Erreur de dosage [1888]

Comme le prouve l’histoire suivante, qui se déroule dans les Laurentides, les médecins peuvent commettre des erreurs… fatales.

Le Progrès de l’Est, 13 avril 1888

-Le Dr Sanche, de Ste-Thérèse, bien connu à St. Norbert, où il a demeuré, s’est empoisonné, samedi 31 mars dernier, accidentellement, en prenant une trop forte dose d’opium. Le Dr était âgé de 33 ans et laisse une veuve et des enfants.

L’inhumation du Dr Joseph Sanche a eu lieu le 3 avril 1888 dans la paroisse Sainte-Thérèse de Blainville. Il avait épousé en premières noces en 1882 à Montréal Marie-Anne-Antoinette Vinet. Il s’est ensuite remarié avec Mélina Gagnon le 10 novembre 1885 à la Visitation-du-Sault-au-Récollet, Montréal.

Gazette officielle du Québec, 29 janvier 1887.

Gazette officielle du Québec, 29 janvier 1887.

Billets reliés
La guerre à l’opium [Montréal, 1906]

Le Dr Hormisdas Ethier en mission à Constantinople [1908]

Un dernier adieu à Louis-Joseph Papineau [Montebello, 26 septembre 1871]

Le Dr Hormisdas Ethier en mission à Constantinople [1908]

La Patrie, 16 juillet 1908

LA SCIENCE DE L’UN DES NÔTRES
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LE GOUVERNEMENT CONFIE AU DR HORMIDAS ETHIER L’IMPORTANTE MISSION D’ALLER FONDER À CONSTANTINOPLE UN HOPITAL POUR LES TUBERCULEUX.
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Hormisdas Ethier. La Patrie, 16 juillet 1908.

Hormisdas Ethier. La Patrie, 16 juillet 1908.

Nous sommes heureux d’annoncer aujourd’hui à nos lecteurs que le gouvernement de la République Française, vient de confier à l’un de nos compatriotes Canadiens-français l’une des charges les plus importantes et les plus délicates, auxquelles il soit permis d’aspirer.

Un jeune médecin, M. le docteur Hormisdas Ethier, qui est actuellement à Paris, et dont les parents demeurent à Clarence, Ont., et à Montréal, a été nommé délégué, ainsi que l’un de ses confrères de Paris, pour aller fonder un hôpital de tuberculeux à Constantinople, en Turquie.

Le Sultan s’était adressé plus d’une fois au gouvernement, afin qu’il s’intéressât à la fondation d’un sanatorium, en Turquie. Le gouvernement se rendit à cette requête et comme les candidats à la charge difficile de fondateur se trouvaient en grand nombre, il résolut, par l’entremise de l’Université de Paris, d’organiser un grand concours.

Trente-deux candidats, dont l’un, Canadien-français, se présentèrent pour soutenir la thèse qui leur était donnée comme sujet d’études et qui portait sur la tuberculose. Quand le résultat des thèses fut connu, le Dr Hormisdas Ethier et le Dr Raymond, un Parisien, arrivaient ex-aequo.

Le gouvernement confia aussitôt à ces deux jeunes et brillants praticiens la tâche d’aller fonder un asile pour les malheureux tuberculeux, dont le nombre qui augmente d’une façon si terrible à Constatinople, a ému et alarmé le gouvernement de la Porte.

Le Dr Hormisdas Ethier, après sa nomination, est venu visiter sa vieille mère, qui habite à Clarence, et il est reparti pour l’Europe. Sa modestie de savant ne lui a pas permis de parler de sa nomination à ses confrères, et voilà pourquoi, les journaux ne le sachant pas, n’en ont rien dit.

Le Dr Ethier est âgé de trente ans. Il fit ses études classiques au collège de Rigaud, et ses études de médecine à l’Université Laval, de Montréal.

Il y a six ans, alors qu’il n’était âgé que de vingt-quatre ans, son cousin germain, le Dr Eidèhe? Ethier de la rue Saint-Denis, et qui se trouvait alors à Paris, le fit mander pour aller le remplacer comme interne à l’hôpital Saint-Michel, sous la direction du Dr Récamier, médecin du Prince d’Orléans.

Le Dr Éthier passa trois ans dans cet hôpital. Puis, il se rendit en Angleterre étudier quelques temps et retourne en France, jusqu’à ce qu’il fut choisi comme délégué par le gouvernement.

Il partira pour la Turquie au commencement [illisible].

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Qui le connaît? [Colorado, 1907]

18 décembre 1874: élection d’un natif de Mascouche à la mairie de Los Angeles

Un médecin morphinomane [Juin 1905]

Extrait de la Tribune de Woonsocket, Rhode Island, 23 juin 1905

VICTIME DE LA MORPHINE

BAY-CITY, Mich., 21 – Le Dr Binmore, de Montréal, s’est suicidé aujourd’hui dans un hôtel.

Le docteur, qui était depuis de longues années un morphinomane invétéré était venu ici pour suivre un traitement dont on lui disait le plus grand bien.

Le traitement ne donna aucun résultat. Désespéré de voir sa vie brisée par sa terrible passion, le malheureux résolut de mettre fin à ses jours.

J’ai pu trouver quelques informations supplémentaires sur le web à défaut de mettre la main sur l’acte de décès. Le Marshall News (Michigan) du 30 juin 1905 identifie la victime comme étant le Dr J. E. Binmore de Lewiston, Michigan, marié et âgée d’environ 40 ans.

Le Marshall Expounder (Michigan) du 30 juin 1905 nous apprend que Binmore était à l’hôpital depuis six mois pour traiter sa dépendance. A cause de ses problèmes de toxicomanie, Binmore et son épouse vivaient séparés, elle à Whitehall et lui à Lewiston.

Ces deux articles sont disponibles sur http://newspaperarchive.com/ (vous pouvez consulter quotidiennement deux articles sans frais).

Dans le recensement américain de 1900, on trouve un James E. Benmore qui habite à St. Louis, Missouri, en compagnie de son épouse Lizzie, originaire du Michigan. Né en mai 1870 au Canada (anglais), Benmore est  »physician » donc médecin. Il est arrivé aux États-Unis en 1898.

Dans l’annuaire Lovell 1894-1895 (Montréal), on trouve un Dr J. E. Binmore.

Extrait de l'annuaire Lovell 1894-1895

Extrait de l’annuaire Lovell 1894-1895

Si nous consultons le recensement du Canada de 1881, nous trouvons un James E. Binmore, 14 ans, habitant Montréal, St. Antoine Ward. La cheffe du foyer où il réside est Jane Grace Binmore, veuve. Je crois qu’il s’agit de Jane Grace Lockhart qui a épousé John Binmore en 1858 à l’église anglicane St. George de Montréal, ce même John est probablement  décédé en 1878 à Montréal). Dans l’annuaire Lovell  1875-1876, il est indiqué que John Binmore est employé par James Johnston  & Co.

Recensement canadien de 1881 – Montreal – Faubourg St-Antoine page 8

Et pour finir, dans la base de photos du Musée Mccord, on retrouve cette photo:

Photographie | J. E. Binmore, Montréal, QC, 1881 | II-59845.1

J. E. Binmore, Montréal, QC, 1881

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Le Traité élémentaire de matière médicale et guide pratique des Soeurs de Charité de l’Asile de la Providence [1870]

Un montréalais décède au Costa Rica [1891]

Statue et plaques commémoratives de l’expédition de Lamothe Cadillac à Détroit en 1701

Remèdes miracles de l’ancien temps: quelques publicités

Arrestation du Dr Crippen à Pointe-au-Père, auj. Rimouski [31 juillet 1910]

L’oeuvre de résurrectionnistes (Québec, 26 janvier 1866)

Aujourd’hui, nous allons aborder un sujet sérieux, très sérieux.
Ames sensibles s’abstenir.
Vous êtes avertis.

Photographie | Cours d'anatomie, étudiants en médecine de McGill, Montréal, QC, 1884 | II-73328

Cours d'anatomie, étudiants en médecine de McGill, Montréal, QC, 1884

Au XIXe siècle, pour être habilité à pratiquer la médecine, il fallait avoir une expérience suffisante de la dissection de cadavres. Or, un problème se posait: il fallait obtenir la matière première. A moins de trouver par hasard un cadavre abandonné de tous sur la voie publique, on ne put le faire légalement durant une bonne partie du XIXe siècle. Il fallait donc opter pour des moyens réprouvés par la loi.

Les étudiants en médecine parvenaient tout de même à trouver des corps.

Dans le Canadien du 26 février 1866, on pouvait lire

Violation de cimetière – Avant-hier, le chef de police de la cité a été informé que 2 grandes caisses contenant des restes humains avaient été placés dans les chars à Lévis, consignés à quelqu’un qui devait venir les recevoir à Montréal. Des télégrammes furent en conséquences envoyés au chef de police de Montréal pour l’avertir de prendre les mesures nécessaires pour capturer le consignataire. La compagnie du Grand Tronc reçu ordre de renvoyer les caisses à Québec. En même temps on découvrit, après quelques recherches, que les restes mortels de diverses personnes récemment inhumés dans les cimetières St.-Charles, de la Petite Rivière, de St.-Patrice et de Belmont, sur le chemin Ste.-Foye, avaient disparus. Ce fut la mauvaise odeur qui s’exhalait des caisses en question qui fit connaître leur contenu. Les cadavres étaient découpés et empaquetés dans de la neige.

Le Mercury d’hier dit que l’on suppose que parmi les cadavres ainsi enlevés se trouvent ceux de Mme Catherine Tracey, épouse de J. Tierney, de M. Redmond et d’un orphelin adopté par M. M. O’Leary.

Un autre vol de cadavre a été rapporté dans le Canadien du 22 novembre 1869 (l’incident a eu lieu à St-Hyacinthe. Les soupçons se portèrent sur des étudiants de la faculté de médecine de Montréal).

Les vols de cadavres ont pu diminuer à partir 1872 alors que l’on

permit finalement aux écoles de médecine de récupérer les cadavres humains non réclamés se trouvant dans les institutions publiques (Milot, 2007, p. 93)

Mais en 1883, il fallut encore modifier la loi pour autoriser

la remise des corps non réclamés dans un délai de 24 heures aux salles de dissection (Milot, 2007, p. 93)

Wenceslas-Eugène Dick a publié en  1876 Un épisode de résurrectionnistes (en ligne ici, cliquez sur tome 1, l’histoire débute à partir de la page 104)

Bibliographie

Anatomistes et résurrectionnistes au Canada et plus particulièrement dans la province de Québec. Première partie: le Canada et le Québec. Deuxième partie: Montréal

Jean Milot.  »Profanateurs de tombeaux et détrousseurs de cadavres ». revue Le médecin du Québec, Novembre 2007, volume 42, numéro 11, p. 93-94.

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