Patrimoine de Salem, Mass. et Le Corridor (francophonie canadienne)

Pour la première fois depuis un bon bout de temps, de nouveaux articles sont venus enrichir l’Encyclopédie du patrimoine culturel de l’Amérique françaiseDécouvrir le patrimoine artistique de l’église de l’Annonciation d’Oka a été rédigé par Christian Legault, doctorant en histoire à l’UQAM. L’autre article, rédigé par deux professeures de la Salem State University, porte sur Le patrimoine franco-américain de la ville de Salem, au Massachusetts. Bonne lecture!

Sur Youtube, vous pouvez visionner des vidéos sur la francophonie canadienne réalisées dans le cadre du projet Le Corridor à l’adresse suivante: https://www.youtube.com/channel/UCnYX8m1bTIohi4Ojpm4HA0g
Le Corridor, c’est « un ensemble d’éléments patrimoniaux, de produits culturels et touristiques francophones au Canada, sélectionnés, qui proposent aux visiteurs des services en français. » Bon visionnement, en espérant que cela vous donne le goût de mieux connaître la francophonie canadienne!

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Qui est Henry Mills?

Le 29 avril 1885, le curé de Sainte-Justine de Dorchester (QC), Darie Lemieux, consigne dans les registres de la paroisse le décès d’Henry Mills survenu deux jours plus tôt. L’acte de sépulture indique que Mills était âgé de 28 ans lors de son décès et qu’il était natif de Fredericton. Je me suis intéressée à l’histoire de ce jeune homme qui a finit ses jours dans ma paroisse natale.

La première mention d’Henry Mills dans les registres de Sainte-Justine remonte à quelques jours avant son décès. Le 26 avril précédent, il est devenu catholique en présence de son parrain Juste Cayouette et de sa marraine Elisabeth Turgeon. Le curé Lemieux note: « nous curé soussigné, avons baptisé Henry Mills, sous conditions, après avoir embrassé la foi catholique et demandé le baptême avec beaucoup d’instance [sic]. Le dit n’avoir appartenu à aucune religion. » Si l’âge indiqué dans les registres est exact, il est né vers 1857. Le lieu de naissance est Fredericton, ce qui nous amène à la ville du même nom située au Nouveau-Brunswick. Le nom des parents n’est pas indiqué. Était-il marié? Rien de l’indique. On ignore quel métier il exerçait, mais à l’époque, la majorité des habitants du village étaient agriculteurs.

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Registres paroisse Sainte-Justine, Family Search.

Quand est-il arrivé à Sainte-Justine? Il ne figure pas dans le recensement de 1881 de cette paroisse. Son arrivée à Sainte-Justine devait donc être relativement récente.

La consultation du site internet des archives provinciales du Nouveau-Brunswick ne m’a pas permis d’avancer dans mes recherches. Je me suis donc tournée vers le site de Bibliothèque et Archives Canada où l’on peut consulter les recensements canadiens. Il se trouve qu’en 1881, il y avait un Henry Mills, « farmer », âgé de 23 ans, célibataire, habitant à Kingsclear, à quelques kilomètres de Fredericton. Ses parents sont Thomas et Amelie Mills. 10 ans plus tard, Amelia Mills, veuve, habite toujours à Kingsclear avec quatre de ses enfants. Je n’ai pas trouvé Henry dans ce recensement.

Les indices amassés me permettent de croire que le Henry Mills décédé à Sainte-Justine en 1885 et celui habitant Kingsclear en 1881 ne font possiblement qu’un.

Le nom d’Henry Mills a attiré mon attention, car les registres de la paroisse de Sainte-Justine contiennent majoritairement des noms francophones. Mais à la fin du XIXe siècle, on pouvait rencontrer chez nous J.E. H. Ash, James Walker, Laurent Moore, John Bell, Charly Todd, Henry Taylor (natif de Fredericton selon son acte de mariage) et Archie Beaty (natif de la Gaspésie). Ce sera peut-être le sujet d’un prochain billet.

Sources:

Family Search, registres paroisse Sainte-Justine.

Recensements canadiens de 1881 et 1891, BAC.

Billets reliés
Portrait de la mortalité à Sainte-Justine en 1893-1895

Trois décès à Sainte-Justine, Bellechasse [1905]

Les soeurs Barry et Joseph Lessard

Du Québec au Wisconsin

La légende de la montagne à Fournier (Matapédia, 6 juin 1831)

Extrait de la Complainte de Fournier

Jeunes gens, vous croyez peut-être

Que la mort est éloignée;

Comme vous, je croyais être 

Sur la terre, bien des années.

Trompé comme beaucoup d’autres,

Croyant toujours me sauver

Vous apprendrez par les autres

Que je viens de me noyer.

Source: Notes historiques sur la Vallée de la Matapédia par Joseph-Désiré Michaud, 1922, p. 50.

Le chemin Kempt et Frédéric Fournier

Coucher de soleil sur la rivière Matapédia, face au terrain de camping d’Amqui © Jean-Paul Quimper, Le monde en images, CCDMD.

La Complainte de Fournier est inspirée d’un événement tragique, survenu il y a bien longtemps, dans la région de la Matapédia. Le Fournier de la complainte s’appelait Frédéric Fournier. Il était un arpenteur âgé de 22 ans, natif de Saint-Jean-Port-Joli. Il était l’une des personnes chargées de planifier le tracé du chemin Kempt et d’en surveiller la construction. On avait entrepris les travaux l’année précédente. Il était prévu en 1831 de continuer le tronçon partant du Lac Matapédia jusqu’à Ristigouche.

Fin mai 1831, Frédéric Fournier et ses compagnons de voyage se rendirent au Lac Matapédia. Des Micmacs devaient les approvisionner en vivres. Or, on les attendit en vain. Devant impérativement se rendre à Restigouche, les hommes construisirent un radeau pour traverser le lac et la rivière Matapédia.

Tout alla bien jusqu’au «Ruisseau sauvage», qui coule à mi-distance à peu près, entre Amqui et Lac-Au-Saumon. Mais à cet endroit, le cours de la rivière est très rapide, surtout dans les grandes eaux du printemps. Les liens qui retenaient les pièces du radeau construit à la hâte durent se rompre, ou bien l’embarcation elle-même chavira dans les rapides. Toujours est-il que les quatre malheureux plongèrent dans les flots. Trois d’entre eux furent assez heureux pour se cramponner aux branches du rivage et se sauver de la mort.

Source: Joseph-Désiré Michaud Notes historiques sur la Vallée de la Matapédia, p. 49

Et le quatrième passager du radeau, Frédéric Fournier, fut emporté par les flots. C’était le 6 juin 1831.

Fournier retrouvé

Quelques mois plus tard, des Amérindiens trouvèrent le cadavre de Frédéric Fournier dans la rivière Matapédia, près d’une montagne. Il portait une bague avec les inscriptions F. F. ce qui permit de l’identifier. Ne pouvant lui enlever cette bague, on lui aurait coupé la main que l’on l’aurait amenée au curé de Rimouski, Thomas-Ferruce Picquart dit Destroismaisons. En attendant que la famille du défunt vienne réclamer sa dépouille, on enterra Fournier près de l’endroit où on l’avait découvert.

Or, la famille Fournier ne réussit pas à rapatrier le corps à Saint-Jean-Port-Joli. Ce qui donna lieu à une légende peut-être vraie, qui sait?.

Quelques années plus tard, quand la route du chemin Kempt fut terminée, les parents du jeune arpenteur seraient venus exhumer son corps de sa première sépulture et auraient tenté de la transporter dans le cimetière de sa paroisse natale. Le cadavre retiré de sa fosse, fut placé dans une voiture attelée de deux chevaux. Quand il fut temps de partir, on commande les bêtes, mais elles refusèrent d’obéir. On eut beau les fouetter, les fouetter encore, elles ne voulurent pas avancer d’un seul pas… On comprit, dit la légende, que la montagne à Fournier avait adopté le pauvre jeune homme et qu’elle ne voulait plus le laisser aller… On tenta cependant une autre expérience. Le cadavre fut placé dans un canot conduit par deux Indiens, qui essayèrent de remonter le cours de la rivière Matapédia. Mais les deux Indiens eurent beau faire ployer leurs avirons sous le poids de leur corps, le canot refusa d’avancer… On n’insista pas davantage et l’on remit le cadavre dans la fosse.

Source: Joseph-Désiré Michaud Notes historiques sur la Vallée de la Matapédia, p. 54

La montagne près d’où repose Frédéric Fournier fut donc appelée la Montagne à Fournier pour commémorer son souvenir.

On dit aussi qu’en 1864, un des frères de Fournier aurait voulu ramener la dépouille, mais comme il ne restait que quelques ossements, on aurait décidé de le laisser sur place et d’ériger un enclos et une croix pour marquer l’endroit. On y trouve de nos jours une croix et une plaque récente (voir la photo à la fin de l’article suivant) où il est inscrit

Ci-gît Frédéric Fournier
arpenteur et lieutenant, (D. Z. M.?)
Noyé le 6 juin  1831
âgé de 22 ans

La légende et la complainte

Cet événement tragique a donné lieu à la légende de la Montagne à Fournier dont vous pouvez lire une version ici (sélectionnez légendes, puis La montagne à Fournier).

Autre version de la légende de la montagne à Fournier , écrite par Ernest Bilodeau et publiée dans Un Canadien errant, édition de 1915.

Texte complet de la Complainte à Fournier.

Bibliographie
La légende de la montagne à Fournier.  [Page consultée  le 5 septembre 2011] Adresse URL

Municipalité de Ristigouche Sud-Est. [n’est plus en ligne] Histoire du Chemin Kempt [Page consultée  le 5 septembre 2011]

Pierre-Georges Roy, Les petites choses de notre histoire. Septième série, Lévis: [s.n.], 1919, 301 pages. Adresse URL: http://www.ourroots.ca/f/page.aspx?id=691808

Joseph-Désiré Michaud,  Notes historiques sur la Vallée de la Matapédia, Val-Brillant, Québec: La Voix du Lac, 1922, 241 pages. Adresse URL:  http://www.ourroots.ca/f/page.aspx?id=4035338

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Catégorie Patrimoine bâti, religieux et immatériel (légendes)

Les Sombres légendes de la terre

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La vente des âmes, une tradition à l’Isle-aux-Grues depuis le 19e siècle

11. Luc Lacourcière: recueillir et transmettre le patrimoine populaire

Pierre-Georges Roy, la passion des archives du Québec (1870-1953)

Inventaire des ressources ethnologiques du patrimoine immatériel (IREPI) de l’Université Laval

Expositions virtuelles sur l’histoire des francophones hors-Québec (Canada)

Voici quelques exposition virtuelles qui portent sur l’histoire des francophones au Yukon, en Saskatchewan, au Manitoba et en Ontario, au Nouveau-Brunswick, à Terre-Neuve, à l’Ile-du-Prince-Edouard et en Nouvelle-Écosse.

Tourisme et culture Archives du Yukon
La note francophone du Yukon

Campus Saint-Jean et la Heritage Community Foundation (Alberta)

Saint-Jean Archives ajout 18 avril 2010

Centre culturel Marie-Anne-Gaboury (Edmonton, Alberta)

Poursuite d’une aventure francophone dans l’ouest canadien ajout 18 avril 2010

Société historique de la Saskatchewan
La Fête fransaskoise
La radio française en Saskatchewan
Musée virtuel de la Saskatchewan ajout 18 avril 2010

Société historique de Saint-Boniface

1930: a Year in the Life of a Young Lourdais

This Community Memories exhibit tells the story of life in a small Franco-Manitoban town in the 1930s as a diary that could have been written by a typical young boy living in Notre-Dame-de-Lourdes. Each diary entry is accompanied by a photo from the Notre-Dame Musée des pionniers et des chanoinesses collection, or from the albums of town residents.

The French Connection (Windsor Wood Carving Museum ) Ontario

This project relates the history of the French settlers whose adventurous spirit first brought them to the banks of the Detroit River three centuries ago. Their folk carving and the genesis of the Francophone custom of wood crafting will be prominently featured in this exhibit.

Archives Ontario

French Ontario in the 17th and 18th centuries 

Centre de recherche en civilisation canadienne-française (Université d’Ottawa)

Congrès marial d’Ottawa 1947

La Société d’étude et de conférences, section Ottawa-Gatineau, 1946-2006 : 60 ans!

400 ans de présence française au Canada, 1610, passeport pour 2010

La collection des fonds d´archives du CRCCF : l’aventure du Canada français

The French Shore / Le rivage français

500e anniversaire de la présence française à Terre-Neuve

Le site est bilingue, mais certaines images de la version française de l’exposition virtuelle ne s’affichent pas. La version anglaise est ici.

Nova Scotia Archives and Records Management

Port-Royal Habitation

Acadian Heartland: Le grand dérangement (bilingue)

Acadian Heartland (bilingue)

Acadian of NS (bilingue)

An Acadian Parish Remembered (bilingue)

Musée virtuel du Canada

L’agriculture au Manitoba français

Les francophones de Terre-Neuve et du Labrador (en anglais) 


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Encyclopédie du patrimoine culturel de l’Amérique française

Dictionnaire biographique du Canada

Nos Racines: pour découvrir l’histoire locale et régionale par les sources

Journaux francophones du Canada (1808-1919)

Nouvelle ressource sur le site de Bibliothèque et archives Canada: Les journaux canadiens-français: une ressource historique essentielle (1808-1919).

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Cette ressource nous permet, comme l’indique son titre, de consulter des journaux publiés en français au Canada. On peut faire une recherche par titre, lieu et mot-clés. Les journaux sont affichés en format pdf. L’option mode plein écran est offerte ainsi que le zoom. On peut faire une recherche par mot-clés à l’intérieur du journal.

Attention, il n’y a qu’une ou deux éditions en ligne pour chaque journal ( première et/ou dernière édition, numéros spéciaux).

Je vous recommande de consulter les journaux avec Internet Explorer. Avec Firefox, j’ai eu de la difficulté à les consulter. Firefox se fermait, tout simplement! [Mise à jour:  quelque heures plus tard, le problème a disparu… ]

Voici un exemple de journal que l’on peut voir en ligne: Le peuple de Rivière-du-Loup, édition du 2 septembre 1897.

Quelques titres en ligne: Le journal de Rimouski, Le défricheur du Lac-Saint-Jean, Le protecteur du Saguenay, l’Union des Cantons-de-l’est, la Vallée de la Chaudière. Il y a aussi des journaux de Saint-Boniface (Manitoba), Shédiac (Nouveau-Brunswick), Chatham (Ontario)et Digby, Nouvelle-Écosse.

Ce site constitue un aperçu de la production journalistique francophone au Canada au 19e siècle. Il serait extrêmement intéressant qu’une plus grande quantité de journaux soit mise en ligne.

Adresse: http://www.collectionscanada.gc.ca/journaux-canadiens-francais/index-f.html

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