Mise en valeur du patrimoine et de l’histoire des Franco-Américains du nord de l’état de New York

Le projet Je me souviens… I Remember vise à préserver et à diffuser le patrimoine franco-américain de l’état de New York. Plus de 200 items ont été numérisés et mis en ligne sur le site New York Heritage digital collection.

Collection Je me souviens – New York Heritage digital collection

Parmi les objets numérisés, il y a des photos de famille, des documents de naturalisation, un certification d’admission de la Société Saint-Jean-Baptiste, des histoires et des chansons en français, un médaillon de l’école St-Joseph, une carte postale de l’église St-Joseph de Cohoes, etc.

La collection Je me souviens – New York Heritage digital collection est hébergée à l’adresse suivante:

https://nyheritage.org/collections/je-me-souviensi-remember-presenting-and-preserving-heritage-upstate-new-yorks-franco

La professeure Janet Shideler du Siena College était l’invitée le 11 janvier dernier du Mountain Lake Journal (PBS) pour parler de ce projet. C’est à voir ici https://mountainlake.org/je-me-souviens-interview/ Merci à Patrick Lacroix d’avoir partagé ce lien sur twitter.

Suggestions de lecture #vendredHist

Chaque vendredi, je partage sur Twitter (https://twitter.com/vickylapointe) mes lectures du moment. Certains de ces livres nous éclairent sur des aspects de l’histoire du Québec et des francophones d’Amérique du Nord, d’autres nous font voyager en Europe et aux États-Unis. Ces publications sont identifiées par les mots-clics #vendredilecture et #vendredhist. Voici la liste des livres lus ou en cours de lecture depuis le 20 novembre 2016.

Bonne lecture!

25 novembre 2016: Les danseurs fous de Strasbourg Une épidémie de transe collective en 1518 par John Waller (Nuée Bleue, 2016). Présentation de l’éditeur.  Il s’agit d’un épisode fascinant de l’histoire européenne. Pendant plusieurs mois, on a pu voir dans les rues de Strasbourg des danseurs en transe. Ils dansaient toute la journée, ne se reposant un peu que pour dormir. Et recommençaient le jour suivant. Certains en sont même morts.  Comment expliquer ce phénomène? Plusieurs illustrations complètent ce passionnant livre.

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30 décembre 2016: You must remember this : an oral history of Manhattan par Jeff Kisseloff, publié en 1990 par les éditions Schocken. Ce livre est une collection de témoignages de la vie à New York des années 1890 à la seconde Guerre mondiale. Les témoignages sont regroupés par quartiers puis par intervenants. On passe d’un sujet à l’autre sans transition, ce qui est un irritant en début de lecture, mais en général, il s’agit d’une lecture très instructive sur le New York d’antan. J’ai aimé qu’on laisse la parole à des New Yorkais de tous les horizons.

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10 février 2017. Olivar Asselin et son temps par Hélène Pelletier-Baillargeon, premier tome. (Fides, 1996). Ce premier tome de cette trilogie est une bonne brique, plus de 750 pages. Mais ça vaut le coup d’y consacrer plusieurs heures. Un livre qui retrace brillamment le parcours du journaliste et militant Olivar Asselin, un homme qui ne se laissait pas marcher sur les pieds! Natif de St-Hilarion (Charlevoix), Olivar Asselin s’est exilé avec sa famille en Nouvelle-Angleterre, où il a travaillé un peu dans les manufactures. Il a connu une carrière intéressante dans plusieurs journaux franco-américains, dont Protecteur de Fall River, le National de Lowell et la Tribune de Woonsocket. Il a participé à la guerre hispano cubaine avant de revenir au Québec, où il s’est marié, a fondé le journal Le Nationaliste, milité aux côtés d’Henri Bourassa, collaboré à plusieurs journaux, a été élu président de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, et j’en passe. Une vie bien remplie.

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24 février 2017. Les Voix d’outre-tombe Tables tournantes, spiritisme et société au XIXe s. Guillaume Cuchet. Résumé de l’éditeur.

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3 mars 2017. La Rochelle-Québec Embarquement pour la Nouvelle-France, Centre des monuments nationaux.  Présentation de l’éditeur.

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7 avril 2017. Histoire des mineurs du Nord ontarien et québécois par Guy Gaudreau (Septentrion, 2003) et Les Montréalais, Portraits d’une histoire par Jean-François Nadeau  (Les Éditions de l’Homme, 2017). Le prix de Les Montréalais pourra en faire sursauter quelques-uns (125,00$), mais il faut souligner que l’impression a été faite au Québec (en Beauce plus précisément) et qu’il s’agit d’un ouvrage de qualité, tant à cause du choix des images que des textes.

Octave Chabot, de Ste-Justine à la Floride (1872-1939)

par Vicky Lapointe

Octave Chabot est né à Sainte-Justine, comté de Dorchester (auj. Bellechasse) le 26 novembre 1872, fils de Ferdinand Chabot, cultivateur, et de Luce Goulet (mariage à St-Vital de Lambton le 11 février 1861). Il s’agit d’un des neveux de mon arrière-arrière-grand-mère Obéline Chabot Tanguay.

Ferdinand Chabot décède à l’âge de 39 ans le 4 avril 1879, laissant une veuve et trois enfants, Octave (14 ans), Clovis (8 ans) et Olympe (4 ans). Plusieurs enfants du couple sont morts en bas âge. Lors du recensement de 1881 , la famille Chabot réside encore à Sainte-Justine, mais selon les données des recensements américains, elle quitte le Québec en 1882 ou en 1883, comme bien des Canadiens français.

Grâce au site de Family Search, on en sait plus sur certaines étapes du parcours d’Octave Chabot aux États-Unis.  En traversant la frontière les Chabot font la transition entre un milieu agricole et campagnard à un milieu urbain et manufacturier.

En 1900, Lucie Goulet Chabot et son fils Octave habitent à Cohoes city, comté d’Albany, état de New York, New York. Ils sont locataires d’un appartement rue Saratoga Il est précisé que madame Chabot a eu 15 enfants, dont trois sont vivants. Madame Chabot ne peut ni lire, écrire ou parler l’anglais. On en déduit que le français reste pour elle la langue de tous les jours. Plusieurs francophones, attirés par les emplois dans les manufactures, habitent à Cohoes. En 2003, Donald J. Cosgro a retranscrit une liste des personnes décédées dans cette ville en 1899-1900. Plusieurs noms francophones y figurent (Cliquez ici pour consulter cette liste). Revenons à Octave. Le recensement nous apprend qu’il peut lire et parler l’anglais, mais pas écrire dans cette langue. Il exerce le métier de ‘winder (dévideur?) – Knitting mill’. Il est naturalisé citoyen américain.

Au même domicile, on retrouve Olympia Poisson et son fils William. Nous supposons donc qu’il s’agit de la soeur d’Octave. Le recensement ne nous fournit pas le nom de son mari, mais il nous révèle qu’elle travaille elle aussi dans une filature et occupe le même type d’emploi que son frère soit ‘winder’, qu’elle est mariée depuis cinq ans et qu’elle a donné naissance à trois enfants dont un seul est encore vivant, William, né en août 1897. Leurs voisins portent des patronymes francophones: Ducharme, Paradis, Fontaine, Deslauriers et Giroux.

Dévideuse (cone winder) à Indian Orchard, Massachusetts, 29 juin 1916 par Lewis Wickes Hine, Bibliothèque du Congrès.
Dévideuse (cone winder) à Indian Orchard, Massachusetts, 29 juin 1916 par Lewis Wickes Hine, Bibliothèque du Congrès.

Quelques années plus tard, c’est la première Guerre mondiale qui débute. C’est la conscription aux États-Unis. Octave, puisqu’il a moins de 46 ans, mais plus de 18 ans, remplit sa carte d’enregistrement en septembre 1918 au Massachusetts, où il demeure maintenant. Au 629 River St, Boston, plus précisément. Il déclare avoir un problème de vision ‘eyesight defection’.  Il est un travailleur du textile à la Peerless Mills Co de Boston. Son plus proche parent est Clovis Chabot, habitant au 152 Congress St Cohoes Albany New York. il n’est pas fait mention de sa mère, peut-être est-elle décédée.

Publicité de la Peerless Knitting Mills Co publiée dans le Boston Evening Transcription du 8 mai 1912.
Publicité de la Peerless Knitting Mills Co publiée dans le Boston Evening Transcript du 8 mai 1912.

Voyons maintenant ce que nous apprend le recensement américain de 1920. Octave Chabot est alors résident de Brooklyn, New York, rue Stanhope. Il est pensionnaire chez Roderick Champagne et son épouse Mary. Célibataire, il est ‘winder’ dans une manufacture de tricot.

Lors du recensement américain suivant, qui a eu lieu en 1930, Octave n’habite plus New York, mais Allentown, Pennsylvania. Il est pensionnaire chez John A. Bonner. Il est ‘knitter’ dans une manufacture.

Le parcours professionnel d’Octave est constant. Il fait partie pendant plusieurs décennies de la main-d’oeuvre des manufactures, déménageant là où se trouve le travail.

Octave Chabot décède le 15 juin 1939 à Orange Park, comté de Clay, Floride, le 15 juin 1939. Il n’a jamais été marié.

Sources: United States Census, 1900, United States Census, 1920, United States Census, 1930, United States World War I Draft Registration Cards, 1917-1918, Florida Deaths, 1877-1939 et Québec, registres paroissiaux catholiques, 1621-1979 Family Search.

Un enlèvement au moyen de l’hypnotisme [1902]

Fugue ou enlèvement? A vous de décider.

La Patrie, 29 septembre 1902

UN ENLÈVEMENT AU MOYEN DE L’HYPNOTISME
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Albert Cuillerier, un jeune Montréalais, déclare avoir été entraîné à New-York par un homme étrange qui l’aurait magnétisé.
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Ses parents plongés depuis une semaine dans une anxiété inexprimable

Le jeune Albert Cuillerier, un garçon de quinze ans, joli, intelligent, l’idole de sa famille, est disparu de sa résidence, 35 rue St-Alexandre, depuis environ une semaine. Des démarches ont été faites auprès des autorités, dans toutes les principales villes du Canada et des États-Unis, et l’on a découvert que l’enfant était à New-York flânant, sans un sou, perdu dans la grande métropole américaine.

Mercredi dernier, il disparaissait subitement. On s’imagine l’inquiétude des parents, les recherches qu’ils firent effectuer partout, leurs craintes et leurs soupçons. Comme ils étaient à s’enquérir sur la disparition subite de leur fils, un voisin, ancien détective, vint les trouver et leur raconta que son garçon, à lui aussi, était parti de mystérieuse façon, depuis une huitaine. Il avait télégraphié à New-York et attendait des informations. Or, il advint que le chef de police américain, apprit à la famille désespérée que ses agents avaient trouvé dans une place publique un jeune garçon ont le signalement répondait fort à celui de leur fils, et qui disait venir de Montréal.

Des recherches plus sérieuses firent savoir que l’enfant trouvé là-bas était bien le jeune Cuillerier qu’on cherchait depuis si longtemps et qu’on avait ainsi découvert dans une ville étrangère, qu’il ne connaissait pas, et où il n’avait jamais manifesté l’intention de se rendre. Une lettre du disparu vint ensuite apprendre qu’il avait été emmené aux États-Unis par un homme aux allures étranges et mystérieuses, qui l’avait fasciné. Quand il est parti, il avait en portefeuille environ quinze dollars.

New York en 1902 par Irving Underhill. Library of Congress.

New York en 1902 par Irving Underhill. Library of Congress.

Les parents que nous sommes allés voir ce matin, ne savent comment expliquer cette disparition imprévue. Toutefois, ils ont des soupçons qui nous paraissent très vraisemblables. On se rappelle que, au mois d’avril dernier, le jeune Cuillerier avait été victime d’une tentative imprudente de magnétisme. L’enfant se trouve très disposé à ces dangereuses expériences, et sa mère s’est plainte souvent de ce que des étrangers, hypnotiseurs prétendus, s’en venaient exercer leur malhabile pouvoir sur son fils, qui s’y prêtait volontiers. Un jour, on l’avait endormi en se servant du magnétisme, et il avait fallu des heures d’effort pour le réveiller de son effroyable léthargie.

Cet accident, qui lui procura plusieurs jours de grave maladie, n’empêcha point le jeune Cuillerier de se prêter encore aux expériences des amateurs de sciences occultes. Il faut des mois entiers employés comme « sujet » dans une école de magnétisme, où tous les élèves, à tour de rôle, l’endormirent plutôt vingt fois qu’une. Ces fréquentes hypnotisations le rendirent de plus en plus sensible à l’influence magnétique, et il en était devenu à une condition telle qu’il suffisait d’un regard, d’un geste ou d’un mot pour provoquer instantanément chez lui le sommeil hypnotique.

Il lui est même arrivé plusieurs fois d’être endormi à distance et de recevoir alors des suggestions mentales auxquelles il obéissait comme si le magnétiseur se fut trouvé près de lui et lui eut donné des suggestions verbales.

Les parents de l’enfant ne doutent pas que ce dernier ait été attiré à New-York par le pouvoir hypnotique de quelque personne inconnue.

Mme Cuillerier se promet bien de ne plus laisser son fils exposé à de si effrayants périls, et voilà qu’elle soupçonne même un homme qu’elle connait, d’avoir profité de cette prédisposition au magnétisme que son enfant possède pour l’avoir emmené à New-York et lui avoir volé son argent, au cours de la route.

Le jeune garçon a écrit à ses parents, vendredi, une lettre touchante, qui demande de l’argent pour le retour et qui ne donne pour toute explication qu’il a été emmené à New-York par un « homme étrange ».

Billets reliés

La cité de Verdun et la guérison par magnétisme [1923]

Enlevé par un aigle [St-Vincent-de-Paul, 1885]

Pas d’enfants dans les rues après 9 heures [Montréal, 1917]

Un anarchiste canadien-français à New York [1914]

Une église pour les Canadiens français à Troy [New York, 1866]

Le Canadien, 9 novembre 1866

« EGLISE CATHOLIQUE CANADIENNE FRANÇAISE À TROY. Nous voyons avec plaisir que les Canadiens-Français de Troy ont fait l’acquisition d’un terrain de 100 pieds de front sur 130 pieds de profondeur, moyennant $3,600, pour la construction d’une église où ils pourront entendre prêcher en leur langue. La construction de cet édifice qui sera en brique, se commencera le printemps prochain et ne coûtera pas moins de $20,000. Les Canadiens-Français sont très nombreux à Troy, ainsi que dans les petites villes des alentours, telles que Cohoes, par exemple, qui contient de 1,000 à 1,200 familles canadiennes françaises, Lansingburgh, etc. et le manque d’une église canadienne-française était vivement senti. Troy possède déjà six églises catholiques magnifiques et riches, mais toutes ont été construites par les irlandais et l’on n’y prêche qu’en anglais.

Un tel état de choses ne pouvait qu’éloigner un certain nombre de Canadiens-Français des pratiques religieuses; mais à présent qu’un remède va être appliqué au mal, il n’y a pas de doute que cela aura pour effet d’attirer un plus grand nombre de nos compatriotes qui sont obligés d’émigrer, vers cette partie des Etats-Unis qui forme un centre essentiellement manufacturier et riche et qui offre des avantages principalement aux personnes qui ont des métiers.  »

Il pourrait s’agir de l’église St. Jean Baptiste, située au 230, 2nd street. Ouverte au culte le 24 octobre 1869, on y a célébré des messes catholiques jusqu’en décembre 1970. Source  On voit ici une photo de l’intérieur. Voici à quoi ressemble l’église aujourd’hui.

Billets reliés

Un anarchiste canadien-français à New York [1914]

Le 4 juillet 1914, une bombe explose avenue Lexington, à New York. Quatre personnes décèdent, soient Arthur Caron, Charles Berg,  Carl Hanson et Marie Chavez et sept sont blessées.  L’enquête conclut que Caron, Berg et Hanson ont été victimes de l’explosion prématurée de la bombe qu’ils destinaient à l’homme d’affaires John D. Rockefeller.

Arthur Caron, natif du Canada, était âgé de 30 ans au moment de son décès. Veuf exerçant la profession d’ingénieur, il  était le fils de Marie Ross et Joseph Caron (mariés à Beauport, Québec, en 1877).Il est né le 16 décembre 1883 à Beauport (paroisse La-Nativité-de-Notre-Dame) et a été baptisé le jour-même.

Le 3 juillet 1905, à Fall River, Mass, Arthur Caron a épousé Elmina Reeves, fille de Jeremy  et de Almina Cardin.  Elmina Reeves est décédée à Fall River le 5 décembre 1912 quelques jours après la naissance de leur fils Reeves.

Sources: More Powerful Than Dynamite: Radicals, Plutocrats, Progressives, and New York’s Year of Anarchy de Thai Jones et les journaux suivants: The Sun, 7 juillet 1914, page 16 et le New York Times du 5 juillet 1914.

Voici maintenant un article sur l’explosion de juillet 1914.

***

La Patrie, 6 juillet 1914

A LA POURSUITE DES ANARCHISTES

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LA POLICE VEUT À TOUT PRIX ÉCLAIRCIR LE MYSTÈRE DE LA BOMBE, QUI A FAIT SAUTER PLUSIEURS DYNAMITEURS À NEW YORK.

FUNERAILLES SOLENNELLES

(Service spéciale de la PATRIE)

Immeuble du 1626, avenue Lexington, New York, suite à l'explosion. Library of Congress

Immeuble du 1626, avenue Lexington, New York, suite à l’explosion. Library of Congress

NEW-YORK, 6. – Une armée de détectives est aujourd’hui aux trousses de Michael Murphy, le jeune anarchiste, qui échappa à la mort, lors de l’explosion samedi, qui détruisit la maison ouvrière du no. 1626 de l’avenue Lexington. C’est, dans l’opinion de la police, l’homme qui peut le mieux les renseigner sur ce qu’il s’est passé exactement dans le logement de Caron.

OU EST MURPHY

Murphy fut pendant quelque temps dans les mains de la police, mais il disparut mystérieusement avant que son identité ait pu être établie. On l’avait recueilli comme étant une des victimes de l’explosion, on lui donna des vêtements pour remplacer les siens qui étaient en lambeaux, mais aussitôt pourvu, il fila sans qu’on s’en aperçut.

On ne dit pas sous quelle accusation Murphy pourrait être gardé; mais on croit qu’on pourrait le décider à parler sur ce qui a amené l’explosion et lui faire donner des explications sur les mouvements mécaniques et autres objets employés pour la fabrication des bombes qui étaient gardées dans la maison qui a sauté.

ILS NE VEULENT RIEN DIRE

Louise Berger, belle-soeur de Carl Hansen, un de ceux qui ont été tués, demeurait au même étage et elle prétend qu’elle ne savait absolument rien de ce qui concerne les explosifs.

Arthur Caron vers 1914. Library of Congress

Arthur Caron vers 1914. Library of Congress

Alexander Berkman et d’autres adeptes du mouvement de la  »libre parole » avec lequel Caron, Hansen et Berg, trois des victimes de l’explosion étaient identifiés, ont déclaré qu’ils croient que ces derniers ont été tués par une bombe qui aura été envoyée par un ennemi, et qu’ils ont été victimes de la cause, qu’ils défendaient. Ces hommes ont déclaré en outre qu’ils se proposaient de faire à leurs amis des funérailles solennelles sur l’Union Square…

FUNERAILLES SOLENNELLES

D’après Berkman plusieurs organisations ouvrières faisaient déjà des préparatifs pour tenir ces funérailles samedi prochain. Il y aurait des discours par lui Berkman, par Leonard Abbott, par Rebecca Eddelson et Charles Plunkett, si tous sont libres à ce moment-là. Berkman ajouta que les corps de leurs amis seraient soumis à l’incinération.

UNE FABRIQUE DE BOMBES

NEW-YORK, 6. – Une grande quantité de dynamite que la police croit avoir été amassées pour fabriquer des bombes, a fait explosion hier, au dernier étage d’une maison ouvrière sise avenue Lexington, No 1626. Toute la partie supérieure de la maison a été détruite, quatre personnes ont été tuées et une douzaine ont été blessées.

 »INDUSTRIAL WORKERS » COMPROMIS

La police dit avoir la preuve que ces explosifs appartenaient à des membres des  »Industrial Workers » et qu’ils étaient destinés à détruire la propriété de John. D. Rockefeller.

Dans les ruines de la maison, on a découvert des preuves certaines que l’appartement d’Arthur Caron, tué par l’explosion, était le centre de la distribution de littérature révolutionnaire, et que, au moment de l’explosion cette chambre s’était transformée en manufacture d’engins de mort. On a retrouvé une presse à imprimerie des pamphlets révolutionnaires, des circulaires, une dynamo électrique, des cartouches, des morceaux de fer. On croit avoir là l’indice d’un complot d’anarchistes.

I.W.W. Committee--Sullivan, Caron, Plunkett, Turner, Woolman,e ntre 1910 et 1914. Library of Congress.

I.W.W. Committee–Sullivan, Caron, Plunkett, Turner, Woolman,e ntre 1910 et 1914. Library of Congress.

CONTRE ROCKEFELLER

Deux des victimes de l’explosion étaient des agitateurs de renom qui devaient être amenés aujourd’hui devant les tribunaux, sous l’accusation de mauvaise conduite, lors de la campagne inaugurée contre John D. Rockefeller, jr, au sujet de son attitude lors de la grève des mineurs au Colorado.

On a retrouvé le cadavre de la quatrième victime. C’est un associé de Caron, du nom de Charles Berge, et connu sous le nom de  »Big Swede ». Les autres victimes sont: Charles Hanson et Mary Claves. Les chefs de l’I.W.W. ont déclaré que Caron ne faisait pas partie de leurs association, qui l’avait refusé.

UNE MAIN CRISPÉE

On a retrouvé une main crispée, tenant encore deux bouts de fils de fer, comme pour les faire se toucher. On croit que celui à qui cette main appartenait se préparait à faire sauter une bombe, lorsque l’explosion se produisit et le déchira en morceaux.

ANARCHISTES ET I.W.W.

Alexander Berkman, anarchiste et associé de Emma Goldman, à la publication du  »Morther Earth », journal anarchiste,a été interrogé par la police hier. Il a déclaré que aucune des victimes ne faisait partie des I.W.W. Il déclare que plusieurs sociétés anarchistes se préparent à faire aux victimes d’imposantes funérailes publiques.

Funérailles d'Arthur Caron, 8 juillet 1914, New York. Library of Congress.

Funérailles d’Arthur Caron, 8 juillet 1914, New York. Library of Congress.

Un groupe de partisans, se rendra à Terrytown, demain, pour y assister au procès des agitateurs de l’I.W.W. Aucune précaution extraordinaire n’a été prise. On ne croit pas qu’il y ait du trouble.

M. John D. Rockefeller s’est rendu hier à l’église du Pocanto Hills comme d’habitude. Il s’y est rendu en automobile, mais il est revenu à pied, accompagné par un ami. On n’a pas vu de partisans des I. W. W autour de la propriété pour quelques temps et les gardes n’ont rien eu à faire.

Billets reliés

Oscar Benoit et la grève de Lawrence, Massachusetts (29 janvier 1912)

Photographies: Ces enfants qui travaillaient dans les usines de Winchendon, Massachusetts (septembre 1911)

Photographies: Les Canadiens-français à New Bedford, Massachusetts et Manchester, New Hampshire, 1909-1912

Drinkwine, un billet sans alcool [New York, 1920]

Singulier effet de la fermentation des substances spiritueuses [Louisiane, 1836]

L’histoire suivante se déroule en Louisiane.

La Gazette de Québec, 1er octobre 1836

Singulier effet de la fermentation des substances spiritueuses

Nous apprenons que, ces jours derniers, le curé de la paroisse Saint-Charles, se promenant en plein midi, sur la galerie de son domicile, dépendant de l’Église-Rouge, entendit tout à coup un grand bruit comme celui que produirait l’explosion d’une mine. Sa révérence avait les regards tournés du côté du cimetière, et soit qu’il vit la chose, soit que d’après la direction du son il comprit qu’un événement avait eu lieu dans cet endriot, il s’y transporta en toute hâte. Mais quelle fut sa surprise, en voyant une tombe entr’ouverte et les débris épars ça et là à une grande distance***** Il s’approcha de la tombe et découvrit de premier abord que l’explosion avait été produite par la fermentation de l’eau-de-vie que contenait le cercueil dans lequel on avait déposé le corps de M. Destréhan, fils, pour le transporter de New-York, où il était décédé, à la paroisse Saint-Charles, ancienne résidence de sa famille.

Billets reliés

Liste des noms de lieux d’origine française aux États-Unis

Chronicling America – les journaux historiques américains

Journaux francophones en ligne hors-Québec 19/20e siècle Canada/États-Unis

Quelques livres numérisés sur les Franco-Américains (1872-1920)

Sur le web: 1682-1803 La Louisiane française

La lecture des mauvais livres [1880]

Extrait de la rue L’Album des familles, publié à Ottawa, 1880, numéro 3, p. 141

TERRIBLE RÉSULTAT DE LA LECTURE DES MAUVAIS LIVRES – Un journal français des Etats Unis, la Patrie Nouvelle, publie ce qui suit touchant la lecture des mauvais romans. Un jeune canadien du nom de Joseph Bellerose, âgé de 18 ans, demeurant à Cohoes, était depuis quelques mois passionné pour la lecture des Novels, petits livres qui sont vendus dans les dépôts de journaux pour la modique somme de 10 sous. L’effet de cette lecture a eu un résultat terrible sur l’esprit du pauvre malheureux car il devint fou. Partout des sauvages s’offraient à sa vue et il voulait les combattre. Vendredi dernier, il était dans un tel état que ses parents firent appeler un médecin qui commença à lui donner ses soins. Après quelques jours d’un traitement bien suivi, le médecin avisa les parents de Bellerose de l’envoyer à l’asile des aliénés d’Utica, se déclarant incapable de le guérir. Mardi, le malheureux jeune homme, sous la garde d’un officier de la ville, s’embarquait dans les chars pour sa nouvelle demeure. Il n’y avait rien de plus pénible que d’entendre les cris et les blasphèmes de ce malheureux, il ne reconnaissait personne et voulait tuer tous ceux qui s’approchaient de lui. Son père et sa bonne mère, mêmes, ne trouvaient pas grâce devant lui enfin c’était un fou furieux.

La morale de tout ceci est facile à expliquer. Parents, vous êtes grandement coupables de laisser de mauvais livres dans les mains de vos enfants, vous êtes d’autant plus coupables que vous avez une foule de bons livres, de bons journaux qui sont publiés dans vos localités et que vous n’encouragez pas. Vous riez des avertissements et des bons conseils que nous vous donnons en vous signalant cette mauvaise littérature. Vous sacrifiez par votre négligence, l’avenir de vos enfants en leur laissant lire ces historiettes excitantes et mensongères, enfantées par l’esprit du mal, sous le prétexte fallacieux que ces pauvres enfants doivent s’amuser. Ne s’amuseraient-ils pas tout aussi bien en lisant de bons livres qui orneraient leur esprit au lieu de le perdre; de bons journaux qui leur apprendraient à devenir de bons citoyens au lieu de les envoyer à l’asile des aliénés. Malheureusement un trop grand nombre de nos canadiens lisent de ces Novels, et à ceux là, si vous leur demandez de souscrire à un bon journal français au journal de leur localité, ils vous répondent invariablement que le journal n’est pas assez littéraire. Non, il n’est pas assez littéraire pour ces esprits forts. Ils leur faut de la littérature de 10 sous c’est meilleur marché.

Pères et mères, veillez sur vos enfants, arrachez leur des mains cette littérature malsaine. Brûlez ces petites brochures de 10 sous, ayez de bons journaux qui apprendront à vos enfants à devenir de bons chrétiens et de bons citoyens.

 

Billets reliés

Les frères Dion, champions de billard [États-Unis, XIXe siècle]

Drinkwine, un billet sans alcool [New York, 1920]

Pour l’amour des livres (photographies anciennes)

Collection photographique de la Library of Congress

Les archives du New York Times

Les frères Dion, champions de billard [États-Unis, XIXe siècle]

Remerciements à François Gloutnay pour avoir porté à mon attention cette histoire.

Dans la Minerve du 4 octobre 1878, on lisait l’avis suivant:

DECES – A Montréal, le 2 octobre courant, Cyrille Dion, de New-York, âgé de 35 ans. Le cortège funèbre partira de la demeure  de sa mère, no 208, rue Bleury, samedi à 8.30. heures am pour se rendre à l’église du Gésu, et de là au cimetière de la Côte des Neiges. Amis et connaissances sont priés d’accepter cette invitation.

L’acte d’inhumation est ici.

Cyrille Dion était un as de billard. Son frère Joseph aussi. Les deux ont eu un destin tragique.

Joseph (à droite) et Cyrille Dion (à gauche)  en compagnie d’autres excellents joueurs de billard. Source: LOC et Wikipédia

Joseph Dion est né le 23 juillet 1840 à Montréal. Son frère Cyrille serait né en mars 1843 à  Montréal (je n’ai pas de date plus précise).  Ils étaient les fils de Joseph Dion et de Lucie Gérard dit Lavérité mariés à Montréal le 4 juillet 1836.

Cyrille était surnommé le  »Bismarck du billard » et  Joseph  »le Prince ».

By the present generation Joe Dion is considered the father of professional billiard

Source: The New York Times, 19 novembre 1885

Cyrille Dion a été couronné champion canadien en 1865.

Le Canadien, 21 juillet 1865

LE TOURNOI DE BILLARD

Hier soir, M. Cyrille Dion a été proclamé le champion des deux Canadas. En lui présentant la magnifique queue montrée en or dont nous avons déjà donné une description, M. Cavitt fit des éloges aux deux frères Dion pour la peine qu’ils se sont donnée en montant ce tournoi et les sacrifices pécuniaires considérables qu’ils se sont imposés pour le mettre sur le même pied que ceux donnés dans toutes les parties des États-Unis. Il dit qu’il avait assisté à tous ces tournois, et il était heureux de déclarer que les efforts des frères Dion avaient été couronnés d’un plein succès – succès dont les amateurs de Montréal doivent être fiers. – Il regrettait de voir que le goût du billard n’était pas bien répandu dans cette ville, d’après ce qu’il pouvait en juger par le petit nombre de spectateurs qui assistaient à chaque séance; cependant de plus belles parties n’avaient jamais été jouées aux États-Unis.

Comme champion des deux Canadas, M. Cyrille Dion devra tous les quatre mois jeter un défi, et si dans l’espace de trois ans, personne ne l’a supplanté cette queue lui appartiendra. Après quelques autres remarques de M. Cavitt, M. C. Dion s’avança au milieu d’un tonnerre d’applaudissements et dit qu’il était loin de s’attendre qu’il sortirait victorieux de la lutte, lorsqu’il s’était vu entouré des premiers joueurs du Haut et du Bas-Canada; il espérait qu’à la prochaine occasion ses adversaires seraient plus heureux.

[…]

Ce soir, à lieu la grande partie de 1500 points pour une bourse $2000 en or. Les Montréalais ont espoir que M. Jos Dion sera le vainqueur.  (Note. Oui, il a gagné) […] (Minerve)

Cyrille Dion a remporté plusieurs compétitions d’importance au cours des années 1870.

Joseph Dion a quand a lui remporté plusieurs matchs de haut calibre, dont un contre Melvin Foster à Montreal le 7 avril 1869.

Deux carrières écourtées

Comme nous l’avons vu en début de texte Cyrille Dion est décédé très jeune. La cause du décès serait une simple grippe (congestion des poumons).

Joseph Dion. Lieu et date inconnue. Merci à François Gloutnay d’avoir porté cette photo à mon attention.

En ce qui concerne Joseph, après la mort de son frère, il a continué à exceller au billard. Entre 1876 et 1881, il a pris une pause (il était alors propriétaire d’une salle de billard à New York, je crois), puis est revenu avec succès au jeu. Il a remporté l’emblème de diamant en 1881.

Joseph aurait épousé Mary Hathorne à Montréal en octobre 1883.

Or, en 1885, Joseph Dion a commencé a avoir un comportement étrange. Le 18 novembre 1885, il est interné à l’hôpital Bellevue, souffrant de paresis. Il aurait été transféré ensuite à l’hôpital psychiatrique de Ward’s Island (New York). Le New York Times du 27 novembre 1885 rapporte que des joueurs de billards new-yorkais avaient l’intention de faire une souscription via des matchs d’exhibition pour payer les frais d’internement de Joseph Dion. Il est écrit dans le Sporting Life du 13 août 1892 que Joseph Dion a été placé à Bloomindgale, puis à Ward’s vers 1891, car son beau-père n’avait plus assez d’argent pour payer sa pension. L’asile de Ward’s accueillait une clientèle plutôt défavorisée.

Lors du recensement de l’état de New York de 1905, Joseph Dion est toujours vivant. On écrit qu’il est âgé de 61 ans et qu’il est aux États-Unis depuis 37 ans.

Joseph et Cyrille avaient également un frère, François, et une soeur, Aurélie. Née le 13 mai 1839, Aurélie a été internée à l’asile St-Jean de Dieu à Longue-Pointe selon le recensement canadien de 1901. En 1911, elle était toujours internée à cet asile.

Le 18 août 1891, le Sporting Life rapporte la rumeur selon laquelle Joseph Dion était décédé, sans toutefois lui accorder beaucoup de crédit. Dans le journal Sporting Life du 29 mars 1913, on mentionne Joseph Dion, en se demandant s’il est encore vivant. Il semble être décédé dans l’anonymat vers 1910, ce qui était le lot de bien des gens internés. La veuve de Dion semble avoir dû aller en cour pour toucher l’héritage, comme le laissent entendre les extraits que l’on peut voir sur Google Books des Rapports Judiciaires de Québec: Cour supérieure, Volume 40 (tapez  »Joseph Dion »).

Bibliographie

The evening world., July 14, 1892, SPORTING EXTRA, p.1

The Sporting Life, 20 janvier 1886, 18 août 1891, 13 août 1892,  4 novembre 1893, 29 mars 1913  (format PDF)

The New York Times, 3 octobre 1878, 19 novembre , 20 novembre,  27 novembre 1885

Wikipedia [en ligne] Cyrille Dion [Page consultée  le 4 août 2012] Adresse URL (en anglais)

Billets reliés

Eugène Brosseau, champion américain de boxe amateur [1916-1917]

Golf: 20 septembre 1913, Francis Ouimet remporte le US Open

Drinkwine, un billet sans alcool [New York, 1920]

Les archives du New York Times

Chronicling America – les journaux historiques américains

Chronicling America Historic American Newspapers regroupe une quantité importante de journaux publiés entre 1836 et 1922 et numérisés par la Library of Congress. Le contenu de ces journaux a été indexé, donc vous pouvez faire une recherche par mots-clés. Vous pouvez voir chaque page en format .jpg, .txt et PDF. On peut télécharger les pages qui nous intéressent et découper l’article dont on a besoin avec l’outil clip image. Plus de 4 millions de pages en ligne.

Voici quelques exemples d’articles en lien avec le Québec ou les Franco-Américains

Une publicité pour une excursion de Burlington, Vermont qui passera par Québec et Montréal. Burlington free press (Vermont), 7 septembre 1855, EXTRA, Image 3 http://chroniclingamerica.loc.gov/lccn/sn84023127/1855-09-07/ed-1/seq-3/

French Canadians favor annexation. The Minneapolis journal., 9 novembre, 1903, Page 3, Image 3 http://chroniclingamerica.loc.gov/lccn/sn83045366/1903-11-09/ed-1/seq-3/

Article sur le tricentaire de Québec New-York tribune., 19 juillet 1908, Page 4, Image 18 http://chroniclingamerica.loc.gov/lccn/sn83030214/1908-07-19/ed-1/seq-18/

Canada wants Jean Baptiste to stay home The Washington herald., 8 mai 1910, quatrième partie, Image 19 http://chroniclingamerica.loc.gov/lccn/sn83045433/1910-05-08/ed-1/seq-19/ (en bas, à gauche)

Arrestation du criminel Harry K. Thaw en Estrie The day book. (Illinois), 19 août 1913, Image 1http://chroniclingamerica.loc.gov/lccn/sn83045487/1913-08-19/ed-1/seq-1/

Le naufrage de l’Empress of Ireland The Washington times., 29 mai 1914, HOME EDITION, Image 1 http://chroniclingamerica.loc.gov/lccn/sn84026749/1914-05-29/ed-1/seq-1/

Publicité pour le  »Franco-American coffee »New-York tribune., 23 octobre 1921, Page 8, Image 72 http://chroniclingamerica.loc.gov/lccn/sn83030214/1921-10-23/ed-1/seq-72/

Billets reliés

Papers Past – les journaux historiques de la Nouvelle-Zélande

Trove: journaux historiques de l’Australie [XIXe et XXe siècle]

Un criminel américain capturé en Estrie [19 août 1913]

La tragédie de l’Empress of Ireland, 29 mai 1914, d’après les journaux de l’époque

La tragédie de l’Empress of Ireland, 29 mai 1914, en images