Une visite du musée de la Province (futur MNBAQ) [Québec, 1933]

Le Musée national des Beaux-arts du Québec est situé dans le parc des Champs-de-Bataille à Québec.  Transportons-nous en 1933 alors que le musée de la Province – c’était son nom initial- s’apprête à ouvrir ses portes.

L’Action catholique, 2 juillet 1933

NOTRE MUSÉE COMPTE PARMI LES PLUS BEAUX AU CANADA
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NOMBREUSES COLLECTIONS DE TRÈS GRANDE VALEUR – C’EST UN MUSÉE ESSENTIELLEMENT PROVINCIAL – LES ARCHIVES SONT CONSERVÉES AU PREMIER PLANCHER – L’HISTOIRE NATURELLE AU DEUXIÈME ÉTAGE
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PEINTURES ET PORTRAITS
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Comme nous l’annoncions hier en primeur, le personnel du Musée Provincial sera prêt à recevoir les visiteurs à partir de lundi prochain.

Une visite faite hier après-midi sous la direction de M. Pierre Georges Roy qui en est le conservateur, nous a convaincu que notre Musée est l’un des plus beaux du Canada au point de vue de la qualité et de la quantité des objets qu’on y conservera.

C’est un Musée essentiellement provincial. Ce caractère est frappant dès l’entrée dans l’édifice. Un grenadier du Royal Roussilon [sic] en costume authentique nous accueille. Puis ce sont les drapeaux de La Sarre, de Berry, du Languedoc, de Guyenne, de Béarn et de la Reine qui étalent leurs ccouleurs [sic] variées.

L’édifice comprend trois étages. Au premier, ce sont les archives dont plusieurs sont excessivement rares et précieuses. Ainsi l’originale de la Capitulation de Québec, des collections de journaux et revues, enfin ces vieux textes qui sont les plus belles reliques d’un passé glorieux.

Sur ce même plancher, on peut admirer, rangées dans un ordre parfait, des collections de portraits, des armoiries nombreuses, etc.

Au deuxième plancher, c’est l’histoire naturelle. Il y a deux grandes salles. L’une a été baptisée Michel Sarrazin et contient des spécimen [sic] de la plupart des animaux de la Province. Notons la présence d’un gigantesque ours blanc, d’une famille d’orignal, un carcajou étranglant un chevreuil. Le musée possède une collection complète d’animaux conservés selon le procédé de Beetz.

La Salle Provancher est destinée aux insectes et aux oiseaux. On y peut admirer plus de 3,000 oiseaux dont 1,643 de la Province de Québec et 30,000 insectes. Parmi les oiseaux, on trouve trois turteso Vilà une espèce maintenant rare. La conjuration de Monseigneur Baillargeon a détruit cette espèce qui, un jour ravageait toutes les récoltes. La collection d’insectes est complète; c’est celle de M. l’abbé Provancher.

Le troisième plancher est consacré aux peintures et portraits. On y trouve des oeuvres de Hamel, Huot, Walker, Gagnon, Campentier. Des petits salons portent les noms de Huot, Suzor Côté et autres. Les peintures ne sont pas encore en place parce que l’on en attend d’autres. On en compte déjà plus de 300.

La bibliothèque compte plus de 14,000 volumes canadiens. C’est assurément la plus complète que l’on puisse trouver dans notre province.

Voilà un aperçu très sommaire de ce que l’on peut voir au Musée Provincial. L’espace nous manque aujourd’hui pour donner le détail des observations faites; nous y reviendrons.

Rappelons en terminant que le Musée est entre bonnes mains. M. Pierre Georges Roy en est le conservateur; M.Paul Rainville est son adjoint.

Le soi [sic] des archives a été confié à M. l’abbé Ivanhoe Caron qui est assisté de M. Antoine Roy. M. Paul Rainville et M. Henri Paquet s’occupent plus spécialement du Musée.

Les visiteurs et les chercheurs auront accès au Musée à partir de lundi prochain. De une heure à 6 tous les jours, ils seront reçus par un personnel renseigné et courtois.

Depuis 1933, beaucoup de choses ont changées au Musée de la province de Québec, dont le nom. Les collections de sciences naturelles et les archives ont migré vers un nouveau domicile, mais surtout, le musée a été agrandit suite à l’ajout du pavillon central et du pavillon Pierre Lassonde.

Pour en savoir plus sur l’histoire du Musée national des Beaux-arts de Québec, cliquez sur ce lien.
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