Le Canadien, 26 septembre 1807
PAUVRES DE ST. GERVAIS
Les mendians qui prennent le nom de Pauvres de St. Gervais devroient plutôt prendre le tître de Pareffeux de St. Gervais. – Ces mendians sont robustes, capables de travailler, paresseux, &c, &c. Pour n’avoir pas la peine de travailler à la terre, ils se logent sur quelques emplacemens. Ceux d’entr’eux qui ont des terres les vendent & en prennent dans des endroits plus reculés; ils ont le soin de se mettre tous dans la même concession pour être ensemble, & s’éloigner de ceux qui vivent honnêtement de leur travail, & qui pourroient leur faire des reproches.
Ils partent tous ensemble & vont mendier dans les campagnes & dans les Villes, ils font des levées considerables de bled, de farine, dont ils font des depôts qu’ils vendent; ils ont aussi de l’argent. – Ils n’ont point de billets de leur Curé, ou ils lui en imposent pour en obtenir, ceux qui en obtiennent les prêtent ou les louent aux autres. Le pays est empeste’ de cette espece de gens, qui arrachent les secours qui devoient être reservés aux vrais pauvres; les habitans des campagnes ne peuvent abandonner leurs maisons, pour aller aux champs, de crainte qu’il ne vienne quelqu’un de ces paresseux, dont ils doutent de l’honnêtete’.
Ces gueux en imposent sur les honnêtes gens, ils les menacent de maux, de sorts, &c. – ils ont acquis par ce moyens un tel credit chez les habitans qu’on les craint & qu’on n’ose leur refuser. Les paresseux des autres paroisses quêtent sous ce nom de Pauvres de St. Gervais pour n’être point refusés. Ils n’osent point mendier dans leurs propres Paroisses parce qu’ils y sont connus pour paresseux. Ils reviennent presque tous chez eux pendant les tems des récoltes, mais ce n’est point pour travailler; c’est crainte qu’on ne leur demande à travailler.
De retour chez eux, ils font des repas et des divertissemens entr’eux dans leur Concession. Ils passent la journée à fumer à l’ombre avec de longues pipes, pendant les récoltes. Si on leur demander à travailler, ils disent qu’ils gagnent plus à quêter. ils ont donné une mauvaise réputation à leur Paroisse, mais elle ne le mérite pas, car elle est d’ailleurs composée d’habitans honnêtes et industrieux, qui méprisent et désavouent la conduite de ces mêmes mendians. Les terres y sont aussi fertiles qu’ailleurs, et il y a autant de moyens d’y gagner sa vie par le travail. Une des mauvaises suites de la pratique de ces paresseux, c’est qu’ils élevent leurs enfants dans la paresse, et dans les vices qui l’accompagnent. Les habitans des compagnes sont charitables, on ne sauroit trop les en louer & on ne sauroit trop leur recommander de l’être; Mais on ne devroit être sur ses gardes, en donnant la charité, afin qu’elle soulage le pauvre honnête et qu’elle n’encourage point la paresse ni le vice, et qu’elle ne prive point le laboureur de bras dont il a besoin.
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