, il reste toujours l’habitude et la résignation. Et si un jour, le divorce est consacré par la loi, chez nous, les Canadiennes-Françaises s’abstiendront parce qu’il est une chose plus noble encore que la résignation à l’inévitable, c’est le sacrifice volontaire.

Mais en attendant, M. Burnham me paraît bien chançard.

Théodore FRANCOEUR

Billets reliés

Les femmes parfaites [1905]

L’épouse de ses rêves [1936]

De l’éducation des filles [1896]

Les commandements de la ménagère [1906]

Neuf règles conjugales [1930]

Une rubrique des naissances, mariages et décès pas banale [1817]

La  rubrique des avis de naissances, mariages et décès de l’Aurore du 18 octobre 1817 est loin d’être banale.

D’abord, nous avons le mariage de Mr. Joseph St. Onge, âgé de 19 ans, à Madame Veuve Edge (Marie-Angélique Hardy), âgée de 54 ans et 6 mois. On peut voir l’acte de mariage ici.

Ensuite, on annonce le mariage d’Hughes Heney avec  »l’aimable » demoiselle Léocadie, fille de l’hon. L.C. Foucher, juge. Le propriétaire de cet exemplaire du journal a noté »l’aimable demoiselle devient diabless et semblable à la femme de sa … » Comment se termine la phrase, à votre avis?

Et pour terminer, on annonce que Josephte Daigle, 64 ans!, épouse d’Augustin Jembro, de St-Ours, a donné naissance en septembre à des jumeaux.

Comme quoi, il faut toujours lire la rubrique des naissances, mariages et décès.

aurore18octobre1817

Billets reliés

Tout un charivari à Montréal! [1823]

Le charivari [ou comment déranger les nouveaux mariés]

Dites-le avec une carte…

Petites histoires immorales [juin 1891]

Tout un charivari à Montréal! [1823]

Le Canadien, 11 juin 1823

Montréal, 4 juin 1823

CHARIVARI- Cette coutume ridicule et barbare que nous attendions à ne plus voir déshonorer les rues de Montréal, a été remise en vigueur depuis une quinzaine de jours, et quelque innocent que puisse la supposer certaines personnes, elle a eu cette fois-ci les conséquences les plus fatales. A l’occasion de deux mariages qui ont eu lieu dernièrement, un nombre d’individus marqués, vêtus de la manière la plus grotesque et armés, ont couru par les rues de la ville, toutes les nuits, à pieds et à cheval, criant et hurlant, à la grande nuisance de tous les citoyens paisibles, et particulièrement des parties à qui l’on faisoit le Charivari, et qui auroient sûrement désirer passer d’une manière plus convenable le premier mois de mariage, ou ce que les anglois appellent la  »Lune de Miel, » (the honey-moon.)

Malheureusement, suivant ce qu’on nous rapporte, Lundi au soir, on tira de l’une des maisons des nouveaux mariés, sur les gens du Charivari; ceux-ci ripostèrent, et brisèrent à coups de pierre les fenêtres et les chassis et firent encore d’autres dégats. Un domestique de la famille, qui étoit sorti pour son malheur, reçu un coup de fusil dans le corps, et mourut au bout de quelques heures dans les plus grandes souffrances, laissant une femme et sept enfans pour déplorer son malheureux sort. Un matelot, qui n’étoit que simple spectateur est mort aussi hier avant midi de la suite d’un coup de feu. Plusieurs autres, nous dit-on, sont blessés, et quelques-uns très dangereusement. Hier au soir, on s’attendoit que le charivari n’auroit pas lieu, attendu qu’il avoit été menacé de l’intervention du militaire. Néanmoins, entre onze heures et minuit, une multitude armée, mais non habillée en charivari, se rendit à la maison, enfonça les portes, et termina l’oeuvre de la destruction en brisant les meubles et les jetant dans la rue par les fenêtres. Elle fut toute dispersée avant l’arrivée des troupes qui avoient à venir de l’autre extrémité de la ville.

Nous ne coucherons pas ici sur le papier les réflexions auxquelles doivent donner lieu des scènes comme celles que venons de décrire; elles se présentent naturellement à quiconque est ami de la paix et du bon ordre; mais notre police n’est-elle pas blâmable de n’avoir pas pris des mesures pour arrêter ces troubles dans le principe, quand il est connu que, comme la boule de neige acquiert de la grosseur en roulant, le charivari augmente toutes les nuits en nombre et en violence, tellement qu’au bout d’un certain tems il devient difficile d’y mettre fin. – Gaz. Candienne

L’infortuné qui a perdu la vile dans cette affaire est John Swail, homme d’un excellent caractère, et qui avoit été une partie du soir même dans la maison d’où l’on a tiré dans la rue. – Canadian Times

Jeudi dernier, le coronaire a tenu une enquête sur le corps de Swail, et nous apprenons qu’après des perquisitions soigneuses le jury a fait rapport de meurtre volontaire contre l’un des intéressés comme principal, et contre l’autre comme son complice. Nous nous abstenons pour le présent de les nommer. – Mont. Gaz.

Les troupes font la patrouille toutes les nuits dans les rues depuis cette affaire. – Canadian Courant.

Pour en savoir plus sur le charivari, lisez ‘Charivari et justice populaire au Québec’ de René Hardy (Septentrion).

Billets reliés

Le charivari [ou comment déranger les nouveaux mariés]

Concours ouvert à tous les célibataires [Joliette, 1896]

Qu’est-ce qu’un vire-chiens?

Site internet: Le patrimoine immatériel religieux du Québec

L’époux rêvé [1936]

Voici un des commentaires publiés dans L’Action catholique, 10 octobre 1936 sur le thème du mari idéal.

L’EPOUX RÊVÉ

Bien près de cinquante jeunes filles ont déjà répondu à notre appel en nous décrivant l’époux de leurs rêves. Il est évidemment impossible de publier toutes ces réponses bien que toutes méritent les honneurs de la publication. Au hasard, nous en trions encore trois de la gerbe en attendant de rédiger la synthèse promise.

Si le sujet intéresse d’autres lectrices, nous les prions de se hâter à nous faire part de leurs rêves…

FRANÇOISE MICHEL
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[…]
LE VOICI DE PIED EN CAP

Il est beau, visage viril, grands yeux bleus profonds, où l’on peut lire un mâle courage; cheveux très noirs, légèrement ondulés; teint clair, annonçant une robuste santé et un mot, un physique parfait.

Il est suffisamment riche pour entourer sa chère épouse de toute le confort moderne, lui apportant, comme premier don, une grande et jolie résidence, qui sera un véritable nid douillet pour abriter sa nombreuse progéniture, car des enfants, il en faut beaucoup, beaucoup, pour égayer le foyer.

Il faudra bien aussi une auto pour madame, qu’elle conduire elle-même; on vole plus facilement à son gré avec ses propres ailes!

Le marié idéal rêvé sera profondément chrétien, se rendant assidûment aux offices de sa paroisse, qu’il chérit à l’égal de sa famille. Il devra élever ses enfants en catholiques convaincus.

A ses heures, il sera artiste et musicien. Il aimera beaucoup un tête-à-tête avec sa chère moitié dans un paysage enchanteur, et, par-dessus tout, les joyeuses fêtes familiales.

Fin causeur, il se plaira aux réunions mondaines auxquelles l’exposera sa profession; car – voilà mon secret- pour être une femme heureux, il faut être l’épouse d’un riche professionnel, beau et foncièrement intellectuel.

Or, donc, si le modèle décrit existe, qu’il se présente sans crainte à

 »Belle Maman »

Billes reliés

L’épouse de ses rêves [1936]

Neuf règles conjugales [1930]

Le meurtre d’Achille Taché, seigneur de Kamouraska (31 janvier 1839)

Conduite sacrilège [Québec, 30 octobre 1885]

L’épouse de ses rêves [1936]

Mesdames, prenez des notes!

L’Action catholique, 26 septembre 1936

L’EPOUSE DE SES REVES

Un  »moins de trente ans » fut récemment questionné sur l’épouse de ses rêves. Ecoutez, jeunes filles mes soeurs, tout ce qu’il révéla sur les exigences matrimoniales de la jeunesse masculine moderne.

-Quel est votre idéal de femme? lui fut-il demandé?

– Je désire une femme jolie et coquette (au sens où l’entend l’auteur de l’Introduction à la vie dévote); une femme cultivée parce que je considère que la culture est indispensable à la femme, qu’elle est pour elle et les siens une force immense. La vraie culture, ce n’est pas celle qui donne des clartés de tout et n’approfondit rien, mais celle qui tend à une formation solide du jugement et de l’intelligence, à faire connaître la substance même des idées et des choses, à se réaliser pleinement soi-même, c’est pourquoi j’aimerais tant une intelligence très féminine; une intelligence intuitive, compréhensive, logique, divinatrice, d’une subtilité qui affine la nôtre, la complète; de cette intelligence-là, voyez-vous, Madame, l’homme ne peut se passer, car elle seule permet les délicieux échanges; un jour, elle nous ramène vers le concret, l’observation des faits, les applications pratiques; le lendemain, elle nous ouvrira dans le domaine de la pensée, de la philosophie surtout, des horizons immenses; il est curieux de constater comme la femme évolue à l’aise dans ce domaine; tout le génie de la femme réside dans les antennes mystérieuses de son intuition et dans la valeur de son jugement. Ah! le jugement! Dieu me préserve d’une femme qui en manque! d’une femme sans bon sens, fantasque, étourdie.

Je ne veux pas dominer ma femme, je ne suis pas un sauvage, je la délivrerai même du serment d’obéissance!

Je voudrais la protéger et, en même temps, m’appuyer sur elle. Je la voudrais, à la fois, forte et faible ayant une personnalité accentuée et une heureuse douceur; je voudrais qu’elle m’apporte tout ce qui me manque, qu’elle m’achève, qu’elle me fasse donner mon maximum.

Je ne conçois pas, ajouta cet exigeant spécimen masculin, une femme qui ne serait ni bonne, ni dévouée. En un mot, je voudrais un trésor, car elle devra être un exemple vivant pour nos enfants. Une femme comme cela, j’en aurais un tel soin!

Je n’ignore point non plus que, pour être vraiment accomplie, ma femme devra être bonne ménagère. Mais, cette science est innée chez la femme. D’ailleurs, point n’est besoin d’être bien malin pour y être expert quand on est femme. Ce qui doit être intolérable, par exemple, c’est d’avoir une épouse qui ne parle que du prix des denrées du caractère de la bonne, des nettoyages. Non, tout, excepté une femme pot-au-feu.

La femme de mes rêves n’aura pas besoin de dot… dit négligemment ce  »moins de trente ans ».

Photographie | Femme avec une machine à laver, Montréal, QC, 1925 | VIEW-23289

Femme avec une machine à laver, Montréal, QC, 1925

Il vaut mieux une femme capable, qui sache équilibrer un budget, qu’une autre qui dépensera vingt fois les revenus de sa dot et n’aura pas idée de la valeur de l’argent. Non, nous ne tenons pas exclusivement à la dot; ce à quoi nous tenons, c’est à avoir : 1. une situation qui nous permette de rendre la vie agréable à la femme que nous aimons; 2. – une femme qui aime la vie simple. Aucun de nous ne veut une poupée; nous voulons tous une vraie femme qui augmente notre valeur.Et puis, en riez pas, c’est beaucoup plus grave parce que le problème religieux nous préoccupe tous, et qu’il faut pouvoir en causer avec une femme qui ne soit pas une bigotte confite dans des dévotions de second ordre, mais une croyante qui sache dire lorsqu’on le lui demande pourquoi elle croit et, au besoin, dissiper parfois les doutes qui peuvent nous traverser; la foi du charbonnier, aujourd’hui, ne suffit plus; d’abord les charbonniers n’en ont plus, et puis les croyances sont si discutées que la mère de nos enfants a besoin plus que jamais de savoir réfuter l’erreur; pour cela, il faut qu’une femme soit très instruite des choses religieuses, car si l’exemple d’une foi vécue est d’un exemple contagieux, la raison, chez l’homme, prime toujours le sentiment, surtout dans les problèmes que nous considérons toujours comme les plus grands des problèmes intellectuels. Je crois que c’est Maritain d’ailleurs qui a dit dans la Primauté du Spirituel: Dieu aime l’Intelligence; néanmoins que de femmes très intelligentes dans tous les domaines, sont stupides dans celui de leur foi.

Et voilà, jeunes filles mes soeurs, ce qui semble bien être l’épouse idéale, non pas seulement de ce jeune homme, mais encore de ceux de son temps, de son âge, de sa culture morale, de sa formation intellectuelle.

Comme moi, j’en suis sûre, vous le trouverez exigeant et vous vous demanderez, avec une certaine anxiété, ce qu’ils pourraient, lui et tous ceux qui lui ressemblent, ce qu’ils pourraient offrir en retour de tant de qualités et de charmes féminins.

Car, enfin, le mariage n’a pas été institué pour le seul bonheur de l’époux; l’épouse, elle aussi, a droit au bonheur… Il serait injuste et cruel qu’elle donne sans cesse sans ne jamais rien recevoir. Aimer c’est se donner, se dévouer, au besoin se sacrifier. La femme ne doit pas être seule à vivre la devise de l’amour…

Si vous le voulez, mes amies, dites-mois donc, à votre tour, quel serait l’époux de vos rêves. Je prendrais un plaisir fou à transmettre vos… exigences à la jeunesse masculine par trop exigeante.

Allons! vite, écrivez-moi.

Françoise Michel.

Demain, on donne la parole aux dames.
Billets reliés

De l’éducation des filles [1896]

Concours ouvert à tous les célibataires [Joliette, 1896]

Cette classe d’individus inutiles [1905]

Une histoire de bigamie [1869, St-Thomas de Pierreville]

Le charivari [ou comment déranger les nouveaux mariés]

Concours ouvert à tous les célibataires [Joliette, 1896]

Comment se trouver un mari? Certaines utilisent des moyens plutôt originaux…

Extrait de l’Etoile du Nord, 24 septembre 1896

CONCOURS OUVERT À TOUS LES CELIBATAIRES

Une assez jolie brunette, active, intelligente, d’un caractère jovial, bonne ménagère déjà, et ayant à ajouter à tous ces avantages personnels, un petit capital de $500,00 désire se marier.

Pour de plus amples informations, les intéressés n’auront qu’à faire parvenir un petit billet en conséquence à l’adresse suivante: X. Z. bureau de L’ETOILE DU NORD, Joliette, P.Q.

Avis est donné que la photographie des signataires est expressément exigée. Cette condition est d’une importance capitale et il faudra la remplir si l’on tient à courir la chance d’être appelé à signer un avantageux contrat de mariage.

La lutte est dès maintenant engagée entre les prétendants.

La dame a-t-elle réussit à trouver la perle rare? On espère que oui (j’ai des doutes).

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Légende: la pénitence du prêtre-fantôme de l’Ile-Dupas

Par devant notaire [avril 1878]

Cette classe d’individus inutiles [1905]

Une histoire de bigamie [1869, St-Thomas de Pierreville]

Le charivari [ou comment déranger les nouveaux mariés]

Par devant notaire [avril 1878]

Extrait du Cancan de Québec, 27 avril 1878

PAR DEVANT NOTAIRE

Vous connaissez sans doute ces porte-plumes qui ont à leur extrémité supérieure une lame de canif rentrant dans le tuyau lorsqu’on ne s’en sert pas.

Entre parenthèse, ils ne sont pas commodes du tout; mais enfin c’est comme cela, et cette incommodité n’est pas le plus grand de leurs inconvénients.

Exemple:
Dernièrement on lisait un contrat de mariage dans une étude de Québec que je m’abstiendrai de nommer, afin de ne point la désachalander.

Après la lecture, on passa naturellement à la signature.

Au moment où la future, – une bien jolie brune, je vous assure, – se dégantait pour apposer au bas du sérieux gribouillage sa jolie petite griffe, le maître-clerc, qui se trouvait près d’elle, lui présenta sa plume.

Distraite, – ou plutôt troublée – (dame! la première fois!…) la jeune fille prit sans précaution la plume qui lui était offerte et l’approcha peut-être un peu vivement du papier.

A ce moment, le silence était complet, et le bruit sec d’une petite déchirure se fit distinctement entendre.

Le porte-plume du maître-clerc est un de ceux dont je vous ai parlé en commençant, et la jolie fiancée l’avait pris par le mauvais bout.

Etes-vous superstitieux?

Le futur, lui, ne l’est pas; cependant ce n’est pas un sceptique non plus, et cet incident le contraria visiblement, quoi qu’il fit pour ne pas le laisser paraître.

Le notaire, qui est un homme d’esprit, quoique ayant une cravate blanche, sauva la situation.

-Oh! ce n’est rien, dit-il gaiement, nous l’approuverons.

Et il dicta au maître-clerc:
 »Approuvé trois renvois, six mots rayés nuls et un coup de canif dans le présent contrat ».

Billets reliés

Archives de notaires du Bas-Canada-Québec en ligne [19e siècle]

12. François-Xavier Garneau, historien (1809-1866)

Gérard Morisset – la préservation et la diffusion du patrimoine

Le meurtre d’Achille Taché, seigneur de Kamouraska (31 janvier 1839)

Cette classe d’individus inutiles [1905]

La Patrie, 24 juin 1905

Extrait de la page Royaume des femmes

Il s’agit d’une charge en règle de Joséphine Marchand, madame Raoul Dandurand contre ces messieurs célibataires et ceux qui se marient tard.

Le célibat

On devrait peut-être excuser l’erreur des célibataires, considérant que selon le mot de St-François de Salles, ils font à coup sûr des heureuses, celles qu’ils n’épousent pas… et cependant, le mal que ces oisifs du coeur se font à eux-mêmes et à la société est trop considérable pour qu’on les absolve de s’éloigner systématiquement de la ligne droite, c’est-à-dire du saint-état.

Madame R. Dandurand, auteure de ce texte extrait de la Patrie, 24 juin 1905.

Le mariage ne s’appelle ainsi que pour insinuer, de par la logique des antithèses que le célibat est le contraire. Cette dénomination est un blâme implicite pour ceux quui ont adopté la voie détournée.

Puisqu’on a inventé la loi des cent âcres, il est évident que notre jeune pays n’a pas encore les moyens de tolérer dans son sein, une classe d’individus inutiles – économiquement parlant.

Si nos législateurs sont conséquents, ils se souviendront pour y conformer leurs édits à venir que l’Evangile voue aux flammes certains arbres ne servant qu’à l’ornement.

Nous n’allons pas jusqu’à demander l’extermination en bloc d’un groupe intéressant et perfectible. Pour citer de nouveau la Bible, nous ne voulons pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse.

On pourrait à tout le moins, pour accélérer cette conversion, lui rendre en attendant la vie dure en le grevant par exemple, d’une taxe onéreuse conformément à l’avis de Platon célibataire lui-même, mais timoré ou en l’excluant de toute charge public comme cela se pratiquait dans les âges reculés en temps des civilisations idéales.

Commençons cependant par user de raisonnement.

La grande raison des révoltés de la loi naturelle, va plutôt leur prétexte pour s’affranchir des liens du mariage, c’est leur liberté.

Ils la chérissent de toute la force de leur égoïsme, lui sacrifient gaiement leur avenir et ne s’avisent pas qu’ils adorent une chimère, qu’ils embrassent une mythe.

Quelques-uns mettent une sorte d’honnêteté à ne se vouloir pas lier parce qu’ils se méfient de leurs constance et que la tranquille stabilité de l’état conjugal effarouche leurs vieux papillon de coeur; ils le voient pas avance, s’ébattant éperduement dans un espace circonscrit dans un ciel tout bleu, trop pur, trop serein… Le vertige leur en prend!

L’idée de rentrer toujours à la même heure dans la même maison, de trouver invariablement l’invariable compagne que leur imaginaire énervée leur représente coiffée en bandeau; la perspective du baiser sur son chaste front, de l’éternelle tête-à-tête, des dîners paisibles, des promenades oisives, mesurées, sur un petit pas calme sans autre but que de la rentrée chez soi avec cette personne convenable accrochée au bras, tout, jusqu’à cet air, de mari domestique, fait au joug, l’impossibilité même de secouer ce joug, ni de l’essayer seulement sans provoquer les fameuses scènes, épouvantail vaguement entrevue dans la vie des amis mariés – tout cela avec la pensée survenant en dernier lieu comme pour combler la mesure des enfants braillards qu’il faut bercer, promener, traîner en voyage, les affole littéralement et leur fait rejeter bien loin toute valléité de réforme.

Combien plus douce leur semble la tyrannique de leurs chères habitudes.

Sans appuyer sur leur électisme en fait de relations, au sujet desquelles d’ailleurs, quelque sévère que l’on puisse être, on ne dira jamais tout le mal qu’ils en pensent eux-même, je voudrais bien savoir ce qu’ils trouvent de particulièrement exquis dans ce brouhaha d’une existence indisciplinée.

N’avoir aucun but, aucun intérêt supérieur, ne rien ambitionner que d’user violemment de la vie au lieu d’en user utilemment; fumer, boire à satiété, courir à tous les plaisirs avec une ardeur que rien ne lasse, gaspiller son coeur et ses facultés en mille occasions indignes; arriver à la quarantaine, pourbu, enfin désenchanté, aspirant au calme, jalousant ces benêts de maris qu’on aime et qu’on choie; endurer solitairement sa goutte avec toute les autres peines afflictives, suite d’une vie sans règle; traîner peut-être quelques années sa carcasse hémiplegne et finir dans la compagnie d’une ménagère hargneuse les tristes restes d’une existence vide…

Quel sort digne d’envie!

Pour avoir choisi la voie fleurie des plaisirs faciles, pour s’être écartés de celle des devoirs sérieux et des responsabilités, les vieux garçons n’échappent pas à l’inflexible loi des compensations. Car il est constaté que le bonheur est le prix des efforts énergiques de la volonté. Les succès et la paix absolue sont aux laborieux. Il est avéré qu’en ce monde seule la semence du sacrifice donne la récolte des meilleures récompenses et des joies les plus pures.

Cette vérité est manifestement démontrée par la vie paisible qui couronne les rudes combats des chefs de famille pour conquérir péniblement et pièce à pièce les éléments de ce bonheur stable.

Quelquefois, en vertu de je ne sais quel miséricordieux retour, les trainards du conjungo profitant d’un dernier rayon de jeunesse et reconnaissant tardivement leur erreur au moment de franchir la barrière de l’irrémédiable, se hâteront en un effort suprême de joindre l’armée régulière.

Il ne manque pas de blanches et de pures épousées, pour mettre avec une tendre émotion et une absolue confiance leur petite main tremblante dans leur patte velue.

Sons-ils dignes d’une telle faveur et surtout de cette divine joie des pères d’avoir suspendu au cour, accroché aux bras ou à cheval sur leurs pieds, de frais chérubins dont la chair sent la crème et les roses?

Ont-ils mérité d’avoir pour les chérir et les respecter fanatiquement, ces belles filles qu’on leur envie et qui peuplent de rayons la misère et leurs derniers jours?

Qu’ils répondent. Dans la note attendrie, dans le pieux ravissement de leur reconnaissance je crois avoir un indice certains de leur profonde et légitime humilité.

Ne semble-t-il pas qu’ils serait juste que cette espèce d’époux fut réservée exclusivement aux femmes ayant déjà été mariées? De cette façon personne ne serait dupé. Cette précaution est au surplus toute indiquée par le mot de St-Jérôme aux veuves trop consolables. –  »Prenez un mari plutôt que le diable ».

Mais l’exemple des camarades convertis a-t-il au moins pour effet d’amener les autres à résipucences?

Trop souvent, le courage des résolutions fortes leur manque comme à tous ceux que l’habitude de l’âpre devoir n’a pas aguerris.

Qui nous délivrera donc de ce fléau de familles, de ce brandon de discorde pour les ménages unis, de ce serpent tentateur des maris bien intentionnés.

C’est l’affaire des législateurs de supprimer les dangers publics. Au cas où ils useraient envers celui-ci de la pire sévérité, je crois que personne ne s’élèvera pour les en blâmer, si ce n’est, peut être, une infime minorité de gens, pour lesquels les célibataires sont des oncles à héritages.

Périssent alors les collatéreaux [sic] su bénéfice du plus grand nombre!

Billets reliés

Petites histoires immorales [juin 1891]

Le charivari [ou comment déranger les nouveaux mariés]

Drame à Saint-Alban, 23 février 1890

Ressource: Les bases de données en ligne de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BANQ)